vendredi 9 mai 2008

LA MARTINIQUE

(Publie le 9 mai 2008)
Nous avons passé trois bonnes semaines à la Martinique, qui se situe juste au sud de la Dominique ( du 1er au 25 avril). Nous étions de nouveau en terre française.


Notre première escale a été Saint-Pierre au nord-ouest de l’île. Nous avons fait une visite guidée émouvante de la ville. Actuellement Saint-Pierre ne compte plus que 5000 habitants et a une activité très réduite. Fin du XIXème début du XXème siècles c’était la capitale et le centre économique et culturel de la Martinique avec 30 000 habitants. On l’appelait le Petit Paris des Antilles. Il y avait entre autres deux grandes églises, un théatre de belle taille, une bourse du commerce , aujourd’hui reconstruite à l’identique, et une maison coloniale de santé (= un grand hôpital psychiatrique). Le 8 mai 1902 , jour de l’Ascencion et jour de communions, à 8h du matin, alors que beaucoup étaient à la messe ou vaquaient déjà à leurs occupations, le volcan de la Montagne Pelée a explosé projetant sur la ville de Saint-Pierre une nuée ardente qui, en trois minutes, a anéanti la ville et tué les 28 000 habitants qui étaient restés sur place, malgré les signes précurseurs des mois précédents et encouragés en cela par les autorités qui ne voulaient pas que la population parte car des élections avaient lieu le dimanche suivant. Il n’y a eu qu’un seul rescapé, un ivrogne local qui était au cachot pour avoir troublé l’ordre public et s’est trouvé protégé par les murs épais de la cellule. Le dénommé Cyparis a par la suite gagné sa vie en exhibant ses nombreuses brûlures au cirque Barnum pour finalement mourir lors du creusement du canal de Panama.















Le Centre de Découverte des Sciences de la Terre tout proche propose en film d’animation une reconstitution de ce qui s’est passé : c’est effrayant ! Nous avons aussi pu plonger sur l’épave d’un des bateaux qui ont été coulés sur place ( ils l’ont tous été !). Les membrures du bateau retourné, couvertes de coraux et anémones, étaient comme les arches en ogive d’une cathédrale : terrible quand on repense à ce caboteur qui a essayé de s’échapper et néanmoins magnifique.


Dans la région nous avons aussi visité la distillerie Depaz que le seul rescapé de la famille ( et pour cause : il avait 16 ans à l’époque et faisait ses études à Bordeaux !) a décidé de redémarrer une dizaine d’années après la catastrophe. Quand nous l'avons visite, c'etait la periode de la "coupe canne".


Nous n’avons malheureusement pas pu monter au volcan de la Soufrière car le temps était mauvais pendant notre halte à Saint-Pierre , et d’ailleurs pendant presque tout notre séjour en Martinique.


Deuxième escale : Fort de France, la capitale. Totalement morte et décevante le dimanche où nous sommes arrivés, nous l’avons trouvée bien réveillée et vibrante le lendemain. Nous nous sommes baladés entre autres dans les rues Victor Hugo et Victor Schoelcher, les deux grandes artères de la ville. Comme à Pointe à Pitre, beaucoup de façades très colorées et de balcons.











Nous avons visité la belle bibliothèque Schoelcher à l’étonnant mélange architectural (structures métalliques des ateliers Eiffel, style égypto-byzantin, décoration Art Nouveau …) : très réussi. Nous sommes allés visiter la cathédrale construite dans le même esprit et par le même architecte, Henri Picq. Nous n’avons malheureusement pas pu visiter le musée d’histoire et d’ethnographie de la Martinique en rénovation.













Ensuite nous avons « fait » divers mouillages entre Fort de France (au centre de l’île) et Le Marin (au sud) recommandés par des amis : la Pointe du Bout, les Trois Ilets, l’Anse Mitan, l’Anse à l’Ane, les Anses d’Arlet, tous plus jolis les uns que les autres. Dommage que le beau temps n’ait pas souvent été de la partie.







Anse a l'Ane et Anse Mitan






Puis ce fut le Marin. C’est une très vaste baie particulièrement bien protégée, donc très appréciée des plaisanciers qui s’y retrouvent en très grand nombre et peuvent assister à l’entraînement des équipages locaux sur des yoles surtoilées : les équipiers se tiennent à l’extrémité de longues perches de bois pour éviter le dessalage.


Avant d’arriver au Marin, nous sommes passés tout près le célèbre Diamant, un rocher qui culmine à 176m à quelques encablures de la côte: impressionnant. Les Anglais se sont acharnés à y hisser des canons afin de mieux couler les navires français et y sont parvenus: incroyable mais vrai ! Chapeau bas, messieurs les anglais !


Le Marin est l’escale obligée de tous les plaisanciers car on y trouve tous les shipchandlers, réparateurs et autres fournisseurs dont ils ne peuvent se passer. Nous en avons aussi profité pour louer une voiture et visiter l’intérieur de l’île et la côte est.



De l’intérieur ce que nous avons préféré sont la route qui traverse de Fort de France au nord le Parc Régional de Martinique et les Jardins de Balata qui donnent de façon différente un bel aperçu de la végétation tropicale de l’île. Les Jardins de Balata se remettent tout doucement des dégâts du cyclone Dean de 2007.













Sur la côte est une halte au « François » et une autre au « Robert » s’imposaient, faute d’avoir pu y aller en bateau. Ce sont deux baies de la côte atlantique, donc au vent, parsemées d’îlets et de « cayes » (= récifs coraliens) qui offrent des mouillages extraordinaires mais praticables uniquement par très beau temps. Nous avons aussi beaucoup aimé la presqu’île de la Caravelle un peu plus au nord.











Et nous n’avons pas quitté cette région sans aller visiter l’Habitation Clément, une habitation sucrière puis distillerie remontant au XVIIIème siècle que les cyclones ont miraculeusement épargnée et dont on visite avec ravissement la demeure coloniale et le domaine magnifiquement entretenus.













Notre séjour martiniquais s’est terminé dans la baie de Sainte-Anne qui s’enorgueillit de plages splendides. Le club Med ne s’est pas trompé en s’installant à proximité ! Cette escale aura été pour nous bien agréable et la dernière en terre française, pour un bon bout de temps.
Dernière chose : nous étions à la Martinique lors qu’Aimé Césaire s’est éteint. Les gens étaient vraiment très tristes. Dans la plupart des endroits de l’île de grands panneaux étaient installés montrant une photo d’Aimé Césaire et citant une phrase marquante, à chaque fois différente, tirée de ses discours ou de son oeuvre.



A bientot pour notre prochain article sur Sainte-Lucie et Saint-Vincent !

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