lundi 10 mai 2010

La grande traversée : des îles Galapagos aux îles Marquises ou du 10 au 30 avril 2010

Pour les « tourdumondistes » à la voile, la traversée des Galapagos aux Marquises est, semble-t-il, la plus longue traversée à effectuer : 3000 milles nautiques, c’est-à-dire un peu plus de 5500 Km (rappel pour les terriens : 1 mille nautique = 1852 mètres), en gros la distance de la pointe est du Canada (le Labrador) à la côte ouest (la Colombie Britannique).
C’est une traversée qui s’effectue à la voile sans grande difficulté avec les alizés du sud-est qui s ’ établissent à la fin de la saison cyclonique, en général aux mois de février ou mars. Nous avons choisi de partir début avril.
Christian, le frère de François, grand adepte des traversées océaniques (il avait déjà traversé l’Atlantique avec nous), nous a rejoints aux Galapagos le 6 avril, Marie-Hélène (la sœur de François qui a fait le trajet Panama-Galapagos avec nous) étant repartie le 4.


Après les dernières courses de frais au marché local de Miraflores à Puerto Ayara (Galapagos) et une ultime visite aux lions de mer et aux pélicans du marché aux poissons, nous avons levé l’ancre, avec un peu d’émotion, le samedi 10 avril à 10h10 du matin.






Nous partions en même temps que trois autres voiliers : Confianza, le catamaran de Marie-Paule et Pierre, Bacchus, l’Ovni 431 de Babette et Hervé et Obione, le Trismus 38 de Cathy et Michel. Nous connaissions bien Obione avec qui nous avions traversé le canal de Panama et nous avons appris à mieux connaître les équipages des deux autres bateaux avec lesquels nous sommes restés en contact radio BLU trois fois par jour. Ces vacations radio se sont avérées très positives car elles rompaient un peu la monotonie du voyage et aussi très sécurisantes : il est toujours agréable de se savoir proche de trois autres bateaux en cas de problème. Il y avait aussi à la BLU le voilier Embellie parti, lui, pour les Gambiers au sud-est des Galapagos.
Ultreïa était parti le lundi 4, en compagnie de Bepci, un Voyage de 12m50.


Il est difficile de raconter une longue traversée car en fait il ne s’y passe pas grand-chose. Comme nous étions trois, nous nous sommes organisés pour faire des quarts de trois heures la nuit, ce qui permettait à chacun de pouvoir se reposer pendant six heures d’affilée après son quart. La journée se passe sans horaire de quart précis, chaque membre d’équipage pouvant se reposer en ayant soin de s’assurer que quelqu’un reste de veille.




Les repas, les trois vacations radio, les messages météo envoyés par Jean-Yves météorologue du « Réseau du Capitaine », association québécoise de radio amateurs, qui a accepté fort gentiment de nous router avec talent et efficacité, ont rythmé les journées. Ses bulletins météo quotidiens, direction, force du vent et de la houle, courant favorable ou défavorable, nous ont permis de faire la meilleur route : un grand bravo pour Jean-Yves !
Il y avait aussi les mails à envoyer à la famille et à nos amis d’ Ultreïa. Il faut expliquer que nous avons maintenant le système Sailmail à bord qui permet de recevoir des courriels par radio BLU même au grand large. Ce n’est pas toujours très rapide et on ne peut envoyer et recevoir que du texte, mais c’est très sécurisant et rassurant pour nos proches. Françoise, l’épouse de Christian qui le voit partir avec beaucoup d’inquiétude, a pu ainsi avoir son message quotidien. La plupart des voiliers sont maintenant équipés de Sailmail ou bien du plus moderne mais peut-être plus onéreux système Skyfile qui fonctionne avec le téléphone Iridium, lui aussi dans le monde entier.



En fait, cette route dans le Pacifique s’avère tout aussi et peut-être même beaucoup plus désertique que le Sahara car en dehors des routes de navigation commerciale. Nous n’avons vu en vingt jours qu’un seul gros bateau, un méthanier, et un autre voilier plus grand que nous qui nous a doublés à environ un tiers du parcours. Le reste du temps, aucune lumière à l’horizon, aucun bateau de pêche , aucune baleine, aucun globicéphale …hélas, presque aucun poisson pris à la traîne à part deux petites daurades coryphènes attrapées peu après le départ ….et un fou à pattes bleues qui s’est pris une aile dans le fil de pêche!







Obione surgissant au milieu du Pacifique et au milieu de la nuit à vingt mètres derrière nous a apporté un peu de diversion. Un bon nombre de voiliers n’assurent même pas les quarts de nuit, considérant le risque de collision comme quasi nul. Ce n’est pas faux, mais nous n’aurions sans doute pas dormi tranquilles.


Vingt couchers de soleil, vingt levers de soleil et un clair de lune magnifique pendant plus de la moitié de la route. Un ciel étoilé somptueux avec la croix du sud à bâbord qui se déplaçait vers l’avant en fin de nuit et le sillage du bateau phosphorescent grâce au plancton : un beau spectacle que Francine continue à ne pas trop apprécier car elle ne peut pas s’empêcher d’être inquiète.











Pendant la journée, à part les périodes de repos indispensables car le sommeil est un peu perturbé, nous lisons, contemplons la mer et passons pas mal de temps à régler le Windpilot (qui barre le bateau avec la seule force du vent) qui s’est avéré récalcitrant. Tenaces nous sommes arrivés à bien le faire marcher efficacement dans le dernier tiers du parcours.



















































































Christian bien décidé à dompter le régulateur d'allure, sur la jupe arrière....















...comme dans le cockpit.





Pour ceux qui s’intéressent à la navigation, nous sommes restés sur le même bord, bâbord amure, pendant 2700 milles avant de devoir empanner et tangonner le génois pour se mettre vent arrière, voiles en ciseaux, à la fin du parcours.



Le temps est resté très clément, avec un vent de sud-est à est en général très modéré de 10 à 25 nœuds, mais une houle de sud-sud-est parfois forte et donc inconfortable. Dans l’ensemble, une traversée beaucoup plus facile que celle de l’Atlantique effectuée en décembre 2007. Peu de grains, donc peu de pluie, une température douce qui permettait des quarts de nuit en short et T-shirt.
Nous avons tenu une moyenne supérieure à 6.7 nœuds (12.5 Km/h) pendant tout le parcours, sauf au cours des trois derniers jours où le manque de vent nous a énormément ralentis.
Et puis l’arrivée sur Fatu-Hiva, la petite île la plus au sud de l’archipel des Marquises, est magique avec son mouillage splendide, mais un peu encombré. Nous avons bien sûr dignement célébré l'événement ... au champagne chilien, pas si mauvais que cela. Mais impossible de prendre unephoto de groupe : le bateau bougeait trop!

( Photos à ajouter)

Au moulliage nous attendaient Ultréïa, Bepci, Confianza et Bacchus arrivés avant nous. Obione nous a précédés d’une demi-heure, ce qui veut dire que nous avons fait la traversée à la même vitesse.












en vue de Fatu Hiva, première terre depuis près de trois semaines!
















la côte sud-est de Fatu Hiva au relief qui n'est pas sans rappeler l'intérieur de l'île de la Réunion

















la côte sud-ouest












La baie d' Omoa à mi-hauteur de la côte ouest. L'"Aranui" vient d'arriver pour ravitailler l'île. Il passe toutes les trois semaines.









Le mouillage de la baie des Vierges (ou des Verges; explications dans le prochain article!). Au fond, devant le village d'Hanavave, les voiliers qui viennent d'arriver de Panama. Théoriquement ils ne sont autorisés à y rester que trois jours avant d'aller faire les formalités sir Hiva Oa.















Ultréia nous y attendait!
Pour nous ce furent 3029 milles nautiques (5610 Km) à la vitesse de 6.24 nœuds (11.5 Km/h), ce qui n’est pas si mal pour un voilier de la taille du nôtre, sachant que nous n’avons utilisé le moteur que pour les tout derniers milles quand nous étions déventés par l’île de Fatu-Hiva. Les copains avaient organisé un repas chez Marie-Iris où nous nous sommes retrouvés pour parler de …bateau et de traversée bien sûr.


Une belle expérience donc qui va maintenant nous permettre de visiter les Marquises dans un premier temps puis les Tuamotu et les îles de la Société.



Prochain article : les Marquises où nous allons passer un mois environ dont trois semaines avec notre fils Paul et son amie Adeline qui doivent arriver le 12 ou le 13 mai.








































































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