mercredi 25 mai 2011

Traversée de la Nouvelle Zélande aux îles Fidji

( du 8 au 20 mai 2011)

Nous qui avions estimé avoir eu beaucoup de chance pour faire la traversée des Tonga sur la Nouvelle Zélande en novembre dernier, tant elle est réputée pour pouvoir être très difficile, en avons fait la dure expérience sur le trajet quasiment parallèle mais inverse Nouvelle-Zélande Fidji !






Les années précédentes partir début mai était la norme. Cette année les effets de la Nina se font sentir beaucoup plus longtemps que d’habitude et repoussent d'autant l'éventualité d'une traversée agréable ou du moins gérable.

Malheureusement aussi pour nous Paul et Adeline n’avaient pas pu placer leurs vacances plus tard que du 22 mai au 9 juin, si bien que nous avons attendu et attendu une fenêtre météo qui ne venait pas et, comme cinq autres bateaux, nous avons décidé de partir quand même en croyant avoir vu une possibilité, à condition de ne pas traîner pour prendre de court une grosse perturbation au nord et de se munir de beaucoup de gasoil car il était prévu aussi de nombreuses périodes sans vent.



Effectivement le premier jour s’est entièrement passé sous le soleil et sur la risée Perkins (soit au moteur, un Perkins pour nous!).





Premier coucher de soleil



Puis la météo a complètement changé et nous avons eu rapidement ce que nous espérions éviter, la fameuse perturbation avec des vents de 20 à 25 nœuds de face accompagnés de trombes d’eau comme nous n’en avions jamais vues en mer! Le bateau roulait et tapait, dur-dur quand on est à peine amarinés !






Là-dessus nous nous sommes rendu compte que nous avions un fuite au niveau du réservoir d’eau douce du désalinisateur, panne que François a fini avec bien du mal à arrêter et dans l’inconfort des mouvements du bateau.


Ensuite nouvelle grosse fuite au niveau de la pompe à eau douce qui alimente le bord : il y avait de l’eau dans la plupart des fonds dans lesquels nous avions stocké beaucoup de choses depuis que Patrick de Joline nous avait pratiqué des trappes dans le plancher.


Enfin, jamais deux sans trois, notre pilote électrique qui ne nous avait jamais fait faux bond tombe en panne ! François pense qu’il s’agit du vérin. Nous en avons un de rechange racheté à Jo et Anne de Sundance, celui de leur précédent bateau, Tchao, avec lequel ils ont fait naufrage sur l’île de Klein Curaçao (voir un article précédent). François se propose de le changer dès que l’état de la mer le permettra.



Nous continuons…


La mer était de plus en plus forte et une nuit le vent est monté à 30 puis 35 pour finalement dépasser les 40 nœuds ! Quand nous avons voulu enrouler le génois (voile d'avant) pour prendre le 3ème ris la corde de l’enrouleur a cassé net au tout début de la manœuvre (pourquoi ? Nous ne le savons toujours pas...), le génois s’est mis à battre comme un fou et impossible de l’enrouler. François a bien pensé mettre à la cape mais n’a finalement pas osé de peur de coucher le bateau et de tout casser. Finalement dans la tourmente le bateau s’est mis à la cape tout seul et tout s’est calmé. A la lumière de la torche la nuit nous avons cru que le génois n’était pas trop abîmé, juste la bande anti-UV arrachée. Sur cette constatation, épuisés, nous avons laissé le bateau à la cape et sommes allés nous coucher. Pour les non-initiés « mettre à la cape » veut dire arrêter le bateau en mettant les voiles à contre de façon à ce qu’il bouge et dérive le moins possible.


Nous avons correctement dormi : il faut dire que nous sommes équipés d’un radar qui nous signale par une sonnerie tout bateau quel qu’il soit dans la zone et d’un AIS qui nous prévient par une autre sonnerie de la présence de tout bateau du type navire, bateau de pêche… dans les alentours et nous donne ses nom, numéro, coordonnées, vitesse et cap et surtout la possibilité de le contacter, lui préciser notre position et nos intentions. Chaque bateau que nous avons contacté grâce à l’AIS nous a toujours répondu et c’est vraiment rassurant. Ceci dit, cette nuit-là, aucune sonnerie n’a retenti : nous étions seuls dans un rayon de quinze milles au beau milieu du Pacifique Sud !


Au petit matin nous avons constaté
1 - que le génois avait en fait subi de gros dommages : en plus de dégâts le long de la bande anti-UV il y avait une belle ( si l’on peut dire !) déchirure tout en haut du génois. Avec le bout de l’enrouleur raccourci il allait falloir continuer avec un génois réduit des quatre cinquièmes ! Tout bien réfléchi, mettre Yovo à la cape tout de suite aurait sûrement sauvé notre génois….
2 - un problème que nous n’avions pas vu dans l’obscurité : la barre de flèche côté tribord était descendue et un des haubans de ce même côté était complètement détendu. François l’a redressée sans problème en s’aidant de la drisse de spi et a retendu le hauban.
3 – la planche de bois qui maintenait nos quatre bidons supplémentaires de gasoil avait cassé, certainement pendant l’épisode des 42 noeuds, et trois de ces bidons soit 60 litres de gasoil étaient partis à la mer ! Il allait falloir gérer avec ce manque de carburant en cas de pétole !



Après cette nuit d’émotion et de repos nous sommes repartis dans une mer forte avec des vents de 25 à 30 nœuds, toujours de face, trois ris dans la grand voile et un mouchoir de poche pour génois !



Le vent est alors tombé et le régulateur d’allure Windpilot, normalement très efficace depuis que nous savons le régler ( Relire l’article sur la traversée Galapagos Marquises effectuée avec Christian…), fonctionnait très mal car il y avait trop peu de vent. Nous décidons de passer une nouvelle nuit à la cape et d’essayer de réparer le pilote électrique au petit matin dans une mer calmée et bien reposés.



Effectivement le lendemain, après quand même trois heures de travail et moult réfléxion François a réussi à adapter le vérin de Tchao, plus court que le nôtre, sur Yovo. Il est vraiment extraordinaire ( François, pas le vérin!) .







Il a fallu vider les coffres d'où le bazar dans le cockpit!



Heureusement que François a pu réparer le pilote électrique car ensuite nous avons continué d'avoir des vents faiblards, entre 6 et 11 nœuds de vent arrière, ingérables par le générateur d’allure ! Nous avons donc pu faire de la route, au moteur en général, en faisant porter les voiles le plus souvent possible et surtout en ligne directe en nous limitant à 5 nœuds pour économiser notre gasoil.




Voici une idée des cieux sous lesquels nous avons navigué! Rien de bien réjouissant!








Trois événements sympas pendant cette traversée :

le matin du deuxième jour, à environ 100 milles de la NZ, Francine qui était de quart a vu une baleine, apparemment une baleine à bosse, à vingt mètres du bateau sur babord. Elle n’est pas restée mais s’est tranquillement éloignée. Elle se rendait certainement aux Tonga, comme des centaines (des milliers ?) de ses congénaires, pour s’y reproduire.




Le soir de la même journée cinq petits oiseaux, ressemblant à de toutes petites hirondelles à tête rousse, sont venus s’abriter sous la capote pour y passer la nuit. Deux, n’ayant pas trouvé de perchoir à leur convenance sont repartis de suite mais les trois autres sont restés cinq à six heures blottis les uns contre les autres jusqu'à l'épisode du génois où nous les avons dérangés et où ils sont partis eux aussi. le temps était mauvais : s'en sont-ils sortis? Nous nous demandons si c'étaient des oiseaux de mer ou plutôt des oiseaux que nous aurions emportés avec nous sans le savoir. A l'arrivée nous avons effectivement trouvé un nid à l'intérieur de la bôme!



Enfin deux jours avant notre arrivée aux Fiji nous avons été accompagnés pendant un bon quart d'heure par toute une troupe de petits dauphis gris sombre, spectacle dont nous ne nous lassons jamais.


La fin de la traversée a été plus facile, avec le fameux vent de Sud-Est tant attendu, mais toujours sous une pluie abondante, avec même parfois éclairs et tonnerre.






Enfin le vendredi 20 mai au matin nous franchissions la passe de Navula au sud-ouest de Viti Levu, l’île principale des Fidji. Là ce fut le ravissement : nous naviguions enfin dans les eaux calmes du lagon et apercevions de nouveau le soleil! Quatre heures plus tard nous mouillions devant le Quai de la Reine à Lautoka et deux heures après nous avions fait les formalités d’entrée dans le pays.





Au total ce fut une traversée de 1300 milles, soit 250 milles de plus que prévu, effectuée à la moyenne de 4.6 noeuds ce qui est bien peu pour Yovo. Mais nous sommes arrivés sains et saufs et à temps pour accueillir Paul et Adeline.



Nous avons atterri à Lautoka sur le côte ouest de Viti Levu pour faire les formalités d'entrée car ce n'était pas trop loin de Nadi où devaient arriver nos enfants. C'était aussi proche des groupes d'îles de Mamanuca et Yasawa que nous comptions visiter avec eux pendant les deux semaines et demie que nous allions passer ensemble.


Avant de partir nous allions devoir trouver un voilier pour réparer notre génois. Un français vivant à Lautoka nous a parlé de Marshall Sails à Denarau, un grand et luxueux complexe au sud de Lautoka.




Adeline et Paul, encore bien blancs, le jour de leur arrivée



Prochains articles : Lautoka et Vuda Point puis les archipels de Mamanuca et de Yasawa

















































Prochain article : Les groupes d'îles Mamanuca et Yasawa



























































































































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