samedi 25 octobre 2014

ILE MAURICE

Du 13 au 30 juin et du 8 au 11 septembre 2014

Nous avons quitté Rodrigues après un séjour très reposant et sympathique de neuf jours. Comme pour la traversée précédente, Cocos Keeling - Rodrigues, nous avons navigué en compagnie de ALIBI et de THREE SHIPS et toujours en vue les uns des autres, chose assez exceptionnelle! Une traversée de 351 milles nautiques effectuée en deux jours et demi avec une mer bien formée voire forte mais sans problème. Partis le vendredi 13 juin d, ce que certains navigateurs considèrent comme portant malchance, nous sommes arrivés le lundi 16 juin à Port-Louis, la capitale de Maurice. 



Après avoir attendu les autorités, surtout l’immigration, presque deux heures, nos trois bateaux sont allés s’amarrer à l’un des deux quais de la petite marina installée en plein centre de Port-Louis, à deux pas du nouveau complexe commercial luxueux ou plutôt tape-à-l’oeil, le Caudan Waterfront. 







Les cinq jours que nous y avons passés nous ont permis de retrouver le Port-Louis que nous connaissions, entre autres le front de mer et la Place d’Armes à l'arrière...




... le marché aux fruits et légumes toujours aussi animé, coloré et grouillant de monde et celui pour la viande et le poisson, ce dernier assez répugnant car sale et aux odeurs fortes et plutôt nauséabondes...









et les rues du centre, dont celles à proximité du marché extrêmement animées, les bâtiments officiels construits en lave… 





Dans l’ensemble Port-Louis est maintenant très différent surtout à cause du complexe du Caudan Waterfront dont je parlais plus haut, construit de toute évidence pour drainer l’argent des touristes attirés par les multiples boutiques vendant de l’artisanat mauricien, chinois et indien. Les plus riches y viennent pour ses hôtels étoilés, ses magasins ultra-chic et ses restaurants les pieds dans l’eau. 








J’ai été bien déçue par le musée Blue Penny, dont le nom provient d’un des deux timbres les plus rares et les plus chers au monde, le One Penny Vermillon et le Two Pence Bleu, que possède ce musée. 



J’ai vu ces deux timbres qui ne sont exposés que 10 minutes par heure mais n’en ai pas été particulièrement enthousiasmée. Plusieurs salles sont consacrées à l’exploration des Mers du Sud par les Européens à partir du XVe siècle mais là encore les cartes, certes authentiques et surprenantes, et les maquettes avec tous leurs détails chiffrés m’ont un peu ennuyée. Les salles sur l’histoire de Maurice et sur Port-Louis m’ont plus captivée. Celles du rez-de-chaussée qui illustrent le naufrage du Saint-Géran, drame qui a réellement eu lieu et qui a donné naissance à l’histoire totalement inventée par Bernardin de Saint-Pierre de Paul et Virginie ne m’ont pas passionnée. Il faut dire que j’étais seule pour visiter ce musée. Je m’y serais peut-être plus intéressée si j’avais eu quelqu’un avec qui partager ce que je voyais.

Nous avons profité de notre séjour à Port-Louis pour nous balader dans la partie nord de l’île avec Jean-Pierre d’ALIBI et Fiona, Chris et Toby de THREE SHIPS.



Nous avons loué une voiture pour une journée et avons commencé par un must,  le Jardin de Pamplemousses, toujours aussi bien entretenu, joli et intéressant. Nous avons pris un guide pour visiter ce jardin botanique de 26ha situé à une dizaine de kms au nord de Port-louis. 



Notre guide n'en a guère parlé mais il est intéressant de savoir que ce magnifique jardin a été créé, comme beaucoup d'autres choses à Maurice, par Mahé de la Bourdonnais. Après avoir acheté en 1735 la demeure Mon Plaisir et le terrain tout autour il commença à aménager un potager où il planta des arbres et plantes venus du monde entier. Abandonné pendant quelques années le potager fut repris en main par Pierre Poivre, naturaliste et philosophe  mais aussi et surtout intendant sur l'île à partir de 1767. C'est lui qui convertit les lieux d'un potager en un jardin botanique. Son oeuvre fut poursuivie par Nicolas Céré, botaniste. C'est grâce à ces trois personnages que furent introduits entre autres le giroflier, la cannelle, la muscade, diverses sortes de canne à sucre et l'eucalyptus qui permit par la suite d'assécher les marais en vue d'éradiquer la malaria.

Dans ce vaste jardin croissent, de part et d'autres de vastes allées, plus de 600 espèces parmi lesquelles 85 variétés de palmiers dont 40 provenant des Mascareignes (= Maurice + Rodrigues + Réunion)  et d’autres espèces majestueuses, étonnantes, inconnues en Europe, comme les fromagers, les bambous géants, les palmiers bouteilles, les arbres à saucisses, les baobabs, des banians ( dont certains ont 400 ans!), les arbres à muscade, les arbres aux quatre épices qui mêlent les senteurs de poivre, girofle, cannelle et muscade.









Merle de Maurice avec sa huppe noire et ses joues rouges

Et pour le fun...

...Toby devant des bambous géants

... et Fiona dans un coeur de palmes

L’un des arbres les plus étonnants de ce jardin est le palmier Talipot  qui ne produit qu’un seule fleur de toute sa vie, quand il est adulte vers 50 à 100 ans selon les individus.  Nous ne l'avions pas vu en fleur il y a 35 ans, nous n'avons pas eu davantage de chance cette fois-ci.





Mais, pour nous, le clou de la visite ont été les Victoria Amazonica, des nénuphars géants de la forêt amazonienne dont les feuilles ressemblent de façon étonnante à d’énormes plats à tarte ( peut-être 80 cm de diamètre!) dont nous avions gardé un souvenir vif du temps où nous avions visité ce jardin avec nos enfants il y a une bonne trentaine d’années.





Tout près du Jardin de Pamplemousses se trouvait l’ancienne usine de sucre de Beau Plan. Fermée en 1999 elle a été reconvertie en un musée, l’Aventure du Sucre, qui permet de découvrir l’histoire de l’île au travers de l’histoire de la fabrication du sucre de canne et des ses dérivés, les deux étant étroitement liée. Des panneaux explicatifs, des photos, des vidéos, résultats d’un travail de recherche très poussé éclairent le visiteur sur l’origine et la vie des populations qui ont peuplé Maurice depuis les Hollandais jusqu’à aujourd’hui en passant par la traite des esclaves africains et après son abolition par les migrants indiens attirés par des contrats de travail mais qui étaient à peine mieux traités que les esclaves. Quant au procédé de fabrication du sucre il nous est présenté tout au long d’un circuit au milieu des machines authentiques, encore en activité il y a peu de temps. Un des temps forts de la visite a été la dégustation de divers sucres et rhums! Nous avons passé beaucoup de temps dans ce musée passionnant et ce n’est qu’à regret que je l’ai quitté pour poursuivre la balade.









Pour le retour sur Port-Louis nous avons fait une grande boucle par Grande Rosalie, Bon accueil, Poste de Flacq, Roches Noires, Poudre d’Or. 

Route de pamplemousses à Poste en Flacq



La principale culture est celle de la canne à sucre. En juin la coupe n'avait pas encore commencé ou en de rares endroits. Nous avons été étonnés de ne pas voir les grandes pyramides de pierre volcanique noire au milieu des champs de canne comme il y a trente ans. On nous a expliqué qu'elles avaient été emmenées aux îles Chagos pour renforcer la piste de la base aérienne américaine de Diego Garcia. 



Joli point de vue sur le lac de la Nicolière 

Poste en Flacq...



La virée s’est terminée par un arrêt à Goodlands où nous sommes allés admirer des maquettes de bateaux magnifiques, art dans lequel excellent les artisans mauriciens.









De retour à la marina de Port-Louis nous avons rencontré Hervé qui nous a raconté comment il avait, l’année précédente, laissé son bateau quelque temps au port à sec de la Pointe des Galets à la Réunion et comment il l’avait retrouvé vidé de toute son électronique, cette partie du port n’étant pas gardée. M. Leveneur, le capitaine du port de Saint-Pierre, étant toujours aussi peu clair sur une place pour Yovo nous avons décidé de laisser le bateau sur un corps-mort à Grand Baie, à une quinzaine de milles au nord de Port-Louis, sous la surveillance de Sunil, un mauricien rencontré à la marina et qui nous avait proposé ce service contre 300€ par mois. Des amis des THREE SHIPS lui avaient fait confiance l’année précédente et avaient été satisfaits de ses services. Nous avons donc fait affaire. Le problème est que cela nous a obligés à acheter un billet aller-retour Maurice-Réunion puisque nous avions déjà nos billets Réunion-France. Dans le contrat Sunil nous a aussi emmenés à l’aéroport et est venu nous chercher à notre retour à Maurice et nous a rendu quelques services impliquant l’utilisation de sa voiture, faire remplir des bouteilles de gaz par exemple.

Au bout de cinq jours à Port-Louis nous avons donc repris la mer pour monter à Grand Baie à une quinzaine de milles au nord, avec THREE SHIPS qui avaient pris la même décision que nous. 





Nous avons assez bien reconnu le club nautique de Grand Baie, toujours presque uniquement fréquenté par les blancs mauriciens mais toujours aussi sympathique aussi.






ALIBI, qui avait fait sa demande de place à Saint-Pierre en mars comme nous mais avait été plus chanceux car il avait obtenu la promesse « écrite! » d’une place, s’y est donc rendu.  
A Grand Baie nous avons retrouvé Marcia et Jean de TOO MUCH arrivés avant nous à Maurice. 



Le corps-mort sur lequel Sunil nous a dirigés était tout au fond de la baie dans un recoin très protégé. François l’a vérifié et y a mis trois amarres différentes en plus de l’ancre que nous avons jetée un peu à l’avant. « Trop n’a jamais manqué «  dit-on dans la région de Charlieu! Cela nous a permis de partir rassurés mais ce n’était pas une si bonne idée : à notre retour la chaîne était entortillée autour des boutes et François a dû plonger avec la bouteille pour, avec bien du mal,  réussir à démêler le tout!

Nous n’avons pas du tout reconnu Grand Baie où nous étions allés dans les années 80. La ville s’était beaucoup développée et modernisée. Ainsi nous avons été très surpris et, il faut le reconnaître, ravis d’y trouver des hypermarchés très bien achalandés où les prix étaient moins élevés que ce à quoi nous nous attendions. Beaucoup de boutiques de luxe aussi . Parmi ces dernières des boutiques vendant des articles en cashmere dont ils cassaient les prix car ils faisaient de la place pour les nouveaux arrivages, ce dont nous avons profité. Mais Grand baie a perdu beaucoup de son âme et de son charme...

Avec  Marcia et Jean de TOO MUCH nous avons loué une voiture pour aller dans le sud. Voici le circuit que nous avons suivi.





Nous avons revu le mont Pieter Both dont le pic se dresse à 821m et qui est visible d'à peu près partout à Maurice. Coiffé d'une pierre qui semble en équilibre il est très remarquable et est emblématique de l'île.







Avec bien du mal nous avons réussi à dénicher, près de la ville de Moka, la villa Eureka, une élégante maison coloniale du début du XIXème siècle, très bien conservée, certainement très agréable à vivre et confortable. Elle donne une bonne idée de la vie des riches mauriciens blancs de cette époque. Elle  a appartenu entre autres à l’arrière grand-père de Jean-Marie Le Clézio. Nous avons été impressionnés par le nombre de portes!


















Nous avons traversé l’île jusqu’à Mahébourg sur la côte sud-est. Cette ville qui fut la première capitale de l’île tire son nom de Mahé de la Bourdonnais, le gouverneur français de l' Île de France  ( = Maurice) et de l'Île de Bourbon ( = la Réunion) entre 1735 et 1746 qui développa ces îles de façon remarquable. Port-Louis lui ravit le titre de capitale en 1732 car mieux abritée des vents et Mahébourg perdit un peu de son dynanisme. Au XXème siècle la construction de l’aéroport puis de l’autoroute vers Port-Louis la réveilla mais elle reste avant tout une ville à la sérénité et à l’authenticité toute provinciale que beaucoup apprécient. 










Ensuite direction les Terres de Couleur de Chamarel.
Jolis points de vue en route.




Les Terres de Couleur de Chamarel sont un haut lieu touristique de Maurice : il s’agit d’un ensemble de dunes dont les couleurs vont de l’orange au gris en passant par le marron, le grenat et le violacé, étonnant! L'impression est très différente selon qu'elles sont dans l'ombre du soleil déclinant ou encore bien éclairées. Une terrasse en surplomb permet d’avoir une bonne vue d’ensemble. 





C’est tout ce que nous aurons vu ou plutôt revu de Maurice. En fait Maurice est surtout réputée pour ses belles plages, ses vastes lagons et ses hôtels. Ce n’était pas la saison pour en profiter : là l’hiver va de mai à août et nous y étions en juin. 

Une remarque à propos des plages : nous avons été choqués par le fait que le littoral est presqu’entièrement construit. Au niveau des côtes les plus jolies et des plages au sable le plus fin les propriétés privées et/ou les hôtels se succèdent à touche touche et vont jusqu’à la mer ne laissant au mauricien ou au touriste peu fortuné que d’étroits passages pour y accéder tous les kilomètres, et encore! A Maurice pas de conservation ni de partage du littoral! Un scandale à nos yeux!








Le retour au coucher du soleil en suivant la côte Est  a permis quelques belles photos sur le Morne Brabant tout au sud




Un ou deux jours après cette virée dans le sud nous prenions l'avion pour la Réunion où nous avons passé une semaine avec Geneviève et François, nos anciens grands compagnons de navigation autour du monde, des retrouvailles bien chaleureuses qui ont clos de façon bien sympathique toute une période de notre vie nautique commune. Après cette semaine, le 7 juillet nous avons pris l'avion pour la métropole pour un séjour de deux moi. A notre retour le 8 septembre 2014 nous avons rapidement préparé YOVO et sommes partis trois jours après pour la Réunion où finalement M.Leveneur nous a octroyé une place au port de Saint-Pierre.

Le mois que nous avons passé à la Réunion sera l'objet de notre prochain article.






Archives du blog