lundi 5 janvier 2015

LA REUNION - DEUXIEME PARTIE

Du 12 septembre au 11 octobre 2014


Nous avons enchaîné avec l’ascension du Piton de la Fournaise. A l’époque où nous habitions à la Réunion, de 1980 à 1986, il y a eu une éruption chaque année et toute la Réunion y montait en famille, certains pour la journée avec le pique-nique, d’autres pour plusieurs jours avec la tente! Il n’y avait pas encore eu d’accidents et les gendarmes balisaient le chemin et s’assuraient que tout se passait bien. Mais depuis il y a eu un accident mortel, un tunnel de lave en fusion se serait effondré sous un randonneur, et maintenant c’est bien différent : le volcan est interdit d’accès quand il y a éruption ou même risque d’éruption.

Nous avons fait cette balade avec Armelle et Jean-Pierre d’ALIBi bien sûr et aussi avec Claire et Thierry Lelay, des amis communs, des « zoreilles » ( = des métropolitains) du Tampon ( la ville où nous habitions), rencontrés à Phuket (Thaïlande) alors qu’ils désespéraient de faire remarcher le moteur de leur Dufour 31, TAMARIN.

La route menant au volcan est toujours aussi fascinante. Route forestière, pâturages, forêts de cryptomérias du Japon, landes, belvédère du Nez-de-Boeuf qui donne sur la rivière des Remparts, cratère Commerson où nous avons été impressionnés par le site … et aussi par le vertige qui terrasse Jean-Pierre fdevant des précipices! 









Ensuite ce fut la descente vers et l’arrivée sur la Plaine des Sables au paysage lunaire. 



Peu après nous accédions au Pas de Bellecombe à 2400m d’altitude d’où l’on a un panorama exceptionnel sur l’enclos Fouqué avec, à droite et tout près, le petit cratère du Formica Léo et, devant soi un peu plus loin, l’immense volcan du Dolomieu, toujours actif et accolé à lui, le Bory qui dort depuis 1791. Il était 5h 30 du matin et le volcan était dans les nuages.




En trente ans le volcan a beaucoup évolué : le fond du cratère principal, le Dolomieu, s’est, en 2007, effondré de 300 mètres et son pourtour s’est beaucoup fragilisé. Le trajet que l’on emprunte maintenant pour atteindre son sommet est très différent de celui que nous connaissions. On va bien jusqu’à la Chapelle de Rosemont mais ensuite on part et on monte sur la gauche. On n’en fait plus le tour et on ne passe plus par la Soufrière qui aurait été aux trois-quarts ensevelie. 

Devant nous...



Derrière nous...


En arrière-plan le Piton des Neiges





Au niveau de la Chapelle de Rosemont...

le coeur de la "chapelle"



François n’a pas éprouvé de mal pour faire cette ascension. Quant à moi, je suis montée seule, à ma vitesse, celle d’une tortue, mais j’y suis arrivée! Il faut dire aussi que je m’arrêtais toutes les cinq minutes pour faire des photos, photos de petits voire de mini cratères sur le flanc du cratère principal, photos des différents types de lave, photos des multiples formes et couleurs que peut prendre la lave, etc… 

Au début le site était enveloppé d'une brume qui s'est heureusement dissipée au fur et à mesure de notre progression...




Les coulées les plus récentes sont de couleur sombre


Lave cordée

Lave en grattons








Cet effort physique nous aura entraînés pour le trek de deux jours dans le cirque de Mafate que nous allions fait quelques jours après. Sur les conseils de Claire et Thierry  qui ne pouvaient nous accompagner nous avons contacté une de leurs amies qui est guide professionnel et nous ne l’avons pas regretté. 



Nous étions un groupe de onze personnes, guide comprise : en dehors de nous et des ALIBI il y avait un couple dans la cinquantaine, des gens de métropole, et quatre jeunes femmes, deux travaillant à la Réunion et deux de métropole. Nous nous sommes très bien entendu et avons bien discuté et bien ri. Très sérieuse, intéressante et sympathique, notre guide, Corinne MEZENDEV ( tel. 06 92 18 96 45  pour ceux que cela intéresse), la trentaine, a été particulièrement présente auprès d’Armelle et de moi qui avions quand même des difficultés en particulier dans les montées. 



Au bout d’un certain temps, craignant d’abuser, nous avons insisté pour qu’elle rejoigne les autres et nous laisse simplement avancer à notre rythme. Personnellement, avec mes petites jambes, j’ai trouvé très éprouvantes les hautes marches pratiquées dans les sentiers. Jusqu’ici, en randonnée, je ne me servais que de l’un de mes deux bâtons de marche, là je me suis rendu compte de l’aide précieuse apportée par l’utilisation des deux bâtons. Armelle aussi a pas mal souffert.


Corinne en train de m'attendre




L’itinéraire proposé était les îlets du Bas-Mafate : Deux-Bras, Aurère, l’Ilet à Malheur où nous allions passer la nuit, la Plaque, Ilet à Bourse, Grand-Place-Cayenne et retour à Deux-Bras. Un trek de deux jours dans le nord du cirque, plus sauvage que le sud. Nous connaissions déjà un peu le sud pour  être allés à la Nouvelle, considéré comme « la capitale de Mafate », depuis le Col des Boeufs en 2007 avec Paul et Adeline.

Nous nous sommes tous retrouvés un matin à 8h à un parking gardé de la Rivière des Galets. Un 4 x 4 nous a emmenés jusqu’à Deux-Bras d’où nous avons commencé par longer la rivière avant d’amorcer la montée. Nous avons eu la chance d’avoir très beau temps les deux jours. Les paysages étaient magnifiques et variés et Armelle et moi ne cessions de nous arrêter pour les fixer sur la pellicule. Pendant notre séjour à l’Ilet à Malheur je n’ai cessé de penser à ces esclaves marrons qui y étaient réfugiés et qui y ont été massacrés. Pensée aussi pour ces pauvres noirs à Ilet à Bourse où l’on remettait une bourse aux chasseurs d’esclaves qui en avaient tués. 

















Le gîte de l’Ilet à Malheur où notre guide avait retenu des lits pour nous était le « gîte à Gigi », un gîte très bien tenu et où nous avons bien mangé, très important quand on arrive fourbus après une journée de trek. Le plus a été l’animation après le repas : Gigi a été chanteuse professionnelle et elle et son mari nous ont régalés de chants créoles, connus et moins connus, Gigi en s’accompagnant du jembé et Martinien, qui a aussi une belle voix, de la guitare.  Ce sont deux personnes étonnantes : simples, calmes et très chaleureux ils nous ont parlé de la vie à Mafate qu’ils ne quitteraient pour rien au monde. Nous étions fatigués mais il n’est venu à l’esprit de personne d’aller se coucher. Gigi et Martinien nous ont demandé de chanter à notre tour et même Jean-Pierre et moi qui avons tous deux longtemps fait partie de chorales n’avons su relever le défi! La honte! C’est le lendemain en en parlant tous les deux que nous nous sommes dit que nous aurions pu chanter ceci ou cela! Il faudrait que je me fasse un carnet de chants que je traîne toujours avec moi car mon problème n’était pas les mélodies mais les textes! Idem pour Jean-Pierre… 





l'église de l'Ilet à Malheur

l'intérieur de l'église de l'Ilet à Malheur








Tout le long du trajet, des objets en osier emblématiques de la vie dans les cirques  distrayent le randonneur de passage




De temps en temps aussi des Ti-Bondié ( = Petit Bon Dieu) ou Ty-Bondié (  = Maison du Bon Dieu) le plus souvent dédiés à la Vierge ou à Saint-Expédit. Armelle, 100% bretonne, a suggéré cette deuxième traduction de ce vocable créole, « ty » en breton voulant dire « maison ». Pourquoi pas?





Après l'Ilet à Malheur...






















La vie s’écoule très paisiblement dans Mafate et les habitants s’y sentent heureux. Les hameaux les plus importants disposent d’une école, d’une épicerie, d’un dispensaire, d’une église et même, pour certains, d’un terrain de football. Ils vivent au rythme des hélicoptères qui amènent régulièrement le ravitaillement ( 1600€ pour une rotation si je me souviens bien, d’où les prix élevés ) et les touristes qui les traversent, s’y restaurent et/ou y passent la nuit leur apportent un peu d’animation.
Nous sommes revenus de ce trek absolument enchantés. En ce qui me concerne je ne pense pas que je sois capable de faire, physiquement, plus que ce que j’ai fait là! Mais je suis bien contente de l’avoir fait et cela restera pour moi un merveilleux souvenir.


Le temps nous était compté : un ou deux jours de repos et nous étions repartis! Cette fois-ci pour les hauts du Tampon, la Plaine des Cafres, Grand Bassin, la Cité du Volcan qui venait de réouvrir, le Col de Bellevue et la forêt de Bélouve-Bébourg.

De la Plaine des Caffres une route mène au Belvédère de Bois-Court, un point de vue vertigineux sur le village de Grand Bassin 600 mètres en contrebas. Juste avant, des sortes d’allées couvertes accueillent le visiteur et de petits kiosques aménagés pour le pique-nique attendent les familles. Tout cela n’existait pas de notre temps. L’horloge hydraulique en revanche était déjà là et elle marchait, ce qui n’est plus le cas! De nouveau nous avons bien ri à voir Jean-Pierre, toujours en proie à un fort vertige, essayer de voir le fond du précipice sans trop s’approcher!  On voyait très bien la cascade et les divers bâtiments du village. Le village n’est accessible qu’à pied par un sentier très raide mais il y a un monte-charge pour approvisionner le village. Les randonneurs peuvent y déposer leurs sacs-à-dos. Nous avons eu de la chance : il fonctionnait quand nous sommes arrivés. Nous ne sommes pas restés mais nous avons calculé qu’il faut compter près d’une heure pour que la nacelle parvienne en bas, même chose dans l’autre sens.









On nous avait dit que la Cité du Volcan était un must. Effectivement c’est un endroit remarquable. Situé au centre de Bourg-Murat, trois kilomètres après la Plaine des Cafres, sur la route menant au volcan, on ne peut le rater. 




Conçu sous la supervision de Maurice et Katia Kraft, les célèbres vulcanologues disparus en 1991 lors de l’éruption du mont Unzen au Japon, il fait le tour complet de tout ce qui touche  à la genèse de la Terre et aux volcans, de façon très variée ( tableaux, photos, petits films sur de petits écrans, film 4D sur écran géant avec effets sonores, appareils à manipuler, objets…). Le Piton de la Fournaise est surveillé nuit et jour par d’innombrables appareils comme le montre la photo suivante : GPSs, sismomètres, inclinomètres, extensomètres… sur ses flancs, vers le Grand-Brûlé en particulier, sur son pourtour, à l’intérieur de l’enclos et dans les cratères eux-mêmes, aucune zone n’est laissée pour compte. 





A proximité du bâtiment deux sculptures évoquant des légendes liées au Piton de la Fournaise, Grand-mère Kal et .... (?) . Grandmère Kal est un personnage associé à l’esclavage et également au piton de la Fournaise où elle côtoie souvent Grand Diable qui est parfois son époux. Quant au singe, je ne connais pas son lien avec Grand-mère Kal.




Voici quelques photos de la dernière éruption, celle du 21 juin 2014… genre de photos que nous pouvions prendre nous-mêmes il y a trente ans tellement nous pouvions approcher des coulées.








J’ai dû me forcer pour quitter cette mine d’informations sur le volcanisme!


De la Cité du Volcan nous nous sommes rendu au Col de Bellevue pour admirer la luxuriante végétation des hauts : ici poussent à l’état sauvage iris, rhododendrons, fuchsias, chrysanthèmes, géraniums, bégonias, arums… pour ne parler que des plantes à fleurs. Malheureusement ce n'était pas encore la saison de leur floraison sauf pour quelques espèces. De très nombreuses fougères arborescentes dominent la végétation dense alentour, végétation d’origine typique de cette altitude. 







Nous y avons pique-niqué en nous régalant de la vue sur la Plaine des Palmistes, ainsi nommée car cet endroit était anciennement couvert de « palmistes », noms que les réunionnais donnent à l’espèce de palmiers dont ils mangent le coeur, le « chou palmiste », un vrai régal cru ou en gratin.



Une dizaine de kilomètres plus loin nous avons pris une route à gauche pour la forêt primaire de Bélouve-Bébourg dont nous avions le souvenir de quelque chose de magique, de fantastique plutôt. Nous n’avons pas retrouvé l’endroit exact des balades que nous y avons faites. Nous avons donc choisi une balade pas trop longue car il ne nous restait pas beaucoup de temps avant la nuit. La balade est jolie et inhabituelle :  on se promène au milieu de tamarins des hauts, de bois de nèfles et autres tans rouges sous lesquels poussent d’innombrables espèces de mousses, fougères et épiphytes sans oublier les omniprésentes et majestueuses fougères arborescentes. Cette balade m’a cependant un peu déçue : je n’y ai pas vraiment retrouvé les arbres à l’aspect fantomatique, voire fantasmagorique dont j’avais le souvenir.  De fait la courte balade dans le sentier pédagogique de Notre-Dame-de-la-Paix, au nord-est du Tampon, faite avec Geneviève et François (anciennement d’Ultréïa) correspondait mieux à mon souvenir.

Bébourg-Bélouve...






Notre-Dame de la Paix...












Nous avions visité le cirque de Mafate. Il nous restait encore les cirques de Salazie et de Cilaos à découvrir pour les ALIBI, à redécouvrir pour nous. 
Nous avons décidé de ne coucher qu’une nuit dans Salazie, que cela nous suffirait pour avoir une idée des lieux et voir les jolies maisons créoles de Hell-Bourg, le sentier du Trou de Fer étant interdit d’accès pour réfection. La route qui mène à Hellbourg offre de beaux points de vue sur les sommets et les remparts environnants. 







Balade dans le village, le soir-même sous la grisaille et de nouveau le matin avec le soleil à la découverte  des boutiques en bois peint de couleurs vives de la rue principale et des maisons créoles cachées derrière leurs jardins fleuris. 









En ville un joli "guétali" (= guette à li = guette le, regarde le, surveille le = d'où l'on peut voir sans être vu), un peu comme un moucharabieh en somme...




A Hellbourg le Piton des Neiges est bien visible de partout… quand il n’est pas dans les nuages. 







Vitrail de l'église de Hellbourg...




Nous avons voulu faire la balade dite « des Trois Cascades ». En y montant nous avons découvert quelques jolies propriétés...







Nous avons emprunté une route qui montait dur. Au bout d’une heure nous ne trouvions aucun panneau l’indiquant, nous sommes redescendus pour nous rendre compte que nous avions raté l’embranchement signalé par un panneau très haut, trop haut placé dans un arbre! Nous avons abandonné, voulant nous réserver du temps pour la visite de la Maison Folio dont notre guide disait grand bien. Cette balade nous a cependant permis d’avoir une belle vue sur tout le village de Hellbourg.








En lisant les mots « Maison Folio » il nous a paru évident que nous allions voir un intérieur, ce qui nous intéressait avant tout. En fait il y a peu à voir dans cette petite maison, peu de nouveau surtout : le gros de la visite concerne le jardin et nous avions entre Maurice et la Réunion déjà vu de multiples jardins, appris à distinguer les diverses essences, senti le parfum des fleurs et écorces etc… Donc nous sommes partis un peu déçus de cette visite qui ne nous avait pas apporté grand chose. 

















A l’aller comme au retour arrêt devant la Cascade du Voile de la Mariée, pas très fournie malheureusement car nous étions en saison sèche. 




Arrêt aussi à l’église et à la mairie de Salazie ...




... et devant une plantation de chouchous (= christophines, chayottes; dans les Antilles ils les appellent chouchoutes mais à la Réunion c’est tout-à-fait inconvenant, il s’agit du sexe féminin!) : les ramures grimpent le long de piquets et des fils de fer ou des baguettes de bois qui les relient entre eux. Ainsi les chouchous ne sont pas en contact avec la terre qui les abîme et leur cueillette en est facilitée.





Belle cascade sur le chemin du retour...



En revenant de Salazie nous nous sommes arrêtés à la plantation de vanille Rouloff, une plantation familiale. On nous a montré comment sont fécondées les fleurs de vanille. Cette fécondation peut se faire de deux façons, une façon naturelle mais aléatoire, la fécondation par les insectes, et la fécondation manuelle par l'homme à l'aide d'une épine de citronnier ou d'une mince tige de bambou. C'est cette méthode qu'a inventée un esclave, Albius, qui est encore utilisée de nos jours. Il s'agit de mettre en contact l'organe femelle et l'organe mâle tous deux présents dans la labelle ( sorte de pistil) de la fleur.

A la Réunion la vanille pousse dans la nature sur des troncs d'arbres dont les frondaisons fournissent l'ombre indispensable ou sous des ombrières fixée à des piquets et barres sur lesquelles on enroule les ramifications.





Les producteurs passent tous les jours pour féconder les fleurs qui se sont ouvertes. Il faut deux mois pour qu'une fleur bien fécondée donne une gousse de bonne taille.






La préparation des gousses vertes pour en faire les bâtons de vanille noirs, moelleux et odorants que nous connaissons est longue ( au moins dix mois).Elle est minutieuse et méthodique et comporte de nombreuses manipulations : échaudage, étuvage, séchage, mise en malles de bois enveloppées de papier sulfurisé pendant 8 mois, calibrage et conditionnement.

Madagascar est le plus gros producteur suivie par l'Indonésie mais la vanille de la Réunion reste l'une des plus appréciées au monde.







Nous avons consacré trois jours et deux nuits au Cirque de Cilaos. Nous voulions en effet passer une nuit à Cilaos même, la « capitale «  du cirque, 1200 m d’altitude, entourée de remparts et de pics dont le Piton des Neiges, et une autre nuit à l’Îlet à Cordes,  un hameau du bout du monde situé à une dizaine de kms de la capitale avec laquelle il est relié par une route très tortueuse.

Quand nous sommes allés dans ce cirque le ciel était couvert et la visibilité laissait à désirer mais nous avons quand même été tout de suite séduits par les beaux paysages qu’offre l’accès au cirque. Nous avons aussi été impressionnés par les à-pics vertigineux et le nombre de lacets que comporte cette route!










Nous avions un peu oublié à quoi ressemblait la ville de Cilaos sauf son église très caractéristique. 





L'ancien magnifique Hôtel des Thermes est maintenant couvert de graffiti et autres tags et est squatté par des jeunes désoeuvrés.




Tout autour de la ville se dressent les remparts de lave






Une balade en voiture a ramené un bon nombre de souvenirs. Entre autres nous avons retrouvé le VVF où nous avons passé il y a une trentaine d’années de nombreux week ends avec plusieurs couples d’amis et tous nos enfants. Il existe toujours, sous un autre nom, et a l’air d’attirer autant de familles.

Nous avons fait un tour à l’office du tourisme où est exposée une grande carte en relief de l’île, très parlante, ainsi qu’une des dernières chaises à porteurs qui amenaient au XIXème siècle les touristes, plus exactement les curistes qui venaient se refaire une santé à Cilaos. Les deux sources d’eau chaude de Cilaos sont en effet connues depuis deux cents ans. 






Le bâtiment des anciens thermes où nous allions existe toujours mais il n’est plus utilisé : il fait l’objet d’un projet en rapport avec le patrimoine et a été remplacé par un établissement thermal moderne et luxueux. 




Cilaos est aussi très connu pour ses broderies dites « de Cilaos ». Nous sommes donc allés à la Maison de la Broderie. Là une dame nous a montré comment faire des "Jours de Cilaos". De notre temps les ouvrages étaient blanc sur blanc, maintenant ils travaillent beaucoup avec des fils de couleur et je trouve cela beaucoup moins bien.




Elle nous a expliqué qu’aucune jeune fille n’apprenait plus cet art et que dans quelques dizaines d’années il disparaîtrait totalement. Les jeunes filles ne sont pas intéressées par ce travail ou ce loisir, elles n’ont aussi plus le temps d’apprendre et de réaliser ces broderies : elles vont à l’école, elles ont des métiers et d’autres loisirs et surtout cela n’est pas rentable. Les prix ont triplé voire quadruplé par rapport à il y a trente ans et je pense qu’elles doivent avoir du mal à vendre leur production. Je n’en ai pas acheté car j’ai déjà plusieurs napperons et chemins de table à la maison, ceux qui sont en photo ci-dessous.






Nous sommes allés avec Claire et Thiery Lelay, venus nous rejoindre, nous balader dans les alentours, en particulier sur le Sentier des Porteurs...









Nous avons aussi fait, sans eux mais sur leur conseil, la balade de la Cascade du Bras Rouge.

En une heure et demi d’une jolie balade sous couvert le plus souvent on atteint un bassin dont l’eau se jette dans un précipice d’une centaine de mètres : assez spectaculaire. 












En route de très beaux paysages et points de vue sur les sommets autour de Cilaos. 





Le nom de Bras Rouge provient d’une plante qui pousse dans l’eau et lance de petits bras, en fait de longues tiges de couleur rouge.




Notre gîte à Cilaos était un peu sommaire mais joli et mériterait d’être restauré.  Très pratique, il se trouvait à côté du restaurant les Sentiers, qui propose un buffet à volonté offrant plusieurs plats créoles tout-à-fait convenables, dont les fameuses saucisses aux lentilles de Cilaos, un must. En fait le restaurateur possède aussi le gîte!








Après la balade à Bras-Rouge nous avons pris la route très sinueuse mais maintenant goudronnée de l’Ilet à Cordes
Elle est très belle...







La ville de Cilaos depuis la route menant à l'Ilet à cordes






Le nom de l'Ilet à Cordes provient du fait que les esclaves marrons qui s’étaient réfugiés sur ce plateau isolé y accédaient par des cordes, ne laissant ainsi aucune trace de leur passage. 

Ce village est très connu pour son vin et ses lentilles, tous deux fort chers! 
En 1975 le cépage Isabelle, utilisé depuis le XIXème siècle, donnait une sorte de vin apéritif  qui me faisait penser au résiné en pire (je n'aime pas ça!) et qui avait la réputation de rendre fou; il fut d'ailleurs interdit. A partir de 1992 de bons cépages ont été introduits et donnent des vins blancs et rouges de bonne qualité mais on s’étonne que leur prix atteigne et même dépasse celui de vins très cotés de France métropolitaine! Chaque habitant a sa petite vigne.







Quant aux lentilles de Cilaos elle sont principalement cultivées à l’Îlet à Cordes. Elles sont de toute petite taille et sont excellentes. 





Leur prix, très élevé ( 10 à 12€ le kilo), s’explique par le fait qu’elles soient cultivées de façon manuelle. J’avoue que j’en ai mangé avec plaisir dans les restaurants locaux mais qu’à la maison je me suis toujours contentée des lentilles vertes du Puy que je trouve déjà très bonnes! Ceci dit,nous étions à l’Îlet à Cordes à l’époque de la moisson et nous avons suivi avec grand intérêt le travail des paysans dans les champs. De nos jours ils n’utilisent plus le fléau (la gol?) comme il y a trente ans pour séparer les lentilles de leur cosse mais une machine à vanner toute simple inventée par une jeune du coin et qui s’est vendue comme des petits pains. Le propriétaire de notre gîte nous a montré la machine en question et nous avons vu un de ses voisins la faire  fonctionner. 










L’Îlet à Cordes fournit aussi la Réunion en "bibasses" (= nèfles). Les propriétaires de notre gîte se plaignaient amèrement que les bibassiers portaient peu de fruits cette année : cela nous a beaucoup étonnés car à nos yeux de néophytes ils paraissaient bien chargés de fruits!…



Bien que le sol soit très caillouteux la terre est riche et il y a de nombreuses autres cultures à l'Ilet à Cordes, les chouchous, les piments,  les tomates arbustes et les pêches par exemple.






 Après le vin, les lentilles et les bibasses, la quatrième source de revenus des habitants de l’Îlet à Cordes est le tourisme : comme nous, beaucoup de visiteurs ont envie de passer quelques jours dans ce coin reculé du cirque de Cilaos et d’en savourer le magnifique paysage et le rythme de vie paisible. 








Les logeurs l’ont bien compris qui chouchoutent leurs hôtes comme Hélène PAYET Au Petit Coin Charmant. Nous n’avons pas pu y loger car toute une famille réunionnaise en avait réservé les chambres depuis belle lurette mais nous avons pu y dîner ( sur les conseils de qui?… de Geneviève et François d’Ultréïa nos amis gastronomes bien sûr!) et nous nous souvenons encore de ce repas. Pour nous échauffer nous avons commencé par déguster une dizaine de rhums arrangés maison, meilleurs les uns que les autres. S’en sont suivis plusieurs caris  très bien cuisinés ( canard, porc, saucisse…) accompagnés de riz et de grains ( pas des lentilles étonnamment ) et trois desserts dont un gâteau à la papaye dont je regrette encore de ne pas lui avoir demandé la recette.  Il y avait longtemps que nous avions fait pareille chère! Nous avons mangé en compagnie de la famille réunionnaise dont j’ai parlé plus haut, des gens dans la quarantaine, sympathiques et très gais qui nous ont parlé de leur pays, de leur vie, de leur coutumes, de la cuisine locale etc…





La véranda de madame PAYET comme celle de tout réunionnais qui se respecte était très fleurie, principalement des fougères et des orchidées de toutes sortes.





Je ne voudrais pas clore un article sur la Réunion sans parler un peu de Saint-Pierre, une ville que nous connaissons bien et que nous aimons beaucoup François et moi. C’est pourquoi nous avons été tellement déçus quand en avril M. LEVENEUR, le responsable de la marina de Saint-Pierre, a refusé que nous y venions pour y laisser le bateau pendant que nous rentrions en France métropolitaine. Finalement tout s’est arrangé, mais de justesse apparemment : en septembre, à notre retour de France, il nous a « octroyé » la dernière place libre. Si ce n’avait pas été le cas nous aurions dû aller dans la marina de la Pointe des Galets à deux heures de là, loin de tout et surtout loin de nos amis de la Réunion qui habitent tous au Tampon, à cinq minutes de Saint-Pierre. Enfin tout fut bien qui finit bien!
Vue de saint-Pierre depuis les hauts




Quelques vues de la marina et de ses abords...
La passe depuis la terre...










La plage de saint-pierre touche la marina...



Saint-Pierre, un peu plus de 70 000 habitants, est la deuxième ville de la Réunion. Son front de mer, sa plage et son port, en plein centre ville, sont très agréables et très fréquentés. Très sûrs de jour, ces lieux nous ont été fortement déconseillés la nuit. La police serait très consciente de la montée de la délinquance et aurait le projet de renforcer les contrôles dans la zone. 
Nous avons eu beaucoup de plaisir à nous balader rue des Bons Enfants, maintenant zone piétonne et bordée d’arbres. Nous avons bien ri en voyant, toujours dans cette rue, la vaste et vieille boutique tenue par des chinois, toujours aussi sombre et toujours aussi poussiéreuse, qui survivait déjà de notre temps, fidèle à elle-même depuis un siècle peut-être. Nous sommes repassés devant les beaux bâtiments et les maisons bourgeoises qui remontent au XIXème siècle, l’Hôtel de ville, l’ancienne gare maintenant un café-restaurant… 








Nous n’avons pas manqué d’aller revoir les tombes de Sitarane et de ses acolytes, voleurs et assassins du début du XXème siècle  aux méthodes mystérieuses apparentées à de la sorcellerie et finalement guillotinés. leur culte est encore vivace et leurs tombes sont apparemment toujours visitées, comme en font foi les fleurs, cigarettes, petits verres de rhum et bougies déposées sur leurs tombes peintes et décorées de rouge et de noir.





Quant au Tampon où nous avons vécu six ans nous sommes retournés à son marché très coloré où j'avais grand plaisir à aller. Nous y avons même reconnu l'un des vendeurs d'il y a plus de trente ans!!!




Au total nous serons restés cinq semaines à la Réunion, une semaine début juillet, semaine que nous avons passée avec Geneviève et François d’Ultréïa qui très gentiment nous attendaient avant de partir visiter Madagascar, et quatre semaines à cheval sur septembre et octobre, après deux mois en France. 
Bien que notre emploi du temps ait été très chargé nous avons pu bien profiter de nos amis réunionnais ou zoreilles habitant la Réunion : Roselyne et Bernard Fournier, leur fils Julien et sa petite famille.



Nous avions déjà vus Julien, Nadège, Léa et Simon en juin; ils nous avaient d'ailleurs invités chez eux avec Geneviève et François...



Nous avons aussi revu  plusieurs fois avec plaisir Sophie et Jean-Hérik Mauduit-Larive ( dont je n'ai pas pris de photos!!!) de même que  Micheline et Guy Chane-Sam...



Marie-France et Bernard Bost, avec qui François a fait pour ainsi dire ses premières armes à la voile et avec qui nous avons en dehors de cela énormément en commun...



leur fille Anne et sa petite famille ( Sarah était déjà au lit !)...



sans oublier Yolande Vitry, Aimé, son compagnon, et Frédéric, son fils, sa femme et ses deux garçons dont j'ai publié les photos au début de cet article. Comme je le disais plus haut nous regrettons de n’avoir pu voir davantage de nos amis sur place, d’autant plus que nous ne sommes pas sûrs de revenir jamais à la Réunion.

Je ne voudrais pas non plus clore cet article sans écrire un mot ou deux sur Jace, cet artiste local qui depuis 1992 peint, sur les murs de la Réunion, dans les endroits les plus inattendus, et de façon illicite au début, de petits personnages très drôles appelés des GOUZOUS.  On en trouve maintenant paraît-il ailleurs dans le monde, à Paris, Le Havre, New-Yok, Barcelone... En voici quelques exemples photographiés ici et là à la Réunion...









ALIBI et YOVO ont quitté le port de Saint-Pierre le samedi 11 septembre à 8h avec un équipage renforcé pour YOVO : en effet nous avons réalisé que Jean-Hérik mourait d’envie de faire la traversée sur Madagascar avec nous et c’est avec plaisir que nous l’avons embarqué. 
Geste très sympa : Marie-France et Bernard Bost et Sophie Mauduit-Larive sont venus nous larguer les amarres et nous dire au revoir depuis la jetée du port. 









La traversée s’est extrêmement bien passée : nous avons navigué à la voile, grand voile plus génois tangonné presque tout le temps, et nous n’avons soutenu avec le moteur qu’en début et en fin de traversée. Jean-Hérik a été un membre d’équipage très agréable, actif et intéressé par tout ce qui se passait à bord et il a pris sa part de la navigation en assurant son quart de nuit et en participant aux basses besognes comme la vaisselle.






En route nous avons attrapé, à notre grande joie à tous les trois, une belle daurade coryphène.







Une traversée d’un peu moins de trois jours et demi qui nous a amenés à l’Île aux Nattes, petite île au sud de l’île de Sainte-Marie, sur la côte est de Madagascar.
Madagascar sera donc le sujet de notre prochain article.




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