mercredi 29 juin 2016

LE BRESIL : Quatrième partie : Salvador de Bahia

SALVADOR DE BAHIA
( du 23 au 27 décembre 2016)

Francis de la marina de Jacaré nous avait parlé de l’agence de voyage Amazon Star pour organiser notre voyage. Si elle a été de bon conseil en ce qui concerne les vols il n’en a pas été de même pour tous les hôtels. J’avais pourtant précisé que nous voulions des hôtels situés près des centres d’intérêt. Le nôtre, le Bahiamar Hotel, était certes très confortable mais il fallait faire 3/4 d’heure de bus pour arriver dans la ville haute, et quels 3/4 d’heure! Les chauffeurs roulaient très vite sans tenir compte de l’état des chaussées et sans ralentir dans les virages. Nous arrivions épuisés. Surtout il nous était impossible de retourner nous reposer à l’hôtel pendant les heures les plus chaudes et cela nous a beaucoup manqué.



Salvador est une ville mythique car c’est ici que l’histoire du Brésil a commencé au XVIème siècle! C’est maintenant la troisième ville du pays avec 2.7 millions d’habitants après Sao Paulo (11.5 millions  d’habitants), et Rio (6.4 millions) mais nous nous sommes limités à une toute partie de la ville, le centre historique.

Nous avons débarqué du bus dans la ville haute qui se trouve sur un haut plateau. En deux pas nous étions sur la Place Municipale d’où l’on domine la ville basse et le port de plaisance. 


On peut descendre à la ville basse par un ascenseur. C'est ce que nous avons fait pour visiter la marina et voir l'emplacement de l'ancien marché aux esclaves tout proche. De nuit cette zone est à éviter, nous a-t-on dit. Sur la photo ci-dessous on voit bien, un peu sur la droite, l'ascenseur qui relie les deux niveaux de la ville. 




La Place Municipale est entièrement piétonne, bien aérée et entourée d’une part de bâtiments historiques comme le Palacio do Rio Branco, l’ancienne demeure du gouverneur et le Musée d’Art Sacré, l’ancien couvent Santa Teresa, d’autre part de maisons d’habitation plus modestes récemment restaurées et peintes de couleurs vives. En fait les habitants pauvres du centre historique ont été expulsés de leur maison et envoyés dans des favelas lointaines pour permettre à de riches brésiliens ou à des étrangers de les rénover décuplant ainsi leur valeur mais embellissant aussi, il faut le reconnaître, le quartier. Il y a des bancs dont certains, les plus prisés, à l’ombre d’arbres près d’une très belle statue dédiée à un esclave noir, Zumbi dos Palmarès, qui vécut dans le deuxième moitié du XVIIème siècle et qui est une icône de la résistance anti-esclavagiste et anti-colonialiste, et un héros pour la communauté afro-brésilienne, le Brésil et l'Amérique latine en général.


Le palacio do Rio Branco






Nous avons continué jusqu’au Terreiro de Jesus, vaste place sur laquelle donnent la Cathédrale basilique, fermée pour travaux et le Musée Afro-brésilien, fermé pendant la période de Noël, la nôtre!!!

(Photo trouvée sur internet)


En revanche les imposantes "bahianaises" étaient bien là avec leurs corsages de broderie anglaise et leurs vastes robes de toutes les couleurs. De nos jours leur rôle est d'attirer le touriste dans les multiples boutiques d'artisanat, de bijoux, de vêtements...



Un groupe de sportifs-artistes, on ne sait comment les qualifier, exécutaient, accompagnés par de jeunes musiciens, quelques démonstrations de capoeira. Née des traditions africaines perpétuées au Brésil par les esclaves et exprimant leur révolte à leur condition, longtemps interdite par les colons européens, la capoeira s’exprime sous forme de figures à mi-chemin entre la danse et les arts martiaux qui font comme une chorégraphie envoutante au rythme d’instruments et de chants africains. 
Malheureusement ce que nous avons vu en était un piètre image car il y avait encore peu de monde sur la place et les jeunes ne se défonçaient pas pour nous impressionner! En fait la véritable capoeira n’est pas un spectacle bien gentil pour les touristes : ce serait en fait l’un des sports de combats les plus redoutables au monde.Malheureusement les photos que j'ai prises de ces démonstrations ne montrent rien!




De là nous sommes allés au largo de Cruzeiro de San Francisco, une jolie place pavée toute en longueur au fond de laquelle se niche la plus belle église de Salvador, l’église et le couvent de Saint François, eh oui, encore lui!



Elle fut construite entre 1708 et 1713 et sa décoration intérieure est une parfaite illustration du baroque brésilien du XVIIIème siècle. La partie inférieure des murs de l’entrée, de l’église et des chapelles est entièrement couverte de magnifiques azuleros décrivant la vie de Saint François ou illustrant des maximes chrétiennes.



"La vertu est le but de l'envie"

"Le fruit du travail est la gloire"

Quant au reste des murs ce ne sont que sculptures tarabiscotées, guirlandes, colonnettes, torsades, cariatides, angelots, feuillages divers… le tout peint ou doré à l’or fin. Pas un cm2 n’a été laissé vierge! En haut de l’autel, un Christ descendant de la croix ( il paraît que c’est très rare… )  aidé par Saint François. Je m’arrête : les photos parlent d’elles mêmes…









Au sortir de cette remarquable église nous nous sommes baladés dans les rues en direction du largo do Pelourinho.








Le Largo do Pelourinho est la place triangulaire et en forte pente qui est le coeur de la vieille ville de Salvador. Les maisons aux couleurs pastels qui donnent sur cette place appartenaient à des brésiliens enrichis dans le commerce du sucre. De leurs fenêtres ils pouvaient assister aux supplices des criminels qui y étaient publiquement fouettés parfois jusqu’à la mort.





L’église bleu clair en contrebas de la place s’appelle Nostra Senhora do Rosario dos Pretos ( Sainte Notre-Dame du Rosaire des Noirs). Elle fut construite par les esclaves le soir après leur travail. Bien sûr tous les saints sont noirs!







Le Musée de la Ville sur le largo du Pelourinho était lui aussi fermé pour cause de rénovation…

En nous baladant nous avons très souvent rencontré une de ces balinaises dont je parlais plus haut.   Nous nous sommes plus ou moins lié d’amitié avec elle. Cela nous    a donné l'occasion de faire la photo du siècle!



Le lendemain 24 décembre nous sommes revenus nous balader dans la ville haute. Nous avons découvert qu’à Noël tout est fermé au Brésil : c’est une fête avant tout familiale et même les cafés et restaurants ferment! Nous qui comptions nous offrir un bon repas!  Finalement nous avons découvert qu’un restaurant gastronomique du centre, recommandé par notre guide, le Maria Mata Mouro, serait ouvert… mais qu’il faudrait arriver au plus tard à  19h pour pouvoir quitter pour la fermeture à 21h! Nous avons cherché mais n’avons pas trouvé mieux et avons donc réservé.  Il y avait un peu partout, à l’occasion de Noël, de petites manifestations, chorales, orchestres, fanfares…




A l’église Saint-François il y avait un représentation de la nativité avec musique et scènettes. A la fin du petit spectacle les anges de même que  Marie et Joseph dansaient ( la samba ou presque! ) devant l’autel!







Notre repas au Maria Mata Mouro était excellent et nous avons pu rester jusque 21h30 après quoi nous sommes allés boire une caïpirinha sur le Terreiro de Jesus. La ville était quasiment morte : tout le monde était chez soi à réveillonner en famille. Nous étions à notre hôtel un peu avant 23h!!!



Le lendemain nous avons exploré la prolongation vers le nord du Largo do Pelourinho, les quartiers du Carmo et de Santo Antonio aux belles maisons anciennes aux façades multicolores. De nombreuses sont maintenant des pousadas. Nous y aurions été bien mieux que l’hôtel Bahiamar!






Le lendemain, notre dernier jour à Salvador de Bahia, nous sommes allés nous balader du côté du quartier résidentiel de Barra réputé pour ses plages. Nous avons longé le bord de mer du Morro do Cristo jusqu’au Forte de Santa Maria en passant par le Farol da Barra ( le phare de Barra). Jamais de notre vie nous n’avions vu de plages aussi bondées! Les gens étaient littéralement à touche touche mais cela semblait leur plaire…




Comme à Rio, sur des parties de plage moins convoitées, des oeuvres de sable, vestiges de concours des jours précédents, s’offraient aux regards des passants.







Cette colonne commémore le lieu d'arrivée des premiers portugais au Brésil


Nous étions à deux pas du parc zoobotanique. Nous y sommes allés mais n’y avons rien vu de bien extraordinaire excepté un beau tapir, animal que nous n’avions encore jamais vu.  Sinon le jardin n’est pas bien entretenu et possède peu d’animaux et peu de plantes. Nous aurions préféré qu’il ne soit pas gratuit et plus intéressant!


Un flamboyant à fleurs jaunes


François et moi voulions, avant de quitter Salvador de Bahia, absolument voir une cérémonie de Candomblé. L’office du tourisme du centre ville nous avait dirigés vers une société qui s’occupe de ces manifestations et accepte que des touristes y assistent. Marie-Hélène, qui avait eu peur que cela ne ressemblât aux répétitions des écoles de samba, avait préféré rester à l’hôtel. Le soir un ami de la société de candomblé, est venu nous chercher et nous a emmenés dans un « terreiro » ( petite maison paroissiale où se pratique le candomblé) à environ une demi-heure de notre hôtel. Il nous a fait entrer dans une salle de taille moyenne semi-ouverte avec une haute estrade où se tenaient quelques musiciens, surtout des instruments à percussions, des tambours de diverses tailles. Il nous a fait asseoir sur des bancs installés tout autour de la salle, s’est assis avec nous et nous a expliqué ce qui allait se passer. En dehors de lui, de nous deux et de trois autres touristes y assistaient aussi un quinzaine d'adeptes et initiés qui tantôt regardaient tantôt participaient à la célébration.










Nous avions lu quelques articles sur le candomblé mais nous ne savions pas vraiment à quoi nous attendre. Nous n’avons pas bien compris les explications préalables du guide qui a  lui-même reconnu qu’il ne comprenait pas tout! Tout de suite nous nous sommes rendu compte que nous avions la chance d'assister à une vraie cérémonie et pas à un spectacle pour touristes. Nous étions comme fascinés par ce qui se passait sous nos yeux.

Quelques mots sur le candomblé : 
Obligés par les colons portugais d’adopter la religion catholique, les esclaves, surtout d’origine Yoruba ( delta du Niger) , ont néanmoins continué à pratiquer leur foi et à la communiquer aux autres noirs à la culture religieuse moins forte, en donnant à leurs divinités des noms issus du catholicisme. Le candomblé est né de la fusion entre animisme africain et catholicisme romain. Longtemps interdit et souvent considéré comme de la sorcellerie, le candomblé a néanmoins continué d’exister et de se développer. Il est actuellement une part importante de la vie spirituelle et culturelle du pays et 3 millions de brésiliens pratiqueraient le candomblé et il y aurait 2000 terreiros à Salvador de Bahia même. Le « père de saint » ou « la mère de saint » qui dirige le terreiro a un peu le rôle d’un curé de paroisse et assure l’assistance à tout le quartier avec l’aide d’adeptes. 

Les dieux du candomblé sont extrêmement nombreux et se trouvent dans tous les éléments qui entourent l’homme ( mer, forêt, foudre…) mais aussi dans chaque homme.  Tout homme est donc habité par un dieu, un « orixa »( prononcer orisha)  qui donne une valeur sacrée aux traits de sa personnalité.  Chaque « orixa » a de multiples attributs : un nom, des objets symboliques, un jour de la semaine, des bijoux, des couleurs, des chants, des plats culinaires particuliers… Les cérémonies de candomblé ont pour but de faire se manifester ces divinités parmi les vivants, par la transe. On pourra alors lui demander d’aider à résoudre un problème de la vie ( problème de santé, d’argent, d’amour,  de conflits, de projets…).
Ce fut effectivement un très beau moment où nous avons été absolument charmés par la grande beauté des costumes, par le rythme africain des tambours et des chants, par les légères transes qui s’emparent par moments de certaines personnes, par le mystère qui entoure tout ce qui se déroule, par l’atmosphère envoutante mais douce et calme qui nous enveloppe.

C’est sur cette expérience vraiment unique que s’est terminé ce voyage  de près de trois semaines. Le lendemain Marie-Hélène reprenait  un avion pour Brasilia puis Paris où elle allait retrouver Christian, son frère parisien et Françoise avec qui elle allait passer le réveillon du Nouvel An, et nous un avion pour Recife, à deux heures de voiture de la marina de Jacaré où nous attendait gentiment notre YOVO.
Ce sera un très beau souvenir pour nous d’autant plus que nous l’avons partagé avec Marie-Hélène enfin remise de ses gros soucis de santé. Elle aussi avait l’air enchanté de ce que nous avions vu et fait. Elle avait fait le plein de soleil et de chaleur ( un peu trop parfois d’ailleurs!) pour les quelques mois d’hiver qui restaient avant le printemps. 
Prochain article, le dernier sur le Brésil : l’Amazone.

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