mercredi 8 mars 2017

LE BRESIL : septième partie : le Carnaval et le trajet jusqu'en Guyane

Après notre remontée de l'Amazone entre Belem et Manaus nous sommes retournés (en avion) à la marina de Jacare (près de Joa Pessoa, entre Recife et Natal) où nous attendait sagement YOVO. Maintenant il ne nous restait plus qu’à attendre Carnaval pour mettre de nouveau les voiles.
Avant Carnaval différentes fêtes commencent à donner le ton. C’est le cas du Capuçu de Joao Pessoa auquel il était obligatoire de se rendre costumé. Plus on est ridicule et mieux c’est, nous avait dit Nicolas! Christine et Yves d'ORIONDE arboraient leur masque et tuba, tout comme les CHARLENE!  L’ambiance en ville était extraordinaire. Les gens appréciaient que des étrangers aient fait l’effort de se déguiser et de participer à cette manifestation si joyeuse. Beaucoup voulaient nous photographier ou se faire photographier avec nous. Certains avaient fait preuve d’humour  en collant à l’actualité ( c’était les débuts du Zika!) : un gars était déguisé en moustique, un autre en moustiquaire!














Nous n’étions pas souvent allés au marché de Jacare, pourtant très coloré : nous avons profité

de ce temps libre le lendemain pour y aller et faire quelques photos.










Le Carnaval s’étale généralement sur quatre jours, cette année-là dans la région c’était autour du week-end des 6 et 7 février. Parmi les plus connus du Brésil il y a ceux d’Olinda et de Recife qui ne sont pas très éloignés de Jacare, deux heures par la route environ. C’est la marina qui a organisé le transport car nous étions assez nombreux à vouloir y aller. Sur les conseils des gens de la marina nous sommes allés au Carnaval d’Olinda de jour et à celui de Recife de nuit. 

Le jour du carnaval d’Olinda il faisait très beau, très chaud et ce carnaval étant très réputé, il y avait un monde absolument fou. Du bas de la ville on voyait le ruban multicolore formé par les gens qui montaient jusqu’ au sommet de la ville par une des rues principales. Toutes les rues étaient pavoisées, toutes les maisons décorées. La police était là, prête à agir en cas de débordement. 












Les associations défilaient de façon ininterrompue, les groupes de musiciens s’enchaînaient chacun au rythme de la musique qu’ils avaient composée pour ce carnaval 2016. Les costumes étaient magnifiques, taillés dans des tissus de couleur éclatante rehaussés de paillettes.  A un moment nous nous sommes fait embarquer dans un flot de carnavaliers. Mes pieds ne touchaient plus terre! François m’a agrippée et nous avons lutté pour nous diriger vers le côté de la rue, là où la pression était moindre! C’était enthousiasmant mais pas très rassurant par moments. Les gens étaient très gentils, voyaient bien ce que nous voulions faire et nous aidaient, eu égard aux cheveux blancs de François et à ma petite taille ( mes cheveux étaient teints à l'époque!)! 













Beaucoup de gens étaient déguisés. Il y avaient énormément de touristes, tous armés bien sûr d’appareils photos et de caméras. 















Les petits vendeurs de toutes sortes essayaient de se glisser dans la foule en liesse.





Les bénédictines missionnaires qui habitent en haut de la ville, à côte de l’église de la Miséricorde, étaient aux premières loges! 



L'ambiance était extraordinaire et ce carnaval restera un de nos meilleurs souvenirs du Brésil. Même si nous n’étions pas déguisés et ne faisions pas partie d’une formation nous avons vraiment eu l’impression d'y participer.  Je ne sais pas comment inclure des vidéos à un blog et c'est très dommage car bien sûr - nous sommes au Brésil! - la musique était tout le temps ultra présente.


Le carnaval de Recife, que nous avons vu de nuit, nous a en revanche beaucoup déçus. Non pas qu’il ne soit pas bien, loin de là, mais Jean-Pierre, l’organisateur de la marina, nous a fait partir bien trop tard et quand nous sommes arrivés tous les gens étaient placés devant les diverses scènes où se produisaient les groupes de danseurs. Impossible d’approcher et de voir quoi que ce soit. Nous nous sommes rapidement rendu compte que nous étions arrivés à la fin du spectacle principal : le dernier groupe se présentait en effet pour monter sur l’estrade. Très dommage car leurs costumes étaient magnifiques et leur danse fascinante : il s'agissait d'un groupe de Maracatu, un rituel d'une région particulière du Pernambuco ( l'état fédéré du Brésil où nous étions) qui disparaît de plus en plus des cortèges de carnaval, sauf à Olinda et à Recife où il est encore très présent.
Je cite ce que dit Wikipédia à propos du Maracatu :  "Au rythme des percussions, les métis caboclos évoquent la terre ancestrale d'Afrique. Sous leur crinière de lion en fibres synthétiques et pointant leur lance comme jadis leurs ancêtres, guerriers déportés d'Angola ou du Niger, des danseurs se plaisent à impressionner le public. Autrefois, ils n'hésitaient pas à se battre contre des groupes rivaux, parfois même jusqu'à la mort."







Les rues étaient cependant magnifiquement décorées et il y avait beaucoup d’exubérance et d’animation dans les rues et ceci a un peu compensé cela.













Quelques jours avant notre départ grande soirée (d'adieu pour certains) entre navigateurs pour fêter l'anniversaire de François.





Dernier courriel à la famille et aux copains avant de prendre la mer....



Une semaine après Carnaval, le lundi 15 février, nous partions de Jacare, désolés de quitter cet endroit et cette marina où nous nous sentions bien mais contents de reprendre la mer et d’avancer dans notre voyage.


Sur les conseils de Nicolas et de Francis nous avons fait une dernière étape brésilienne dans les magnifiques dunes de Lençoes. Ces dunes créées par les alizés et qui s’étendent actuellement sur plus de 150 000 hectares avanceraient de 60m par an, engloutissant petit à petit végétation et maisons de pêcheurs! Certaines ont près de 30 m de hauteur. 
Tout aurait dû bien se passer pour ce trajet car le temps était en général beau, mis à part quelques grains le plus souvent sans importance. 




Mais dans la nuit du deuxième au troisième jour, un grain plus fort nous a amené un vent de 33 noeuds. Habituellement nous ne gardons pas le génois tangonné la nuit. Ce ne fut pas le cas cette fois-là, le temps était tellement calme!  Le génois s’est mis à contre et le bateau à la cape. Normalement nous réussissons à remettre les choses dans l’ordre en utilisant le moteur. Là, impossible! On a insisté, insisté, persuadés que cela allait venir. Finalement François a réussi, à grand peine, à ramener le génois à l’aide du winch. Malheureusement nous constatons que la grand-voile est déchirée sur une belle longueur le long de la bordure, le rail du tangon endommagé et le côté gauche du balcon de mât un peu tordu. Le génois lui a peu souffert, juste une couture horizontale décousue sur un mètre et demi.
Nous continuons donc avec le génois seul, enroulé aux deux tiers, et arrivons le 20 février. 


Pas évident de prendre la passe entre les bancs de sable pour atteindre le mouillage derrière les dunes! Heureusement que nous l’avons fait de jour! Il fait bon malgré un ciel gris. Nous mouillons devant une gigantesque dune un peu avant le village.









Jacky et Monique de BASELI arrivent un peu plus tard dans la nuit. Malgré nos signaux lumineux, ils ne nous voient pas et se posent sur un haut fond un peu plus loin! Yves et Christine d’ ORIONDE, qui étaient partis un jour avant nous pour faire une autre jolie escale dans un endroit accessible uniquement aux bateaux de peu de tirant d’eau, Galinhas,  nous rejoignent le surlendemain. Eux préfèrent mouiller devant le village.




Nous y avons passé une semaine très sympathique avec nos amis, à regarder les pêcheurs aller et venir, les uns dans de petites barques, les autres dans de véritables bateaux de pêche... 













... à aller nous balader dans les deux villages les plus proches, à visiter l’église, l’école, à entrer dans les commerces...
















...à aller voir les oiseaux qui viennent en très grand nombre ici (mouettes, sternes, huitriers-pies, ibis bruns, spatules roses…).











Au loin un pêcheur était en train d'installer ses filets... 



...à s’émerveiller des paysages marins qui changent au gré des marées et du sable qui s’étend inexorablement.







Pour atteindre le village le plus éloigné de nous, même à marée haute, il fallait faire une bonne centaine de mètres dans de la vase. La première fois que nous y sommes allés avec Monique et Jacky de BASELIE nous ne le savions pas, c’était presque marée basse, et nous avons pataugé pendant un bon quart d’heure pour rejoindre notre annexe! Quelle rigolade! 








Nous avons aussi consacré quelques heures à réparer notre génois.





La dune devant laquelle nous étions mouillés était non seulement impressionnante par sa taille mais aussi hypnotisante avec ses dessins et moirures que lui imprimaient le vent. 










Nous l’avons escaladée et ce n'était parfois pas si facile que cela...




Nous avons compris pourquoi tant de gens allaient si souvent tout en haut : en fait c’est le seul endroit où on capte le réseau de téléphone!
Nous l’avons traversée jusqu’à la mer de l’autre côté puis longée jusqu’à l’embouchure.









De l'autre côté nous avons fait la connaissance d’une famille de brésiliens très gentils. Certains vivent là à l’année de la pêche, les autres, partis vivre à la ville, les rejoignent de temps en temps pour passer des vacances. L’habitat est rustique mais ils ont l’air contents de se retrouver tous ensemble. Ils nous ont montré le puits qu’ils ont creusé  pour avoir de l’eau douce, à quelques centaines de mètres de la mer. C’est étonnant de voir avec quelle vitesse l’eau douce vient une fois que le fond a été débarrassé de la vase. Nous les avons pris en photo, photos que nous leur avons imprimées et données avant de partir. Nous leur avons acheté de petites crevettes séchées que nous avons eu bien du mal à terminer tant elles étaient sèches et salées!








Le retour sur YOVO...




Les dunes de Lençoes : une bien belle escale que nous recommandons à tous les navigateurs qui font ce trajet. Un seul regret : nous n’aurions jamais dû acheter là de l’essence pour nos moteurs hors-bord! Elle était pourrie et nous avons mis des semaines à faire remarcher nos Yamaha! 

C’est donc là, le 27 février 2016, que nous avons quitté le Brésil où nous étions arrivés le 1er juin 2015. Sur ces huit mois nous avons seulement passé un peu plus de trois mois au Brésil : deux semaines et demie après notre arrivée ( 1er au 18 juin 2015) et deux mois et trois semaines à notre retour de France  ( du 5 décembre 2015 au 27 février 2016). Nous avons donc repris la mer en direction de la Guyane. Première escale prévue, les Îles du Salut.
Notre prochain article portera donc sur le trajet entre les dunes de Lençoes (Brésil) et Trinidad où nous avons allions laisser YOVO en avril 2016. C'était très tôt dans la saison mais nous voulions surveiller les travaux de rénovation de la façade de notre maison à Charlieu qui devaient débuter mi-avril.

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