dimanche 11 mars 2018

BONAIRE


BONAIRE
( du 4 au 25 février 2018) 

Nous sommes partis de la marina de Curaçao le samedi 3 février 2018, un mois exactement après notre retour, vers 6h30 du matin, en compagnie d’amis américains, Jill et Rodney sur LOOKFAR. Faux départ! Au bout d’une demi-heure nous faisions demi-tour! : l’alternateur ne chargeait pas! François a donc passé la journée à chercher l’origine de la panne. Comme toujours sur un bateau la corrosion sur les cosses des batteries et autres connexions en était la cause! François pensait qu’elles étaient propres : elles ne le sont jamais assez! 

Nous sommes donc repartis à la même heure le lendemain, dimanche 4 février, cette fois en compagnie de Monique et Marc sur BALOO et nous sommes arrivés à Bonaire après une traversée de dix heures assez facile mi voile  mi moteur car nous allions contre le vent.  Deux grands bords ont suffi. 

Bonaire, à la pointe de la flèche sur la carte ci-dessous, est une des îles des Antilles néerlandaises. Certaines sont dans l'arc antillais, trois sont au large du Vénezuela : ce sont, d'est en ouest, Bonaire, Curaçao et Aruba.  Elles sont aussi connues sous le nom d' ABC , leurs initiales. 





A l’arrivée Jill et Rodney nous avaient trouvé un corps-mort : presqu’un miracle! En effet il est interdit d’ancrer à Bonaire et, depuis que les navigateurs ne peuvent plus aller au Venezuela (dangereux depuis longtemps) ni dans l’archipel des Aves et des Roques ( Îles vénézuéliennes) devenues peu sûres elles aussi et que beaucoup d’ îles de l’arc antillais ont été ravagées par les cyclones, nombreux sont ceux qui se rabattent sur Bonaire, un petit paradis de tranquillité aux fonds coralliens réputés. Certains navigateurs y passent d’ailleurs plusieurs mois d’affilée, squattant les dits-corps-morts! La météo à l’époque n’était pas bonne pour naviguer dans la zone donc les gens susceptibles de partir découvrir d’autres contrées ( Colombie, Porto-Rico, Jamaïque…) n’en bougeaient pas non plus! Monique et Marc ont eu la même chance que nous mais tous les bateaux qui sont arrivés par la suite ont dû aller à la marina, bien chère, (50 US$/j). 
Les corps-morts, obligatoires ( pas question d’abîmer les fonds coralliens!) et payants ( 10€/j, raisonnable!) sont installés à quelques dizaines de mètres du bord de la petite ville et capitale de l’île, Kralendijk, sur un fond mi-sable mi-corail  où l’eau est bleu turquoise. Magnifique! 


YOVO est le deuxième bateau à partir de la droite au premier rang

Idem

Nous étions dans trois mètres d’eau et vingt mètres à peine derrière nous le fond descendait à dix-huit mètres puis peu après à quarante mètres avant de s’enfoncer rapidement dans des abîmes de plusieurs centaines et même milliers de mètres. Depuis le bateau-même et en quelques coups de palmes nous pouvions donc faire du snorkeling et admirer les nombreux poissons qui vivaient le long du tombant corallien. Très sympa pour nous qui avions été privés de snorkeling pendant dix mois! 




Le lendemain de notre arrivée les formalités d’entrée - douanes et immigration sont dans le même local en plein centre ville - ont été sinon rapides du moins faciles et nous avons trouvé au Budget Marine de l’île les gilets de sautetage que n’avaient pas celui de Curaçao. Idem pour la pompe des toilettes qui s’est fissurée l’avant-veille de notre départ! La chance semblait de nouveau être de notre côté!

Bonaire vit de nos jours de l’exploitation du sel marin et du tourisme. Suite aux cyclones qui ont ravagé en 2017 les îles de l’autre côte de la mer des Caraïbes ( Saint Martin, Saint Barth…) les croisiéristes se tournent vers les ABC hors des trajets des cyclones. Bonaire faisait autrefois partie des Antilles néerlandaises qui comprenait les cinq îles de Bonaire, Curaçao, Saba, Sint Eustatius et Sint Maarten (= la moitié hollandaise de l’île de Saint Martin, l’autre moitié appartenant à la France). Depuis le 10/10/10 cette association a été dissoute et elles ont maintenant chacune un statut différent selon le lien qu’elles ont voulu garder avec avec le Royaume des Pays-Bas. Comme Saba et Saint Eustache, Bonaire a voulu faire partie des Pays-Bas et forme avec ces deux îles les Pays-Bas des Caraïbes. Curaçao et Sint Maarten, plus riches, se sont voulues plus indépendantes.

La ville de Kralendijk étire le long de la route ses maisons aux façades aux couleurs de l’arc-en-ciel. Beaucoup de restaurants et de boutiques de vêtements et artisanat pour attirer les touristes venus principalement des Pays-Bas ou déversés tous les matins par les gigantesques bateaux de croisière qui s’amarrent à environ 200m de nos voiliers. Ils arrivent vers 7 heures du matin et repartent vers 17h pour naviguer de nuit jusqu’à leur prochaine destination dans les Caraïbes. Parfois il y en a deux en même temps! Accostés à ces îles toute plates ils paraissent monstrueux!

Il est agréable de se balader dans la petite ville mais on en a vite fait le tour! Quelques jolies petites maisons à l’architecture typique de l’île retiennent le regard…







Une des plus anciennes maisons de la petite ville


Nos amis américains, qui louent une voiture pour la durée de leur séjour de trois mois, nous ont emmenés visiter d’abord le nord puis le sud de l’île. 

PRECISION : toutes les photos du nord de l'île m'ont été données par Monique de BALOO car mon disque dur de photos a refusé de s'ouvrir après que j'y aie mises les miennes! J'espère un jour pouvoir les récupérer. Le fils d'amis me laisse un petit espoir...

Le nord n’a rien d’extraordinaire. L’île dans son ensemble est très plate mais le nord s’enorgueillit de quelques élévations.





La végétation y est composée d’arbustes adaptés à la sécheresse dominés par les cactus Cadushi. Les Bonairiens en font une liqueur qui essaye d’imiter la tequila mexicaine, sans grand succès, nous a-t-on dit : nous n’avons pas essayé. Ils utilisent aussi ces cactus pour faire les haies autour de leurs propriétés, certainement efficaces vu la taille des épines! François qui a marché sur un morceau de cactus avec ses claquettes s’en souvient encore!





Dans le nord on visite le parc national Washington-Slagbaai dont les routes très inconfortables sillonnent ce type de paysage et donnent accès à certaines plages où le snorkeling et la plongée sont très inoubliables… mais le ciel était couvert et la mer agitée le jour où nous y sommes allés donc nous n’avons fait que regarder.






On longe plusieurs étendues d’eau saumâtre où vivent des groupes de flamants roses presque orangés, la zone étant riche en crevettes.




A part les flamants roses on peut rencontrer dans cette partie de l'île des sortes de loriots, de petits perroquets verts à tête jaune et des iguanes terrestres, un peu comme ceux de la Guyane et la Martinique! L'un d'eux est même grimpé sur la jambe de François qui tardait à lui donner des cacahuètes, une bien désagréable sensation, a dit François!

un oriole jaune



Pullulent aussi de petits lézards à peau lisse et à la tête et à la queue d'un turquoise plus ou moins marqué.


Puisque je parle d'oiseaux  j'en profite pour ajouter que, pas particulièrement dans cette zone, mais plutôt dans le mouillage où nous étions on voit de nombreux et assez pélicans, surtout près du ponton des pêcheurs!



Je poursuis...
A midi, dans un petit resto local, nous avons goûté au « funchi », en fait de la polenta, et au « tutu », de la polenta un peu concentrée à laquelle on ajoute des haricots noirs et du sucre, étonnant mais assez bon. Moi j’ai surtout apprécié le ragout de chèvre dont ils étaient l’accompagnement!


Samedi 10 février nous avons fêté l ‘anniversaire de Monique de BALOO. Elle a juste 10 jours de plus que moi! J’avais fait des « gâteaux au coeur coulant » avec de la crème anglaise ( enfin plutôt de la custard!) et une de nos invitées avait aussi fait une tarte. Nous avions invité quatre couples de leurs amis, des navigateurs comme nous, Françoise et Michel sur MANEA, Marie-Noëlle et Jean-Pierre sur COMIGUANA, Françoise et Jacques sur TAVEA et bien sûr Monique et Marc sur BALOO. On tenait tous dans le cockpit de YOVO mais il n’aurait pas fallu être plus nombreux! C’était bien sympa! Monique était contente!








Le lendemain il y avait le défilé de carnaval à Kralendijk. Une douzaine de chars dont plusieurs sur le thème du cirque et de la fête foraine. Ce n’était pas mal du tout. Les costumes, tout en plumes et paillettes, étaient très beaux. Les danseuses pas toujours aussi minces qu’on l’aurait souhaité… mais très souriantes et toujours prêtes à se faire photographier.
























L’après-midi s’est terminé devant une des délicieuses glaces de chez Gio’s!


Quelques jours après Jill et Rodney nous ont emmenés visiter le sud de l’île : les immenses marais salants dans tous les tons de rose selon le degré d’assèchement du parc et les gigantesques tas de sel attendant d’être chargés sur les cargos, 










Au fond la ville de Kralendijk


... les minuscules et inconfortables abris construits par les colons hollandais pour leurs esclaves noirs qui travaillaient à la récolte et au transport du sel,






 la plage d’Atlantis où nous avons pu admirer les évolutions des amateurs de kite-surf 






et celle de Borodon,  paradis des wind-surfeurs. 






Nous nous sommes arrêtés dans un petit resto de plage où nous avons bien discuté tout en sirotant des mojitos et mangeant d’excellentes salades composées. 




Nous étions sur la côte au vent et justement il soufflait très très fort ce jour-là et j’en ai profité pour attraper froid! Cela m’a duré presqu’une semaine à me traîner sans force d’un coin à l’autre du bateau!
Nous avons continué la balade jusqu'à une hauteur d'où l'on voit Kralendijk et l'île de Klein Bonaire...



Nous pensions ne rester à Bonaire qu’une petite semaine : l’ île est toute petite et on en a vite fait le tour. La météo en a décidé autrement! Le bateau se trouvait sur la côte ouest de l’île, très protégée, mais de fait dès qu’on la quittait le vent atteignait vite les 25 à 30 noeuds avec rafales et les vagues étaient de 3 à 4 m. Donc chaque jour nous consultions nos sites météo favoris et discutions avec les uns et les autres pour savoir si l’on pouvait ou ne pouvait pas partir. Deux semaines après notre arrivée nous étions toujours là! Nous, nous voulions aller à la Jamaïque : il nous fallait donc quatre jours de temps convenable ( 15-20 noeuds de vent et 1-1.50m de vagues). Donc nous avons patienté et avons exploité toutes les possibilités de l’île : elle n’en manque quand même pas et nous étions loin d’être malheureux.

Tous les mercredi soir un français, Fabrice, qui tient Le Bistrot, un restaurant à l'entrée de la marina, fait une Burger Night, c'est-à-dire qu'il propose des hamburgers de bonne qualité à un prix très raisonnable. Les boissons elles sont au prix habituel. Cela attire beaucoup de yachties. Nous y sommes allés avec nos amis de LOOKFAR et de BALOO et y avons rencontré d'autres américains.





Nous avons visité le musée Terramar qui se situe en ville : récent (2015), il est intéressant et parle des premiers habitants de l’île, des indiens venus d’Amérique du Sud et, comme beaucoup dans ces îles - et c’est normal -  du commerce triangulaire et de l’esclavage en général mais plus particulièrement à Bonaire. Les espagnols ont emmenés des esclaves de Bonaire dès 1501! L’esclavage n’y a été aboli par les autorités néerlandaises qu’en 1863, 15 ans après la France et 25 ans après la Grande-Bretagne!





La mer étant particulièrement bonne et l’eau claire nous nous y sommes baignés avec plaisir, avons fait du snorkeling soit tout près du bateau ( le tombant corallien était à une dizaine de mètres de notre corps-mort) soit sur l’îlot de Klein Bonaire (Petit Bonaire ) à deux milles de là. J’ai aussi pris un cours de remise à niveau pour la plongée car il y avait presque deux ans que je n’avais pas plongé et j’étais assez appréhensive. Ensuite nous devions plonger avec Jill mais vu ma crève cela ne s’est pas fait.

L'avant-dernier jour, j'étais remise  et nous avons fait un dernier apéro (pour mon anniversaire quatre jours plus tôt!) sur YOVO ...après les nombreux autres sur BALOO, MANEA, COMIGHANA et TAVEAC!  François n'était pas très en forme : en fait, mais nous nous en sommes rendu compte plus tard, il avait attrapé ma crève qu'il s'est empressé de refiler à Monique! 
Nous allions désormais poursuivre des routes différentes : BALOO partait sur la République Dominicaine et les Exumas, MANEA allait se mettre à sec à la marina de Curaçao avant de rentrer en France et de faire ensuite un grand trek en Amérique du Sud, COMIGUANA et TAVEAC allaient faire de même pour rentrer en France pour des raisons familiales.





Nous avons levé l'ancre le dimanche 25 février à 8h en direction de la Jamaïque  ( Port Morant au sud-est) nous espérions atteindre en quatre jours.

Notre prochain article aura pour sujet la Jamaïque.


















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