vendredi 29 novembre 2019

CUBA - Sixième et dernière partie : SANTIAGO DE CUBA et BARACOA

SANTIAGO DE CUBA et BARACOA 
 (du 2 au 14 mai 2018)





SANTIAGO


Nous sommes arrivés le 2 mai 2019 à la marina Marlin de Santiago. C'est très simple, à Cuba les marinas s'appellent toutes Marlin! On a d'abord mouillé un peu au large de la marina mais l'ancre chassait. On s'est rapproché ( la photo) et on a fini par prendre une place à quai, plus pratique.






Une  marina comme les autres à Cuba c'est-à-dire sans douches ni toilettes, un restaurant mais on n'y a jamais vu un chat! Immédiatement après notre arrivée nous avons été alpagués par Pedro qui propose des tas de services. On nous avait mis en garde contre son fils qui n'est pas fiable mais le père nous a paru un peu filou lui aussi et nous avons décidé d'avoir peu recours à lui. Nous lui avons quand même fait remplir une bouteille de gaz et nous avons fait faire de la lessive chez sa femme.

Quelques jours après notre arrivée le pont de notre bateau était entièrement criblé de petites taches brunâtres. Nous avons rincé tous les jours, elles ne partaient pas! Nous avons appliqué un produit que l'on nous avait recommandé, du SNOBOL qui sert à nettoyer les canalisations des toilettes (!), pas plus d'effet! 








Nous nous en sommes finalement débarrassés quelques semaines après, sans rien faire! Mais je ne veux pas encore vous révéler comment. Vous en aurez la surprise dans le prochain article...


Il y a un moyen très pratique et assez rapide pour aller à Santiago de Cuba qui se trouve à 5 ou 6 kilomètres de la marina : c'est un ferry que l'on prend tout près de la marina, à droite quand on sort. Il y a en plusieurs par jour, même chose pour le retour. Le trajet dure à peu près un quart d'heure et il y a de quoi s'occuper en regardant autour de soi. D'abord on voit la centrale électrique, celle qui fait les taches jaunes, la raffinerie, celle qui fait le marée noire qui a bien sali notre coque une semaine après notre arrivée,  la cimenterie et surtout les gars qui pêchent sur des chambres à air de camion, uniques ou doubles! A Cuba quand on n'a pas de barque on a des idées!







On arrive au débarcadère qui est à cinq minutes à pied de la place centrale de Santiago. Très pratique et vraiment pas cher, 1 CUC ( = 1 €) par personne aller-retour pour les touristes. Beaucoup, beaucoup moins cher encore pour les cubains mais c'est bien normal vu leurs revenus. Il y a un bus mais il n'a pas d'horaires et il met un temps fou car il s'arrête souvent et fait de nombreux détours : nous l'avons pris une fois, juste pour voir!

En route vers Santiago...


... une colline crépie de poudre de ciment compacté provenant de l'usine toute proche...



Des entrepôts, des abris pour bateaux au bord de l'eau...




Le débarcadère ...





Du débarcadère on monte tout droit devant soi et on arrive à la place principale,  une grande place carrée appelée Parque Cespedes ou encore Place de la Cathédrale. C'est le coeur de la ville. Tout autour l'hôtel Casa Grande, la cathédrale, le musée Vélasquez, la mairie, les banques, des galeries de peinture...

Le Parque Cespedes  et le centre de Santiago vus du haut de l'hôtel Casa Grande...




L'Hôtel Casa Grande...



L'Hôtel de ville : C'est du grand balcon central que Fidel Castro a prononcé son premier discours après " le triomphe de la révolution " le 1er janvier 1959...



 Le musée des Arts décoratifs, fermé cette semaine-là...



 La superbe maison de Diego Velasquez, maintenant un musée...



La Basilique-Cathédrale Notre-Dame de l'Assomption...




Nous sommes tout de suite allés au restaurant de l'hôtel Casa Grande, très agréable et dominant la place... pour relever notre courrier, nous y désaltérer et pour déjeuner... 




Ensuite visite à l'incontournable musée Diego Velasquez, du nom du conquistador espagnol arrivé avec Christophe Colomb lors de son deuxième voyage. Il habitait le premier étage et au rez de chaussée se trouvait la fonderie  d’or des colonies. La maison fut construite entre 1516 et 1530. Elle est en très bon état et est particulièrement intéressante par son architecture, son organisation, ses éléments décoratifs, son mobilier, son histoire. Il n’y a pas que des éléments remontant au XVIème et XVIIème siècles, loin de là : les nombreuses pièces de cette maison sont consacrées tantôt à un siècle tantôt à un autre, du XVIème au XIXème, du très beau mobilier d’époque sans parler des peintures, lustres, faïences, porcelaines, bibelots… 

Ce qui remonte à l'époque de Diego Velasquez...

Cette architecture d'inspiration arabe







 La cuisine...



La fonderie d'or...




Le mobilier...







 Les objets...




Les éléments des siècles plus proches de nous...









Visite ensuite de la cathédrale Notre-Dame de l’ Assomption, qui ne date que de 1922. La première, de 1522, a disparu depuis longtemps de même que toutes celles qui lui ont succédé suite à différentes catastrophes naturelles. Même celle-ci a beaucoup souffert du cyclone Sandy en 2012. Elle n’est pas particulièrement belle… 





Nous sommes passés de nombreuses fois à la Casa de la Cultura tout près du Casa Grande. Un jour nous avons assisté à la répétition d’un groupe de musiciens très talentueux qui nous ont très gentiment accueillis et que nous avons écoutés pendant une bonne heure avec Bernard, un navigateur français très sympathique rencontré à la marina. Son bateau s'appelle CANAOUENN.










Le soir nous allions dans des bars écouter des groupes, souvent très bons, et regarder les gens danser, des cubains ou des étrangers excellents danseurs. Un vrai plaisir!




Dans ce bistro nous avons retrouvé un groupe de jeunes qui naviguaient et étaient à la marina de Santiago en même temps que nous. 



Un jour nous étions assis près d’un groupe de cubains. L’un d’entre eux, Raul, a insisté pour me faire danser bien que j’aie bien précisé que je ne savais pas danser! Il était très gentil et surtout très patient. Nous l’avons revu quasiment tous les jours au moment de l’apéro, tantôt dans un bar, tantôt dans un autre… et chaque fois il me faisait danser! Moi, j’étais contente, lui était on-ne-peut-plus gentil! 





Bien sûr nous avons aussi parcouru en tous sens les parcs, les places et les rues de la ville. Chaque fois quelque chose d’inattendu retenait notre attention.


Une des rues principles de la ville, près du parque Cespedes...




Un rue qui remonte à l'époque coloniale...


un joli parc...



Un patio des plus charmants...



Un vieux qui devant l'hôtel Casa Grande cassait les oreilles de tout le monde en tapant sur un vieux seau et en agitant des boîtes de conserve...


Un petit garçon jouant avec une trottinette faite maison...




Pendant toute la période où nous étions à Santiago il y avait sur la place une exposition en l’honneur des femmes révolutionnaires cubaines, à commencer par la femme de Raul Castro, le frère de Fidel qui a pris sa succession.







La femme de Raul Castro

Nous sommes allés, à pied (!) et par une chaleur accablante au Museo del Cuartel Moncada, le musée de la Caserne Moncada où eut lieu en 1953 le premier geste insurrectionnel qui, même si ce fut un échec, enclencha la révolution. Fidel Castro à la tête d’un groupe important d’étudiants était parti à l’assaut de la caserne; bien que longuement préparé cet assaut a rapidement été maîtrisé, les assaillants arrêtés, torturés…  On ne visite que quelques salles car la caserne est devenue un école mais y sont exposés divers objets en rapport avec cette attaque ainsi que les inévitables panneaux explicatifs, textes et photos que l’on trouve dans tous les musées traitant de la révolution à Cuba.

Monument à José Marti... Il se trouve sur le trajet menant au musée...




Bâtiment de la caserne laissé en l'état après l'attaque de la caserne par Fidel...






BARACOA


Avant que nous quittions Santiago on nous avait recommandé d’aller à Baracoa à quelques heures de là. Certains navigateurs y étant allés en bateau et s’en étant fait jeter,  nous y sommes allés en voiture. La route est magnifique car on traverse une importante et belle chaîne de montagnes. Le ciel était couvert quand nous l’avons traversée mais la vue était quand même très belle.  On passe par la ville cubaine de Guantanamo et pas loin de la base américaine.

A l'aller sous un ciel couvert...




Au retour...




Nous avons passé deux jours à Baracoa. C’est là que Christophe Comlomb aurait débarqué lors de son premier voyage en 1492. C’est la plus ancienne colonie espagnole du pays et sa première capitale. Elle en a gardé un charme certain. Les indiens taïnos qui vivaient à Cuba ont été exterminés dans toute l’île sauf ici où certains ont survécu et se retrouvent dans les gènes de la population locale. Le nom de Baracoa viendrait de l’arawak, base de la langue des taïnos. 
Sur la place de la petite ville, très appréciée des habitants, se dresse la belle tête en bronze de Hatuey, un héro taïno, qui se serait sauvé de Cuba, serait allé à Hispaniola (maintenant Haïti et Saint-Domingue), aurait levé une armée d’indiens taïnos dans le but de chasser les espagnols de Cuba mais aurait été trahi par un des siens et aurait été condamné au bûcher.







C'est une ville assez authentique, vivante bien que plutôt pauvre, qui ne semble pas voir beaucoup de touristes car elle est vraiment loin de tout.









Nous avons visité l’église de Nuestra Señora Asunción et admiré la Cruce (= Croix) de la Parra que C. Colomb aurait plantée à l’endroit de l’actuel port en 1492, il y a plus de 500 ans. 












Nous sommes aussi montés jusqu'à l’ancien cimetière taïno creusé dans la falaise dominant la ville d’où on a surtout une très belle vue sur la baie.









Nous avons longé le Malecón jusqu’au fort de la Punta, à deux pas de la mer, qui a subi de nombreuses attaques au cours des siècles. Devant, un buste de C. Colomb. Nous n’avons pas visité les deux autres forts.


Vu le long du Malecon...





Statue de C. Colomb tourné vers les terres devant le fort de la Punta





Là aussi nous avons beaucoup aimé l’ambiance très authentique de la ville. Comme dans les autres villes nous sommes allés au centre culturel. Nous y avons assisté à des répétitions de danses de petites filles. Elles étaient toute jeunes et déjà dansaient avec un rythme très assuré. Une toute petite de quatre ou cinq ans nous a particulièrement impressionnés par son sérieux et sa compétence. Nous avons par la suite appris qu’elle était la fille d’un des professeurs de danse. 






Cela m’a donné l'envie de suivre un ou deux cours de salsa, ce que j’ai fait, d’abord avec un maître confirmé dont ils parlaient dans un de nos guides, ensuite par son aide : le maestro s’est rapidement rendu compte que je ne ferais pas de merveilles!!! L’aide en question était un « réré », comme on dit en Polynésie, il  était très gentil et patient et cela m’a bien plu … et bien fait rire François! 




Le soir nous sommes allés à la Casa de la Trova où il y avait toujours de très bons musiciens et un animateur pour faire danser ces dames. Je ne m’en suis pas privée… Malgré tous mes efforts, quand on a revu Raul à Santiago et qu’il m’a refait danser, je n’ai pas eu l’impression qu’il ait vu quelque progrès que ce soit! 






Une des dernières choses que nous ayons faites avant de quitter définitivement et Santiago et Cuba est d’aller au fort Castillo del Morro que nous avions vu à droite en entrant dans le goulet menant à la baie de Santiago. C’est un fort magnifique, très bien conservé d’où on a une superbe vue sur la mer et la baie. A l’intérieur des expositions racontent l’histoire du fort bien sûr mais aussi de la piraterie et de la guerre hispano-américaine. 








militante infatigable du XIXème siècle pour l'indépendance de Cuba 








Du haut du fort on voyait très bien la marina et, juste derrière, l'usine qui déversait ses flots de poussières grasses qui tâchaient irrémédiablement les bateaux. 



En face de la marina se trouvait une petite île toute ronde qui nous intriguait et qu’on nous a conseillé de visiter. Ce fut notre dernière excursion cubaine. C’est l’île de Grandma. On la voit très bien à gauche sur la photo précédente. Très tranquille, on en fait le tour en un rien de temps par la seule et unique rue de l’île qui longe la côte. On peut monter à l’église qui la domine. Dès notre arrivée on s’est fait alpaguer par un habitant, au demeurant fort sympathique et intéressant, qui nous a fait les honneurs de son île. Il nous a entre autres fait visiter l’école. Rien d’extraordinaire mais quelques heures bien agréables dans le calme d’un village de pêcheurs cubains tout simple.














Nous voulions partir très tôt le matin, vers les 5 heures, et avons demandé à faire les formalités de sortie la veille. Non, nous a répondu le chef des douaniers, il serait là un peu avant 5 heures et nous les ferions donc le lendemain juste avant de partir. Effectivement ce qui fut dit fut fait! Nous avons alors compris qu’il voulait visiter le bateau juste avant notre départ et s’assurer que nous partions sans passager  clandestin. Il est monté sur le bateau, a tout visité, a ouvert tous les coffres, a mis le nez tous les placards! C’est aussi lui qui a largué nos amarres et il a attendu sur le quai que nous soyions bien partis avant de retourner à son bureau!  On ne plaisante pas avec cela à Cuba! C’était le 13 mai 2019.
Cuba aura été un des points forts de notre voyage autour du monde. Nous y avons passé presque deux mois. Nous n’avons pas tout vu mais cela nous a permis de nous faire une bonne idée du pays, de son histoire et des gens. Un peuple chaleureux et courageux! C’est une étape que nous recommandons vivement à tout navigateur.

Adieu ou, qui sait, au revoir Cuba!


Nous avons ensuite mis les voiles en direction de Curaçao ( Antilles néerlandaises au large du Vénézuela ) où nous allions pour la deuxième année consécutive laisser le bateau. En chemin nous nous sommes arrêtés à l’Île à Vache, Haïti, puis très brièvement en République Dominicaine. 
Ce sera l’objet de notre prochain article. Hasta luego!




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