LA TRAVERSEE DES FIDJI AU VANUATU
Malheureusement dix minutes après la prise il passe entièrement au bleu puis au gris. C’est aussi un poisson à la chair très blanche, ferme et particulièrement fine, celui que nous espérons prendre chaque fois que nous pêchons.
Nous étions plus que ravis de nous retrouver au calme dans le lagon de Anelcauhat sur ANEITYUM, l'île la plus au sud du Vanuatu.
Le premier matin un superbe arc en ciel sur l'île de Treasure Island qui jouxte Aneityum
Un port d’entrée vient d’être établi sur l' île d'Aneityum, ce qui va nous permettre de remonter tranquillement sur la capitale Port Vila en visitant en chemin les trois îles du sud : ANEITYUM, TANNA et ERROMANGO. Ce n’est que cinq heures après nous que nous avons vu arriver Infinity.
QUELQUES MOTS SUR LE VANUATU
Le Vanuatu est un archipel en forme de Y, composé de 83 îles habitées et de bien d’autres non-habitées. La capitale est Port Vila sur l’île de Efate située un peu au milieu du Y et qui n’est cependant pas la plus grande île, loin de là. La plus grande est Spiritu Santo, vient ensuite Malekula. Les européens les ont appelées Les Nouvelles Hebrides.
En 1906, voyant les allemands devenir de plus en plus influents dans la région , les britanniques et les français ont décidé d’établir le Condominium ( = pays en copropriété) franco-anglais des Nouvelles Hebrides, rapidement taxé de « pandemonium »(=chaos) par des esprits critiques. Effectivement on a du mal à imaginer une entente entre ces deux pays pour gérer l’archipel ! Néanmoins cela a marché tant bien que mal pendant environ soixante-quinze ans et c’est ainsi qu’une moitié de la population, élevée dans les écoles françaises, parle le français et l’autre, qui est allée dans des écoles britanniques parle l’anglais. Ce n’est qu’en juillet 1980 que le pays est devenu indépendant et a pris le nom de Vanuatu.
Le drapeau du temps du Condominium
Le drapeau du Vanuatu indépendant ( présenté ainsi, c'est-à-dire à l’envers, au musée d'Efate!!!) à la symbolique très précise : le rouge , la couleur du sang des Ni-Vans ( = les habitants du Vanuatu); le noir, la couleur de leur peau ; le vert, la couleur des îles et de l’agriculture et le jaune, la couleur de la chrétienté ( ?) et des plages ; la défense de porc recourbée, symbole de richesse ici au Vanuatu, la feuille de Namele au centre de la défense de porc, symbole de la paix et enfin le Y placé à l’horizontale rappelant le dessin que forment les diverses îles de l’archipel .
ANEITYUM OU ANATOM
Comme précisé dans les conseils aux navigateurs nous avions monté le drapeau jaune de quarantaine bien avant notre arrivée sur Aneityum et avons attendu à bord la visite du douanier. Quelle ne fut pas notre surprise de le voir arriver dans une rustique pirogue à balancier !
Il a été tout-à-fait charmant et après une inspection rapide et des compliments sur la propreté du bateau est resté discuter une bonne heure !
Là-dessus nous sommes allés au village voir l’officier de l’immigration, exceptionnellement sur l’île car il attendait l’arrivée d’un grand bateau de croisière. Nous avons pu payer tout de suite les frais d’immigration et de quarantaine auprès de lui.
Anelcahuat est un tout petit village très propre et bien fleuri avec une jolie plage. Il y a une poste où nous avons pu changer des euros en vatus, la monnaie locale. Un petit garçon nous a aussi conduits à Sandy qui vend des cartes SIM du Vanuatu et des recharges.
Ce qui nous a tout de suite frappés ici est la qualité du français que parlent les Ni-Vans, un français tout-à-fait courant, sans le moindre accent, au point que nous pensions qu’ils avaient passé quelques années en France. Pas du tout ! Ce français impeccable leur a été enseigné dans des écoles religieuses ( catholiques) françaises. Sans chauvinisme, ceux qui sont allés dans des écoles anglaises parlent moins bien la langue de Shakespeare.
Dans la baie d’Anelcahuat se trouve une très belle île déserte où les bateaux de croisière débarquent leurs milliers de touristes, du moins ceux qui désirent descendre, pour une balade sur le sentier qui en fait le tour, un repas sous les cocotiers et l’achat d’objets artisanaux fabriqués par les gens du village de l’île principale… Manque d’authenticité assuré ! D’ailleurs personne ne vit sur cette île : les locaux pensent qu’elle est habitée par un fantôme ! Elle est cependant fort belle.
Le voilier Infinity est arrivé quelques heures après nous. Comme il est « skippé » par ses passagers plus que novices sous l’œil négligent du capitaine ils sont descendus trop au sud et ont eu du mal à revenir sur le cap ! Normalement vu sa taille et le vent que nous avions il aurait dû arriver bien avant nous ! Le lendemain ils nous ont invités à dîner à bord. A ce moment-là, cela varie tout le temps, il y avait à bord 24 passagers payants d’une dizaine de nationalités différentes dont Delphine, l’amie de Manon et Charles , et Laura, son amie américaine, qui rejoindront le bord de Yovo un peu plus tard. Le propriétaire allemand du bateau y vit à l’année avec son amie du moment et leur bébé de trois mois . il avait alors aussi avec lui deux autres de ses enfants, d’un autre (ou d’autres) lit, des jeunes de dix et treize ans.
Delphine, l'amie deManon et Charles rencontrée par le plus grand des hasards aux Fidji
Un des trois francophones sur Infinity, un belge, en charge du bar le soir où nous sommes venus
L'ILE DE TANNA
Etape suivante : Tanna sur laquelle se trouve le Mont Yasur, le volcan actif, oh combien actif, le plus facilement accessible au monde, dix minutes de marche depuis le parking à flanc de volcan où nous dépose le 4x4 !
Nous avons commencé à voir son panache de fumée , ses panaches devrais-je dire, plusieurs milles avant d’arriver.
Le mouillage, Port Résolution, se trouve au sud de la côte est, à quelques kilomètres à peine du volcan, et le soir nous le voyions éclairer de rouge le ciel chargé de nuages. Nous étions d’ailleurs si près que, quand le vent s’est mis à souffler dans notre direction quelques jours plus tard, les bateaux étaient entièrement couverts d’une fine poussière noire qui s’infiltrait partout. Nous nettoyions, dix minutes après nous pouvions recommencer ! Autant vous dire que nous n’avons pas traîné après avoir vu le volcan !
Le mouillage est très beau !
Premier jour : balade dans le village qui se trouve en haut de la falaise qui domine le mouillage, un village très authentique, très rustique, installé près de l’ancienne mission presbytérienne où le Yatch Club, un bien grand mot, a établi son QG, un endroit bien sympa en tout cas où l’on peut rencontrer quelques personnes du village, se renseigner sur les visites au volcan et à Lenakel, la capitale, et se retrouver entre gens de bateau.
Au Vanuatu les jouets ne sont pas achetés mais fabriqués par les parents ou les enfants eux-mêmes.
Le Yacht Club possède quelques bungalows, basiques mais propres et jolis qu’ils louent aux backpackers de passage.
Le village en haut de la falaise est grand. Il est fait de huttes sur pilotis aux parois en jonc et au toit en palmes de cocotier
La cuisine est toujours séparée de la hutte où ils dorment. Les habitants nous paraissent très pauvres : vêtements très usés et troués ( pas bien propres très souvent), dans les cases quelques étagères, des nattes qu’ils fabriquent eux-mêmes en pandanus/vacoa sur lesquelles ils s’asseyent et dorment, quelques ustensiles de cuisine et c’est tout. Ils cuisinent sur des feux de bois le plus souvent à l’intérieur de la hutte/cuisine quand ils n’utilisent pas le four dit polynésien . Ils ont des jardins où ils font pousser tout ce dont ils ont besoin : manioc, taro, igname qui sont la base de leur alimentation et ils ont toutes sortes d’arbres fruitiers, bananiers, mandariniers, citronniers, pamplemoussiers, papayers, manguiers, et d’autres encore plus exotiques et bien sûr les cocotiers omniprésents ici.
Avant le français et l'anglais les Ni-Vans parlent entre euxavant tout le "bislama". Voici un exemple de bislama écrit, sur un paquet de tabac :
Traduction : les cigarettes causent le cancer du poumon ( "lang" = lung, anglais pour poumon)
Dans ce village tout le monde parle français ! Les villageois sont très souriants et ne demandent qu’à discuter. En allant voir la belle plage de White Sands (= Sables Blancs) nous traversons sans le savoir un espace interdit aux femmes, où se trouve le « nakamal ». Un homme prend gentiment François par le bras et nous indique un chemin par lequel il nous demande de passer pour le retour ! Le « nakamal » est un endroit un peu à l’extérieur du village où les hommes se réunissent tous les soirs pour fabriquer et boire le kava. Le kava du Vanuatu n’a rien à voir avec celui des Fidji, que les Ni-Vans d’ailleurs trouvent absolument nul. Ici il est beaucoup plus fort et il se prépare différemment. il se prépare à partir de racines de Yakona fraîches, coupées en menus morceaux à la machette, écrasés, mélangés à de l’eau, et pressés. Le jus est ensuite filtré. Dans certains villages avant d’être mélangé à de l’eau il est prémâché !!
Le lendemain nous sommes allés visiter l’autre village au fond de la baie, du moins les quelques maisons au bord de l’eau. Une belle balade...
C'est sur Tanna que nous avons vu nos premières sculptures en tronc de fougère arborescente, en « fangean » (orth?) comme on dit à la Réunion.
Le soir nous sommes allés au volcan Mount Yasur. Dans un premier temps notre chauffeur de taxi /guide ne voulait pas nous laisser aller au-delà du premier point de vue juste après le chemin d’accès. Comme de là nous ne voyions pas le fond du cratère et que nous insistions pour nous approcher il a bien voulu nous accompagner cent mètres plus loin sur la droite mais « pas longtemps », a-t-il précisé ! Et là , effectivement, nous étions tout au bord du cratère : nous pouvions voir les trois bouches d’où était projetée la lave, entendre les sifflements, grondements et coups de canon, sentir la terre trembler et un souffle chaud et violent nous repousser et suivre avec inquiétude les blocs de lave incandescente monter à plusieurs centaines de mètres et retomber pas très loin de nous ! Très très impressionnant !! A la limite du sécuritaire en fait ! A plusieurs reprises, effrayés , nous avons reculé pour, après quelques hésitations, avancer à nouveau pour prendre des photos. Nous n’avons pas insisté quand notre guide, lui-même peu rassuré, nous a demandé de repartir !
Sur le chemin du retour nous avons vu, à deux mètres de l’endroit où nous étions passés, un bloc de lave encore rougeoyante gros comme deux parpaings qui venait d’atterrir !
Nous n’avions rien connu de semblable à la Réunion où pourtant nous avions eu de multiples occasions de voir un volcan. Mais il s’agit ici d’un type de volcan différent, un volcan explosif, de plus en pleine phase d’activité. Nous sommes persuadés qu’à la Réunion on ne nous aurait jamais autorisés à nous en approcher autant à cette phase de son activité. Les photos suivantes nous ont gentiment été données par le fils d’amis, notre appareil ayant fait des caprices justement ce soir-là !
Le lendemain nous sommes allés à la capitale, Lenakel , une route épouvantable, bien pire que toutes celles que nous avons pu prendre en Afrique ! Cependant elle nous a permis de voir l’autre côté du volcan et de jour.
Lenakel est une ville totalement inintéressante, une ville-rue le long d’un petit port, deux petits marchés bien tristes, quelques boutiques, c’est tout ! Peu de voiliers s’y arrêtent, le mouillage étant peu sûr et inconfortable…
Nous avons découvert ce Père Noël très exotique sur un mur de Lenakel!
Vue du volcan lors de notre départ vers Erromango et Efate
Entre l’île de Tanna et celle d’Efate, où se trouve la capitale Port Vila, se situe l’île de Erromango. Nous n’avons malheureusement pas eu le temps de nous y arrêter car je voulais avoir deux, trois jours à Port Vila avant mon départ pour la France. De Tanna nous sommes donc allés directement à Efate.
L'ILE DE EFATE
Si la baie est vaste et belle, la capitale Port Vila ne l’est pas vraiment mais c'est une ville très vivante où l’on trouve à peu près tout, beaucoup plus qu’aux Fidji. Il a en particulier quatre supermarchés LE BON MARCHE où l’on peut acheter du vin à un prix relativement abordable, de la bonne viande, du fromage, du jambon correct, du poisson fumé, du chocolat Lindt, du pâté, du saucisson, des petites douceurs que nous n’avions pas vues et pu nous acheter depuis la Nouvelle Zélande. Le bonheur !
Mais ce qui nous a surtout plu à Port Vila c’est son marché si bien approvisionné, si coloré, si vivant. Ici les racines sont présentées dans de jolis paniers tressés à partir d’une seule et même palme de cocotier. Les vendeuses, des femmes venues de leurs villages restent là plusieurs jours parfois avec leurs enfants et couchent sur place jusqu’à le vente de tous leurs fruits et légumes.
Au milieu des étals de petites gargotes vous proposent à des prix vraiment bas un plat de viande-légumes -riz bien cuisiné. C’est ainsi que François a fait la connaissance de Myriam chez qui il a mangé plusieurs fois pendant l’absence de Francine.
Les femmes Ni-Vans des villes portent des robes dites "mission" particulières au Vanuatu : de couleur gaie s’arrêtant à mi-mollet elles ont des manches gigot, des bas terminés par de larges festons et elles sont décorées de longs et larges rubans flottants fixés aux épaules et à la ceinture.
Port Vila possède aussi un intéressant musée. Vous y découvrez le Vanuatu traditionnel , ses rites, ses sculptures, ses masques, ses divers types de pirogues , et le Vanuatu moderne, avec le passage du colonialisme à l’indépendance.
Le guide du musée, très intéressant , nous a fait à la fin de la visite une démonstration de « sand-drawing »(= dessin sur le sable). C’est un art éphémère particulier au Vanuatu réalisé sur une surface plane recouverte d’une mince couche de sable ou de poussière. L’artiste est à la fois un conteur et un dessinateur. Le récit et le dessin doivent être en parfaite synchronisation : ils doivent démarrer ensemble, se terminer ensemble et le dessin doit évoluer au rythme du récit. Les dessins obtenus sont symétriques, très beaux, parfois très complexes. Celui qui nous a le plus marqués est le dessin-récit de l’igname, une racine qui est la base de l’alimentation des Ni-Vans. Malheureusement nous n’avions pas pris notre appareil photos et n’avons pu le photographier encore moins filmer. C’est très dommage… Les photos ci-dessous nous ont gentiment été données par Geneviève et François d’Ultréïa qui ont visité le musée un autre jour et ont eu une démonstration différente par un autre guide. Nous aurions bien aimé voir ceci dans un contexte réel et non dans un musée mais dans aucune des îles que nous avons visitées cela ne s’est produit.
C’est à Port Vila que nous avons retrouvé avec un plaisir partagé nos amis Geneviève et François d’Ultréïa quittés au départ de la Nouvelle Zélande. Avant de rentrer en France après sa visite éclair de Tonga, Fidji et Vanuatu sur Ultréïa le fils de Geneviève et François, Nicolas, est venu sur Yovo nous faire une séance de « magie rapprochée » : il est absolument époustouflant, que ce soit avec des balles, des cordes ou des cartes ! Cela fait une vingtaine d’années que cette passion l’habite. Il est d’ailleurs très connu dans le midi de la France où il donne régulièrement des spectacles. Un moment inoubliable !
Suite par François
Francine est partie trois semaines en France voir sa maman et aussi nos quatre deux petits- enfants en particulier Juliette et Nils tous deux nés en avril. Je suis resté sur le bateau et j’ai pu partir pour une mini-croisière en compagnie de Delphine et de Laura, transfuges du grand voilier Infinity.
Nous avons passé quelques jours dans la merveilleuse baie de Havannah qui offre de multiples mouillages très abrités avant de partir sur les îles d’Emae et de Epi. A Epi, nous avons fait la connaissance de Jeffrey et Lydia qui font partie de la communauté catholique donc francophone, du Vanuatu. Ils nous ont accueillis à bras ouverts et nous ont invités à déjeuner : kava et laplap – igname et poulet au coco cuits au four polynésien sur des pierres chauffées recouvertes de feuilles de bananier. Un bon moment d’amitié. Ils nous ont fait promettre de revenir avec Francine, ce que nous avons fait après son retour de France. A Epi, il y a une école française où Walter, le proviseur, et des enseignants nous ont reçus très chaleureusement.
Cette brève croisière avec mes deux équipières a été très agréable. Toutes deux ont montré beaucoup de gaité et d’enthousiasme, prenant en charge la manœuvre du bateau, ce qui était d’autant plus précieux que le pilote automatique était en panne. Depuis, elles poursuivent leurs voyages respectifs au Timor et en Australie pour Delphine, en Australie et en Asie pour Laura et nous racontent leurs aventures régulièrement par mail.
Prochain article : la deuxième et dernière partie du voyage au Vanuatu ( du 28 août au 25 septembre 2011)
5 commentaires:
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