samedi 4 avril 2009

LINTON ISLAND, PANAMARINA, PANAMA CITY, PORTOBELO ET COLON

Des San Blas à Colon ( du 10 janvier au 19 janvier et du 6 mars au 19 mars)

Partis tôt le matin des San Blas nous étions à Linton Island dans l’après-midi. Nous y avons passé la nuit et le lendemain nous sommes allés à pied à Panamarina ( jolie balade de près d’une heure) voir s’il y avait de la place pour notre bateau. Pas de problème, nous a-t-on dit !
Le lendemain nous avons donc fait les quelques milles qui nous en séparaient et sommes entrés, pas très fiers car il y avait beaucoup de vent et de mer pour franchir l’étroite passe qui mène à la marina installée dans une mangrove abritée derrière des récifs.

Panamarina est tenue par un couple de français d’une cinquantaine d’années, Sylvie et Jean-Paul. En fait ce sont eux qui l’ont créée, ont découvert l’endroit, se sont battus avec les autorités pour obtenir le droit de la créer, ont nettoyé la mangrove, ont remblayé, aplani, drainé, installé les pitons pour amarrer les bateaux, etc… un travail de géant qui ne les a pas effrayés : on en reste très admiratifs !
C’est une marina très sure et agréable : les bateaux y sont à l’eau mais très protégés et bien que l’on y soit loin de tout on s’y sent bien.

































Sylvie et Jean-Paul tiennent midi et soir un petit restaurant pas bien cher et fort bon où tout le monde se retrouve pour discuter voile, voyages ou autres… C’est très agréable et même primordial quand on est si isolé. C’est ce qui manquait à Chacachacare (Venezuela) !

































De plus José, un chauffeur de taxi, est là au moindre coup de téléphone. C’est lui qui nous a amenés à Panama City quand nous sommes rentrés en France et lui aussi qui nous a ramenés à la marina deux mois après. Il nous a même laissé une bonne heure dans un grand supermarché pour que nous puissions faire de l’avitaillement.

Avant de rejoindre la marina après notre séjour en France de mi janvier à début mars nous avons profité du fait que nous étions obligés de coucher à Panama City pour y rester une journée de plus afin de visiter la ville et le Centre des Visiteurs du canal.
Après que le pirate Morgan ait rasé vers la fin du XVIII ème siècle l’ancienne ville de Panama, à quelques kms de là, les habitants ont décidé de reconstruire un peu plus à l’ouest. Le Panama City de cette époque se limitait à ce qui est maintenant le quartier ancien. Mais avec la construction du canal la ville s’est énormément développée et dresse même maintenant des gratte-ciels dignes des Etats-Unis.


Pas étonnant : Panama City et une large bande de part et d’autre du canal étaient jusqu’à assez récemment américains. La rétrocession a eu lieu il y a une dizaine d’années. Mis à part son quartier ancien Panama City n’est pas particulièrement une jolie ville mais on s’y sent en sécurité, contrairement à Colon.
Et on ne se lasse pas d’y admirer la décoration exubérante des autobus qui la sillonnent.
Ce quartier témoin de l’époque coloniale est encore en très délabré mais a beaucoup de charme et on peut facilement imaginer sa splendeur passée. Il est voie de rénovation mais il reste encore énormément à faire.























La cathédrale













Les bureaux de la présidence

Quant au Centre des Visiteurs de Miraflores qui est installé dans le zone des écluses du même nom, c’est-à-dire les écluses côté Pacifique, il est très intéressant mais les français s’y sentent un peu frustrés, la partie du musée consacrée à la période française étant très réduite. Il est vrai que ce fut un fiasco complet, l’étude du projet ayant certainement été insuffisante quant aux moyens et au coût qu’il impliquait et que ce sont les américains qui l’ont repris et mené à bien.
Une immense terrasse donne sur les écluses et on peut y voir passer des porte-containers, cargos ou de petits groupes de voiliers.
Côté atlantique, les bateaux passent les trois écluses de Gatun, puis traversent le grand lac artificiel Gatun qui fait une cinquantaine de kilomètres, et ensuite trois autres écluses dont les deux dernières de Miraflores.

Les gros bateaux sont tirés par quatre, voire six locomotives électriques, comme c'est le cas du gros cargo ci-dessous.


Les voiliers, eux, traversent en général à deux ou trois amarrés à couple, tenus à l’avant et à l’arrière par des très longues amarres de soixante mètres qu’il faut louer à un agent, ainsi que les pneus qui servent de parre-battages, les turbulences étant violentes.
A bord des voiliers, outre le chef de bord-barreur, il doit y avoir quatre équipiers qui s’occupent chacun d’une amarre (ce sont souvent d’autres plaisanciers qui donnent un coup de main et qui découvrent ainsi le canal) et aussi un pilote officiel. Le trajet fait au total quelques soixante-dix kilomètres. Toute une expérience donc que nous devrions faire vers la fin de l’année…






































Nous avons passé une semaine à Panamarina à tout ranger, nettoyer, remettre en marche ou installer, entre autres deux nouveaux panneaux solaires plus puissants que nos anciens.

La veille de notre départ il y avait la Fête des Masques à Portobelo à quelques dizaines de kms de Panamarina. François n’a pas pu y aller car un électricien était toujours en train de travailler sur le bateau quand il était l’heure d’aller à l’arrêt d’autobus. J’y suis donc allée sans lui avec d’autres plaisanciers et ne l’ai pas regretté.




Cela a lieu tous les ans vers la mi-mars. C’est un concours entre villages de costumes et de masques sur le thème des diables, une fête locale qui attire des foules de toute la région voire de tout le pays. Le nombre de cars qui embouteillent la route en est la preuve. Les « diables » déambulent dans toute la ville et, excités par des acolytes qui poussent d’incessants et stridents coups de sifflets, font peur aux badauds, se précipitent sur eux, poussent des cris sinistres, gesticulent. Il paraît que leur prestation est jugée et dans les rues de la ville et sur la scène où ils se produisent dans l’après-midi. Pas la peine de dire qu’il y a beaucoup de bruit, d’animation, d’agitation et cela pendant 24h de 6h du matin à 6h du matin le lendemain…! Les masques et costumes sont très beaux, rouges ou noirs ou rouges et noirs, et ont dû demander des mois de travail. Certains masques ont l’air très lourds et on voit de temps en temps leurs propriétaires les déposer pour se reposer.



































Pour l'occasion les femmes et les enfants des villages avaint revêtu des tenues de fête.



























Portobelo dont la baie est très vaste et bien protégée est avant tout connu comme étant le port d’Amérique centrale d’où les Espagnols envoyaient vers l’Espagne tout l’or et l’argent qu’ils avaient volés aux Indiens. Il reste peu de vestiges de ce passé glorieux (ou peu glorieux ?) : les ruines de trois forts, une église et surtout l’imposant bâtiment restauré de la Douane, peu de choses en fait car ce site a servi de carrière lors de la construction du canal de Panama.





































La douane royale de Portobelo


































Le « Christ noir » de Portobelo, statue en bois de taille humaine auquel les croyants prêtent des pouvoirs miraculeux , est à l’origine d’un pèlerinage le 21 octobre de chaque année qui attire, nous a-t-on dit , des pélerins de toute la zone entre autres du Costa Rica, d’où certains viendraient même à genoux !


Le lendemain, dimanche 15 mars, nous avons repris la mer en direction de Colon où nous devions faire les formalités et d’autres courses (entre autres du gaz) avant de repartir vers le nord pour de nouvelles aventures…


Il ne nous a fallu que cinq heures d’une très belle navigation pour rejoindre Colon. Colon est la deuxième ville du Panama, la deuxième zone franche du monde et l’entrée nord du Canal de Panama : c’est donc un lieu exceptionnel ! Mais c’est loin d’être beau : la ville est très sale et extrêmement délabrée, le taux de chômage donc la criminalité y sont très élevés : pas question de s’y balader, même de jour, et toutes les courses doivent se faire en taxi. De ce fait nous n’avons pas de photos de la ville de Colon !

Nous étions mouillés tout près de la ville au milieu d’autres voiliers dont beaucoup attendaient leur tour pour passer le canal et nous avions pour paysage à une centaine de mètres devant nous d’imposants quais de béton pour de gigantesques bateaux, porte-containers, pétroliers, gaziers…


A Colon, nous avons aussi rencontré quatre jeunes fort sympathiques qui effectuent un tour du monde en moins de 600 jours. Sans expérience réelle de navigation, ils ont acheté un bateau d’une trentaine d’années qu’ils ont rénové et ont créé une association « QOVOP » - « Quand On Veut On Peut » - qui leur a permis de financer leur périple. Ils sont en contact avec plusieurs écoles primaires. Les élèves étudient les pays où ils font escale et leur posent des questions auxquelles ils répondent. Un équipage motivé et très dynamique que nous avons eu plaisir à côtoyer pendant nos quelques jours d’escale à Colon.








www.qovop.eu











S’arrêtent aussi à Colon d’énormes bateaux de croisière qui proposent certainement à leurs passagers la visite (voire la traversée ?) du canal.



































Les formalités que l’on nous avait annoncées longues, harassantes et coûteuses se sont très bien passées : nous avons eu la chance de tomber sur les bonnes personnes. Nous serons restés à Colon quatre jours et avons repris la mer, bien contents de quitter cette ville peu sympathique où il nous faudra pourtant revenir pour franchir à notre tour le canal.

Prochaine étape : Providencia ( île colombienne au large de la côte est du Nicaragua)

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