jeudi 15 novembre 2012

INDONESIE - QUATRIEME PARTIE : RINCA ET KOMODO - SULAWESI


RINCA ET KOMODO

Rinca et Komodo sont deux îles situées dans le large passage entre les  îles de la Sonde de l’Est - celles que nous venions de visiter (de Timor à Florès) et les îles de  la Sonde de l’ouest ( Sumbawa et Lombok que nous allions visiter). Le détroit entre elles est large (35 milles environ) et très profond (300 m) et de très forts courants N-S le traversent. C’est une véritable barrière naturelle, telle que la végétation et la faune de part et d’autre du détroit ne sont pas les mêmes.
Sur Rinca et Komodo et quelques autres îles du détroit vivent les rois des lézards, les fameux « dragons de Komodo ». Ce sont des reptiles qui ont peu évolué et ont gardé cet aspect effrayant et repoussant des animaux de la préhistoire. On ne peut pas débarquer sur ces îles où l’on veut, comme on veut : il faut se rendre à des points d’entrée du Komodo National Park qui couvre toutes les îles du détroit. Là on prend un billet d’entrée pour le parc et on paye aussi les services, obligatoires, d’un guide. 
Le 24 juillet nous quittions donc Labuanbajo (ouest de Florès) pour l’île de Rinca, à une quinzaine de milles au sud et plus exactement pour Loh Buaya qui donne accès au site et aux dragons.
Beau paysage sauvage à admirer en chemin…







Des bateaux charters, en plus ou moins bon état, amènent des touristes au site dès sept heures du matin. Certains restent la nuit et font la fête  mais la plupart repartent vers les 17h. Ils s’amarrent en marguerite au ponton d’accès au site ou à proximité. 






Des pêcheurs viennent aussi passer la nuit amarrés au ponton. Ils vivent sur leurs pirogues, y dorment , y cuisinent...




Nous avons mouillé un peu avant le fond de la baie et le ponton, suffisamment loin d’eux pour ne pas trop les entendre !




Les dragons de Komodo peuvent mesurer jusqu’à trois mètres et peser plus de cent kilos. Ils ne sont pas seulement hideux, ils sont aussi  très dangereux. D’ailleurs, comme il y a un petit kilomètre à faire pour aller du ponton au bureau des gardes, on trouve, appuyées contre les parois de la cabane en bout de ponton, des fourches d’au moins deux mètres de long à la disposition des visiteurs pour tenir à distance les dragons que l’on pourrait rencontrer en chemin ! Les gardes eux-mêmes en sont toujours munis.




Entre la guérite et le camp des gardiens vit une bande de macaques de Bali, toujours prêts à récupérer quelque nourriture offerte par les visiteurs ...





Les dragons s’attaquent à beaucoup plus gros qu’eux, aux sangliers, aux cerfs et même aux  énormes buffles qui habitent ces îles. Ils les attaquent aux pattes : leur salive contient un poison violent qui tue leurs proies, en quelques jours pour les plus petites, en quelques semaines pour les buffles mais toujours très efficacement : il suffit donc aux dragons d’attendre ! Ils n’hésitent pas à s’attaquer aux quelques paysans du coin et même à quelques touristes imprudents. L’un d’entre eux serait mort suite à ses blessures ! De toute évidence les gardes en ont peur, ne cessent de nous mettre en garde et avancent avec précaution dans la brousse. Même la progéniture des dragons se méfie d’eux ! : les bébés dragons ne sont pas plus tôt nés qu’ils montent en haut des arbres et y restent quelques années, le temps de grossir et grandir, pour ne pas être mangés par leurs parents !

Il faut bien regarder pour le distinguer...

Ceci dit, il n’est pas très facile de les voir. Nous avons fait deux balades sur les sentiers de Rinca, une en partant à 7h du matin et l’autre en deuxième partie d’après-midi mais nous n’en avons pas vus ! Les seuls que nous ayons vus, une dizaine environ  - et que tout le monde a la possibilité de voir  - sont ceux qui traînent en début et en fin de journée à proximité des cuisines des gardes, attirés par les odeurs de nourriture ! Nous les avons bien vus quand même, en particulier lorsqu’ils retournaient à leurs terriers, et avons été très impressionnés et peu rassurés.









En revanche nous avons vu leurs proies favorites, un cerf et deux ou trois buffles de taille impressionnante.





Même si nous n'avons pas vu de dragons dans la brousse nous avons aimé les balades sur l'île.

ON voit nos deux bateaux au mouillage en arrière-plan



La deuxième et dernière nuit que nous avons passée dans ce mouillage, François qui lisait dans le cockpit a vu un des bateaux de charter passer tel un fantôme le long de Yovo, chargé de touristes en train de faire la fête : il était en train de déraper et se dirigeait droit sur Ultréïa juste derrière nous. Le capitaine du bateau dormait, les touristes ne se rendaient compte de rien, continuaient à s’amuser bruyamment alors que François s’époumonait pour prévenir Ultréïa et se démenait pour faire comprendre la situation aux touristes. Finalement ils se sont rendu compte du danger et ont réveillé le capitaine mais c’est François d’Ultréïa, alerté par les cris, qui a évité la catastrophe de justesse en repoussant avec bien du mal le bateau tamponneur ! Il se demande encore comment il a réussi  vu sa taille : sa proue aurait pu être sérieusement endommagée, son  étai  être arraché et son mât tomber ! Il a eu beaucoup de chance !

Le lendemain nous partions pour Komodo, bien décidés à voir des dragons en pleine brousse…

Pour aller de Rinca à Komodo il faut emprunter le détroit de Linta bien connu pour ses forts courants, tourbillons  et mascarets. Nous appréhendions un peu… Effectivement il a fallu tenir bon la barre pour maintenir Yovo sur son cap  mais tout s’est bien passé et nous étions à Komodo en un temps record !




Le mouillage et l'entrée du parc...


Nous n’avons pas eu davantage de chance et n’avons vu, là encore, que les dragons qui rôdaient du côté des cuisines des gardes ! Ils étaient plus amorphes que ceux de Rinca et tout aussi répugnants. Geneviève, qui avançait sans trop regarder devant elle, a été rappelée à l’ordre par un garde : elle se dirigeait droit sur l’un d’eux ! On nous avait bien précisé qu’il ne fallait jamais se trouver à moins de trois mètres d’eux.




Ils vendaient des dragons en bois très ressemblants...


La balade sur l’île était encore plus belle que sur Rinca.




Nous avons mouillé à deux milles de là sur l’île Punja,  devant la plage à l’opposé de celle de Pink Bay, encore appelée Red Bay à cause de la couleur nettement rose de son sable chargé de débris de corail rouge. Cet endroit est très connu des bateaux de charter qui y amènent leurs clients pour la beauté de la plage et pour le superbe jardin de corail à quelques mètres du mouillage. Impossible d’y mouiller nous-mêmes vu le nombre de bateaux charter sur place mais nous y avons passé plusieurs heures à admirer plage, coraux et poissons.






D’un coup d’annexe nous sommes allés voir un village  à quelques milles de là.  Mis à part une ou deux personnes et quelques enfants les habitants étaient totalement indifférents à nous. C’est rare  en Indonésie. Ils étaient musulmans mais il n’y a pas de lien de cause à effet car nous avons souvent été chaleureusement accueillis dans des villages musulmans.  La plupart des maisons, sur pilotis,  étaient en pauvre état à part une ou deux. Devant presque toutes les maisons des gousses de tamarin séchaient. Nous avons vu deux gars en train de sculpter des dragons de Komodo comme ceux vus sur le site près de la maison des gardiens.



















Tous les jours nous sommes allés faire du snorkeling devant Pink Bay.  Même François d’Ultréïa s’y est mis car le jardin de corail, magnifique,  était à deux pas de la plage. Nous y sommes restés deux jours.















De là nous avons fait un troisième mouillage dans la zone, à Gili Lawa Laut.
Un mouillage très rouleur que nous avons quitté le lendemain même bien que l’endroit soit très joli.


Ultréïa

Yovo

Nous avons quand même pris le temps de faire un peu de snorkeling et nous n’avons pas été déçus.









Nous sommes ensuite retournés à Labuanbajo pour faire de l’avitaillement avant le départ pour l’île indonésienne de Sulawesi située à environ 180 milles au nord de Flores.


SULAWESI


Sulawesi, anciennement les Cébèles, est une île indonésienne aux formes alambiquées. Il nous a fallu une trentaine d’heures pour traverser la mer de Florès depuis Labuanbajo et atteindre sa côte sud. Traversée moitié moteur et moitié voile mais sans problème. Nuit devant une plage non protégée de la houle, Kloangbalanda,  et départ le lendemain matin pour Makassar, la capitale de Sulawesi, à une trentaine de milles au nord. Nous avons mouillé entre l’île Lei Lei et Makassar.
La population de Sulawesi s’élève à  16 millions d’habitants dont plus du dixième vit à Makassar.  Y cohabitent différentes ethnies ( les Makassars, les Bugis et les Torajahs ) et différentes religions, ce qui engendre parfois des heurts. Même là où les chrétiens sont majoritaires on ne peut oublier les musulmans dont l’appel à la prière des muezzins dure entre une demie-heure et une heure, voire plus ! En fait après l’appel lui-même ils retransmettent les prières, le sermon etc… ! Comme la ville de Makassar est  majoritairement musulmane, qu’il y a de très nombreuses mosquées qui veulent bien sûr toutes se faire entendre et que, de plus, nous y étions pendant la période du ramadan,  au mouillage c’était absolument  insupportable.  Parfois cela a duré de 19h à 2h du matin !  Heureusement nous ne sommes pas restés longtemps à Makassar…
Quelques vues de Makassar...

Au petit matin il y a très peu de circulation





Au mouillage nous  avons retrouvé Nicolas et Pascale de Badinguet qui nous ont conseillé de partir de là pour visiter le pays Torajah, ce que nous avons fait.  Un québécois sur Dorénavant,  un Sun Odyssée 40,  qui en revenait, nous a recommandé une compagnie de car et un guide et nous sommes partis en nous arrangeant avec Ousman, notre water–taxi, pour faire garder nos bateaux pendant notre absence de cinq jours et quatre nuits.

Le trajet aller, effectué de jour, nous a permis de voir les très beaux paysages montagneux de l’intérieur du pays où la culture du café et du riz domine.







Neuf heures de car (compagnie Metro) dont nous sommes sortis en forme car les routes étaient bonnes et, si les suspensions du car étaient fatiguées, les sièges étaient larges et très confortables.




Une bonne nuit dans un hôtel très correct et nous étions d’attaque le lendemain pour visiter le sud du pays Torajah avec Astro contacté depuis Makassar et qui nous attendait à notre arrivée  à Rantepao, dans le hall de l’hôtel .
Entre Makassar et le pays Torajah les Ultréïa ont dénombré 500 mosquéesl ! Mais nous ne craignions pas que le ramdam recommence : Le pays Torajah est chrétien à 85% !
Le premier matin Astro nous a conduits au marché local de Rantepao et nous a montré des produits particuliers à Sulawesi dont le « pangi », un fruit dont ils tirent une pâte noire qui sert à confectionner un plat de viande très goûteux, le «  pamarrasan », ainsi que les «  tamarillos », des fruits dont la forme ressemble aux tomates Roma et dont ils font un jus de fruits délicieux.

Astro nous montrant du fruit à pain coupé en lamelles et séché
AjoutA droite deux tas de tamarillos
Des lamelles de pangi séchées
La sauce noire du "pamarassan" préparée à partir du panji

Du betel et du tabac


Du porc boucané
Le Sulawesi, comme la plupart des îles que nous avons visitées, produit du café : il s’en vend beaucoup au marché. Ils le moulent fin comme de la farine car ils font le café «  à la turque » en le mélangeant à de l’eau très chaude et en laissant déposer le marc au fond de la tasse. Je suis la seule de nous quatre à le trouver bon ! Nous y avons vu aussi du sucre de palme moulé en forme de bol.






Ce qui nous intéressait beaucoup plus était, à deux pas de là, la foire aux buffles qui avait lieu justement ce jour-là ! Une sorte de Saint-Christophe en Brionnais indonésien en quelque sorte!
La vie des habitants du pays Torajah tourne autour de la mort et du culte des ancêtres. Ils ne peuvent enterrer les membres de leur famille sans sacrifier un, deux, dix, trente, … cent buffles selon leur richesse d’où l’importance de ce marché qui attire beaucoup de locaux. Les éleveurs viennent de Sulawesi mais aussi de toute l’Indonésie, de Java et de Sumatra entre autres, pour vendre ici leurs bêtes où elles atteignent des prix faramineux : entre  4000 et 8000 euros pour les buffles noirs selon leur âge et entre 8000 à 13 000 euros  pour les plus prisés, les buffles à robe claire ou mieux encore avec des taches blanches et les yeux bleus. Leurs cornes ont une grande envergure. Plus les buffles sont gras et mieux c’est : nous avons à plusieurs occasions vu des jeunes chargés de les gaver d’herbe ou de foin. Ils ne cessent de s’occuper d’eux, de les brosser, de les arroser. Ils les attachent aussi pendant quelques heures la tête tirée vers le haut pour leur renforcer les muscles du cou !







Un maquignon et son client en train de discuter le prix





Les porcs font aussi partie des animaux sacrifiés lors des funérailles et il s’en vend beaucoup sur ce marché, ficelés sur des plateaux de bambou. Il faut compter entre 2000 et 4000 euros pour un cochon.



Retour par le marché de l’artisanat à usage des locaux. Nous y avons vu de très beaux chapeaux coniques au tressage d’une grande finesse. Dommage qu’ils aient été si grands !



Nous y avons aussi admiré de beaux sabres à la lame de trois couleurs correspondants à des  trempages différents et au manche en ébène joliment sculpté. Nos deux François n’ont pu résister et s’en sont acheté chacun un. Rien à voir bien sûr avec les « keris » ( ou kriss) que j’allais pouvoir admirer au musée de Makassar, des pièces datant du XVème au XVIIIème siècle.


Moi, j’ai craqué pour un panier en vannerie qu’ils utilisent pour conserver les fruits. Il est beaucoup trop grand pour la place que nous avons sur Yovo et je me demande encore comment je vais faire pour le ramener !


 S’y vendent  également des coqs de combat au plumage chatoyant.



Nous avons loué des motos pour pouvoir aller visiter la région guidés par Astro, lui-même à moto. Geneviève et François d’Ultréïa s’en  sont chacun  loué une ; moi  qui ne sait pas conduire les motos me suis installée derrière mon François ! 


Circuler dans Rantepao, une ville très animée, n’était pas facile. En dehors, aucun problème tant qu’on était sur des routes bitumées mais il fallait être expert en ce genre d’engin pour s’en sortir dans les chemins  de terre surtout quand ils étaient grossièrement empiérés.  D’ailleurs le deuxième jour,  Geneviève, en voulant sortir d’une ornière, est tombée dans un fossé profond de deux mètres et s’est foulée la cheville ! Elle a poursuivi le reste de la découverte de la région derrière son François !

Après le marché aux buffles Astro nous a emmenés voir les sépultures Torajah, si particulières. Nous sommes d’abord allés jusqu’à une falaise près de Lemo, dans le sud du pays.


 Là, dans des tombes creusées à la main sont ensevelis des familles de nobles. Au-dessus de ces sépultures, dans des sortes de galeries, on peut voir les fameux « tau-taus »,  leurs effigies en bois. Une de leurs mains est tendue pour recevoir les offrandes, l’autre levée bénit ceux qui sont venus.




Au pied de la falaise les catafalques qui ont servis à amener les dépouilles...



Puis il nous a conduits jusqu’à un grand arbre près d’un village, Tampagallo, dans le tronc duquel de petites niches avaient été aménagées. Il s’agit de tombes de nourrissons. En grandissant l’arbre finit par englober ces petites sépultures.  Les habitants pensent que grâce à la force de l’arbre l’esprit des bébés rejoint plus facilement le ciel.



Il nous a ensuite menés à une grotte contenant de très anciennes sépultures, de vieux  sarcophages de bois, des ossements et des tau-tau remontant à un siècle.






 A Suaya, près de Sangalla nous avons aussi vu des sépultures royales surmontées elles-aussi de tau-tau. Ici, contrairement à toutes les autres que nous avons vues, les effigies avaient été sculptées à l'image des défunts. Astro nous a aussi dit que pour les funérailles de ce roi et de cette reine 200 buffles et 400 cochons avaient été sacrifiés !






Les falaises sont utilisées pour creuser les sépultures mais aussi n'importe quel gros rocher  et ils sont nombreux dans la région.




Nos balades à moto dans le pays Torajah nous ont permis d’admirer les rizières, de plus en plus belles au fur et à mesure que nous montions.
Les paysans  inondent une petite parcelle d’eau, y jettent des graines de riz, attendent que les graines germent et que les pousses atteignent une vingtaine de centimètres, et ils repiquent les pousses en les espaçant de quinze à vingt centimètres dans des parcelles beaucoup plus grandes et qui ont été retournées et bien inondées. Certaines rizières sont mieux irrriguées que d'autres mais dans l'ensemble dans cette région de Sulawesi ils font deux récoltes par an. Il y a de nombreuses espèces de riz. Pour certaines il faut utiliser une machine pour égrainer les gerbes. Pour une nouvelle espèce il suffirait de secouer la gerbe pour que les grains tombent…








Le riz est lié en petites bottes qui sont mises à sécher et retournées régulièrement





Les propriétaire prennent grand soin de leurs buffles qu'ils utilisent pour retourner la terre 

Au pays Torajah, où que l’on porte le regard on voit des maisons et des greniers traditionnels. C’est un des grands atouts touristiques du pays. 








On ne sait exactement ce qui a inspiré la forme très particulière de leurs toits. Certains disent que ce sont les bateaux dans lesquels leurs ancêtres sont venus et qui leur ont servi d’abri au début, d’autres qu’ils rappellent les cornes des buffles qui sont pour eux symboles de richesse.
Les anciens toits et certains récents, construits à l’ancienne, sont faits de bambou, mais on voit de plus en plus de toits de tôle peinte en rouge, bien entretenus ou tout rouillés.



Traditionnellement la toiture est entièrement faite de bambou

Sur le pilier avant de la maison sont exposées les cornes de tous les buffles qui ont été sacrifiés par le propriétaire pour ses chers disparus.





Sur la façade de la maison il y a aussi une ou deux sculptures de bois représentant des têtes de buffle ainsi qu'un coq ou un dragon..




Toutes les murs sont décorés de motifs rouge orangé, blancs et noirs et de représentations de buffles et de cochons.





Ces maisons sont habitées. Elles sont toutes orientées vers le nord : logique, nous sommes dans l’hémisphère Sud ! Les fenêtres sont petites : ce sont en fait des panneaux coulissants que l'on remarque difficilement au milieu des panneaux décorés. L'intérieur est très sobre...



De nos jours les gens ont tendance à se faire construire des maisons classiques sur lesquelles ils mettent un toit traditionnel. Devant toutes ces maisons, bien alignés et comme autant de signes de prospérité, de trois à dix voire douze greniers à riz,  plus petits mais construits sur le même modèle que les maisons et  tous remplis de riz qu’ils vendent sur place ou exportent.





Le deuxième jour Astro nous a proposé d’assister à des funérailles dans son village, Tikala, au nord -ouest de Rantepao. Il s’agissait des funérailles d’une dame de 75 ans  et de son fils de 50 ans, tous deux décédés plus d’un an auparavant. C’est la coutume : les corps sont conservés à l’aide de piqures de formol, ils sont ensuite habillés et installés dans une pièce de la maison où les membres de la famille font comme si ils étaient vivants : ils leur apportent à manger, à boire, des cigarettes, ils leur parlent… En un an voire plus tous les membres de la famille, qui peuvent être éparpillés dans plusieurs îles d’Indonésie ou même vivre à l’étranger, ont eu le temps de s’organiser pour venir aux funérailles ainsi repoussées. La famille a aussi eu le temps d’acheter, voire d’engraisser buffles et cochons et de tout bien prévoir pour l’événement. En cadeau Astro nous avait fait acheter des cartouches de « kreteks », des cigarettes parfumées aux clous de girofle.


Il s’agissait du deuxième jour de la cérémonie. Nous sommes arrivés vers 11h. Devant la maison et  sur trois côtés avaient été montés de vastes baraquements en bambou  créant en leur centre une sorte d’esplanade. Dans un angle, un catafalque. Un des baraquements étaient plus luxueux que les autres : tapis rouges, divans, guirlandes… Il servait à accueillir l’une après l’autre les différentes branches de la famille avant de les rediriger  sur les autres baraquements.




C’étaient les petits-enfants de la défunte, vêtus de magnifiques tenues traditionnelles, qui étaient chargés d’accueillir les invités.  Nous-mêmes avons été accueillis par une des filles de la défunte et tout de suite dirigés vers un baraquement très bien placé face à la plateforme d’accueil. Nous avons donc très bien pu suivre la cérémonie qui se déroule selon un protocole très élaboré. Ce jour-là il y avait peut-être deux cents invités !




Divers membres de la famille sont venus nous dire bonjour, nous avons offert nos kreteks et on nous a apporté du thé, du café et des gâteaux.  Peu après les deux cercueils qui étaient sur des terrasses ont été posés chacun sur un brancard et ont été ornés de dentelle et de rubans.



 Un maître de cérémonie, un membre de la famille, a donné le signal du départ de la procession. En tête venaient bien sûr  les cercueils. Le premier cercueil, celui de la mère, était suivi par une file de femmes qui avançaient sous une longue bande de tissu rouge.  Les hommes suivaient celui du fils. Enfin venaient 14 des 34 buffles achetés pour la cérémonie.











Deux personnes portaient un gong sur lequel frappait régulièrement la deuxième personne.



Le cortège a fait le tour de la maison et de l’esplanade au moins quatre fois pendant que le maître de cérémonie parlait des deux défunts. Il était alors environ 13h ou 13h30 et des collations nous ont été offertes, de la viande et du poisson en sauce et du riz  servis dans des plats en carton plié. C’était une gentille attention mais ce n’était pas bien bon !



Après le repas a eu lieu le sacrifice de deux buffles : il s’agissait de couper la carotide d’un coup de sabre bien administré et le buffle devait normalement tomber à genoux et se vider rapidement  de son sang. Le premier buffle a été raté et il a fallu un deuxième sabreur plus habile pour y parvenir. Pas très chouette à avoir ! Tout a heureusement été vite fait pour le second buffle.





A peine leur dernier souffle rendu, des hommes, certainement des  bouchers professionnels, se sont mis à enlever la peau des buffles en un seul morceau de façon très experte. Cette peau sera ultérieurement vendue.




Puis la viande a été coupée en gros morceaux puis en plus petits. Une partie de cette viande a été  jetée dans une marmite faite à partir d’un bidon de 200 litres et dans laquelle bouillait depuis quelque temps de l’eau assaisonnée de sel et d’épices. L’autre partie a été donnée aux différentes branches de la famille. Quatre cochons ont aussi été sacrifiés, leur peau a été immédiatement grillée au lance-flamme et leur viande a été découpée et distribuée comme celle des buffles !




Ensuite est venu le moment où  les deux cercueils ont été poussés par les uns,  tirés par les autres, et avec bien du mal,  le long d’un plan incliné en bambou jusqu’en haut du catafalque.





Les funérailles durent en général  cinq jours pendant lesquels les parents, les amis, les gens des villages voisins vont continuer de venir et d’être ainsi reçus par la famille des défunts. Ce sont les petits-enfants de la défiunte qui recevaient les invités et les menaient en grande cérémonie jusqu'à la plateforme d'accueil où on leur apportait boissons et nourriture avant de les diriger vers les loges en bambou comme la nôtre.







Pour cette fonction ils portaient une tenue d'apparat. Les jeunes femmes en particulier avaient de belles tenues traditionnelles.





Le cinquième jour les cercueils seront déposés dans le tombeau familial, hors-sol. Quelques jours après, les baraquements  et le catafalque seront démontés et la vie reprendra comme avant. Il faut savoir que, sur les 34 buffles achetés et les 14 exhibés,  seuls 7 ou 8 auront finalement été sacrifiés. Et les cornes des buffles sacrifiés iront décorer le pilier frontal de la maison familiaile...



Au retour Astro nous a expliqué que les funérailles peuvent être reportées de plusieurs années, sept , huit et plus,  par exemple si  les enfants des défunts sont très jeunes, et aussi que, si le corps d’une personne a disparu ( pour cause de naufrage par exemple), la famille va dans la montagne, attrape l’esprit de la personne décédée avec un sarong, un grande pagne, et c’est cela que l’on met dans le tohmbeau. Tout est donc prévu…


Le dernier soir, voyant combien la cheville de Geneviève la faisait souffrir,  Astro a contacté un de ses amis chiropracteur. Celui-ci a manipulé Geneviève une première fois avec succès et il est revenu pour une ultime manipulation deux heures plus tard, juste avant que nous reprenions le car pour Makassar. Geneviève était ravie car le résultat était assez miraculeux : plus de douleur et une marche quasi normale ! Il lui aurait fallu quelques autres séances mais c’était impossible.

Quelques photos souvenirs de notre hôtel ...

Le bâtiment était moderne néanmoins il avait sa toiture typique du pays Torajah




puis soirée au resto  pour manger une dernière fois les spécialités locales, entre autres le « pa’piong », de la viande de porc ou de poulet, des légumes et de la noix de coco cuits dans des tronçons de bambous et le . Délicieux

La pa'piong
Du "pamarassan" au poisson ...
...  servi avec du riz noir

Retour de nuit très confortable  sur Makassar : climatisation, sièges-couchettes et couvertures. Au petit matin nous avons retrouvé Makassar, sa circulation, sa pollution et son bruit.
Deux jours après nous quittions le Sualwesi pour l’île de Lombok. Nous continuons d'avancer vers l'ouest...

Prochain article : Lombok, Lembogan et Bali

Archives du blog