dimanche 24 février 2019

CUBA - Cinquième partie : DE TRINIDAD A SANTIAGO DE CUBA ET LES JARDINS DE LA REINE


LES JARDINS DE LA REINE

Le 21 avril 2018 après cinq jours passés à visiter Trinidad nous avons repris la mer pour suivre le chapelet d’îles qui suivent le côte de Trinidad jusqu'au Cabo Cruz ou Cap de la Croix.  Une grande partie de ces îles constituent les Jardins de la Reine. La chance a continué d'être avec nous : très peu de vent contraire et donc une navigation on-ne-peut-plus agréable, non seulement pour visiter ces îles mais même  jusqu'à Santiago de Cuba.
Le plus souvent nous avons navigué entre la grande île et le récif, rarement au delà du récif.




Les deux premières îles où nous avons mouillé, comme celles que nous avions visitées avant Trinidad, étaient des îles coralliennes, avec sable blanc, eau turquoise, cocotiers et barrière de corail à explorer éventuellement. Nous avons eu grand plaisir à en faire le tour à pied et en annexe de même qu’à nous y baigner.

La première, Cayo Blanco de Casilda, était le domaine des agoutis, des iguanes terrestres et surtout des bernard-l’ermite qui finissaient les restes des touristes amenés depuis la côte pour y passer la journée. 















La deuxième île, Cayo Machos de Fuera, est appelée par les organisateurs d’excursions « Cayo Iguana » à cause du nombre incroyable d’iguanes qu’on y rencontre!






Quelques agoutis quand même...




 En route vers un beau site de snorkeling...



 Le soir nous avons eu droit à un coucher de soleil exceptionnel!...





L'île que nous avons visitée ensuite est Cayo Fuera de Zaza. Elle est est toute différente car c’est une île couverte de mangrove.




A mouillé en même temps que nous un cata sans mât dont les propriétaires nous ont tout de suite fait de grands signes!
C’étaient  Malou et Domi du catamaran de 20 mètres CATAFJORD rencontrés en Indonésie en 2014. Ils ont vendu CATAFJORD et se sont acheté un cata à moteur un peu plus petit qu’ils ont complètement transformé : ils ont supprimé la passerelle et ont entièrement recouvert le pont ainsi obtenu de panneaux solaires, 6000 watts en tout! Tout fonctionne avec du 220 volts comme à la maison. Ils ont machine à laver le linge, lave-vaisselle, réfrigérateur(s?), congélateur(s?), aspirateur et tout et tout. Nous avons passé une bonne soirée ensemble. Leur nouveau cata s’appelle LADY’T BE , « Let it be » légèrement modifié... Je « crois » me souvenir que c’était le nom d'origine du bateau et qu’ils l’ont gardé car drôle. Malheureusement j’ai oublié de prendre une photo de nos retrouvailles! 




Nous nous sommes baladés en annexe autour de l’île et dans les bras intérieurs : beaucoup d’arbres sont morts, de vieillesse et / ou à cause des cyclones. Joli coucher de soleil là encore.




Le lendemain départ pour Cayo Alcatracito où des amis, Nathalie et Vincent sur MADGIC, nous attendaient. Lui est médecin anesthésiste et travaille comme un fou pendant six mois pour pouvoir partir sur son cata pendant le reste de l'année.  C'est un arrangement avec ses collègues qui semble satisfaire tout le monde. Elle aussi travaille à l'hôpital. 
Pour les rejoindre nous avons navigué au delà du récif, au moteur car il n'y avait pas le moindre souffle de vent. Des dauphins qui sautaient devant nous ont finalement décidé de jouer devant l'étrave du bateau pendant un dizaine de minutes. Toujours magique! Surtout quand ils se retournent pour vous regarder!






A Cayo Alcacitro nous étions très bien protégés entre l'île et le récif tout proche. 


Photo prise depuis l'annexe au niveau du récif


Nous y sommes restés deux jours, à profiter de la compagnie de nos amis, à faire quelques balades le long du récif en masque, palmes et tuba. Nous ne sommes pas allés sur l'île elle-même n'ayant pas envie de nous faire dévorer par des insectes comme Nathalie! Très relaxant et sympa! Nathalie et Vincent qui ont un congélateur et qui arrivaient des îles où on en trouve nous ont fait des langoustes et des crevettes : nous avons beaucoup apprécié, nous n’avions pas eu l'occasion d'en manger depuis notre arrivée!


Vincent et Nathalie allaient vers l'ouest : ils comptaient laisser leur cata au Rio Dulce, au Guatemala, là où nous avions laissé Yovo il y a neuf ans de cela... Comme ils avaient un peu de temps devant eux ils ont gentiment décidé de revenir un peu en arrière pour qu'on puisse passer encore quelque temps ensemble. Avec eux donc nous nous sommes dirigés vers Cayo Cuervo.


En nous retournant nous pouvions voir le mouillage extraordinaire dans lequel nous nous trouvions peu avant, entre île et récif.




La mer était très calme et l'eau extraordinairement limpide et on voyait très nettement, à moins de cinquante centimètres sous la quille, le fond sablonneux, le moindre caillou, la plus petite plante.  On avait l'impression de planer! Les photos ne sont pas aussi nettes que je l'aurais voulu et ne rendent  pas bien ce que nous avons vécu.





Au loin on voyait des touristes habillés de blanc de la tête aux pieds amenés là pour pêcher.



Nous suivions MADGIC...





Cayo Cuervo est une île de mangrove mais les eaux qui l'entourent restent claires.



Il y avait déjà quelques voiliers.




Cayo Cuervo est une très belle île...






On y a rencontré de nombreuses raies, bien difficiles à photographier!



Les bras intérieurs ont une eau plus brunâtre teintée par l'écorce des palétuviers mais s'y balader y est très agréable...




Il y a aussi de jolies plages de sable blanc...



et beaucoup d'oiseaux, sternes, cormorans...




YOVO vu depuis MADGIC

Vincent et Nathalie ont ensuite repris leur route vers l'ouest et nous vers l'est. Dire que je n'ai même pas pris de photos d'eux!!!

Sur leur conseil nous avons mis le cap sur Cayo Manuel Gomez où nous sommes arrivés le 27 avril. Ils nous avaient assuré que là nous pourrions avoir des langoustes et des crevettes. 
Effectivement en arrivant sur ce cayo en fin de matinée nous avons vu toute une
armada de crevettiers. Des bateaux assez remarquables... Certains avaient déjà mouillé, d'autres arrivaient pour se reposer à l'abri de cette île. C'était un vendredi, prenaient-il leur week end? 





Ils sont presque tout de suite venus nous proposer des langoustes, pas des langoustes entières mais des queues de langouste toutes fraîches, de même qu'un grand seau de crevettes encore frétillantes!  Tout cela contre quelques CUC. Ils avaient l'air bien contents et nous encore plus!



Nous nous sommes baladés en annexe autour de l'île, dans la mangrove...



... et le soir nous avons vu arriver trois bateaux, beaucoup plus petits, des barques de pêcheurs. Ils se connaissaient et se sont mis à couple  à une centaine de mètres de nous.




Peu de temps après, trois d'entre eux, deux jeunes et un un plus âgé, sont venus nous voir avec un gros "snapper"(?). Nous leur avons donné de topettes de rhum, ce qui leur a fait très plaisir mais nous nous sommes rapidement rendu compte  qu'ils étaient surtout venus pour discuter. Nous avons donc partagé avec eux du rhum et des biscuits à apéritif. Si cela n'avait pas été à Cuba nous leur aurions proposé de monter sur YOVO mais nous savions que cela leur était interdit  et ils nous ont dit que c'était très bien ainsi. S'ils avaient été seuls avec nous sur l'île, peut-être serait-ils montés mais il y avaient les crevettiers qui étaient là et pouvaient les dénoncer...  Nous avons bien discuté une heure avec eux dans notre espagnol approximatif. De leur vie, de leur maigre salaire... De notre voyage ce qui les a laissés ahuris!


Ils savaient que nous voulions repartir dès le lever du soleil le lendemain matin et nous avons eu la surprise de voir celui de droite, Arianni, venir nous voir à 6 h du matin et nous donner son adresse mail. Nous sommes toujours en contact avec lui.





Quand nous sommes partis ils étaient là sur leur bateau à nous prendre en photo ou en vidéo. Nous faisions de même. Une belle rencontre!





Le soir même, le 28 avril, nous avons mouillé à Cayo Grenada pour y passer la nuit et le lendemain nous avons tiré directement sur Cabo Cruz. Nous voulions avoir du temps pour nous arrêter dans un petit village de la côte sud que l'on nous avait recommandé et surtout pour visiter Santiago de Cuba et aller à Baracoa, petite ville sympa de la côte nord. Le jour de l'expiration de notre visa, le 18 mai, approchait...
Nous avons juste passé une nuit à Cabo Cruz, la petite ville à la pointe ouest de la péninsule au sud-est de Cuba...

Au mouillage devant Cabo Cruz...





... puis nous avons navigué jusqu'à Marea de Portillo, un petit village de pêcheurs à mi-chemin entre Cabo Cruz et Santiago.

Quelques vues de la côte entre Cabo Cruz et Marea de Portillo avec en arrière plan la Sierra Maestra, ce massif montagneux qui des indiens Tainos aux partisans de Fidel Castro a vu de très nombreux combats.






On entre dans la baie par une large passe entre deux récifs et on se trouve dans un vaste mouillage très bien protégé.






Dans le mouillage, comme tout le long du trajet, nous avons rencontré des sargasses qui nous ont empêchés d'attraper des poissons.



Nous sommes restés à Marea de Portillo un peu plus de 24h, du 30 avril à midi au 1er mai à 16h. 
Si l'arrière-plan devant lequel il se trouve est magnifique, si les couchers de soleil peuvent y être superbes, le village lui-même n’est pas bien beau et assez pauvre. Les quelques chevaux que nous y avons vus sont maigres. Surtout il est loin de tout, il semble y avoir peu de distractions et les jeunes semblent s'y ennuyer ferme!  Mais, et c'est très important, comme partout à Cuba, les gens sont très gentils et sont tout prêts à discuter.  






Une route sablonneuse y mène depuis le petit port des pêcheurs et ses barques colorées. 






De part et d’autres quelques maisons en dur mais souvent au toit de chaume. Quelques maisons faites de planches aussi.







Viennent quelques bâtiments administratifs dont celui de l’ETECSA. Le dos appuyé contre le mur on y a relevé notre courrier et répondu à quelques messages. Puis on arrive au centre du village, une sorte de grande esplanade nue bordée d’un côté par un grand bâtiment sur lequel on peut voir quelques slogans en faveur de Castro. Il y a là une boulangerie industrielle. On a parlé à quelques femmes dans un petit parc à droite. Dans un jardin il y a un gros manguier portant un nombre incroyable de fruits magnifiques. Malheureusement pour nous ils ne sont pas encore mûrs. 









Le lendemain, 1er mai, les gens étaient en congé et dans leur jardin. Nous avons discuté avec une famille, le père, la mère, deux de leurs enfants et leurs époux/épouse plus un ou deux petits-enfants. Ils nous ont vendu quelques beaux légumes. Ils portaient tous les chapeaux de paille qui avaient été donnés à tous les habitants par le parti à l’occasion du 1er mai. Ils nous en ont offert deux et nous, nous leur avons donné le seul couvre-chef que nous avions, la casquette de François. Nous avons pris quelques photos-souvenirs et échangé nos adresses e-mail enfin plutôt celle de leur fille étudiante car eux n'en ont pas. J’ai honte à l’idée que je ne leur ai toujours pas écrit et envoyé les photos… mais je vais le faire! 





A côté de leur pauvre petite maison habite la belle-soeur dont la fille vit aux Etats-Unis, en Floride. Elle porte de beaux vêtements, sa maison est bien peinte, à l’intérieur on peut voir un carrelage moderne et de jolis et confortables fauteuils : grâce à l’argent que lui envoie sa fille elle vit mieux et dans un décor plus neuf et plus agréable que le reste de la famille.

A propos de ce village il faut que je vous raconte une aventure dont ont été victimes nos amis Nathalie et Vincent du catamaran MADGIC. Quand ils se sont arrêtés dans ce village quelques jours avant nous, ils ont fait la connaissance du couple qui habite la toute première maison à droite en arrivant. 





Ces gens leur ont, comme à nous, vendu des légumes, puis ils leur ont parlé de leurs moyens très limités et, entre autres, dit qu’ils aimeraient bien acheter le cheval de leur voisin, à vendre, mais qu’ils ne le pouvaient faute d’argent. Nathalie et Vincent se sont attachés à ce couple de cubains, ont beaucoup discuté avec eux, ont même mangé chez eux, moyennant finance, et avant leur départ, Nathalie, le coeur sur la main, leur a donné 150€ ( je crois) pour acheter le fameux cheval. Elle en parlait en disant « mon » cheval et nous avait demandé de lui dire comment il se portait quand nous y passerions. Nous avons donc discuté avec ce couple du grand nombre de bêtes qu’ils avaient, porcs, dindons, canards, poulets, etc… nous avons ajouté « … et vous avez aussi un cheval! ». Et là, ils nous ont dit qu’il n’était pas à eux mais à leur voisin mais qu’ils le laissaient paître sur leur prairie! Il nous semble que notre  gentille Nathalie s’est bien fait avoir! A moins qu'il y ait une autre explication... mais laquelle? Les cubains sont amenés pour s'en sortir à toutes sortes de combines, le plus souvent très honnêtes ( plusieurs jobs, vente de légumes, poulet, ...  aux touristes etc...) mais parfois moins, comme peut-être ici. 


Le fameux cheval avec certainement son vrai propriétaire...



Nous étions à 80 milles de Santiago de Cuba et nous avons décidé de partir en milieu d' après-midi pour y arriver assez tôt le matin. Nous avons eu quelques heures avant le coucher du soleil pour  découvrir la côte.








Santiago de Cuba se trouve au fond d'une baie très protégée à laquelle on accède par un goulet. A l'entrée du goulet à droite se dresse un fort sur un promontoire, le Castillo del Morro. Un peu plus loin à gauche, juste avant d'arriver à la marina,  une île,  Granma.


le Castillo del Morro



Granma 


Mais ce qui a surtout attiré nos regards dès notre entrée dans la baie ce sont les deux gros panaches de fumée noire qui s'élevaient tout droit dans le ciel juste à l'arrière de là où se trouvait la marina! Cette fumée provenait de la centrale thermique toute proche, nous a-t-on dit. Elle devait littéralement couvrir de taches brunâtres tenaces notre pauvre YOVO!!! 


La marina Marlin...


YOVO au mouillage devant la marina




Les douze jours que nous allions passer dans la région de Santiago de Cuba feront l'objet de notre prochain et dernier article sur Cuba.











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