dimanche 23 janvier 2022

LES ETATS-UNIS 2 : DE CHARLESTON À NORFOLK ET LA BAIE DE CHESAPEAKE JUSQU'À REEDVILLE

En quittant la côte Est des Etats-Unis au niveau de Charleston nous avons retrouvé le Gulf Stream et sommes rapidement arrivés à Beaufort, le Beaufort qui se situe juste au sud du Cap Hatteras, pas celui au sud de Charleston!  Ils se prononcent d’ailleurs différemment.





Là, un peu fatigués quand même, nous nous sommes mis dans un mouillage juste au nord de l'inlet d'entrée dans Beaufort.  Malgré mes nombreuses lectures à ce sujet nous hésitions toujours entre passer par la mer ( donc le fameux cap Hatteras) et passer par les ICW, ou Intercoastal Water Ways pour lesquels nous étions équipés de cartes très précises. Avec notre tirant d’eau de 2m si les Waterways étaient totalement impossibles à emprunter de la Floride à Beaufort ce n’était plus le cas à partir de là, les cartes le montraient clairement, mais nous prenions des risques certains de nous planter car ils sont malgré tout peu profonds, mal entretenus et les bateaux de plaisance doivent y céder la place illico presto à tout navire de commerce rencontré, donc se précipiter sur le côté quelle que soit la profondeur à cet endroit si l'un d'entre eux se présente... toujours d’après mes lectures. 


Nous attendions que la décision se fasse dans notre esprit quand nous avons vu, à huit heures du matin, donc quelques heures à peine après être arrivés, que le temps était excellent et, surtout, que des dizaines et des dizaines de bateaux, des gens du coin certainement, sortaient de Beaufort et allaient en direction du nord. Alors nous nous sommes décidés et leur avons emboîté le pas ( si l’on peut dire!!??). Bien nous en a pris : nous avons là encore rapidement retrouvé le Gulf Stream, la mer était belle, le vent parfait et nous étions au niveau de Norfolk en beaucoup moins de temps que si nous étions passés par les Waterways, un peu plus de 24 heures je crois ( je n'ai pas le livre de bord sous la main) au lieu d’une semaine à dix jours peut-être par les Waterways. Moi qui avais tellement appréhendé le passage du cap Hatteras à la sinistre renommée étais bien soulagée! Il est certain qu’il ne faut le passer que par grand beau temps. Des amis y ont perdu un ami... on n'a jamais retrouvé ni l'ami ni le bateau! 

L'entrée dans la baie de Chesapeake est très vaste mais peut être cependant très encombrée. Nous y sommes heureusement arrivés autour de midi, à un moment où il y avait peu de trafic. Nous y avons quand même vu des porte-containers gigantesques et des engins que nous n'avions encore jamais rencontrés... La baie est traversée par un pont de plusieurs kilomètres. Je m'étonne de ne trouver dans ma bibliothèque de photos que des photos du pont vu de très loin...

 




Voici ce que dit Wikipédia de ce pont-tunnel : " Le pont-tunnel de la Baie de Chesapeake ou pont-tunnel Lucius J.Kellam est un pont-tunnel situé dans l'état de Virginie et mis en service en 1965. Avec une longueur de 37 km, dont 28 entre les berges, il permet à la Route 13 de traverser la baie de Chesapeake au niveau de son embouchure. Il fait partie des plus longs ponts du monde et assure la liaison routière entre l'importante agglomération de Virginia Beach et la péninsule de Delmarva." 

Photos trouvées sur internet : on voit très bien dans la première les deux îlots qui démarquent la partie tunnel. Nous, nous sommes passés sous le pont côté bâbord. 





Nous ne nous sommes pas arrêtés à Norfolk, qui est juste après le pont, à bâbord, mais qui ne nous intéressait pas, bien que s’y trouve la plus grande base aéronavale du monde -  d'aucuns diront que nous avons manqué quelque chose...! -  et où mouiller était loin d’être simple. Nous avons continué jusqu’à Yorktown (TB) où nous avons passé quelques jours avant de remonter tranquillement la baie de Chesapeake avec pour étapes principales la Severn River, Deltaville, Reedville, Solomons, Saint-Michaels, Annapolis (TB), la Magothy River et enfin la Sassafras River au fond de laquelle se trouve notre marina, la Georgetown Yacht Basin, GYC pour les intimes. 







Nous avons pris un mois pour découvrir la baie de Chesapeake. Nous avons beaucoup aimé malgré les zones de pêche qu’il faut respecter et qui vous font faire des tours et des détours et les "crabpots" qui au minimum vous empêchent de mouiller facilement et le plus souvent envahissent les baies et vous empêchent de mouiller tout court!  D’Annapolis nous avons pris un UBER pour aller à Washington où nous sommes restés 4 ou 5 jours (TTB). Et en allant prendre notre avion pour le Québec où nous avons de très bons amis  nous nous sommes arrêtés quelques jours à Philadelphie (TB). Maintenant reprenons depuis le début : Yorktown.

 

YORKTOWN

La bataille de Yorktown a été décisive dans la guerre d'Indépendance des Etats-Unis. Elle a eu lieu du 28 septembre au 19 octobre 1781 et opposait les insurgés américains, aidés par des français, aux Britanniques. Le comte de Rochambeau décide sans en parler à Washington, non d'aller attaquer les britanniques dirigés par Clinton à New-York comme prévu initialement, mais de porter le fer à Yorktown où Lord Cornwallis s'était replié dans le but de se ravitailler et de donner du repos à ses soldats fatigués. Leur nombre avait d'ailleurs bien baissé suite à la malaria et à des attaques incessantes de ses adversaires. L'amiral de Grasse, venu en renfort dans la baie de Chesapeake avec ses 28 navires pour bloquer tout approvisionnement des troupes de Lord Cornwallis, a parachevé l'action à terre. L'Histoire donne de Lord Cornwallis le souvenir " d'un grand général, d'un homme digne, brave et honnête", comme le qualifiait Napoléon. 






Nous avons mouillé sur la rive droite un peu avant Yorktown. C'est maintenant un petit village propret, très bien entretenu et fleuri, avec des maisons remontant au XVIIIème siècle.






Une  petite plage a été aménagée près d'un bassin où nous avons pu amarrer notre annexe. 





En empruntant la promenade qui longe la rivière en direction du pont on découvre l'American Revolution Museum at Norfolk, un beau et vaste musée moderne qui retrace dans le détail ce qui s'est passé à cet endroit il y a environ deux siècles et demi, à l'intérieur comme à l'extérieur où des reconstitutions de fermes, de logements d'esclaves, de camps militaires, de parades avec fifres et tambourins ou même tambours, de mises à feu de boulets de canons... sont très appréciés des visiteurs. 







 



On y parle aussi des esclaves qui vivaient et travaillaient dans cette Virginie rurale et du peu d'impact qu'a eu la révolution américaine sur eux. 






MOUILLAGE DANS LA SEVERN RIVER

La baie de Chesapaeake - je cite Wikipédia - "est à l'origine une cratère d'impact formé par une météorite qui a heurté la côte Est du continent nord-américain il y a environ 35 millions d'années. C'est l'un des mieux conservés parmi les cratères "d'impact humide", c'est-à-dire les cratères causés par la chute de météorites en mer peu profonde. l'accumulation continue de sédiments par dessus les décombres du cratère a contribué à façonner l'actuelle baie de Chesapeake. " Ceci n'a été découvert qu'en 1983.

C'est le plus grand estuaire des Etats-Unis. Il fait 300 km de long et entre 6.4 et 50 km de large selon les endroits. Plus de 150 rivières l'arrosent. Les rivages de la baie couvrent 18 800 km. Dans la moindre rivière se jettent d'autres rivières qui elles-mêmes reçoivent les eaux d'autres plus petits cours d'eaux  d'où ces 18 800 kms de côtes. Une vraie dentelle! Entres ces rivières des terrains agrémentés de bois aux arbres majestueux devant lesquels s'étendent des pelouses impeccablement tondues dominées par de belles maisons très souvent dotées de pontons auxquels sont amarrés des bateaux à moteur.  On a eu l'impression que plus on avançait plus les maisons étaient luxueuses,... en fait plus on approchait de Washington! 








C'est ce que nous avons découvert en arrivant dans la Severn River et  constaté tout au long de notre remontée de la baie. 
Il y a quasiment toujours au moins une petite marina le long de ces rivières. Quelques voiliers, le plus souvent des bateaux à moteur, des gros, des moyens et des petits, suffisants toutefois pour aller relever les "crabpots".  Ah, ces crabpots, une véritable horreur pour nous autres voiliers! Car là où ils ont été placés impossible, ou très difficile, de mouiller car on risque de tout emporter en relevant l'ancre et là gare à vous! Ces crabpots sont des pots ou des nasses reliés les uns aux autres par un petit bout et signalés par des flotteurs. Aux Etats-Unis, contrairement à chez nous, la voile de plaisance est totalement ignorée et les voiliers n'ont aucun droit. Combien de fois avons-nous trouvé une baie magnifique, bien protégée, mais inaccessible car couverte de ces flotteurs! Il  nous a donc toujours été un peu difficile de trouver où passer la nuit, en dehors des marinas bien sûr, qui sont extrêmement chères pour le visiteur de passage. 





Autre découverte lors de ce mouillage : les "ospreys", les balbuzards en français. Dans cette baie ces oiseaux construisent leurs nids en pleine eau, sur les poteaux de signalisation ou des poteaux surmontés de planches pour les inviter à s'y installer! Très sauvages, ils s'envolent quand on veut les approcher. Certains couples nourrissaient deux petits, déjà grands;





DELTAVILLE

Cette petite ville est très connue des navigateurs car s'y trouve une marina où bon nombre d'entre eux  laissent leur voilier d'une année sur l'autre. Nous-mêmes y avions pensé mais nous désirions aller tout au bout de la baie de Chesapeake et en chemin un équipage nous a parlé de Georgetown et du fait que plus on va vers le nord moins il y a de risque de cyclones. Nous avions néanmoins envie de voir comment c'était. 
Nous avons d'abord mouillé dans Godfrey Bay de l'autre coté du bras puis dans Fishing Bay juste devant une  marina. Joli mouillage donnant comme toujours sur de belles maisons et des pelouses bien vertes, bien tondues... Nous y sommes allés, nous sommes présentés à l'accueil et là, surprise très agréable : ils nous prêtent ( ou nous louent très très peu cher, nous avons oublié!) une petite voiture pour visiter le coin et faire des courses! Très sympa! 







Deltaville n'est pas particulièrement beau. Mais nous avons pu y acheter du champagne de Californie, pas mal du tout, pour fêter les 72 ans de François. 



Nous avons aussi visité le Musée Maritime, le premier d'une longue série...
On trouve ces musées dans toutes les villes de quelque importance le long de la baie de Chesapeake et  chacun d'eux se fait un devoir de raconter l'histoire de ces bateaux mis au point vers la fin du XIXème début du XXème par les habitants eux-mêmes pour résoudre leurs problèmes particuliers de pêche. A Deltaville ça a été le SKIPJACK qui était un bateau léger, pas cher et très facile à construire, le bateau idéal pour draguer les huîtres, l'activité du coin.  Il y en a eu jusqu'à 2000! Puis l'engouement pour les huîtres est retombée, les Skipjack n'ont pas été entretenus, ont pourri et disparu du paysage. L'huître et le Skipjack ont fait une réapparition juste après la 2ème guerre mondiale pour disparaître à nouveau. Le Skipjack fait partie de l'histoire locale et ce musée lui redonne vie. Il y a même un atelier où un certain nombre de bénévoles se relayent pour construire ces beaux bateaux dans les règles de l'art. 








On a aussi pu voir l'EXPLORER, une réplique exacte, grandeur nature, du bateau avec lequel en 1608 le Capitaine John Smith et 14 hommes ont remonté et cartographié la baie de Chesapeake.  Cette réplique a été faite par des bénévoles dans l'atelier du musée de Deltaville. John Smith était un aventurier et navigateur anglais et fut l'un des colons anglais qui fondèrent le premier établissement britannique en Amérique du Nord, Jamestown. Il est l'un des "pères fondateurs".




Etape suivante,  Reedville, toujours sur la rive droite et un peu avant la rivière Potomac qui mène à Washington.


REEDVILLE







On trouve ces "Adirondaks" partout aux USA, sur toutes les vérandas, dans tous les jardins. Celui-ci en est un géant, pour les touristes de passage j'imagine...




La ville est très intéressante et belle. Toute son activité tourne autour du "menhaden", un poisson gras, une sorte de hareng de l'Atlantique que l'on trouve en abondance dans la partie centrale de la  côte Est de USA. Et c'est très évident dès qu'on y arrive!... Ici plus de petites barques pour aller ramasser des huitres ou des crabes! On est dans le lourd!






Au XIXème siècle un certain Captain Elijah REED, d'où Reedville, a compris tout le profit qu'on pouvait tirer de ce poisson ( huile de poisson, farine de poisson, engrais, huile pour l'éclairage et comme lubrifiant ...) et a  construit la première usine de transformation puis d'autres. Beaucoup ont suivi son exemple, sont devenus très riches et se sont fait construire de splendides maisons. Une visite au quartier historique de la ville et nommément au Millionnaires' Row est très éclairante! 












Cette activité est toujours florissante de nos jours et  de nouveaux points d'exploitation ont été créés tout le long de la côte. Omega Protein est la plus connue.


En plus de l'activité de pêche et de transformation il y a aussi les activités sportives tournant                   autour de la pêche et le tourisme avec la visite du quartier historique de la ville et celle de l'île de Tangiers. Reed est donc une ville très vivante, agréable à visiter. 

Comme à Deltaville le musée est consacré à l'histoire de la ville et à la préservation de l'héritage des pêcheurs du coin mais aussi à l'histoire de toute la baie de Chesapeake. Tous ceux que nous avons vus dans de petites villes comme celle-ci étaient tenus, gérés, animés par des bénévoles. 
La William Walker House qui date de 1875 est la plus ancienne habitation de la ville; elle a été remise en état et remeublée avec du mobilier d'époque. 





Le musée s'enorgueillit de plusieurs bateaux historiques, des bateaux de pêche traditionnelle, dont un skipjack de 1911, le Claud W. Somers, et son "push boat". Toute une histoire ces "push boats" ! : en 1965 le Maryland, pour éviter la surexploitation et disparition des huîtres, n'avait autorisé cette pêche qu'avec des bateaux propulsés à la voile. Les pêcheurs ont alors inventé "le push boat", un petit bateau  avec un moteur commandé depuis le skipjack qui leur permettait de se rendre rapidement sur les lieux de pêche avec le moteur du bateau pousseur et de pêcher après l'avoir monté sur des bossoirs, devenant de ce fait irréprochables !!! Malins, ces pêcheurs!



 
François était à son affaire et a beaucoup parlé avec un des bénévoles qui était au musée ce jour-là.



Pour la pêche au menhaden ils utilisent une madrague et ont l'aide de petits avions qui repèrent les bancs de poisson. 



Comme à Deltaville les bénévoles du musée ont eux aussi construit une réplique du bateau de John Smith auquel ils ont donné le nom de "Spirit of 1608".





Nous nous sommes bien plu à Reedville et sommes restés quelques jours dans ce mouillage idyllique, seuls, entourés de belles propriétés. 







Et partout des nids d ' "ospreys" avec des petits bien visibles cette fois-ci, et très près des habitations. Les gens les respectent, les protègent, s'estiment chanceux s'ils s'installent sur leur propriété et les y encouragent... 




Les restaurants sont très chers dans la baie de Chesapeake, nous y sommes cependant allés quelques fois. A Reedville nous avons goûté à ce qu'ils appellent " Crab on Crab" ( crabe sur crabe ). En fait il s'agit de crabe mou, capturé lorsqu'il mue, dont on mange tout y compris la carapace qui est très tendre sur lequel ils mettent des morceaux de crabes plus gros à la carapace dure. C'est ma foi très bon. Ils le servent  avec quelques sauces et cela nous a fait oublier pendant quelques heures les crabpots qui nous pourrissent la vie lors des mouillages dans les rivières!


Dernier soir à Reedville...




Etape suivante, toujours sur la rive droite :  Solomons












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