lundi 9 octobre 2017

LA GUYANE

LA  GUYANE
( du 3 au 26 mars 2016)

Partis le 27 février 2016 du Brésil ( les dunes de Lençoes) nous sommes arrivés en Guyane ( les Îles du Salut ) le 3 mars. Une traversée d’une semaine donc qui sans  avoir été très difficile n’a été ni sympa ni simple: temps très variable, tantôt pluvieux tantôt ensoleillé, et vent très irrégulier. Normal : nous traversions la ZIC ( = zone intertropicale de convergence)!

Nous étions seuls. Les BASELIE étaient partis avant nous et les ORIONDE en même temps mais avec un projet différent, à savoir pour eux retourner sur l’île de Marajo ( à l’embouchure de l’Amazone, pas loin de Belem) où ils étaient déjà passés lorsqu’ils naviguaient dans leur jeune temps ( les années 70).
Dès le premier jour la grand voile de BICHIQUE ( notre précédent voilier), mise en remplacement de la grand voile abîmée de YOVO, se déchire elle aussi. Nous continuons avec le génois seul. Le haut du génois aussi se déchire dès la première nuit et nous continuons avec un génois réduit de moitié!
Nous réparons la grand voile de Bichique et la renvoyons. Elle se déchire de nouveau et nous abandonnons : tant pis pour la moyenne, nous naviguerons avec le génois réduit. De fait nous n’avons fait que 5,2 noeuds…

Nous étions déjà allés en Guyane par deux fois mais en avion car notre fille Anne et notre gendre Luc y ont vécu cinq ans, d’abord au lycée agricole de Guyane à Matiti ( entre Kourou et Cayenne), poste qu’ils ont détesté ( épouvantable ambiance de travail) puis à Cayenne même où ils se sont plu. Nous étions donc déjà allés aux Îles du Salut et nous nous réjouissions à l’idée d’y retourner. 
Ces îles se situent à 8 milles ( 15 kms) au nord de Kourou. Le 3 mars 2016 nous avons mouillé dans la baie des Cocotiers devant l’île Royale, pas loin du débarcadère, juste en dessous de la maison du directeur de l'ancien bagne.



Là, en bas à droite, c'est nous!


Nous y sommes restés cinq jours à nous balader dans les deux îles autorisées à la visite, l’île Royale et l’île Saint-Joseph et à revoir les divers bâtiments du bagne, toujours aussi impressionnants et émouvants.





L’Île du Diable, celle où a vécu Seznec est toujours interdite à la visite. Il faut dire que son accès est très difficile et même dangereux. On la voit très bien de même que sa maison depuis l’Île Royale.






La France se débarrassait dans ce bagne de tous les individus dont elle ne voulait pas. Et il ne fallait pas avoir fait grand chose pour être envoyé au bagne! De tout petits larcins, deux ou trois fois de suite et vous étiez bons!  Une fois en Guyane, les conditions climatiques étaient très dures, très fortes chaleur et humidité. Les maladies telles que la fièvre jaune et la malaria contre lesquelles personne n’était à l’époque protégé, décimaient les rangs des prisonniers. Leur régime alimentaire, théoriquement suffisant et équilibré ( d’ailleurs officiellement vérifié par des médecins!), était loin de l’être car les gardiens leur en prenaient une partie, la viande en particulier! En fait ils crevaient de faim! Je ne parle pas de la promiscuité, de la vulnérabilité des plus faibles, etc… Et bien sûr, avec si peu dans le ventre, malades ou pas, ils devaient travailler. Ceux qui travaillaient et vivaient dans la forêt ( à la construction d’une route entre Saint-Laurent et Cayenne par exemple) ne tenaient pas plus de quelques semaines. Enfin ce bagne était une horreur et une chose dont nous Français ne pouvons être fiers! Comment avons-nous pu traiter des êtres humains ainsi?

Nous avons fait une visite guidée de l'Île Royale avec un monsieur passionné par le sujet. Nous n’avons malheureusement pas retenu tout ce qu’il nous a dit mais nous avons trouvé cette visite encore plus intéressante que lorsque nous l'avions faite seuls.. 

Le bâtiment des officiers est maintenant un hôtel restaurant. L’hôtel pratique des prix prohibitifs mais le restaurant est tout-à-fait abordable. Et puis il y avait longtemps que nous avions goûté à la cuisine française et nous étions prêts à faire un petit effort financier.


Quelques autres photos :

- l'église construite par les bagnards et décorée par l'un d'entre eux, un faussaire  en tableaux de maîtres particulièrement talentueux, Francis Lagrange dit Flag.






- l'hôpital


- la maison du directeur maintenant le musée


- les maisons des gardiens


- un des anciens bâtiments administratifs maintenant la poste



Mais surtout les bâtiments où vivaient les bagnards :






La piscine des bagnards



- Le sémaphore où a fini par travailler Seznec




Plus poignants encore sont les bâtiments de l'Île Saint-Joseph. La visite y est autorisée mais n'y est plus organisée et seuls ceux qui sont venus en voilier particuliers peuvent y accéder. Le chemin qui fait le tour de l'île et le début des accès aux bâtiments sont entretenus mais les bâtiments eux-mêmes ne le sont pas du tout et la nature reprend rapidement le dessus. Bientôt il n'en restera plus rien de ce triste passé qu'on veut peut-être oublier voire nier!












- La piscine des bagnards? 
Il y en a une sur l'Île Royale mais je doute qu'il y en ait eu une sur l'Île Saint-Joseph où le régime était encore beaucoup plus strict! 



- Le cimetière des gardiens et autres employés du bagne. 
Eux aussi ont payé un lourd tribut aux conditions de vie sur ces îles très insalubres à l'époque.






En nous baladant sur le chemin qui fait le tour de l’Île Royale nous avons rencontré, en plus des incontournables et innombrables agoutis, deux espèces de singes, d’abord des capucins ensuite de tout petits saïmiris, extrêmement mignons. 










Nous y avons vu aussi d'étonnantes "fourmis parasol"





Lors de cette escale aux Îles du Salut nous avons fait la connaissance de Kitty et Brian du voilier SCRAATCH que nous avions déjà vus dans de précédents mouillages sans leur parler. Lui est britannique et elle est thaïlandaise et possède une exploitation horticole en Thaïlande. Nous avons visité l'Île Saint-Joseph avec eux, ou plutôt avec elle seulement, car lui a crevé son annexe sur un morceau de fer qui sortait du quai quand il nous y a amenés et il est retourné sur son bateau pour réparer. Le soir ils nous ont invité à dîner, un délicieux plat thaïlandais!







Quand nous avons voulu quitter le mouillage nous nous étonnions d'avoir beaucoup de mal à remonter l'ancre. Nous aurions pu avoir de la tempête, nous ne risquions pas de déraper : nous avions mouillé sur une très vieille et énorme ancre dans laquelle s'étaient entortillées une ou deux aussières bien lourdes, genre aussières de paquebot!   Cela nous était déjà arrivé et nous savions comment procéder pour sortir de ce mauvais pas! 




C'était le 8 mars et nous nous apprêtions donc à quitter ces îles et à aller à Saint-Laurent du Maroni quand la gendarmerie maritime est venue nous dire que notre trajet se trouvait dans la zone de tir d’une fusée Ariane qui devait être lancée dans la nuit. Interdiction donc de circuler dans la zone et obligation de se rendre à Kourou et d’y rester jusqu’au lendemain. 
Ce qui nous a permis d’assister au tir à deux heures trente du matin ( nous avions mis le réveil!) : cela nous a fait penser à un lever de soleil  fulgurant!  Nous avons même vu les boosters se détacher du corps de la fusée! Nous avions déjà vu un lancement d’Ariane depuis un poste d’observation pour les visiteurs lors d’une de nos visites chez Anne et nous n’avions pas vraiment l’intention d’y retourner. Le hasard a bien fait les choses!









Le 9 mars nous repartions donc de Kourou en direction du Maroni, le fleuve qui est la frontière entre la Guyane et le Surinam. 

La côte guyanaise au niveau de Kourou...




Nous avons la visite de deux jolies petites hirondelles



Les Îles du Salut en venant de Kourou ...
Au fur et à mesure que l'on s'éloigne de la côte l'eau devient un peu plus claire. Tout le long de la côte elle est marron et invite peu à la baignade!




La remontée du Maroni jusqu’à Saint-Laurent est longue, un peu plus de 20 milles soit 37 kms. Nous avions bien étudié la chose, mal sûrement car nous nous sommes trouvés avec un courant sortant! Cette remontée nous a pris des heures! De plus les bouées effectives ne correspondaient pas à celles marquées sur notre carte et sur la carte fournie par la marina. Pas étonnant, les bancs de sable changent constamment de place. Nous ne savions à quoi nous fier! Finalement nous avons décidé de suivre les bouées que nous voyions et bien nous en a pris! 

A la marina de Saint Laurent du Maroni il y avait des corps-morts, nous en avons pris un tout près d'un petit cargo échoué que la végétation est en train de transformer en une véritable petite île! Comme à Kourou l'eau ici est très boueuse.






Ensuite tout  a été facile. La marina de Saint-Laurent est dirigée par Davide, un italien aidé de Samuel, un guyanais. 
En fait cette marina ne consiste qu’en un petit bureau et café ( avec la WIFI) au bord du Maroni mais il y a une machine à laver à la disposition des navigateurs et la possibilité de faire de l’eau ( peu tentant d’utiliser le désalinisateur avec l’eau du Maroni!). 
Davide est extrêmement serviable et vous facilite la vie ne vous emmenant aux bureaux de douanes et immigration et au supermarché dès votre arrivée. Il vous conseille des balades et vous aide à mettre sur pied des excursions plus lointaines. Samuel, un jeune guyanais, très gentil lui aussi, le seconde avec efficacité.
Nous avons revisité la ville de Saint-Laurent du Maroni que nous aimons beaucoup car nous la trouvons très authentique. Pourquoi n'ai-je pas pris de photos des nombreuses cases bien remises en état que l'on voit en divers endroits de la ville? 
Nous sommes allés plusieurs fois au marché très coloré. Nous étions à quelques jours des rameaux et on pouvait acheter de très jolis objets tressés ou pliés en lanières de vacoa qui  jouent le rôle de nos rameaux de buis. Parmi les fruits inhabituels que l'on trouve ici il y a les "chadeks", d'énormes pamplemousses très doux et surtout très faciles à éplucher à la main, et les "ramboutans", des fruits dont l'aspect fait penser à des letchis qui auraient des longs poils raides et rouges.









Baies d'awara, baies de palmiers, qui sertvent à faire le bouillon traditionnel d'awara à Pâques


les fameux raboutons



Tout près du marché une belle sculpture représentant des enfants...



Nous avons revisité le Camp de la Transportation à deux pas de la marina et je me rends compte que je n'en ai pas pris de photos non plus... Il faut dire que nous l'avions déjà visité il y a quelques années.

...

Quand nous étions venus voir Anne en Guyane nous avions eu l'intention d'aller à Saül mais en fait nous n'avions jamais finalisé la chose. Christine et Yves d'ORIONDE s'étaient organisés pour le faire et ils nous ont proposé de nous joindre à eux.
Saül est une toute petite ville en plein coeur de la forêt amazonienne. Aucune route n'y va : nous avons donc loué une voiture pour atteindre Cayenne et de là pris un petit coucou d'une quinzaine de places.
Christine et Yves avaient pris le vol de l'après-midi et nous celui du lendemain matin, bienheureux d'avoir eu des places du tout! 

Pique-nique sur l'herbe à Cayenne avant le vol de nos amis.




François et moi avons profité de ce décalage pour faire un petit tour dans Cayenne et revoir les quelques endroits que nous avions visités quelques années plus tôt. 


La place des palmistes


Le célèbre restaurant des Palmistes



Saül est distant de 180km de Cayenne à vol d'oiseau. Nous y étions en trois quarts d'heure environ. A l'arrivée intense brouillard : nous avons tourné quelque temps au dessus de Saül pour trouver la piste!  Les photos ci-dessous ont été prises au retour où le temps était dégagé.



L'aéroport minuscule...









Nous y avons passé trois jours et deux nuits (en hamac). Nous avions décidé de faire une grande boucle incluant la balade de Roche Bateau (en jaune) le premier jour et celle de Mont La Fumée (en rouge) le deuxième jour. A l’époque je commençais à beaucoup souffrir du dos et du genou gauche si bien que, de la deuxième balade, je n'ai fait que le quart. Par chance il y avait un raccourci pour revenir rapidement sur Saül. Les sentiers sont très bien balisés et on ne risque pas de se perdre... à condition de rester sur ces sentiers, appelés ici "layons".



A Saül, contrairement au séjour que nous avions fait dans l’Amazonie brésilienne, nous avons vraiment trouvé l’Amazonie de notre imaginaire : arbres gigantesques, végétation foisonnante, paysages variés, lianes géantes d'aspect divers ...












... plantes et animaux jamais vus, traces d’occupation humaine ancienne…












En fait nous avons vu très peu de faune mais on nous avait prévenus. Si nous avons entendu quelques oiseaux nous ne les avons jamais vus.
Nous aurions aimé voir des grenouilles très colorées comme celles que l'on voit dans les affiches ou dans les livres, comme ces deux-ci par exemple...




mais nous n'avons rencontré que celle ci-dessous, parfaitement camouflée dans les feuilles mortes. Déjà pas mal!




Les soirées en carbet avec nos amis Christine et Yves ont été très sympas. Les "carbets" sont des constructions de bois sur pilotis aux parois extérieures ne montant qu'à mi-heuteur. On y est très bien protégés de la pluie. On y couche dans des hamacs que l'on tend entre les poutres. Il y a de quoi cuisiner. Nous y avons rencontré des jeunes en recherche d’une autre vie, en recherche d’eux-mêmes. Certains étaient là ou envisageaient de rester là plusieurs mois voire un an… Pas facile mais sûrement possible à condition d’être ouvert aux autres. Ce n'était pas la première fois que nous dormions en hamac et cela ne nous a donc pas posé de problème.

Le carbet à mi-chemin de notre randonnée de deux jours se trouvait à "la Crique Popote". Il était situé dans un lieu très sauvage au bord d'une rivière. Très tot le matin nous avons été réveillés par les chants des oiseaux. L'un deux posé très près de notre carbet poussait des cris d'une puissance étonnante. Jamais nous n'avions entendu quoi que ce soit de tel!








Sur cette photo prise il y a cinq ans lors d'un de nos précédents voyages en Guyane on voit mieux ce qu'est un carbet.



Nous avons passé notre deuxième nuit dans un carbet à Saül même, chez Kami, un français d'origine iranienne ( qui a fui son pays il y a une vingtaine d'années ). Sa propriété est très bien entretenue  et est couverte d'arbustes fleuris et d'arbres fruitiers de toutes sortes.
Saül est étonnante, une petite ville de France en raccourci avec tous les services publics (mairie, gendarmerie,  bibliothèque, centre de santé, poste, école, église et un centre de protection de la forêt amazonienne sans oublier l’indispensable aéroport) plus quelques épiceries, gîtes et restaurants. Dans la région vivent aussi des orpailleurs mais ils ne viennent pas en  ville. La plupart des habitants de Saül vivent là à l'année. Quelques-uns, les gendarmes par exemple, ne sont là que pour des missions de quelques mois. Bien sûr tout le monde se connaît et s’entr’aide. Il aurait été dommage de ne pas y être allés!  Un beau souvenir…










Le troisième jour le tout petit avion est venu nous rechercher et nous sommes retournés à Saint-Laurent du Maroni.





A Saint-Laurent Davide nous a aidés à organiser un séjour de quelques jours à Paramaribo, la capitale du Surinam. Le Surinam s'appelait autrefois la Guyane néerlandaise; qui a une frontière commune avec la Guyane, le fleuve Maroni. Il suffit donc de prendre une pirogue pour être au Surinam en quelques minutes mais la capitale, Paramaribo, est sur la côte atlantique à environ deux heures de  là en voiture. Nous étions avec Britta et Jens, un couple d’allemands, navigateurs eux aussi sur un beau sloop bleu marine du nom de LILLI. Nous avons donc pris une grande pirogue de bois et un taxi nous attendait au quai de débarquement qui nous a menés à travers un paysage plat peu intéressant jusqu' à l’hôtel que Davide nous avait recommandé en centre ville, l’hôtel Palacio. 








Paramaribo est une ancienne ville coloniale néerlandaise des XVII et XVIIIèmes siècles  qui a conservé le tracé d'origine de ses rues. Elle fait partie du Patrimoine Mondial de l'Humanité depuis 2002. 
C'est une assez grande ville que l'on visite cependant très facilement à pied. Son architecture est d'un style inhabituel pour nous, de grandes demeures entièrement en bois, avec au moins un sinon deux étages très hauts de plafond sans parler des combles toujours aménagés. Elles ont toutes de grands balcons soutenus par des piliers de bois aussi et des fenêtres à petits carreaux et à guillotine. Elles sont le plus souvent construites les unes à côté des autres le long de larges avenues. Certaines maisons sont très bien entretenues, d’autres mériteraient de l’être! Certaines vieilles maisons plus modestes,  mais peu dans l’ensemble ( peut-être avaient-elles disparu), nous ont rappelé la forme des frontons des maisons aux Pays-Bas. 

















L'avenue qui borde le fleuve Paramaribo...




La partie plus moderne de la ville...




Une ruelle d'un quartier moins favorisé...




Nous avons visité les diverses églises de la ville dont la très belle cathédrale tout en bois intérieur comme extérieur, la cathédrale Saint Pierre et Saint Paul. 
C'est le plus grand édifice religieux en bois d'Amérique du Sud.










Nous sommes aussi entrés dans la surprenante église octogonale de … au milieu d’un grand carrefour. 






Autre monument chrétien, dont je ne souviens plus du nom, protestant me semble-t-il... L'un d'entre vous pourra-t-il m'aider à retrouver leurs noms? 






Nous avons été très impressionnés par la vaste et luxueuse mosquée de la ville, la mosquée Amadiya, où nous avons été particulièrement bien accueillis et guidés. Elle se situe à deux pas de la synagogue Neveh Shalom malheureusement fermée et israélites et musulmans - notre guide le premier -  ne sont pas peu fiers de la bonne entente qui existe entre leurs deux communauté, entente symbolisée par cette proximité. 




Entre les deux palmiers on aperçoit la synagogue

La ville comporte aussi quelques temples hindous. 






Ce qui nous a beaucoup surpris est le nombre incroyable de casinos que l’on trouve dans cette ville!  Un bonne vingtaine? 




Nous avons fait un tour au marché couvert, tout de béton et éclairé de néons, pas très beau comparé à d’autres mais offrant quand même aux regards de très beaux fruits et légumes. 






Nous avons aussi passé une heure ou deux à visiter le fort et musée de Zeelandia qui remonte pour ses parties les plus anciennes à 1667. Il se trouve au bord de la mer mais pas très loin de l’actuel centre ville au delà de la vaste Place de l'Indépendance où se trouvent les bâtiments gouvernementaux. Il est petit mais complet et particulièrement bien conservé. Le musée consiste en l’ancienne pharmacie et l’infirmerie du fort. 

La place de l'Indépendance...






Le Surinam (ou Suriname) est l'ancienne Guyane néerlandaise qui jusqu'à l'abolition de esclavage en 1863 fournissait la métropole en sucre, café, chocolat et coton; le pays est devenu une région autonome du Royaume des Pays-Bas en 1954 et a obtenu son indépendance en 1975. Après une période de dictature et de guerre civile de 1980 à 1990 le processus démocratique a été rétabli. C'est le responsable du coup d'état de 1980, Dési Bouterse, qui est actuellement président.

Le musée Zelandia...







Au retour notre guide nous attendait à Albina, ville du Surinam qui se trouve juste en face de Saint Laurent, pour nous ramener en Guyane française.

Nous aurions pu aller au Surinam avec le voilier mais cela supposait remonter le fleuve du même nom sur une vingtaine de kilomètres jusqu’à une marina que l’on nous avait recommandée et nous n’en avons pas eu le courage d’autant plus que de là il fallait prendre une voiture ou un bus pendant plusieurs heures aussi pour rejoindre Paramaribo.

Un jour ou deux avant de partir pour Paramaribo nous avons voulu, toujours sur les conseils de Davide, voir la jolie crique Balata à un mille en amont de la marina.  Les tour-opérateurs proposent cette balade à leurs clients. Comme nous avons une grande annexe nous avons proposé à Jens et Britta du voilier LILLI de venir avec nous. Nous sommes partis très tôt, vers 7 heures du matin, dans l’espoir de voir des oiseaux et autres animaux. C’était effectivement très joli et nous avons remonté tranquillement la rivière sur deux ou trois milles puis nous avons fait demi-tour. Au sortir de la rivière nous avons fait un crochet par l’Île aux Lépreux où il reste des vestiges de l’époque où on y soignait ceux qui étaient atteints par cette maladie et par d'autres maladies contagieuses. Puis nous avons pris le chemin du retour vers la marina et nos bateaux. 
Nous étions à peine à 300 mètres de l’Île aux Lépreux qu’une pirogue avec trois hommes noirs à bord s’approche soudain de nous par l’arrière. Ils font signe à François de ralentir, ce qu’il fait pensant qu’ils voulaient nous demander quelque chose. Alors ils se mettent tout contre notre annexe côté tribord, s’y accrochent et là sous la menace de fusils à canon scié nous prennent tout ce qu’ils ont pu. Ils voulaient mon petit sac à dos : je ne demandais pas mieux que de le leur donner mais dans la panique je n’arrivais pas à dégager mes bras! Ils ont pris notre sac étanche qui était à mes pieds et dans lequel nous avions notre I-Pad pris au cas où nous ne trouverions pas la crique Balata  - en fait très facile à trouver! - et un porte-monnaie avec 250 euros retirés à la billetterie la veille et que je n’avais toujours pas rangés! Ils ont aussi pris le sac à dos de Britta qui par réflexe au début leur résistait. Dedans se trouvait un I-Phone et un petit appareil photo. Ils ont aussi volé la Go-Pro que Jens tenait à la main. Par chance ils n’ont pas vu notre appareil photo Canon tout neuf de couleur noire que je venais de poser dans le seau, noir aussi, de l’ancre de l’annexe. Pendant tout ce temps le gars qui était à l’avant menaçait de frapper Jens avec la crosse de son arme. Ils n’ont pas pas prononcé un mot et tout a été  terminé en moins de deux minutes ( d'une minute, dit François!). Nous les avons vu repartir à toute vitesse vers l’Île aux Lépreux, avons-nous pensé, en fait vers Albina au Surinam. Une heure après je me suis rendu compte que je n’avais plus ma montre, une montre de pacotille achetée au Cambodge mais bien visible, grosse et blanche : ils me l’ont arrachée du poignet sans que je m’en rende compte! Britta avait sur elle une très belle montre de la marque EBEL en acier brossé : comme elle était plus petite et discrète que la mienne ils ne l’ont pas vue! Quelle chance!
Nous sommes immédiatement allés à la police toute proche. Ils ont réagi très vite, ont envoyé deus groupes d’intervention, un en 4 x 4 vers les quartiers craignos du coin et un en pirogue à leur poursuite mais sont revenus bredouille : ils nous avaient prévenus que les gars étaient certainement déjà passés au Surinam  et qu’ils ne pourraient alors plus rien faire.
Britta qui souffre depuis des années de violentes migraines a  été très affectée par cette agression et a mis plusieurs jours à s'en remettre. Moi, étonnamment car je suis de nature assez anxieuse, j’ai plutôt bien réagi. Il faut dire que je n’ai personnellement vu que peu de choses car j’étais tournée vers François et la pirogue était derrière moi. Je l’ai bien vu arriver mais cela a duré deux secondes. Je n’ai pas vu les visages de nos agresseurs et je n’ai pas vu leurs fusils à canon scié. A un moment, juste avant leur départ, j’ai vu du coin de l’oeil celui qui était à l’avant en train de menacer Jens mais tout s’est passé si vite  que cela ne m’a pas vraiment marquée. Ce d’autant plus qu’ils ne nous ont fait aucun mal! 
Les policiers nous ont dit que c’est la première fois qu’ils s’attaquaient à des gens dans cette zone-là. Davide a été lui aussi très surpris et désolé pour nous.

Quelques photos prises pendant la balade...

La crique Balata...








L'Île aux Lépreux ...





Photo prise juste avant notre agression...





Notre départ approchait et nous sommes retournés une dernière fois au magnifique marché de la ville pour faire le plein de fruits et légumes.




Un des soirs avant notre départ nous sommes aussi allés à la Goélette, un restaurant installé dans un vieux bateau planté dans la vase au bord du fleuve Maroni.  Si la coque a triste mine de l'extérieur, l'intérieur lui est très joliment décoré et confortable et   l'ambiance y est sympa. De plus nous y avons très bien mangé. Il y avait en plus de nous deux quasiment tous ceux à la marina à ce moment-là, Davide, Samuel et son amie, Christine et Yves, Jens apparemment sans Britta ( elle était peut-être restée à bord suite à une de ses terribles migraines). Il y avait aussi Francis et Domenico venus de la marina de Jacare d'où ils avaient convoyé un bateau. Une soirée très agréable qui a bien clôturé notre passage à Saint Laurent.


Davide et... ( Help! J'ai oublié...)

Samuel et son amie

Christine, Yves et Francis ( le la marina de Jacare au Brésil)

Jens et Christine

Malgré notre agression sur le Maroni nous gardons un excellent souvenir de notre séjour en Guyane où nous aurons finalement passé trois semaines et demie.

A l’origine nous avions pensé nous arrêter au Guyana ( ex Guyane britannique) mais les autorités de Guyane nous ayant dit que nous risquions plus là-bas qu’en Guyane française où nous avions déjà eu un problème d'agression nous avons décidé d’aller directement à Tobago. A la même époque des bateaux sont allés au Guyana : ils n’ont eu aucun problème et ont beaucoup aimé… Tant pis!

Le 26 mars 2016 nous quittions donc Saint-Laurent du Maroni avec Christine et Yves d’ORIONDE et Britta et Jens, nos amis allemands de LILLI. 

Notre prochain article traitera de notre trajet de la Guyane française à Trinidad avec un arrêt d'une dizaine de jours à Tobago, Tobago et Trinidad étant un pays constitué de ces deux seules îles, à quelques milles à peine du Venezuela. C'est là que nous allions laisser notre voilier pendant la saison cyclonique 2016.





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