lundi 27 avril 2015

MADAGASCAR - DEUXIEME PARTIE

Nous avons attendu le départ de Jean-Hérik de Sainte-Marie, cette jolie île malgache située sur la côte est de la grande île, et nous l' avons quittée pour monter vers le nord, malheureusement sans nous arrêter dans tous les magnifiques coins signalés par Claude CHAPEL, un ancien collègue du collège de Terrain Fleury à la Réunion qui va depuis 15 ans à Madagascar et connaît la côte dans ses moindres recoins, et cela faute de temps, la saison cyclonique ( début novembre fin mars) approchant. J’en suis particulièrement désolée pour la baie d’Antongil dont il nous avait parlé avec chaleur. Les BADINGUET, partis plus tôt que nous de la Réunion, s’y sont arrêtés et ont confirmé.


Une seule escale de nuit à Fompotabe et nous étions à Antsiranana ( ou Diego Suarez) en un peu plus de trois jours. La traversée s’est faite par très belle mer mais peu de vent donc pas mal de moteur d’autant plus que nous avions des courants contraires.



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Ce poisson est un "apron", un poisson gris bleu avec une tête comme cuirassée. Sa chair est comestible, pas mauvaise sans plus.

Antsiranana n’est pas une belle ville mais nous avons été intéressés par les quelques bâtisses qui restent de l’époque coloniale même si elles sont en bien mauvais état. L’ancien «  Bazari Be » ou Grand Marché, à la structure métallique sortie des ateliers Eiffel, dans lequel est maintenant installée l’Alliance française, a retenu notre attention.











Si nous nous sommes arrêtés là c’était certes pour faire une halte pour attendre une bonne fenêtre météo avant d’aborder le cap d’Ambre mais aussi pour aller voir les Tsingy rouges du nord de Madagascar, une formation géologique des plus étonnantes. 

Vu sur la route y menant ...




Un kapokier dont les gousses ont commencé à éclater

Des bouteilles de sauce pimentée




Les Tingys rouges eux-mêmes...














En route nous avons eu une idée du paysage de cette partie du pays, des villages, de la faune… 


La route pour atteindre les Tsingys était très mauvaise!










Nous étions prêts tout juste à repartir qu’une bonne fenêtre météo s’est aussitôt offerte à nous. Pour être prêts à passer le cap d’Ambre tôt le matin nous avions mouillé dans un joli coin juste à l’entrée de la rade, dans la baie d’Oraongea où nous avons pu nous délecter du spectacle des pirogues à balanciers aux voiles en patchwork. 






Nous nous trouvions en fait dans un zone militaire mais nous avons fait ceux qui ne comprenions pas les gesticulations des soldats sur la plage qui essayaient de nous faire partir mais étaient totalement impuissants car sans embarcations! L’endroit était trop beau et surtout trop pratique pour nous pour que nous bougions!






Le passage du cap d’Ambre tant redouté des tourdumondistes, tout au nord de Madagascar, s’est effectué très facilement et très rapidement.








Peu de temps après nous avons pêché une belle daurade coryphène, notre poisson préféré.




Premier arrêt à Nosy Hara, île magnifique et étape recommandée par Claude CHAPEL. Encore une fois, faute de temps,  nous n’avons pas visité le dixième de ce dont il nous a parlé…














Seconde étape à Maribe, une des îles Mitsio, où nous sommes restés deux jours. 

De Nosy Hara aux îles Mitsio...











A Mitsio nous avons fait la connaissance de deux jeunes gens, deux frères, l'un d'une bonne trentaine d'années, l'autre de dix-huit ans. L'aîné possédait un bar sur la plage. Ils nous ont proposé de visiter le village avec eux et le lendemain ils nous ont emmenés de l'autre côté de l'île. 





































De ce village de l'autre côté de l'île on aperçoit "les Quatre Frères", quatre îles assez distantes les unes des autres, les quatre frères en question s'étant disputés.


Retour vers la baie où se trouvaient nos bateaux...





L'après-midi avant notre départ le plus jeune des deux frères a demandé à Jean-Pierre s'il pourrait l'emmener à Nosy Be. Il a dit qu'il irait chez sa soeur qui y habitait. Jean-Pierre a accepté mais a bien insisté sur le fait qu'il devait être sur ALIBI à 6 heures du matin. Avant de nous séparer Jean-Pierre en a quand même parlé au grand-frère. A six heures le lendemain matin, personne sur ALIBI, personne sur la plage! De toute évidence le grand frère n'a pas laissé partir le petit frère!


Les deux frères viennent de nous quitter et le sort du jeune est certainement en train d'être discuté alors qu'ils remontent vers le bar!

Le soir avant notre départ un pêcheur vient proposer à ALIBI une superbe langouste qu’ils nous ont invité à partager avec eux.





Prise d’un beau barracuda peu de temps après notre départ. Avant de le rejeter par crainte de la ciguaterra nous en avons pris une photo. C'est un poisson que l'on pourrait confondre avec le thazard si ce n'était pour ses dents longues et acérées! 






Nous étions à Nosy Be en une dizaine d’heures à peine. Nous avons mouillé au Cratère. Nous y avons retrouvé Marcia et Jean de TOO MUCH  et Pascale et Nicolas de BADINGUET. 








La marina du Cratère se réduit à peu de choses, un gars qui gère les corps-mort et un bar-restaurant. 







Repas offert par le patron du bar, un allemand très sympa, en compagnie des TOO MUCH, BADINGUET et ALIBI


Juste après commence le village dont l’activité principale tourne autour de la construction de maisons donc, de part et d’autre de la route de terre sont entreposés, des palmes pour les toitures, des poteaux, des cloisons de végétal tressé etc… 






C’est aussi l’endroit où se trouvent les magnifiques boutres, naviguant uniquement à la voile, qui font la pêche ou le commerce côtier. On y voit des femmes venir acheter leur poisson, de jeunes gars peiner sous plusieurs sacs de ciment, des vieux calfater les magnifiques boutres de bois… un spectacle qui commence au petit jour et ne s’interrompt qu’avec l’obscurité. 















Le village lui-même est pauvre mais très vivant et les gens sont toujours prêts à discuter. 
















Augustine, la jeune femme taxi de la marina, nous a emmenés, dans son antique et brinquebalante Renault 21 rouge, à Hellville où nous avons essayé de retrouver les souvenirs que nous en avions, en particulier la grande avenue avec sa longue  promenade centrale bordée de vieilles maisons coloniales. 

















Nous avons retrouvé les vendeuses de nappes brodées typiques de Madagascar. A l’époque où nous étions à la Réunion et où nous sommes venus à Nosy Be les nappes étaient uniquement blanches et les personnages, bateaux, cases, ravinalas ( = arbres du voyageurs) etc…brodés étaient uniquement de petite taille et très bien réalisés ( certains personnages féminins avaient ainsi de véritables petites nattes en relief). De nos jours les brodeuses travaillent le plus souvent sur des tissus de couleur, des bleus, des verts, des bruns qui renouvellent bien leur art. En plus des minuscules personnages elles brodent maintenant aussi en motifs centraux des bandes de personnages de six à sept centimètres de haut, pas mal du tout! J'ai cependant eu l'impression que le travail des brodeuses était moins soigné qu'il y a trente ans... Nostalgie du bon vieux temps, j'imagine...



(Photos de nappes encore à venir!)

Les rues de Hellville et les routes y menant sont très animées et hautes en couleur. 









Nous avons fait une visite au Lemuria Land car nous restions trop  peu de temps à Madagascar pour espérer rencontrer des lémuriens ( ou « makis » comme on les appelle à Mada ), dans la nature. Là nous en avons vus de plusieurs sortes en quasi liberté. Les lémuriens, bien qu’ils y fassent penser, ne sont pas des singes  mais une espèce à part entière. Ils ont en général un museau allongé, de gros yeux tout ronds et de petites mains semblables aux nôtres. Ils sont particulièrement agiles et sautent latéralement sur deux pattes de façon très drôle. 









Lémuriens nocturnes que nous avons dérangés.

Nous avons vu dans ce parc quelques autres exemplaires de la faune malgache en liberté (sauf pour les tortues et les crocodiles)...




Où se trouve l'endormi comme on les appelle à la Réunion (= le caméléon)?

Le voici vu de l'autre côté!





Ces cigales sont dix fois plus bruyantes que les nôtres!






Nous avons aussi visité une distillerie d'Ylang-ylang, une base de parfum tout aussi appréciée des parfumeurs que le géranium rosat de la Réunion. Avant d'arriver aux bâtiments nous avons traversé une plantation d’Ylang-ylang.  Les arbres aux fleurs jaunes quand  elle sont épanouies ont des troncs naturellement torturés. 




Les anciens alambics ...

... .et les nouveaux.

Marcia et Jean de TOO MUCH nous ont fait connaître certains endroits réputés et/ou chauds de Nosy-Be, principalement le bar le TAXI-BE et un restaurant sur une plage au nord du cratère dont j'ai oublié le nom. Nous avons trouvé le Taxi-Be sympa et rigolo, la musique y était bonne et les danseuses vraiment douées. C'était le soir de Halloween d'où les tenues!  Le bar-restaurant sur la plage nous a en revanche paru bien affligeant! Des hommes d'une cinquantaine d'années, et souvent bien plus, gros, gras, affreux, s'y frottaient contre de  petites malgaches, très jeunes, minces et jolies,  parfois à peine pubères. Certains trouveront que nous sommes bien prudes mais cela nous a choqués. Profiter ainsi de la misère des gens est  vraiment révoltant! 
Voici quelques photos prises au Taxi-Be...









Nous nous sommes rendus en bateau à Hellville pour faire les formalités de sortie, ce que nous aurions finalement pu faire depuis le Cratère, personne ne nous ayant demandé à voir le voilier. Nous l'avons d'autant plus regretté que nous nous sommes fait voler un sac plein de provisions par des jeunes qui nous ont aidé à décharger nos nombreux sacs d'un taxi! Il faut dire qu'Armelle et moi ( les hommes s'occupaient pendant ce temps des formalités) étions absorbées par le spectacle autour de nous...


Le gars en T-shirt rayé est certainement celui qui a organisé le vol du sac!




Nous serons restés au total douze jours à Nosy-Be, une petite semaine aurait en fait suffi et nous aurions eu plus de temps à passer dans les petits villages le long de la côte jusqu'à la baie de Boina.


Après un escale pour la nuit à Nosy Tanikeli ...




... nous nous sommes mis en route vers le cap Saint-André, point le plus court entre Madagascar et la côte africaine. Nous nous sommes arrêtés à Nosy Kalakajoro, une des îles Andaman...














Ensuite escale de près de 24 heures dans la baie de Moranga où nous avons eu de très chaleureux contacts avec les familles de pêcheurs du coin. Nous nous sommes baladés avec certains des villageois et, comme en Afrique de l’ouest ou australe quand nous nous promenions dans les villages, nous nous sommes retrouvés avec un enfant accroché à chaque doigt! 




Le jeune gars de gauche est celui avec lequel nous avons changé du matériel de pêche contre quelques crabes avant de venir dans son  village
















Nous avons fait divers trocs dont tout le monde s’est trouvé satisfait : fil de pêche, leurres et hameçons contre crabes, T-shirts et magazines contre achards de mangue verte pimentés ( oh combien!) et mangues fraîches. Le grand plaisir des enfants était de se faire prendre en photo ou en vidéo et de se voir sur l’appareil. 



De jeunes garçons nous ont demandé si nous n’avions pas un ballon de football à leur donner : il nous aurait été tellement facile d’en acheter un à la Réunion ou même à Nosy Be mais nous n’y avions malheureusement pas pensé! Les gens de la côte sont très pauvres, ils possèdent peu de choses, vivent de la pêche et des quelques fruits et légumes qu’ils cultivent ou cueillent. Les enfants se fabriquent leurs jouets ou jouent avec des bouts de bois, de tissu, des morceaux de carton et un ballon aurait vraiment été le bienvenu. Cela me fait encore de la peine quand j’y pense… J’en ai parlé à des amis navigateurs qui vont venir dans cette zone et j’espère qu’ils s’en souviendront. 

Nous serions bien restés là plus longtemps pour aller dans d’autres villages de la baie mais la saison avançait et il fallait continuer. Après une dernière escale à Majunga où nous avons fait le plein de gas-oil et quelques provisions de frais ( en refusant cette fois-ci l’aide de jeunes malgaches pour porter nos sacs!) nous sommes partis pour Boina Bay où nous avons attendu une bonne fenêtre météo. En fait nous aurions pu repartir tout de suite mais nous nous sommes donnés un jour pour bien nous reposer avant la traversée vers l’Afrique du Sud dont nous ne savions ce qu’elle nous réservait.
Le lundi 10 novembre nous quittions donc Madagascar où nous avions passé presqu'un mois pour entreprendre la descente du canal du Mozambique en vue de rejoindre l'Afrique du Sud. 

Ce sera l'objet de notre prochain article...

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