mardi 18 août 2009

GUATEMALA Troisième partie : l'intérieur du pays

Avec François et Geneviève du voilier Ultréïa, nous avons loué une voiture à Antigua pour faire une visite aussi complète que possible du Guatemala.







Nous avons commencé par le Quiché, c’est-à-dire la région montagneuse au nord-ouest du pays et y avons découvert une nature magnifique et une population très accueillante et attachante, les Mayas.

Notre premier objectif était d’aller à Chichicastenango où nous voulions absolument arriver le samedi soir et être à pied d’œuvre pour voir le célèbre marché du dimanche matin et ses préparatifs la veille. Nous avons fait un crochet par Panajachel au bord du lac Atitlan et auparavant par Solola où se tenait le marché hebdomadaire, un marché authentique, animé et coloré, un avant-goût prometteur de celui de Chichicastenango.




C'est à Solola que, pour la première fois, nous avons pu admirer les magnifiques costumes traditionnels portés par les indiens mayas. Tout au long de notre périple, nous allions constater que ces costumes sont portés au quotidien par les hommes et les femmes. Ils diffèrent selon les régions et même les villages et sont clairement l’affirmation d’une appartenance à une communauté.




























Panajachel nous a beaucoup déçus : uniquement des restos, des hôtels, des agences de voyages, des boutiques pour touristes à touche-touche le long des trois ou quatre rues principales du village : plus rien d’authentique, en dehors du cadre exceptionnel il faut le reconnaître. De ce fait nous n’y sommes pas restés et pensions même ne pas y revenir.



Nous avons préféré aller rapidement à Chichicastenango, un peu plus au nord. Nous avons eu la chance de pouvoir y aller à une période où il n’y avait quasiment pas de touristes. Là nous avons logé au « Chalet », chez Manuel, un Maya très sympathique qui possède une grande maison où il a aménagé un certain nombre de chambres pour les visiteurs. Il est souvent venu discuter avec nous et nous a entre autres parlé des problèmes, maintenant résolus, d’insécurité dans la ville. Les habitants ont formé des sortes de milices qui font justice elles-mêmes : ainsi quelque temps avant notre venue ils ont brûlé devant l’église de la ville un violeur et un voleur! Rien que de naturel pour Manuel!



















A Chichicastenango, Chichi pour les intimes, tous les samedis après-midi des centaines de vendeurs arrivent pour installer leurs stands pour le lendemain. Ils viennent avec toute leur famille, mangent et passent la nuit sur place à l'abri de leurs tentes de branches et de toile plastique, parfois sous des trombes d’eau comme le soir où nous sommes arrivés.


Ce marché est très vaste et particulièrement bien achalandé. Il est très connu et attire non seulement des touristes du monde entier mais avant tout la population des villages environnants, de tout le pays et même du Mexique proche! Il est d'ailleurs souvent difficile de se frayer un chemin dans la foule qui déambule entre les étals.







On vend de tout sur ce marché. Pour les habitants de la région, des fruits et légumes, des vêtements, des cosmétiques, des bougies, du matériel de broderie, du mobilier artisanal ... tout ce qui est nécessaire à la vie de tous les jours.






















































Pour les touristes des souvenirs, des saints de bois peint ( beaucoup de Saint François d’Assise), des masques de bois taillés à la main représentant des animaux le plus souvent, de longues bandes de tissus entièrement couvertes de fleurs brodées, ceintures ou éléments de décoration.
















































Ce que nous avons le plus admiré ce sont les « huipiles », sortes de courts ponchos qui sont le haut de la tenue des femmes mayas et dont le dessin et la technique varient d’un village à l’autre mais qui, tous, sont un exceptionnel travail de broderie aux couleurs chatoyantes, des motifs stylisés et symboliques dont le plus courant est le quetzal, ce très bel oiseau emblématique du Guatemala. Ces « huipiles » sont portés par-dessus des jupes très froncées ou des pagnes à rayures plus ou moins marquées dont elles se drapent et le tout est maintenu en place par des ceintures brodées elles aussi.



Les marches de l’église au pied de laquelle les étals sont installés servent de marché aux fleurs et c’est un spectacle éblouissant. Il n’est d’ailleurs pas facile d’accéder à l’église!



Nous avons assisté à la messe et nous étonnons encore d’en être sortis vivants vus les nuages d’encens, de la fumée de copal en fait, dont les prêtres aspergent les fidèles! Même chose sur le parvis et les marches de l’église où des shamans font aussi brûler des bougies de couleurs diverses selon le vœu que les fidèles espèrent voir exaucer.







A la fin de la messe, les « Cofradias », membres d’une fraternité religieuse vêtus de noir et de rouge et tenant des ostensoirs d’argent, quittent l'église en cortège, s’agenouillent et prient quelques instants sur le parvis de l’église puis se donnent mutuellement l'accolade avant de défiler dans les rues du village. Il est ici difficile de savoir où finit le paganisme et où commence le christianisme!









































Nous sommes ensuite montés sur une colline à deux kilomètres de là, à Pascual Abaj, le lieu sacré des indiens de la région où ils perpétuent leurs rites mayas ancestraux à base de prières, offrandes et sacrifices de volailles et nous avons vraiment réalisé combien la religion quiché était encore profondément ancrée dans leur culture.




Avant de quitter Chichi nous sommes allés faire un tour au marché couvert tout aussi animé et coloré. Même le cimetière est ici haut en couleur et un lieu de vie où les enfants ne craignent pas de venir jouer!






Le lendemain nous sommes partis pour Nebaj. En chemin nous avons vu au bord d'un lac un terrain pour un jeu de balle en tous points semblable à ceux qu'utilisaient les mayas il y a plus de mille ans. Les indiens du coin y jouent-ils encore vraiment? Nous n'avons pas non plus bien compris comment cela se jouait ni comment s'effectuait le calcul des points. Nous savons seulement que les joueurs ne pouvaient pas utiliser leurs pieds ni leurs mains seulement leurs hanches, coudes et genoux et que l'équipe qui réussissait le tour de force de faire passer la balle dans l'anneau de pierre fiché dans le mur était immédiatement déclarée gagnante. Cela nous a rappelé le jeu dans Harry Potter et la Sorcière!






























Ecriture maya








Nebaj n'est pas une étape bien jolie et nous a rappelé certains villages tunisiens : maisons de béton à demi terminées, rues sales, pas de café où prendre un verre. Nous avons d'ailleurs eu bien du mal à trouver un restaurant où fêter les 62 ans de François. Le petit hôtel où nous avons passé la nuit était sans charme lui aussi, exception faite pour un petit coin de jardin où fleurissaient de superbes orchidées.














































Dans le village la visite d'un petit centre artisanal nous a permis de voir comment les femmes de ce village mayas tissent et brodent leurs huipiles et comment elles réalisent leurs coiffes.








































Nous avons suivi la route jusqu'à Chajul, le village du Quiché le plus pauvre que nous ayons personnellement vu. Les maisons sont construites en adobe et ne comportent le plus souvent qu'une seule pièce. La cuisine se fait à l'intérieur et la fumée ne peut s'échapper que par la porte d'entrée noircissant tous les murs.






Toutes les femmes et petites filles portent ici des huipiles très colorés dans les tons de bleu ou de rouge. Les pagnes sont toujours beaucoup plus simples.



Nous sommes allés faire une visite à l' "Associacion de la Mujer Maya Ixil " où les membres de l' association s'occupent des femmes et fillettes du village et leur apprennent entre autres choses à tisser. Une sorte de centre social , de centre de formation et de garderie...





















































Nous avons aussi vu les femmes amener leur maïs au moulin local. En quelques minutes leurs grains se transforment en une pâte avec laquelle elles confectionneront les tortillas jaunes au noires selon le maïs employé.







Notre escale suivante, Todos Santos, nous a amenés à traverser de beaux paysages de montagne.










































































Les champs recouvrent les flancs des montagnes du fond des vallées jusqu'aux crêtes les plus élevées... quelle que soit l'inclinaison de la pente! Ici les paysans les plus aisés labourent la terre à l'aide de charrues munies de socs de bois et tirées par des boeufs. La population est très pauvre et réussit tout juste à se nourrir. Le taux d'immigration est très élevé dans la région : les USA ne sont pas très loin!




































Todos Santos n'a pas beaucoup plus de charme que Nebaj ou Chajul si ce n'est sa situation au creux de hautes montagnes. Ce qui frappe surtout dans ce gros village, c'est, en plus de l'animation qui y règne, la tenue des hommes.








































Du plus petit garçon au vieillard, en passant par les adolescents qui ne voudraient pas être de reste, toute la gente masculine porte un pantalon rouge à rayures blanches et bleues plus ou moins larges sur lequel ils enfilent parfois une sorte de bermuda en lainage noir ouvert devant au niveau des cuisses. Les vestes, genre blousons, sont en tissu épais bleu clair avec de fines rayures plus sombres dont les cols, les poignets et une bande dans le dos sont recouverts de motifs décoratifs dans les tons de bleu ou de rouge. Ils portent aussi pour la plupart un étrange chapeau orné d' un gros-grain bleu roi enjolivé d'oeillets. Certains lui préfèrent uns sorte de chapeau de cowboy. Ils sont très fiers de leur costume et pour rien au monde n'en changeraient.


































































Todos Santos nous a beaucoup intéressés mais nous n'y sommes que 24 heures car l'hôtel que nous y avons trouvé, le seul ouvert, était tout juste propre et le patron un personnage peu intéressant. Pas de restaurant non plus en dehors de ce que proposait de mauvaise grâce ce même hôtel. Nous sommes donc redescendus sur le Lac Atitlan.














En chemin nous nous sommes arrêtés pour visiter dans une grande plaine les temples mayas du site de Zaculeu. Des temples entièrement refaits, en ciment bien lisse, ce qui, paraît-il, donne une bonne idée de ce qu'ils étaient du temps de leurs constructeurs... Il suffit de les imaginer de couleur rouge! Nous n'avons pas été conquis!


un des temples





le terrain du jeu de balle


La suite de notre voyage au Guatemala ( le lac Atitlan, Coban, Samuc Champey et le site maya de Tikal ) sera l'objet d'un autre voire de deux autres articles.




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