samedi 11 avril 2020

De CUBA à CURACAO



De CUBA à CURACAO 
( du 13  au 31 mai 2018) 



1 -  DE CUBA A HAÏTI - L'ÎLE  A  VACHE (du 13 au 20 mai 2018)


Après un séjour de près de deux mois à Cuba nous avons donc quitté Santiago de Cuba au petit matin le 13 mai 2018 en direction de la République Dominicaine, via l'île à Vache en Haïti. Comme indiqué dans l'article précédent, nous avions décidé de ramener le bateau à Curaçao pour l'y laisser une nouvelle fois à l'abri pendant la saison cyclonique et jusqu'aux premiers jours de 2019.

L'île à Vache a été pendant plusieurs siècles un repaire de pirates, dont le fameux Henry Morgan au XVIIème.  L'île d'Haïti n'a pas bonne réputation auprès des navigateurs et ce depuis de nombreuses années... sauf l'Île à Vache où tous nous ont recommandé de nous arrêter : là pas d'insécurité, et au contraire beaucoup de gentillesse de la part de la population.

La première partie du voyage en direction d'Haïti s'est bien passée: vent modéré bon plein, mer facile.

Cependant, en approchant des côtes haïtiennes, les conditions sont devenues très différentes: fort vent d'est de face, 20 à 25 noeuds, qui nous a obligés à tirer des bords incessants dans une mer très forte. Comme nos voiles ont plus de dix ans et avaient déjà effectué un tour du monde, nous ne remontions pas bien au vent et notre progression vers l'est était plus que difficile, sans parler de l'inconfort à bord... C'est dommage car notre Sun Légende est un très bon bateau de près. Les photos ci-dessous vous montrent clairement le louvoyage...






L ' ÎLE A VACHE ( du 16 au 20 mai 2018)

Nous sommes finalement arrivés à l'île à Vache au petit matin du 16 mai, totalement épuisés par cette navigation infernale. Trois jours et trois nuits  à être ballotés ou plutôt secoués, jetés à droite, à gauche, vers l'avant et tout cela pour ne pas avancer! Nous étions très découragés et de plus en plus fatigués.  J'étais assez malade, même François n'était parfois pas dans son assiette!  Nous avons tout tenté, des bords longs, des bords courts, très près de la côte, loin de la côte...   Aucun de nos choix n'apportait de solution. Il fallait juste tenir! Inutile de vous dire que nous n'avons guère eu envie de cuisiner ni même de manger. 







Nous étions tellement mal que nous n'avons pris aucune photos lors de la remontée au vent. Celles que vous voyez ont été prises à l'arrivée au mouillage, donc dans le zone abritée par l'île.



Dès notre arrivés, les jeunes gars du village se sont précipités, les uns après les autres, pour nous offrir leurs services et nous avons eu beaucoup de mal à leur faire comprendre que la seule chose que nous voulions en ce moment était de dormir!  Finalement ils ne sont revenus que le lendemain, nous laissant vingt-quatre heures de repos total. 
L'île à Vache est un des seuls endroits sûrs de Haïti pour les touristes. Elle se trouve à six milles nautiques de la ville de Cayes sur la côte sud où nous aurions dû aller faire les formalités d'entrée en Haïti mais on nous avait fortement déconseillé d'aller sur le continent en raison de l'insécurité qui règne en Haïti. Nous avons donc "oublié" de nous mettre en règle.

Le mouillage de l'Île à Vache est petit mais bien abrité avec un charmant village qui s'étire tout le long de la baie. Un chemin le borde. 








Essayez de déchiffrer les phrases en Créole local...




Si vous regardez bien vous verrez YOVO à l'horizon, à gauche du voilier au taud bleu foncé que l'on distingue nettement 




Les bateaux sont mouillés à proximité ou sont tirés sur le sable quand ils ne servent pas.






La population locale, très pauvre, est très accueillante. Cette pauvreté explique l'empressement des jeunes à venir aider les rares touristes qui arrivent , essentiellement en voilier. Ils proposent à peu près tout : fruits, légumes, poulet, poisson, repas chez eux et essayent de vendre les objets qu'ils ont fabriqués, souvent amusants mais pas toujours de grande qualité...




Les Haïtiens survivent comme ils le peuvent, mais ceux de l'île semblent s'en sortir assez bien avec leurs champs et la pêche qu'ils pratiquent à bord de petites barques munies de voiles immenses. 




Pour empêcher le bateau de chavirer, les équipiers font du rappel sur des perches en dehors de l'embarcation. Vous pouvez les distinguer sur les photos ci-dessus et ci-dessous.





Il y a un hôtel luxueux tenu par un français qui domine le village mais qui nous a semblé bien vide. Il y a aussi une ou deux petites pensions avec quelques bungalows, mais là aussi, peu de touristes.
Je l'ai dit plus haut, nous avons donc eu de nombreuses visites de la part de jeunes et de moins jeunes qui tentaient de nous vendre toutes sortes de choses. Un artiste local, Jean DIEUVOIT, recommandé par d'autres navigateurs, nous a emmené dans son "atelier", en fait une case minuscule où il nous a montré un ou deux tableaux que nous avons trouvés très laids et un soleil en tôle martelée qui nous a plu. Nous le lui avons acheté en lui donnant de l'argent en plus pour qu'il puisse nous l'expédier en France comme il le proposait car il était trop encombrant pour pouvoir le transporter par avion. C'était en mai 2018 et nous n'avons toujours pas reçu le fameux soleil à ce jour!... 
Un vieux couple est aussi venu nous voir pour nous inviter à un repas (payant) chez eux, en dehors du village. Nous les avons trouvés fort sympathiques, mais leur maison était très éloignée et nous n'y sommes pas allés. Ils auraient aimé avoir une vieille batterie pour avoir un peu d'éclairage grâce à un panneau solaire, mais malheureusement nous ne gardons pas les anciennes batteries quand nous en changeons car elles sont trop encombrantes et aussi trop lourdes. Nous aurions bien aimé les aider et nous leur en aurions sûrement amené une si nous étions repassés à l'Île à Vache.
Un jeune couple du village nous a proposé de nous faire à manger un soir et nous avons passé une bonne soirée chez eux avec les deux enfants. La petite fille insistait pour peigner Francine.





2 -  DE  HAÏTI ( Ile à Vache ) A  LA REPUBLIQUE DOMINICAINE ( du 20 mai au 26 mai 2018). 

Nous sommes repartis de l'Ile à Vache pour la République Dominicaine le 20 mai, bien reposés et très contents de notre séjour et de l'accueil des habitants dans ce lieu unique, mais quand même un peu inquiets car nous savions que le vent serait toujours de face et la mer forte. Nous pensions que ce serait plus facile en tirant des bords près de la côte où le vent serait sans doute moins fort. Hélas, nous avons vite constaté qu'il n'en était rien et les deux journées suivantes ont été parmi les plus difficiles que nous ayons connues lors de notre voyage autour du monde. Louvoyage constant contre un vent de 25 à 30 noeuds, courant défavorable, mer forte avec des vagues de 3 mètres et plus dans un bateau gîté et des embruns qui nous empêchaient d'être en dehors de la protection de la capote de roof. Nous avons donc tiré des bords pendant plus de 48 heures, avec l'impression très désagréable de ne pas avancer. Voyez notre trace!...




Chaque bord fait entre 15 et 20 milles, soit 5 ou 6 heures! 

Finalement, de guerre lasse, nous avons décidé de mettre le moteur pour arriver au mouillage de la Bahia de las Aguilas avant la nuit. Bien nous en a pris car cela nous a permis de faire un bord beaucoup plus favorable et nous avons mouillé au calme en fin de journée le 22 mai. Ouf!!! On a toujours du mal à croire que le bateau puisse rester immobile après de telles séances...

Seul point positif dans cette aventure: toutes les taches brunes sur le pont causées par la centrale thermique de Santiago de Cuba qui avaient résisté à tous nos efforts avaient disparu comme par miracle!! Incroyable! Donc, inutile de s'escrimer à frotter avec des détergents : faites simplement plusieurs jours de près par mer forte...

Le 23, nouveau départ pour l'île Beata qui se trouve à la pointe du cap du même nom, trajet beaucoup plus facile cette fois car nous étions à l'abri de la côte. Mouillage devant l'île qui paraît très agréable, mais sans descendre à terre car nous n'avions pas effectué les formalités d'entrée en République Dominicaine. Nous avons d'ailleurs été contrôlés mais autorisés à rester le temps de nous reposer.


 Le cap Beata 



L'île Beata

Nous sommes repartis le lendemain 24 mai pour passer le cap Beata qui a mauvaise réputation car la mer et le courant peuvent y être durs, mais ce n'est pas ce qui nous a le plus ennuyés.

En effet, le compteur qui nous indique la consommation d'eau douce montrait plus de 200 litres utilisés alors que nous l'avions remis à zéro après avoir rempli le réservoir avec le désalinisateur. Or nous utilisons rarement plus de 20 litres par jour... On s'est vite aperçu que le robinet de la douche, poussé par un gros coussin posé à côté, s'était ouvert et que presque toute notre eau douce était passée dans les fonds. Il a donc fallu ouvrir les trappes des planchers pour tout pomper, tout éponger, tout essorer et faire sécher ( c'est sous le plancher que nous rangeons les vieux vêtements, vieilles serviettes de toilette, etc...)  avec le bateau gîté sous voiles et la mer forte! Plus de 200 litres, c'est beaucoup!!! On se serait bien passé de cette difficulté supplémentaire.
Ceci mis à part la remontée sur Salinas s'est assez bien passée. Voici la trace : du louvoyage, bien sûr, mais un bord beaucoup plus favorable avec l'aide du moteur cependant. On cesse vite d'être puriste dans ces conditions...






Nous sommes arrivés à Las Salinas vers 1 ou 2 heures du matin par une nuit d'encre, guidés par la cartographie électronique. Les bouées du chenal étaient toutes éteintes, mais la carte nous les situaient très exactement et nous pouvions les voir en allumant la torche alors que nous passions à côté : un grand merci à monsieur, ou madame, Navionics. Comme presque toujours, les lumières du rivage sont très gênantes lors des arrivées de nuit et nous pouvions difficilement évaluer notre position par rapport à la côte. Francine a décidé qu'il ne fallait pas approcher davantage et bien lui en a pris car le lendemain matin, nous avons vu que nous étions ancrés tout près de plusieurs bateaux, dont un gros voilier, mouillés sans ancun feu de mouillage, ce qui est inadmissible à l'heure des panneaux solaires et des ampoules LED...




Las Salinas, dont le nom vient des marais salants que l'on voit sur la carte, est un petit village de vacances sans gros intérêt. Des hôtels, des appartements à louer, quelques commerces dont des bars déversant une musique tonitruante.




Las Salinas: les marais salants sont à l'ouest de notre trace d'entrée


Nous avons fait les formalités d'entrée et avons visité ce qu'il y avait à voir, c'est-à-dire fort peu de choses.
Notre projet était de poursuivre notre route vers l'iîe Soana qui se trouve à la pointe est de la République Dominicaine. Là se trouve un mouillage agréable qui permet d'attendre de bonnes conditions météo pour aller sur Curaçao avec, en général, un bon angle par rapport au vent. Mais pour rallier Saona, il faut encore naviguer contre ce fameux vent d'est, et vous avez compris que, comme on dit, nous avions eu notre dose de navigation au près.



Il y a environ 100 milles (180 km) entre les deux points


En regardant les fichiers météo que nous pouvons recevoir, les fichiers GRIB, nous avons vu que le vent dans les jours suivants était assez modéré et surtout orienté plutôt est, ce qui pourrait nous permettre de rejoindre Curaçao sans devoir aller jusqu'à Saona. C'était un peu un pari, mais nous avons pris la décision et avons quitté Las Salinas le lundi 28 mai et avons pu traverser jusqu'à Curaçao sans problème en trois jours pour arriver le 31 mai à Schottegat. 
Nous étions épuisés et heureux d'être au terme de ce voyage retour sur Curaçao. 18 jours d'une navigation pénible inintéressante mis à part l' étape à l'Île à Vache. Ceci dit le voyage de cette année 2018 (Bonaire - Jamaïque - Cuba) en valait vraiment la peine et nous avons rapidement oublié ces mauvais moments. 
Nous avons préparé le bateau et une dizaine de jours plus tard, le temps d'hiverner le bateau, nous étions de retour en France pour sept mois. 

Prochain article : Curaçao, l'île des Antilles néerlandaises où nous avons laissé le bateau en hivernage deux années de suite.


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