samedi 4 février 2017

LE BRESIL : sixième partie : De Belem à Manaus

Après notre escapade de deux jours à Marajo, cette gigantesque île à l'embouchure de l'Amazone, nous sommes retournés à Belem et avons embarqué sur un bateau pour remonter les affluents de l’Amazone puis l’Amazone lui-même jusqu’à Santarem. C’était un grand bateau pouvant transporter 700 à 800 personnes. Pourquoi n'ai-je pas pensé à prendre des photos du nôtre, le Rondonia. Mais j'en ai photographié d'autres, plus petits, mais qui donnent une bonne idée de ces transports...




Les 9/10 èmes des gens dorment dans des hamacs quasiment à touche touche. Dessous, quelques palettes leur permettent de poser leurs sacs. 




Le long du bastingage des bancs pour pouvoir s’asseoir de temps en temps. Malheureusement il est loin d’y en avoir assez pour tout le monde. Il y a aussi ici et là quelques fauteuils en plastique, genre fauteuil de jardin, qui sont pris d’assaut et monopolisés dès le départ par les habitués. Beaucoup montent sur le pont supérieur  du bateau et s'assoient par terre. En fin de journée on peut y assister à de superbes couchers du soleil!





Le dixième restant,  c’est-à-dire les plus fortunés et les européens, s’offrent ( ce n’est pas cher pour eux) des cabines. « Cabines » est un bien grand mot : elles font surtout penser à des cellules de prison! Toutes de métal peint en gris et sans aucune ouverture, elles permettent quand même de se reposer allongé et au frais car il y a la clim’. Il y a aussi une petite salle de douche et toilette particulière bien appréciable.  Les loueurs de hamacs ont des toilettes, lavabos et douches communes à leur disposition.





Pour les repas, beaucoup de gens amènent de quoi se restaurer. Pour les autres il y a de petits bars et un restaurant où il est proposé des « marmites » avec du riz, des haricots et un peu de viande ou de poisson, pas bien bon et toujours la même chose midi et soir. On peut les manger sur son hamac ou dans sa cabine ou encore dans la « salle à manger » du bord. C’est un bien grand mot pour cette pièce où sont alignées de longues tables de bois et des bancs. Il y fait une chaleur épouvantable car c’est dans cette pièce que s’aère la salle des machines juste en dessous!   Autant vous dire que nos repas étaient vite envoyés! 






Nous avons essayé de parler à des voyageurs brésiliens mais vu notre niveau de langue cela n’a pas duré bien longtemps. 
La première partie du voyage, quand le bateau ne se trouvait pas encore trop loin du rivage, nous a vraiment beaucoup intéressés. Non pas tant le paysage qui ne change pas du tout et n’est pas bien beau : eaux couleur café au lait et rivage plat. De temps en temps, et de plus en plus rarement à mesure que l’on éloigne des villes, quelques maisons de bois peintes de couleurs vives sur pilotis et reliées au fleuve par des passerelles de bois sur fond de végétation assez haute et verte. Certaines en bon état et même pimpantes, d'autres bien délabrées. Le plus souvent assez loin  les unes des autres; il y a peu de villages. Quand ils voient arriver le bateau les «  caboclos »,  c'est-à-dire les descendants métis des européens blancs et des amérindiens qui forment la population principale du bassin amazonien, se précipitent sur leurs pirogues et se dirigent vers le bateau. 














Pour certains, les plus riches, ceux qui possèdent des moteurs parfois puissants, c’est pour faire du commerce. Ils sont époustouflants de hardiesse ( ce sont toujours de jeunes gens!) : avec des hurlements de moteur ils poussent leur pirogue contre l’arrière du bateau qui va pourtant à bonne allure et l’un d’eux se jette sur le bateau avec une corde pour y attacher la pirogue. Ensuite ils amènent leurs produits et vendent aux passagers noix de coco qu’ils ouvrent devant vous et vous offrent avec une paille, jus d’Assaï ( excellent jus couleur violette tiré du….) dans des sacs plastique transparents, bocaux de coeurs de palmiers, crevettes cuites et/ou séchées… Ils sont très attendus car leurs produits sont connus pour être bons. Quand ils ont tout vendu ils repartent et redescendent fleuve jusqu’à leur village … et attendent l’arrivée du bateau suivant.







Avant que ces pirogues n’arrivent une chose nous a beaucoup intrigués : des passagers jetaient des ballots par dessus bord. Nous jetions des regards réprobateurs devant cette façon de faire quand nous avons compris! : les voyageurs avaient préparé des sacs de vêtements, friandises et autres pour les habitants très isolés et rès pauvres de ces rivages. Ceux-ci se précipitaient à grands coups de pagaies. C’étaient le plus souvent des femmes, souvent accompagnées d’enfants très jeunes; parfois c’étaient des petites filles. Les unes comme les autres avaient beaucoup de succès et il était rare qu’elles ne récupérassent un ballot. En revanche les rares hommes qui se présentaient repartaient presque toujours bredouilles! pas assez touchants, j’imagine! 







Plus le bateau avançait et moins il restait de ballots aux passagers et les derniers riverains n’aient pour ainsi dire plus rien. Je me demande si lors du voyage retour du bateau la même chose se passe. Si c’est le cas les derniers seront les premiers et ils bénéficieront de cette manne  en priorité. 

De temps en temps une petite entreprise, une église, un cimetière autour desquels s'agglutinaient quelques maisons mais le plus souvent elles étaient isolées.








Quelque temps après nous avons atteint l’Amazone même, les rives étaient très éloignées de nous et  nous n’avons plus eu de quoi distraire le regard… sauf aux escales! Il y en a beaucoup, une bonne dizaine sur deux jours, de jour comme de nuit.  Même chose sur le trajet Santarem - Manaus. Ces bateaux ne servent en effet pas que pour les passagers. Il y a une grande animation sur le fleuve et sur le quai.






Nous avons ainsi pu assister au débarquement et à l’embarquement de toutes sortes de choses, du mobilier, des matelas, de l’alimentation … Le plus inattendu fut une dizaine de cercueils! 










A l'arrivée d'un bateau toutes sortes de gens se précipitent pour vendre qui des boissons, qui des biscuits, qui des plats tout prêts, des jouets...





On nous avait annoncé un voyage de trois jours entre Belem et Santarem, en fait il n’en a duré que deux car c’était les 2 et 3 janvier et il y a eu beaucoup moins de choses à débarquer et embarquer qu’en d’autres périodes. Nous en avons été ravis car nous commencions à nous ennuyer ferme! 

L’arrêt à Santarem nous a permis de nous rendre à Alter de Chao. A cet endroit se trouve sous terre une lentille d’eau géante, un aquifer. De ce fait à la surface le paysage est totalement différent du reste de l’Amazonie. Au lieu de l’eau couleur café au lait de l’Amazone et de ses affluents coule ici une eau verte assez limpide et le rio Tapajos, où s’est installée la ville, de même que ses îles sont bordés de superbes plages de fin sable blanc. Le coin, d’ailleurs appelé « les Caraïbes du Brésil », attire de nombreux touristes en mal de plage et bains de mer. A quelques milles de Alter de Chao les plages sont encore plus belles. Il faut y aller en bateau.










Nous avons fait une excursion jusqu’à un village de caboclos que le gouvernement a convaincus de pratiquer des activités agricoles  et piscicoles respectueuses de la nature. Ce village du nom de Coroca (?) se trouve sur la rivière Arapiuns : ici ils pratiquent en particulier l’élevage de tortues d’eau douce et d’abeilles, des abeilles beaucoup plus petites que chez nous. Certaines de ces abeilles, de deux, trois millimètres, produisent un miel quasi miraculeux pour certains problèmes ophtalmologiques. Nous sommes aussi allés faire un tour sur le Tapajos, jusqu’à de petites langues de sable .















La ville d’Alter do Chao est assez sympathique. L’ambiance y est très détendue et festive, beaucoup de rastas et de hippies, des bars, des gargotes et des restos un peu partout surtout autour de la place du village où des hippies de toutes nationalités proposent des animations le soir ( musique, chansons, acrobaties, clowns, vente de bijoux fantaisie etc…).  Je me rends compte que je n'ai pas de photos pour l'illustrer...



Alter de Chao vit sous les emblèmes de la grenouille, des "botos", dauphins roses ( que nous avons entr'aperçus sur l'Amazone) et des "tucuxis", dauphins bleus ( les dauphins classiques) autour desquels sont nées de nombreuses légendes et s'organisent des fêtes très prisées.




Nous y sommes restés deux jours, avons repris quelques photos de ce lieu vraiment particulier au coucher du soleil ...






... puis avons repris un de ces énormes bateaux pour aller jusqu’à Manaus. Le nôtre s'appelait le San Marino III. Il n'était pas plus confortable que le Rondonia! Eh oui, nous vieillissons et devenons bien difficiles!




A part aux escales où règne une grande animation dans le bateau et sur le quai, ce fut le même inconfort et le même ennui que pour le trajet Belem-Santarem. Nous nous sommes plus particulièrement intéressés aux bateaux très divers qui naviguent inlassablement sur ces eaux, dans un sens plus dans l'autre.





Quelques milles avant l’arrivée à Manaus notre intérêt s'est réveillé avec ce qu’ils appellent ici « la rencontre des eaux », c’est -à-dire l’endroit où le Rio Negro ( sur lequel se trouve Manaus) se jette dans le Solimoes. Les deux réunis forment l’Amazone. Du fait de la différence de flux, de température et de densité de ces deux rivières leurs eaux, noires pour le Rio Negro (!) et café au lait pour le Solimoes,  ne se mélangent pas et coulent côte à côte sur une quinzaine de kilomètres avant éventuellement de se fondre l’une dans l’autre. C’est très spectaculaire!







Ceci dit, si c’était à refaire nous ferions Santarem-Manaus en avion car on peut aussi voir la rencontre des eaux en prenant un petit bateau depuis Manaus.


Arrivée à Manaus

Nous avons passé quatre jours à Manaus. C’est une ville encore plus peuplée que Belem avec 1800 000 habitants environ qui connut la gloire à la fin du XIXème, début du XXème siècles avec le boum du caoutchouc avant de retomber dans l’oubli quelques décennies plus tard. 
Nous étions logés dans un hôtel assez moderne tout près de la place Saint Sébastien, celle où se trouve l’opéra. 
C’est là que nous nous sommes  rendu le premier matin. La place est assez petite et l’opéra, gigantesque, la remplit presque tout entier, ce qui ne le met pas en valeur. Il y a juste la place pour une petite fontaine représentant les quatre continents. C’est qu’il fallait montrer, comme à Belem, l’opulence de la ville suite à l’exploitation du latex ( découvert depuis très longtemps par les indiens!). L’opéra  ou «  Teatro Amazonas »  a été inauguré en 1896… et a fermé en 1925 suite à la chute du caoutchouc amazonien, concurrencé par celui de Ceylan et de Malaisie produit de façon beaucoup plus systématique et rentable par les britanniques. Rénové entre 1987 et 1990 l’opéra a retrouvé sa splendeur d’antan et l’orchestre philharmonique local, excellent paraît-il, y donne des concerts une à deux fois par semaine. Nous étions en janvier et, comme à Belem, ils n’en donnaient pas ce mois-là!  La visite laisse le visiteur pantois devant tant de luxe. Comme pour celui de Belem rien n’était trop beau pour cet opéra et tous les éléments de la construction et de la décoration ont été acheminés d’Europe par bateau.







L'intérieur...













Nous avons pu visiter une ancienne loge ...




Quelques jolies demeures autour de la place de l'opéra...




D’autres signes du « rubber boom » se manifestent dans les somptueuses demeures disséminées ici et là dans la ville, comme le Centre Culturel Palacio Rio Negro, bâti en 1903 par un allemand, un des barons du caoutchouc ruiné comme tant d’autres deux décennies plus tard. Malheureusement pour nous, encore une fois, nous n’avons pu le visiter, l’endroit ayant été loué par des particuliers pour une fête. 




Nous avons visité un musée qui ne payaitt pas de mine mais qui présentait quelques beaux objets amérindiens...







Nous nous sommes baladé dans la ville, avons bien aimé la place Heliodoro Balbi et son joli parc...





... le port toujours très animé et d’où l’on a une superbe vue sur le Pont Rio Negro  ...





... et le marché municipal Adolpho Lisboa dont l’élégante structure métallique Art Nouveau a été magnifiquement restaurée. 








Nous avions, par l’intermédiaire de Amazon Star réservé trois jours et deux nuits au Malocas Lodge, un lodge en pleine forêt amazonienne. En théorie nous devions passer la première nuit dans le lodge et la deuxième en hamac dans la forêt. Au programme nous devions faire des balades dans la forêt, la deuxième suffisamment loin pour dormir dans le coeur de la forêt, aller à la pêche aux piranhas, voir un magnifique coucher de soleil, etc… 
Nous en sommes revenus très déçus! D’abord il a fallu faire une bonne heure de route dans une camionnette en très mauvais état et très sale. Le propriétaire de ce lodge est un français, un certain Bruno je crois, qui ne s’en occupe pour ainsi dire pas. Ainsi, quand il nous a pris à l’hôtel il n’avait pas encore fait les courses pour le lodge et nous nous sommes arrêtés dans un marché par ailleurs, et heureusement, intéressant. 





Il nous a fait attendre une bonne heure à l’embarcadère sans raison apparente,  puis nous avons fait deux heures et demie dans une barque très inconfortable ( les dossiers sont des barres métalliques qui vous tapent le dos à tout instant). 










Arrivée au lodge une quinzaine de mètres au dessus du niveau de l'eau...








Si son lodge tourne à peu près, c’est parce que Bruno a un personnel fidèle et très gentil, des caboclos et des indiens du coin, en particulier le guide qui connaît bien la forêt amazonienne...


et la cuisinière qui est excellente et vous fait oublier le reste. ..




Ce que nous ignorions c’est que les eaux des rivières de cette partie de l’Amazone étaient acides, donc il y avait peu de poissons donc peu d’oiseaux (mais aussi, et pour cause, pas de moustiques, ce dont nous ne nous sommes pas plaints!). Il aurait mieux valu un lodge dans une autre zone, encore fallait-il le savoir, l’agence ne nous en a jamais parlé.

En janvier 2016 l’Amazone, comme le Nordeste, n’avait pas reçu de pluie depuis plusieurs années : les rivières étaient au plus bas, les forêts étaient clairsemées, les arbres dont beaucoup étaient morts, souffraient de la chaleur. Ce n’était pas la forêt amazonienne que nous imaginions! Le guide, gentil et qui connaissait bien sa forêt, nous a emmenés faire deux balades d’une heure et demie, deux heures au plus, comme il était censé faire j’imagine. Comme il avait un bec de lièvre nous avions bien du mal à comprendre ses explications sur les diverses plantes rencontrées. Nous avons entendu quelques oiseaux mais vu très peu. 










Aucun autre animal en dehors d’une grosse migale qu’il nous a sortie de son trou, que nous avons pu voir de très près et sous tous les angles et qu’il a consciencieusement remise au fond de son trou jusqu’à son prochain passage!





Un soir, un autre gars nous a emmenés en bateau jusqu’à une petite plage d’où on a un beau coucher de soleil. Honnêtement il était des plus ordinaires.




Quant à la partie de pêche aux piranhas il nous a paru évident qu’il savait dès le départ qu’il n’y avait pas un poisson là et que nous n’attraperions rien avec ses petites lignes en bambou pour enfants!
Quant à la nuit en forêt dans un hamac il s’agissait d’un petit camp au bord de la rivière à 500m du lodge! Nous avons décliné! Ce n’était pas du tout ce que nous avions espéré! 
Nous avons eu l’impression d’avoir été victimes d’une arnaque d’autant plus que c’était assez cher. Mais, en y réfléchissant bien, pour qui n’est jamais allé dans une forêt primaire, qui n’a jamais dormi dans un hamac en pleine nature, qui n’a jamais remonté de rivière dans un meilleur confort, ce devait être bien. D’ailleurs les deux filles qui ont fait les balades avec nous ne se plaignaient pas…




Voilà ce que c’est que d’avoir beaucoup voyagé! Je crois aussi que la sécheresse qui sévit dans cette zone de l’Amérique du sud depuis quelques années y est pour quelque chose! 

Cette remontée de l’Amazone de Belem à Manaus en 19 jours nous aura quand même beaucoup intéressés même si cela n’a pas été ce que nous attendions. 

Le 20 janvier 2016 nous étions de retour à la marina où nous attendait sagement YOVO. Maintenant il ne nous restait plus qu’à attendre Carnaval pour mettre de nouveau les voiles.




Ceci est notre avant-dernier article uniquement sur le Brésil. 
Le prochain et dernier sera entre autres sur le carnaval d'Olinda ( de jour) et de Recife ( de nuit).



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