dimanche 4 janvier 2015

LA REUNION - PREMIERE PARTIE

Du 12 septembre au 11 octobre 2014

La traversée de Maurice à la Réunion a été une traversée de rêve : 24 heures à peine, mer calme, vent clément mais efficace, grand soleil, rencontre d'une grande baleine à bosse à une centaine de mètres sur notre bâbord. Elle sortait à peine la tête et tout ce que j'ai pu photographier est le panache d'eau qu'elle projette de son évent! Un beau souvenir quand même...


A mi-chemin nous avons vu en même temps, chose assez rare, Maurice sur notre arrière et la Réunion droit devant nous.





Si la manille qui retenait le génois s'est détachée et qu'il s'est affalé moitié sur Yovo moitié à l'eau la mer était si calme que nous avons pu le ramener à bord. François seul en fait car je dormais et qu'il ne m'a pas réveillée! Il a eu besoin de moi pour le monter au mât afin de récupérer la drisse. Le bateau balançait un peu quand même et le pauvre François n'était pas bien fier. Ensuite nous avons pu fixer une nouvelle manille et renvoyer le génois sans  problèmes. Cela nous a pris une heure mais le bateau a continué d'avancer sous grand voile et nous avons finalement perdu peu de temps. 

Important car plus nous arriverions tôt le matin à Saint-Pierre et plus la passe serait calme et facile à gérer. Si nous avons eu 12 noeuds de vent à partir du sud de Maurice jusque devant Saint-Joseph, le vent est ensuite monté régulièrement jusqu'à plus de 25 noeuds devant Saint-Pierre! Nous avons franchi la passe et sommes entrés dans le port de Saint-Pierre sans problème mais le bouillonnement entre les récifs de part et d’autre de la passe était néanmoins impressionnant!







Avant toute chose il nous faut expliquer que nous connaissions déjà très bien la Réunion car nous y avions vécu 6 ans entre 1980 et 1986 et que nous y étions déjà retournés trois fois dont une ( en 2007)  quand notre fils Paul et sa compagne Adeline y ont, de 2005 à 2009, travaillé  à la construction de la Route des Tamarins, une magnifique 4 voies dans les hauts de l'île entre Saint-Paul et Saint-Louis. Nous habitions Le Tampon, une ville située sur le flanc de l'île, à 600m d'altitude, à huit kilomètres de Saint-Pierre sur la route qui mène au volcan. Nous y avions d'ailleurs passé une semaine début juin avec Geneviève et François, nos anciens co-navigateurs, et avions habité à quelques centaines de mètres de notre ancienne maison, dans la villa que Roselyne et Bernard Fournier, en vacances en France, nous avaient très gentiment prêtée.
Pour nous, revenir à Saint-Pierre avec notre voilier était un moment important de notre voyage. 

Nous sommes donc arrivés à la Réunion à 9h 30 après 25h de navigation. Jean-Pierre et Armelle de ALIBI, dont le bateau était à Saint-Pierre depuis fin juin et qui étaient arrivés de métropole deux jours avant nous, nous ont pris les amarres. Les BEPCI étaient là aussi. Bernard et Roselyne sont venus nous voir et nous avons pris le café sur Yovo. L’après-midi Bernard a gentiment proposé de nous emmener à Saint-Leu chercher la voiture que Bernard Bost nous a prêtée pour la durée de notre séjour, ce dont nous lui sommes très reconnaissants! 

Dès le lendemain nous avons pris contact avec les divers amis que nous avons à la Réunion. Les seuls que n’ayons pas vus sont les Law-Lee, les Lelièvre et les Taland et nous nous en voulons de ne pas nous être débrouillés pour les voir. 
Nous nous sommes aussi rapidement renseignés d’une part pour faire changer la bande anti-UV du génois et pour faire revoir notre radar pourtant réparé à Singapour mais qui ne fonctionnait toujours pas bien. Impossible de régler ces deux problèmes à Saint-Pierre, c’est à la Pointe des Galets qu’il a fallu aller. 
Enfin nous sommes allés au très beau syndicat d’initiative de Saint-Pierre qui donne sur le port. Le personnel y est très accueillant et ils nous ont donné de nombreuses brochures, cartes et conseils. 

Une des premières personnes que nous sommes allés revoir fut Yolande Vitry, la « nénenne » de Paul et surtout de Charles, né à la Réunion neuf mois après notre arrivée. Nous l’avons invitée à venir dîner sur Yovo avec Aimé, son compagnon, et son fils Philippe, sa femme et ses deux petits garçons mais elle a  insisté pour apporter un plat réunionnais de notre choix. Nous avons opté pour un grand classique, un « cari poulet » avec le poulet et le riz blanc bien sûr, des grains ( ici des lentilles), des brèdes chouchou, celles que nous préférons, et l'indispensable rougail, un rougail tomate pour l'occasion!  Soirée très sympa!






Dès le deuxième jour nous avons voulu montrer à Armelle et Jean-Pierre d'ALIBI la vue sur le cirque de Cilaos que l’on a depuis La Fenêtre des Makes



On peut voir l'Îlet à Cordes à gauche et la ville de Cilaos au centre. Un ciel sans un nuage mais une légère brume bleutée et le soleil de face ne nous ont pas permis de faire des photos bien nettes, exactement comme lorsque nous y sommes allés avec Geneviève et François. Le site reste d’une beauté à couper le souffle. 






Des panneaux très clairs expliquent la formation des cirques de la Réunion.




Avant de rentrer au port, balade dans les Hauts d’Etang-Salé d’où la vue sur la côte est très étendue. 


Vue sur Saint-Louis et Saint-Pierre depuis les hauts d'Etang-Salé
Sur le bord des routes il est très fréquent de trouver de petits oratoires dédiés le plus souvent à Saint-Expédit, un commandant romain d'Arménie converti au christianisme et décapité pour cette raison en 303 avant JC par l'empereur Dioclétien. On peut se demander pourquoi les gens lui sont si dévoués à la Réunion!


Le long des routes aussi de nombreux bosquets de bambous où les oiseaux tisserins construisent leurs étonnants nids : si l'extérieur présente un entrelacs assez désordonné de fines lanières en feuilles de bambou l'intérieur est d'une symétrie et d'une régularité étonnantes; les mâles construisent trois ou quatre nids, la femelle choisit celui qui lui plait le plus et le mâle le fignole et le tapisse de duvet. J'en avais trouvé quatre très beaux, tombés à terre, mais un chat de la marina est entré dans le bateau, les a trouvés et m'en a fait de la charpie!  



Nous nous sommes arrêtés à la plage d’Etang-Salé où  nous nous sommes brûlé les pieds sur le sable noir chauffé par le soleil. Le lagon d’Etang-Salé n’est pas fermé et les requins peuvent y pénétrer, néanmoins quelques nageurs hardis s’y baignaient malgré les panneaux dissuasifs.




Après avoir réglé les problèmes de génois, radar, courses etc… nous nous sommes posés pour organiser notre découverte de l’île : réservation de gîtes, que voir et quand, etc…

Nous avons commencé par la visite de Saint-Denis avec Armelle et Jean-Pierre. 



Nous avons suivi le trajet proposé par le Lonely Planet qui commence par le Barachois où débarquaient les  passagers et les marchandises dans le « tan lontan » et l’Hôtel de la Préfecture construit en pierre de lave.




Nous avons retrouvé ici ces appareils qui permettent aux gens d'avoir une petite activité physique que l'on voyait dans tous les parcs en Asie du Sud-est



Nous avons ensuite monté la rue de la Victoire et dans son prolongement la rue de Paris. 



De là nous avons fait des incursions dans quelques rues transversales, pour admirer d’autres bâtiments administratifs et commerciaux datant de l’époque coloniale et les belles demeures de ville de type créole comme la maison Deramond-Barre où ont résidé le poète réunionnais Léon Dierx et Raymond Barre et la maison Carrère que nous avons visitée. 

La cathédrale




L'Hôtel de Ville








Les magnifiques anciens magasins Aubinais





Le musée Léon Dierx
Ces maisons avaient des "varangues" totalement ouvertes, protégées de stores ou complètement fermées. C'étaient des sortes de vérandas sur la façade principale des maisons, des lieux d'accueil et de détente très importants dans la société réunionnaise.
La maison Deramond-Barre




La maison Carrère : interdit de prendre des photos de l'intérieur. Il y avait une très intéressante exposition sur la place des "nénennes "dans la société réunionnaise.


Nous avons marché jusqu’au bout de la rue Roland Garros pour voir la maison Ponama dont la façade toute en dentelle de bois a dû être une splendeur du temps où la reine en exil Ranavalo III y résidait à la fin du XIXème siècle. Dans un état de délabrement avancé cette maison risque de disparaître sous peu.





Nous avons terminé par la visite du Jardin de l’Etat qui nous a bien déçus car en dehors de quelques arbres de bel âge et de grande taille il n’offre rien d’exceptionnel. Les nénuphars du premier bassin étaient  souffreteux et le jardin était en général peu fleuri. 







Un autre jour a été consacré au tour de l'île.
Nous avions déjà "fait" la partie Saint-Denis / Saint-Pierre en allant à la Pointe des Galets et à Saint-Denis même. 
Nous étions allés voir le joli port de Saint-Gilles et la plage de l'Ermitage où nous étions allés si souvent le dimanche avec nos enfants.








Nous avons aussi jeté un coup d'oeil à Saint-Leu et nous sommes arrêtés pour voir le célèbre souffleur de cette partie de la côte...





Ce que nous n'avions pas encore vu était la côte sud et la côte est et nous avons donc consacré une journée à la partie Saint-Pierre / Saint-Benoît.


Nous étions en septembre et les jardins n’étaient pas aussi fleuris qu’ils le seraient quelques mois plus tard mais nous avons quand même refait cette route avec un grand plaisir. Arrêts divers, 
à Grande Anse... 




Manapany-les-Bains...





Langevin ...
où nous avons assisté au déchargement d'un "cachalot", ces énormes camions qui transportent la canne des champs aux centres de pesage.





puis Marine Langevin où, quand la mer est très forte ( ce qui n'était pas le cas les deux fois où nous y sommes allés, d'abord avec les ULTREÏA puis avec les ALIBI), les vagues se jettent sur les falaises de lave en projetant des embruns à une dizaine de mètres de hauteur...






Cap Méchant...
qui peut l'être vraiment mais ne l'était pas du tout ce jour-là!




Voici ce que cela donne quand la mer est démontée ( photo prêtée par Geneviève et François)...


Depuis plus de trente ans, qu'il pleuve ou qu'il vente, la dame au parapluie de la photo  ( à la Réunion on dit "parasol") suit les touristes jusqu'à leur voiture et leur assène, à toute vitesse sur un ton monocorde à peine compréhensible, le même éternel discours sur Jésus notre sauveur. Quelle constance!



Bien que nous y soyons souvent allés le « Grand brûlé » nous a encore impressionnés. On donne ce nom à la portion du littoral qui va du rempart du Tremblet au rempart de Bois-blanc et où le volcan déverse ses coulées de lave depuis des siècles, certaines allant jusqu’à traverser la route qui fait le tour de l’île avant de se jeter dans la mer, agrandissant ainsi le territoire de l’île de façon parfois significative comme en 2002... Nous avons pu voir celle de 2007 qui a coupé la route : nous venions d'arriver à la Réunion en visite chez notre fils Paul quand l'éruption a eu lieu!




La vie reprend : voici les premières plantes et lichens qui poussent sur la lave quelques années après une éruption.


Au sortir du Grand Brûlé l'Anse des Cascades...



Arrêt bien sûr à Piton Sainte-Rose, à l’église où - miracle - lors de l’éruption de 1977 s’est arrêtée la coulée de lave...




Les vitraux représentent bien sûr la lave descendant des flancs du volcan...


Nous avons cherché en vain la statue de la Vierge au Parasol, autrefois dans un virage au bord de la route, pour apprendre qu’elle avait été, selon les uns vandalisée, selon les autres victime de son âge et des éléments. Il est envisagé de la reconstruire.

Dernier arrêt à la jolie petite marine de Sainte Rose...




Nous avions ce jour-là aussi l’intention de nous arrêter à la plantation de vanille Roulof mais nous n’y étions pas à 16h, heure de la dernière visite guidée.  Il faut dire que nous avions pris notre temps pour tout bien voir, prendre des photos, discuter avec les gens … et aussi déjeuner! Nous sommes rentrés assez vite à Saint-Pierre en passant par Saint-Denis et la Pointe des Galets / Le Port... où nous devions récupérer notre génois muni de sa nouvelle bande anti UV.


Le lendemain nous sommes montés à Piton Maïdo d’où l’on a une vue extraordinaire sur le Cirque de Mafate. 




Sur la gauche nous avons regardé avec d’autant plus d’intérêt la partie que nous allions découvrir à pied quelques jours plus tard, Aurère, l’Îlet à Malheur, etc.…







En redescendant, nous nous sommes arrêtés à la Maison du Géranium. Autrefois la Réunion fournissait 40% de l'essence de géranium au monde, maintenant ce n'est plus que 2% d'où le fait que nous ayons cherché en vain les champs de géranium et les alambics que l’on voyait il y a trente ans un peu partout dans les hauts! 




La fleur est très modeste ce sont les feuilles que l'ont fait étuver.




Nous étions montés à Piton Maïdo un vendredi, nous en avons profité pour nous arrêter au marché de Saint-Paul.  Comme celui de Saint-Pierre il est très vivant et coloré. Armelle et moi avons passé un bon moment à discuter avec le vendeur de plantes médicinales et autres, un rasta bien sympa et drôle. 


Nous avions déjà fait beaucoup de choses mais il nous restait les "gros morceaux" à savoir, l'ascension du Piton de la Fournaise, un trek de deux jours dans le cirque de Mafate, le cirque de Salazie et celui de Cilaos. J'en parlerai dans un deuxième article sur la Réunion, ne serait-ce que pour vous permettre de vous reposer de votre lecture! 

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