jeudi 24 mars 2011

Nouvelle Zélande : La traversée depuis les Tonga et l'Ile Nord / Première partie : Whangarei - Cap Reinga - Whangarei

LA TRAVERSEE DES TONGA A LA NOUVELLE-ZELANDE ( Cette partie s’adresse davantage à ceux qui s’intéressent à la navigation. Si ce n'est pas votre cas, passez à la partie suivante)

Cette traversée de 1100 milles (environ 2000 km) est assez redoutée de la plupart des navigateurs car elle leur fait quitter les tropiques et leur doux climat pour aller côtoyer les fameux quarantièmes degrés sud dits rugissants et leur météo beaucoup plus aléatoire. Les dépressions venant de l’ouest et traversant la mer de Tasmanie qui sépare le sud de l’Australie de la Nouvelle Zélande peuvent secouer assez durement un voilier. Il convient donc d’attendre la bonne époque pour traverser, c’est-à-dire à partir de la fin novembre, mais aussi une fenêtre météo favorable sur une dizaine de jours, ce qui n’est pas très facile. Heureusement, nous disposons de fichiers météo assez précis: fichiers gribs qui indiquent force et direction des vents et cartes isobariques qui montrent les hautes et basses pressions dans la zone. Avec un peu d’habitude, en comparant les différents renseignements, on peut se faire une assez bonne idée de la situation. Et puis, il y a le bulletin hebdomadaire de Bob Mac Davitt, un météorologue néo-zélandais très connu, qui indique les bonnes fenêtres météos pour traverser : son aide a été plus que précieuse et ses prévisions très justes. Nous avons effectué ce trajet en sept jours à la moyenne de 5.95 nœuds avec une mer et un vent tout à fait agréables. Cela a été une de nos meilleures traversées, effectuée sous des allures confortables. Pour ne pas lasser nos fidèles lecteurs, je vais résumer brièvement. Nous sommes partis de Tonga, toujours en compagnie de Sundance et d’Ultreïa, le matin du 17 novembre. Pendant les trois premiers jours nous avons eu un vent d’est entre 15 et 20 nœuds, c’est-à-dire du vent travers avant, donc allure assez confortable, un peu gîtée, avec une mer assez facile.



Le 20 novembre, à 22 heures, passage du méridien 180 c’est-à-dire de l’ouest à l’est. Comme nous étions passés de l’est à l’ouest avant Gibraltar, nous avons donc effectué le demi tour du monde.

































Le 21, le vent a commencé une rotation prévue par la météo : ENE, puis N, NW, W, S, en restant très modéré aux alentours de 15/20 nœuds, pour s’établir le 23, sixième jour de traversée, au SE. Nous avions pu anticiper ce changement et faire une route plus sud que prévue, ce qui nous a permis de faire un cap direct sur Whangarei où nous avions choisi d’atterrir. La dernière nuit, le vent est complètement tombé, donc route au moteur, avant de passer à l’ouest, face à notre cap juste avant notre arrivée dans la rivière de Whangarei.

Une centaine de milles avant l'arrivée, nous avons vu nos premiers albatros.



Sundance nous a distancés pour arriver plus au nord à Opua une douzaine d’heures avant nous. Ultreïa qui a eu des problèmes de génois et aussi de moteur est arrivé un peu plus tard avec le vent d’ouest de face. Nous avons effectué les formalités d’entrée à Marsden Cove à l’entrée de la rivière de Whangarei. On nous avait beaucoup parlé de la sévérité des officiels néo-zélandais. En fait, ils ont été charmants. Comme nous avions faxé les documents requis depuis les Tonga, tout a été très vite avec le douanier. Nous avons parlé de façon amicale, en particulier sur le vin de Nouvelle-Zélande. Il nous a conseillé celui de la région de Marlborough, et le lendemain, lors des formalités à bord d’Ultreïa, il leur a donné une bouteille de vin blanc pour eux et pour nous! La jeune employée du « Biodiversity Department » a elle aussi été charmante. Elle nous a confisqué les quelques fruits frais qui nous restaient, des haricots secs (que l’on pourrait faire pousser), mais nous a laissé les lentilles du bord… Les vanneries que Francine avait passées à l’insecticide ont été acceptées, le tout dans la bonne humeur et toujours en nous souhaitant un agréable séjour.


Le lendemain, nous avons remonté la rivière jusqu’à Whangarei où Yovo a été mis à sec avec beaucoup de professionnalisme le 2 décembre à Riverside Drive Marina.




































L'ÎLE NORD - PREMIERE PARTIE : WHANGAREI - CAP REINGA - WHANGAREI


Quelques jours après notre retour de France où nous avions passé deux mois entre mi-décembre et mi-février nous sommes partis à la découverte de la Nouvelle Zélande en camping-car. Un camping-car loué à prix d’or bien qu’assez basique mais comportant néanmoins toilettes et douche car notre intention était de faire le plus possible de camping sauvage. Voici quelques photos de l’aménagement intérieur :





La Nouvelle Zélande se situe au sud-est de l'Australie et se compose de deux îles toutes en longueur orientées Nord-Est Sud-ouest et séparées par le détroit de Cook, l’Ile Nord et L’Ile Sud, des noms pas très originaux mais clairs! Elle se situe entre le 34° Sud et le 47° Sud. Sa superficie est d’environ la moitié de cellede la France et sa population n’est que de 4 400 000 habitants.




Partis de la marina de Whangarei (prononcer Fangarei) le vendredi 11 février 2011 nous avions cinq semaines pour visiter la Nouvelle Zélande. Nous avons commencé par l’extrême nord de l’Ile Nord, pas très éloigné de Whangarei, pour voir entre autres l’endroit où l’Océan Pacifique et la Mer de Tasmanie se rejoignent au Cap Reinga et sommes montés par la côte est.


Voici le trajet que nous avons effectué les premiers jours du voyage : Whangarei - Cap Reinga - Whangarei


Partis de Whangarei le vendredi 11 février 2011 nous avions cinq semaines pour visiter la Nouvelle Zélande. Nous avons commencé par l’extrême nord de l’Ile Nord, pas très éloigné de Whangarei, pour voir entre autres l’endroit où l’Océan Pacifique et la Mer de Tasmanie se rejoignent au Cap Reinga et sommes montés par la côte est.

Voici le trajet que nous avons suivi :


Avant d’arriver à la péninsule nord nous avons traversé une campagne vallonnée alternant pâturages, forêt primaire, magnifique par la dimension et la diversité des arbres, rappelant parfois le haut maquis corse, et forêts plantées, des forêts de conifères en général.





































L’exploitation forestière, massive dans le passé, en particulier celle des impressionnants « kauris », a laissé de grands vides dans le paysage. L’Accord de Tasman de 1989 qui dorénavant contrôle l’exploitation forestière et protège les forêts fut le résultat de la prise de conscience des Néo-Zélandais de la perte de ce patrimoine unique, un superbe camaïeu de verts que nous avons eu la chance de voir souvent sous le soleil.


Partout beaucoup de vaches et de moutons, tantôt très à l’aise dans de très vastes pâturages, tantôt regroupés( pour les compter ? les soigner ? les tondre en ce qui concerne les moutons ? …) dans un espace très restreint. Nous avons aussi vu des élevages de superbes chevaux, de cerfs et de biches, de lamas et d’alpagas.



La vigne et la culture d’arbres fruitiers protégés des assauts du vent par de hautes et longues haies d’arbres, de véritables murs parfois, complètent l’économie agricole de la région.




La côte offre de beaux paysages de bras de mer s’insinuant dans les terres comme à Ngunguru et Matapoui et de grandes plages de sable fin entre deux promontoires rocheux.


En route nous n’avons pas manqué d’aller jeter un coup d’œil, à Kawakawa, aux toilettes publiques décorées par le célèbre architecte autrichien F. Hundertwasser, où la brique, la poterie, le carrelage et le verre ( sous forme de bouteilles de toutes couleurs) s’allient pour créer un espace étonnant et gai.





La Baie des Iles commence juste après avec les villes de Opua, Paihia et Russel. A Paihia, ville balnéaire très appréciée des néo-zélandais, la seule chose vraiment intéressante selon nous est le site où fut signé le Traité de Waitangi en 1840, le plus important document de l’histoire du pays, par lequel les Maoris ont accepté de dépendre de la couronne britannique et qui définissait les droits et devoirs des maoris et des anglais. Un traité peu respecté par les anglais entraînant des heurts sanglants entre les deux partis dès 1845 et une amertume toujours ressentie par nombre de Maoris qui ont en fait ni plus ni moins été spoliés de leurs terres.




Le domaine


La résidence du gouverneur, bien modeste, où fut signé le traité.


Le "Whare ( Prononcer Fare) runanga" ou salle de réunion maori construit en 1940 pour célébrer le centenaire du traité.


L'intérieur du Whare runanga décoré par toutes les tribus maori de Nouvelle Zélande


Aucun panneau, aucune sculpure n'est semblable


Un petit saut en ferry jusqu’à Russel de l’autre côté de la Baie des Iles nous a permis de découvrir une ville bien différente de celle de ses débuts. Premier établissement européens en NZ Russel est rapidement devenu un lieu de violence et de débauche. Maintenant c’ est une zone résidentielle avec de très jolies maisons de bois, bars et restaurants le long d’un front de mer arboré et fleuri.



Un petit tour à l’intéressant musée local et une belle balade jusqu’à Maiki, la colline où Hone Heke, le valeureux chef Maori, a abattu par quatre fois le mât portant le drapeau britannique. La quatrième fois en 1845ce geste symbolique a donné le signal du début de la guerre contre les anglais. De là on a une vue de 360° sur la baie et les îles environnantes et Russel bien sûr.



En montant vers le Cap Reinga nous nous sommes arrêtés visiter la zone où, de 1870 à 1920, des « chercheurs de résine » creusaient le sol à la recherche des précieuses boules de résine produites par les « kauris » pour panser les blessures occasionnées par leur chute brutale il y a 50 000 ans pour une raison encore inconnue. Cette résine dont on faisait des vernis et des bases de peinture etc… était à l’époque très recherchée et attirait des chercheurs du monde entier. Ceux-ci pouvaient rapidement faire fortune comme avec l’or dans d’autres parties du monde. Leur vie était d’ailleurs aussi difficile que celle des chercheurs d’or que nous connaissons mieux. Il leur fallait creuser deux à trois mètres de terre et de boue à la recherche des précieux troncs porteur de résine.







Ici on voit très bien le tronc dégagé par les chercheurs


Photo datant du XIXème siècle montrant l des chercheurs de résine creusant à la recherche des trons de kauris enfouis dans une mare de boue!



Avant d’aller au Cap Reinga nous sommes allés camper sur une autre pointe plus à l’est, dans un endroit très sauvage comme pour tous les campings du DOC (Department of Conservation) où nous avons campé et où nous avons rencontré Adam, un jeune (21 ans) et sympathique anglais originaire de Grimsby, avec qui nous avons partagé les trois jours suivants. Adam voyage ultra léger, une toute petite tente, une bouteille d’eau, une cuiller, un change de vêtements, de quoi manger le lendemain et c’est tout ! Mais c’est un géant et un costaud!





Avec lui donc nous avons visité le Cap Reinga, le point le plus au nord de la NZ (ou presque : ce serait en fait le Cap Nord) et d’une grande beauté : c’est là que l’Océan Pacifique et la Mer de Tasman se rencontrent créant d’importants brassages assez fascinants. Un phare domine l’endroit.








































Nous sommes revenus par la côte ouest. Quelques dizaines de kms au sud du Cap Reinga nous nous sommes amusés dans les dunes Te Paki avec des luges prêtées par un maori ami d’Adam rencontré par hasard sur place ( il possède une ferme mais travaille aussi comme guide )
































































Un peu plus loin nous sommes allés jeter un coup d’œil à la « Ninety Mile Beach » (= la Plage de 90 miles/ 150kms) que les 4x4 peuvent emprunter de bout en bout. Cela nous aurait bien plu mais notre type de véhicule et notre assurance ne nous y autorisaient pas ! Une plage de sable non seulement étendue mais aussi très large. La côte ouest en compte de très nombreuses.






















Avant de revenir à Whangarei où nous voulions voir où en étaient les travaux sur le bateau et dire bonjour à nos amis d’Ultréïa nous avons visité la forêt de Waipoua et ses gigantesques « kauris » centenaires, en particulier « Tane Mahuta ( le Dieu de la Forêt pour les Maoris) », le kauri le plus haut de toute la NZ, 51m, et « Te Matua Ngahere ( le Père de la Forêt) », moins haut, seulement 30m, mais 16.4m de circonférence contre 13.8O seulement pour Tane Mahuta. Très majestueux et impressionnants tous les deux !
























Les kauris sont peu nombreux de nos jours et fragiles et ils sont hyper protégés : ainsi il faut laver la semelle de ses chaussures dans une solution désinfectante avant d’emprunter les chemins balisés y menant.


















Les"Quatre soeurs" et " Tane Mahuta"















"Te Matua Ngahere" à gauche et ci-dessous



Photos montrant le transport et le tronçonnage des kauris à la fin du XIXème siècle






Nous avons profité du fait que nous étions en camping-car pour aller aux belles chutes Whangarei (26m de hauteur) à quelques kms au nord de la ville. Le lundi 14 au nous étions de retour à Whangarei où nous avons juste passé la nuit.






Suite du voyage ( Whangarei - Wellington) dans le prochain article!



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