jeudi 14 novembre 2013

LE MYANMAR OU LA BIRMANIE - DEUXIEME PARTIE : Bagan et le Mont Popa

DE MANDALAY A BAGAN

Le 25 janvier, nous avons pris un bateau sur l’Irrawady pour aller à Bagan : un voyage fort agréable de 11 heures. C'est au niveau de Sagain, visité quelques jours auparavant depuis Mandalay, que la vue a été la plus belle. 




Ensuite le paysage était plus monotone mais l'intense activité sur le fleuve et dans une moindre mesure sur les rives cultivées nous ont tenus occupés tout le long de la descente de la rivière.


En janvier et février, l'Irrawaddy est très peu profond,  deux marins sondaient donc très régulièrement les fonds et le bateau faisait du gymkhana entre les bancs de sable...



 

 

 
La déforestation est intense : l'économie de cette région tourne autour de l'exploitation du bois, du teck en particulier...











Tout le long du fleuve les berges couvertes de limon sont cultivées jusqu'à  la prochaine crue...
 







L'arrivée à Bagan au soleil couchant a été la cerise sur le gâteau.



BAGAN


Le lendemain, 26 janvier nous avons commencé la visite de Bagan.
Entre le XIème et le XIIIème siècles, 4000 pagodes, temples et stûpas ont été construits à Bagan même et autour de la ville. Il n’en reste " plus que " 2200 aujourd’hui, ce qui veut dire que toute l’immense plaine autour de la petite ville est parsemée de monuments en brique plus ou moins importants. C’est un spectacle extraordinaire, en particulier au soleil couchant du haut de la pagode Shwesandaw, malheureusement bondée en fin de journée.
Comme la plupart des touristes, nous avons loué des vélos pour parcourir la ville et ses environs.

Nous avons eu la chance d’être là pour une grande fête religieuse au temple d’Ananda, le plus grand de la région. Des foules de gens s'y dirigeaient qui à pied, qui à vélo, qui en camionnette...




Tout autour du temple  s'est installé un marché où se vendent les choses les plus hétéroclites...






L'entrée de la pagode...


Avant d'accéder à la cour du temple on emprunte un passage où de petits vendeurs proposent leurs marchandises. Certains d'entre eux vendaient le bois que l'on frotte sur une pierre pour obtenir la crème jaune pâle que les femmes se mettent sur les joues en y dessinant des motifs.



Sur la partie supérieure des murs du passage une dizaine de peintures représentaient avec grand réalisme ce que nous avons pensé être l'enfer vu par les bouddhistes. Une seule montrait ce que pouvait être le paradis.




La pagode et son" hti" en épi...



Autour de la pagode se pressaient des  milliers de fidèles...



Il faut dire que tout Birman doit effectuer une voire deux périodes en tant que moine au cours de sa vie, allant de quelques mois à un ou deux ans.  Tout parent se doit de faire effectuer cette retraite à ses enfants au risque de passer pour un parent indigne. Ceci concerne essentiellement les garçons et dans une moindre mesure les filles car il ne semble pas qu’il y ait la même obligation morale pour elles. On voit, quand même, beaucoup de nonnettes revêtues d’une toge rose. C’est pourquoi on voit beaucoup d’adolescents et d'enfants parfois très jeunes revêtus de la bure rouge sombre. Moines et nonnettes doivent mendier leur nourriture, ce qui n’est apparemment pas trop difficile car tout le monde leur donne à manger. Il y a aussi, bien sûr, des moines qui ont opté pour la vie religieuse  mais, là encore, tous ne semblent pas refléter une grande piété.

Le jour de cette fête, des moines de tous âges forment de très longues files et attendent patiemment et dans le calme que la distribution commence.




 




Quelques-uns regardaient les colonnes de moines en riant. Leur grand âge les exonérait-il de faire comme eux?



Pendant que les moines attendaient, les fidèles amenaient des offrandes qu'ils déposaient sur le longues tables. La vue de ces  milliers de corbeilles, coupes, seaux et autres paniers nous a sidérés!
Beaucoup d'argent, sous forme de billets présentés sur de petites baguettes, était aussi offert aux moines . Nous qui croyions qu'ils ne devaient pas accepter d'argent..!





Puis les files se sont mises en branle et nous avons vu chaque moine recevoir une corbeille contenant des fruits, des gâteaux, des bonbons, des boissons gazeuses et de l’argent donc, parfois beaucoup, et même des jouets et des jeux électroniques!



Ce ballon-éléphant faisait-il parti de la corbeille de ce moinillon  ou servait-il à faire passer la pilule de devoir être moinillon à à peine quatre ans?

A notre grande stupéfaction plusieurs femmes leur distribuaient des billets par liasses entières que les moines prenaient sans un regard ni un  merci : clairement, cette charité leur était due. Nous avons appris plus tard qu'ils ne doivent pas sourire ni remercier car ils offrent aux fidèles la possibilité de faire la charité.


Nous sommes ensuite entrés dans le temple d'Ananda lui-même. Il date du XIème siècle et est en forme de croix grecque. Chaque branche de la croix est un immense passage couvert au bout duquel se dresse un bouddha géant doré. Il y a donc quatre Bouddhas tous différents en particulier pour ce qui est du visage et de la position des mains, chaque position symbolisant un trait différent.




Sur les murs des couloirs menant d'un bouddha à l'autre de multiples niches abritaient des bouddhas de moindre taille.


 


Nous avons eu beaucoup de chance de pouvoir assister à cette fête religieuse à nulle autre pareille.

Tout près de la pagode Ananda se trouve  le temple Thatbyinnyu...



et un peu plus loin celui de Sulamani dont un bon nombre de belles peintures murales sont encore bien préservées...










 
Nous avons repris la route en direction du village de Myinkaba. En chemin il y a toujours quelque chose qui retient notre regard et nous fait sortir l'appareil photo...








  
Pour changer des pagodes nous sommes allés visiter ce premier jour un atelier de laque. Bagan est en effet également célèbre pour cet artisanat et il y a plusieurs ateliers où des ouvriers et des ouvrières, tous très jeunes, recouvrent de douze à quinze couches de laque des objets de bois ou de bambou, boîtes, coffrets, ou bien vases, de toutes tailles. Nous avons visité plusieurs ateliers. Dans tous les jeunes travaillent sous la surveillance d'un patron qui n'a pas l'air commode! En effet pas question pour eux de s'arrêter de graver ou de nous expliquer quoi que ce soit!











Ces objets sont faits en lanières de bambou façonnées et encollées puis poncés avant d'être enduits de laque.


   
 

Chaque couche doit sécher dans une cave humide pendant une semaine, la laque ne séchant pas à l’air libre. Cette laque est une résine provenant d’un arbre local.

 



Ensuite, les graveurs tracent sur la laque et à main nue, avec de pointes extrêmement fines, des motifs décoratifs très élaborés. De la poudre de pierre de couleur est alors appliquée et l'objet est à nouveau mis à sécher en cave pendant une semaine puis lavé pour que la couleur ne reste que dans les sillons du dessin. Il y a souvent quatre couleurs, rouge, vert, jaune et blanc, passées les unes après les autres dans un ordre précis avec chaque fois un nouveau motif gravé à la main et, bien sûr, une semaine de séchage par couche de couleur. Certains objets nécessitent un travail de six mois.






Un travail d’une minutie extraordinaire qui s’apprend très jeune. Nous avons vu de jeunes enfants reproduire des pages de motifs sur des cahiers avant d'être autorisé à se lancer dans la gravure de la laque. La vue des graveurs doit être très sollicitée. C’est sans doute la raison pour laquelle nous n’avons vu que de jeunes ouvriers faire ce travail…




Les objets ainsi façonnés peuvent être de très grande dimension...



 Encore plus étonnant sont les gobelets et petits vases en laque souple. Dans ce cas le support n'est pas le bois ni le bambou, trop rigides, mais des objets en vannerie extrêmement fine, en rotin ou, les plus prisées et les plus coûteuses, en crin de cheval.




Ces articles sont eux aussi laqués puis gravés et colorés comme les autres. Une fois fini, le gobelet est très léger et reste souple. Seule la Birmanie produit  des objets en laque souple.


 
Daw Aung Sang Suu Kyi est chère au coeur des Birmans qui osent, maintenant que ses relations avec la junte se sont améliorées, afficher son image dans les boutiques et ateliers.



Nous avons terminé cette première journée par une balade, toujours à vélo, jusqu'à la Pagode Shwesandaw construite en 1057 pour conserver quelques cheveux du Bouddha. C'est l'une des pagodes les plus élevées de la région. Quatre escaliers très raides mènent à son sommet d'où l'on peut admirer les innombrables pagodes qui parsèment la campagne environnante.










Nous y sommes retournés une autre fois pour y assister au coucher du soleil. Notre peine fut récompensée...






Avant de rentrer à notre hôtel nous sommes allés jeter un coup d'œil à la pagode de Bapuya , au bord de l'Irrawaddy. Sans grand intérêt en dehors de son dôme étincelant d'or au soleil couchant.





 
LE MONT POPA

Après une bonne nuit et un copieux petit déjeuner à l'hôtel Golden Express ...





une excursion en voiture d'une journée nous a amenés  le lendemain,au mont Popa, à une heure de Bagan.
Les routes au Myanmar sont en très mauvais état et il n'est pas rare de voir des ouvriers, bien souvent des femmes, les empierrer, faute de mieux. Une sorte de bagne moderne...


 

En chemin, nous nous sommes arrêtés pour voir une fabrique de sucre de palme. La sève du palmier, une sorte de rognier, est récoltée dans des godets par un homme qui escalade l’arbre avec une petite échelle fixée au tronc. Cette sève est ensuite bouillie et concentrée par évaporation pour donner des sortes de bonbons de sucre, parfois additionné de noix de coco rapée, très bons. On distille également le sucre pour faire de l’alcool.
 








 
A proximité, un zébu entraînait un moulin à arachide.


 
 
Nous avons trouvé le mont Popa  un peu décevant. Le mont lui-même est un ancien volcan haut de 1500m à côté duquel se trouve un piton volcanique de 737m. A son sommet, un temple (encore un !) plutôt sale et peu attrayant, si ce n’est par la vue qu’il offre sur la région. On est obligés de monter la plus grande partie des 700 marches pieds nus  au milieu des excréments des singes qui pullulent de part et d’autre de l’escalier. Certains sont même quelque peu agressifs…













 
L’intérêt essentiel de ce temple réside dans les nombreuses statues de « nats », génies protecteurs à la physionomie sévère, voire effrayante, destinée à éloigner les mauvais esprits. Il vaut mieux s’attirer leurs bonnes grâces en leur donnant des billets qu’on glisse dans les mains des statues ou que l'on accroche à leurs vêtements. C’est sans doute un des endroits où nous avons vu le plus d’argent distribué dans un temple. Nous avions pourtant déjà été impressionnés par ce  vu dans les autres pagodes!

Remarquez les deux urnes pleines de billets devant l'autel.






L' ''empreinte du Bouddha", rencontrée dans plusieurs pagodes, est particulièrement vénérée...


La moindre petite statue est couverte de billets...


Des plaques précisant les sommes offertes à la pagode par des bouddhistes du monde entier couvrent certains murs...


 
De retour à Bagan, nous avons pu visiter le lendemain la très belle pagode de Shwezigon qui renfermerait, non pas quelques cheveux cette fois-ci, mais un os frontal de Bouddha. Un monument magnifique qui comporte tout en bas 550 bas-reliefs, parfois en assez mauvais état, représentant des épisodes de la vie de Bouddha, entouré de petits temples très richement décorés, comme toujours.












A l'intérieur Bouddhas, nats et autres divinités  sensés inspirer ou protéger les croyants...





Chaque birman a un dieu de prédilection, celui de son jour de naissance. Il est représenté par un animal différent. Dans cette pagode ils sont présentés sur un carrousel autour duquel se pressaient les fidèles.







Ici pas de plaque annonçant combien les fidèles avaient versé mais un tableau indiquant les sommes récoltées chaque mois dans chaque salle, pour chaque cause... Comme toujours des sommes très importantes données par une population relativement pauvre.




Autre grand attrait de Bagan, son grand marché couvert où il fait bon flâner quand la chaleur devient insupportable.  On y trouve de tout comme dans tous les marchés d'Asie du Sud-est mais ici plus qu'ailleurs des choses étonnantes comme ces seaux en pneu ou ces femmes en train de sceller des sacs en plastique à la flamme d'une bougie!...



Tous les ingrédients pour le bétel





Du gingembre en rhizomes ou rapé








A Bagan on peut aussi visiter une fabrique de « cheeroots », ces petits cigares faits à la main par une famille. Des feuilles, qui ne sont pas du tabac, sont découpées à une certaine forme puis remplies d'un peu de tabac coupé fin, roulées sur elles-mêmes à l'aide d'un bâton puis à la main , bourrées  à nouveau de tabac et refermées aux deux extrémités avant de recevoir une bague précisant son origine.





 
A bagan il y a aussi une fabrique d’ombrelles, mais l’atelier était fermé en raison de la fête au temple Ananda. Dommage!



Nous avons aussi beaucoup aimé nous balader sans but à vélo dans la campagne quasiment déserte  parsemée de pagodes de toutes formes, en particulier en fin d'après-midi quand la lumière devient dorée...





On peut être témoins de jolies scènes qui nous font remonter pas loin de cent ans en arrière en Europe!...






 

Après trois jours complets à Bagan nous avions tous une overdose de pagodes, stûpas et autres bouddhas et nous étions prêts pour un total changement de paysage qu'allait nous offrir le Lac Inle qui fera avec le Rocher d'Or l'objet de notre prochain article .
 
 





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