dimanche 24 novembre 2013

LE MYANMAR OU LA BIRMANIE - TROISIEME PARTIE : Le Lac Inle et le Rocher d'Or


LE LAC INLE
(voyage en Birmanie du 17 janvier au 3 février 2013)



Depuis Bagan, nous avons rejoint le lac Inle en une dizaine d’heures de car, de jour cette fois.

Notre hôtel, la May Guesthouse à Nyaungshwe, au nord du lac, était tout à fait agréable.

Le premier jour nous avons loué des vélos pour avoir une première impression du lac,  promenade agréable sans plus d'autant plus que le ciel était couvert, mais agrémentée par une traversée du lac en pirogue à moteur pour rejoindre la rive est et revenir à l’hôtel à vélo.









 







Ce premier jour nous sommes aussi allés visiter, toujours à vélo, un monastère assez étonnant à deux kilomètres à peine de Nyaungshwe. Je terminerai cet article par ce monastère.

LE LAC

Le deuxième jour, nous sommes partis toute la journée en pirogue à moteur cette fois pour bien l'explorer.
Toutes les pirogues du lac sont sur le même type: un moteur diesel chinois de 20cv placé à l’arrière directement relié à un arbre d’hélice qui tourne donc à la vitesse de rotation du moteur. Un cardan permet d’orienter l’hélice pour diriger l’embarcation et de la relever, ce qui fait en quelque sorte office de point mort. Pas de marche arrière, mais la pirogue avance à bonne allure en soulevant une impressionnante gerbe d‘eau dans le sillage dans un vacarme impressionnant car le silencieux est réduit au minimum.







 
 
 
Départ vers 9h du matin par temps gris, mais surtout avec une température quasi glaciale à laquelle nous ne sommes plus habitués. Heureusement, le temps s’est éclairci et le soleil a rapidement fait monter la température.
Le lac Inle se trouve à 850m d’altitude et jouit donc d’une climat frais, voire même très frais le matin comme nous allions le constater. Il est très vaste, 20km de long sur 8 à 10km de large et jamais plus de 5 à 6m de profondeur!


Les Intha s’y sont installés il y a plusieurs siècles et, comme les terres alentour étaient déjà occupés par les Shan, ils ont créé leurs villages sur le lac même en construisant des jardins flottants.
Je cite le Routard: "Ce sont des masses de végétaux, algues, jacinthes d’eau, herbes aquatiques mêlés inextricablement  sur une hauteur de 1m environ et qui se sont formés au fil des temps sur les rives. Les Intha les découpent en bandes plutôt étroites mais longues et les tirent sur le lac. Ils les recouvrent alors de terre et de boue qu'ils ensemencent. Ces petites îles sont arrimées à des pieux fixés sans peine au fond de l’eau, vu la faible profondeur. On y fait pousser toutes sortes de primeurs, salades, concombres, potirons, haricots, mais la plus grosse production demeure la tomate."












Les parcelles peuvent être très grandes...






Les Intha pêchent sur leur pirogues et possèdent une technique, semble-t-il unique au monde pour ramer, en manipulant l’aviron, ou plutôt la godille avec la jambe, ce qui laisse une main totalement libre pour caler ou remonter leur filet. C’est très spectaculaire bien que peu gracieux. Ils pêchent au filet, à l'épervier ou avec des nasses spectaculaires.



















Ils rabattent le poisson en frappant la surface de l'eau à grands coups de pagaie...


Au coucher du soleil...


 
Les villages construits sur le lac sont impressionnants par leur importance. Les parois de bambou d'un grand nombre de maisons sont souvent joliment tressés.

Arrivée dans un village...










 
 






 

Des ponts relient les différentes parties d'un village ou le divers potagers...


 


Chaque village possède son temple. Ils sont parfois de très grandes dimensions.
 

 
 




 





Les décors extérieurs et intérieurs sont en tous points semblables à ceux des temples de la terre ferme!




 
 
 
  
 
De temps en temps nous descendions de la pirogue pour nous balader à pied dans ces villages semi-lacustres.  Les Intha sont de très bons artisans, tisseurs, joailliers, vanniers, forgerons, et nombreuses sont les boutiques pour touristes  ainsi que les restaurants... Il y a même de petits hôtels! 
 
 


 
Les Intha filent la fibre qu'ils tirent des tiges de fleurs de lotus et  la tissent. Les toiles obtenues sont un peu rêches mais intéressantes surtout quand elles sont associées à d'autres fibres, la soie ou au coton par exemple. 
 
 

Coupe d'une tige de fleur de lotus
 

 
 
 
 
 

Pour teindre les tissus en soie ou en fibre de lotus ils n'utilisent que des plantes et écorces d'arbres locaux...

 




Pour certains tissus ils pratiquent la technique du tie and dye.  Les parties à isoler sont choisies en fonction du dessin que l'on veut obtenir.  Le travail de la tisseuse, pas évident du tout, est de placer la partie non teinte du fil au bon endroit. Un travail artisanal d'un bout à l'autre. Le résultat est assez joli!

 


 
Ici le dessin à obtenir sont des sortes de losanges


Dans une des boutiques pour touristes une démonstration de forge à l'ancienne... qui est toujours d'actualité en Birmanie.

 
 Dans ces villages comme dans toute la Birmanie on fabrique de petits "cheeroots". Cette petite jeune fille très aimable nous a bien montré comment elle procédait.
 
 



Nous avons passé beaucoup de temps à regarder vivre les gens. Beaucoup de l'activité des villages tourne autour de l'eau du lac.
Ici deux jeunes gens remplissaient une pirogue de boue prélevée dans le lac...




























Là, d'autres jeunes renforçaient le  bord d'une parcelle à grand renfort de paquets de cette même boue compactée ...



Après le travail la détente  : ces jeunes jouent ici à une sorte de jacquet...


Un peu plus loin nous avons admiré dans la lumière du soleil couchant la remise à pirogues sous une maison...


. Nous les avons vu se laver dans l'eau du lac ou des rivières entre les parcelles ou les villages...


y faire la lessive...


y baigner leurs buffles, un bien très précieux dans toute l'Asie...



Les villages du lac ont des marchés le plus souvent flottants. Est-ce dû au fait qu'il n'avait pas plu depuis longtemps, toujours est-il que celui où nous a emmené notre piroguier avait lieu sur la terre ferme. Tout au plus avons-nous vu les pirogues qui avaient amenés les vivres... Grosse déception donc! Et ce d'autant plus qu'il s'y vendait avant tout de l'artisanat de très vilaine facture pour touristes peu exigeants! A force d'avancer entre ces étals nous avons fini par arriver au marché local de fruits, légumes, viande, poisson etc... beaucoup plus authentique mais toujours pas flottant!!  
 


 

 
 
LE MONASTERE DE SHWE YAN  PYAY


Nous l'avons visité le premier jour de notre séjour car nos guides nous avaient alléchés par leur descrip trouvé la visite du monastère Shwe Yan Pyay, tout proche de Nyaungshwe,  très intéressante. Bâtiment en bois avec de grandes fenêtres ovales où étudient de jeunes moinillons au milieu des visiteurs, ce qui ne doit faciliter la concentration. Des chats errent au milieu de tout ceci et se font caresser par les enfants.
















 

A côté du bâtiment principal, un autre édifice comportant une galerie dont les murs intérieurs sont percés tantôt de centaines de niches contenant chacune un petit bouddha offert par de généreux donateurs tantôt de figurines ou même paysages en pâte de verre très beaux.











 
 Une forte averse nous a amenés à nous réfugier dans le dortoir des élèves qui dorment dans des conditions pour le moins spartiates : une natte, une ficelle accrochée au mur comme penderie et une petite cantine métallique contenant leurs effets personnels. C’est tout !
Ce  séjour au lac Inle nous a reposés et bien disposés à nouveau pour retrouver bouddhas et stûpas. Nous étions donc prêts pour le Rocher d'Or , haut lieu du bouddhisme birman.
 
 
LE ROCHER D'OR 

Nous avons quitté le lac Inle  en direction du sud du pays et avons fait 11h de car dont une bonne partie de nuit pour arriver à Bago à 2h30 du matin.  Admirez les rideaux plissés et gansés de fils d'or!



Dans un café ouvert à cette heure, on nous a proposé de prendre un pick-up pour rejoindre le Rocher d'Or, ce qui nous a permis de vivre une expérience unique du transport birman. Nous sommes partis en pleine nuit assis sur des bancs en bois dans la benne du pick-up avec l'aide du chauffeur qui racolait de nouveaux passagers. Bientôt, nous avons été huit, puis dix. Lors d'un nouvel arrêt, tout le monde, sauf nous qui tenions à nos places, est descendu pour pouvoir charger d'énormes sacs de navets sur lesquels les passagers se sont installés. Beaucoup d'autres sacs ont été hissés sur le toit où plusieurs voyageurs se sont assis. En tout, nous devions être plus de vingt dans le pick-up avec au moins deux tonnes de fret. Inutile de dire que la stabilité du véhicule en souffrait ainsi que les amortisseurs, mais le chauffeur était habile et roulait doucement!...



 
Arrivés à Kinmon, village au pied de la montagne du Rocher d'Or d'où l'on aperçoit déjà le site...



... il faut monter dans la benne d'un camion qui vous amène à mi-chemin dans un inconfort total. Le reste du trajet se fait à pied, environ trois quarts d'heure de montée assez raide. Heureusement, des porteurs sont là pour transporter vos bagages.



Il y a même des chaises à porteurs pour les personnes agées ou pour les paresseux, dont quelques moines et beaucoup de touristes japonais!...





 
 Lors de la montée, nous avons vu plusieurs ermites, moines aux cheveux longs et barbus et à la mine sinistre, avançant à pas lents en faisant sonner une clochette pour attirer les dons.


 


 
 Le  Rocher d'Or, une des sept merveilles du bouddhisme birman, est une destination quasi obligée pour les fidèles qui doivent effectuer le pélerinage une fois dans leur vie. Nous avions été prévenus, par des touristes rencontrés au lac Inle, que le rocher était en réfection et recouvert de nattes, donc invisible, sauf sur les cartes postales en vente partout!...  Et dire que nous avions décidé de prendre des chambres dans l'hôtel le plus proche ( et le plus cher) du site pour pouvoir le voir à loisir!!! Au moins la vue y était-elle très belle...



 
Le site par lui-même est intéressant, sans plus. Deux ou trois autres rochers, plus modestes, peints voire dorés, jalonnent le parcours jusqu'au Rocher avec un grand R...





François et moi n'avons pas voulu aller voir le Rocher d'Or lui-même étant donné qu'il était caché aux regards. On le voyait déjà très bien depuis le chemin d'accès au site  et  nous avons fait usage de notre télé-objectif!  Geneviève et François dUltréïa y sont allés et nous ont gentiment donné quelques photos en plan rapproché. Là encore les appels aux dons de la part des fidèles sont nombreux, nouvelle preuve que bouddhisme et argent sont très liés en Birmanie.





Avant d'arriver au Rocher passage obligé entre deux rangées de boutiques vendant des bondieueseries ( en bleu)



 


 



Le retour sur Yangon en car depuis Kinmon a été agréable, en dépit du fait que la télé du bord nous a diffusé des discours politiques en birman pendant tout le trajet.
De Yangon, nous avons repris l'avion pour la Malaisie.

Ce séjour au Myanmar nous a beaucoup plu, mais nous avons regretté de ne pas pouvoir communiquer avec la population car très peu de Birmans parlent une langue étrangère, français ou anglais. Ils sont accueillants, curieux et cherchent le contact avec les visiteurs, mais le dialogue s'arrête très vite après les questions habituelles: "Where are you from?", "What is your name?", parfois "How old are you?"...
Nous n'avons donc pas pu nous faire véritablement une opinion sur la réalité de l'ouverture politique du Myanmar. Les portraits de l'opposante Aung San Suu Kyi sont visibles partout ou presque, la police et l'armée sont, elles, invisibles, mais plusieurs régions restent interdites aux touristes.
Le niveau de vie de la population est bas et les bâtiments et trottoirs des villes sont très dégradés. Les coupures d'électricité sont fréquentes et la plupart des hôtels sont équipés de groupes électrogènes. L'augmentation récente du nombre de touristes amène une hausse constante des prix des hôtels et guesthouses qui fait que le Myanmar devient une destination beaucoup plus chère que les autres pays voisins comme la Thaïlande ou le Laos.

Notre prochain article: le Laos





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