lundi 14 janvier 2008

UN MOIS D ‘ ESCALE A LA GUADELOUPE

Ce n’était pas notre premier séjour à la Guadeloupe. Nous y avions déjà passé quinze jours en février 2006 et avions déjà exploré certains jolis coins avec nos amis Laumaillé, en voiture ou en bateau (ils possèdent un Mélody). Nous les avons redécouverts avec plaisir et en avons exploré de nouveaux d’abord avec le frère de François, Christian, qui n’est reparti qu’une semaine après notre arrivée ensuite avec Marie-Hélène, Philippe, Odile et Henri, les sœur, frère, belle-sœur et neveu de François et deux amis québécois, Marc et Kees, venus passer les fêtes avec nous.











L’île de la Guadeloupe est comme un papillon incliné vers la gauche. L’aile droite correspond à la partie la plus basse et s’appelle Grande-Terre; l’aile gauche est la partie la plus montagneuse donc la plus haute mais s’appelle, comprenne qui pourra, Basse-Terre. Entre les deux ailes se trouve la capitale Pointe à Pitre ( = la Pointe à Pieter/Pierre).


Sur Grand-Terre nous sommes retournés voir les impressionnants rochers hérissés et les gros rouleaux de la Pointe des Châteaux, les villes de Port Louis et de Morne à l’Eau et leurs surprenants cimetières. Nous avons découvert avec surprise « les Grands Fonds », des ravines très profondes et à la végétation abondante en plein cœur de Grande Terre et à quelques kms à peine de la côte alors que l’on s’attend à trouver des terres absolument plates.
Sur Grande Terre nous avons beaucoup aimé les Chutes du Carbet, des chutes de quelques deux cents mètres qui tombent du massif de la Soufrière, et plus encore que les chutes la forêt tropicale qui y mène que l’on traverse d’abord en voiture puis à pied.















Nous ne sommes pas retournés au Jardin Botanique, autrefois la propriété de Coluche, qui est magnifique, riche en espèces indigènes et très bien entretenu. Nous n’avons pas encore plongé du côté des îlets Pigeons, site très connu de tous ceux qui sont attirés par le monde sous-marin mais nous réservons cela pour notre retour en Guadeloupe. Nous ne sommes pas non plus montés à la Soufrière car nous avons été tellement gâtés quand nous habitions à la Réunion, avec quasiment une éruption par an pendant six ans que nous n’avons pas eu envie de faire l’effort !
Nous avons bien aimé Pointe à Pitre, sans plus.



Marché couvert de Pointe à Pitre






Là encore nous avons eu du mal à ne pas comparer avec St Pierre ou St Denis de la Réunion qui ont su conserver beaucoup plus de belles cases créoles.
Mais ce sont les îles des Saintes, de Marie-Galante et de la Désirade qui nous laissent le meilleur souvenir, les premières pour la beauté de leurs mouillages et les couleurs vives des petites maisons créoles, les autres pour leur calme et leur authenticité. Aux Saintes nous sommes remontés avec Christian au Fort Napoléon pour la vue que l’on a de l’archipel et pour les iguanes inoffensifs néanmoins impressionnants que l’on y rencontre au détour des chemins.






















Nous allons sûrement y retourner et aussi aller avec des amis ( Bénédicte Anquez, ancienne prof de gym de Charlieu et son compagnon) à Petite Terre avec leur voilier dont le tirant d’eau est inférieur à celui de YOVO.
Il faut dire aussi que pendant les quinze jours où notre famille était à la Guadeloupe nous avons pu profiter des avantages de la maison qu’ils avaient louée près de St François et en particulier de son jardin et de sa piscine.




Nous avons pu y voir les « sucriers » s’y gaver de sucre ( de canne bien sûr !) et les colibris aller d’une fleur à l’autre en battant des ailes à une vitesse telle qu’il est quasi impossible de les prendre en photo.



Enfin on ne saurait parler de la Guadeloupe sans mentionner la cuisine locale qui est fort intéressante surtout pour qui apprécie les plats pimentés. Nous nous y sommes régalés entre autres de petits boudins créoles, d’acras de morue, de colombo de poulet et de court-bouillon de poisson. Et de simples bananes, des ananas et des fruits de la passion venaient adoucir nos palais en fin de repas. Pas de mangues : ce n’était pas la saison !
Une dernière chose sur laquelle nous voulons insister. Avant que nous ne venions à la Guadeloupe, que ce soit la première fois ou cette fois-ci, les gens nous avaient mis en garde contre les Guadeloupéens, mal aimables, racistes etc... Nous , nous avons trouvé au contraire des gens agréables, souriants, prêts à rendre service que ce soit dans les commerces, restaurants ou dans la rue. Une seule chose : il ne faut pas les prendre en photo sans leur en demander l’autorisation.

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LA TRAVERSEE DE L'ATLANTIQUE

LA TRAVERSEE DE L'ATLANTIQUE


Les premiers milles furent assez mouvementés car nous traversions le couloir entre São Vicente et Santo Antão et plus un passage est étroit plus il y a de vents, de courants et de mer. Impossible de laisser le pilote automatique agir seul : c’est notre barreur professionnel qui a pris la relève !
Une fois au niveau de Santo Antão, plus un souffle de vent ! : nous étions complètement déventés par l’île. Donc nous avons mis le moteur jusqu’à ce que nous l’ayons dépassée.
Et là nous étions à nouveau en plein Atlantique et avons à notre grand étonnement trouvé des alizés assez forts (F 6-7) et une mer très formée qui ne nous ont pour ainsi dire pas quittés . Par moments il y avait des creux de trois à quatre mètres assez impressionnants. A plusieurs reprises nous avons été pris par une vague un peu plus vigoureuse que les autres et à deux occasions Francine puis Christian ont été littéralement éjectés de la table à cartes et projetés contre la cuisinière leur occasionnant des bleus de taille conséquente. Ils ont eu de la chance car ils auraient fort bien pu se casser quelque chose. Nous sommes d’ailleurs en train de faire confectionner des sangles pour éviter que cela ne se reproduise. Une autre fois alors que nous discutions tranquillement dans le cockpit une de ces vagues a jeté Christian contre les filières qui l’ont heureusement efficacement retenu mais un des coussins du cockpit et une des deux parties de la porte du bateau ont été irrémédiablement emportés. D’ailleurs il était de règle que nous nous équipions des harnais dès que nous étions seuls dans le cockpit par temps très fort et surtout la nuit quelque soit le temps.













Nous ne répéterons pas ce que nous avons expliqué dans l’article précédent à propos de nos occupations en traversée.


Vue de l'intérieur de YOVO

Nous dirons seulement que, malgré la mer bien formée nous avons réussi à manger à table quasiment tout au long de la traversée avec quelques contraintes cependant, par exemple s’assurer que nous n’avions rien oublié pour la table avant de nous installer car aller dans la partie cuisine était un réel effort, servir les plats à l’assiette, ne remplir les verres ou bols qu’à moitié et en boire le contenu immédiatement, caler les bouteilles, le sel, le poivre, toujours tenir nos assiettes, etc.… Il faut dire que Francine avait préparé à Charlieu des plats de viande émincée ou hachée qu’elle avait stérilisés, plats qu’il a seulement fallu réchauffer et accompagner de quelques légumes en boîte ou pâtes, riz etc, que nous laissions gonfler dans un gros thermos alimentaire. La préparation des repas en a été bien facilitée.
Les seuls animaux marins que nous ayons pu admirer lors de cette traversée sont les poissons volants, qui ressemblent à de grosses sardines équipées de nageoires pectorales très longues qui leur permettent de voler à une vingtaine de centimètres au dessus de vagues sur des distances étonnamment longues, cela peut aller facilement jusqu’à une centaine de mètres. Souvent le matin nous en trouvions échoués sur le pont. Il paraît que c’est très bon mais nous n’avons pas essayé car ils dégageaient une odeur peu engageante. Nous avons bien sûr aussi vu les poissons que nous avons pêchés, le plus souvent des daurades coryphènes de 2 à 4 kilos. Ces poissons sont magnifiques : dos bleu-vert assez lumineux, flancs jaune vif dans la partie supérieure et nacrés dans la partie inférieure avec de petites taches bleues. Ces couleurs malheureusement disparaissent très rapidement pour se transformer en un gris clair inintéressant. Leur chair est rosée, ferme et succulente. Nous avons aussi vu de très rares oiseaux solitaires, des oiseaux noirs avec une petite tache blanche sous la queue genre gros martinets, que nous étions surpris de rencontrer si loin de toute terre.
Nous sommes arrivés au bout de 15 jours, à l’heure près, à Saint-François. Nos amis Laumaillé, qui habitent à la Guadeloupe et que nous avions prévenus par téléphone, nous attendaient : Louise nous faisait de grands signes au bout de la jetée et Jean-Louis était sur le catway, prêt à prendre nos amarres : c’était bien sympa! Malheureusement la photo avec les Laumaillé est ratée! On en prendra une autre sous peu car ils partent aux Iles Vierges avec nous dans quelques jours.


Inutile de dire combien nous étions contents d’être arrivés : quinze jours sans jamais voir de terre ni de signe de vie humaine, c’est bien long ! Et c’est très émus et les jambes un peu flageolantes que nous avons retrouvé la terre. Nous étions aussi fiers d’avoir fait cette traversée mais il faut savoir que des centaines de voiliers le font tous les ans, certains depuis les Canaries d’autres depuis le Cap-Vert comme nous, certains en direction des Antilles, d’autres du Brésil.
Quinze jours pour un quarante et un pieds comme le nôtre c’est assez rapide : cela s’explique par le fait que le Sun Légende 41 est un bateau très marin et surtout parce que nous avons rencontré des vents forts, plus forts que ceux que l’on rencontre habituellement dans la zone en décembre. Il aura fait beau et bon ; on sentait la chaleur augmenter régulièrement ; les derniers jours des « grains », signes annonciateurs de notre arrivée, venaient perturber la tranquillité de nos journées ou le plus souvent de nos nuits. Nous avons d’ailleurs trouvé en Guadeloupe et pendant deux jours encore un temps un peu perturbé, suite à la dépression tropicale OLGA qui passait sur le nord de la zone.
Prochain article : La Guadeloupe
Pour les « voileux » qui nous lisent, la traversée s’est effectuée sous voilure réduite, c’est-à-dire grand voile au 3è ris avec retenue de bôme et frein de bôme bien tendu (le traumatisme du bris de la bôme à Gibraltar laisse des traces…) et génois enroulé à moitié. Nous avons passé 48 heures avec le génois tangonné et grand voile en ciseaux en plein vent arrière, mais pratiquement toute le traversée s’est faite en tirant des bords de grand largue. Pour arriver à Saint François de jour (la passe n’est pas facile de nuit), nous avons ralenti le bateau en ne gardant que la grand voile au troisième ris, mais nous avancions encore entre 5 et 6,5 nœuds. Mis à part l’inconfort et la monotonie, la traversée est très facile avec un bateau bien préparé. En fait, comme nous devions assurer les quarts de nuit de trois heures et qu’il est assez difficile de bien dormir , nous passions pas mal de temps à récupérer pendant la journée et nous n’avions pas trop envie d’entreprendre des tâches difficiles. Par exemple, Christian et François étaient partis bien déterminés à faire de la navigation au sextant et puis personne n’a sorti l’instrument, préférant faire confiance aux GPS (nous en avions trois !) qui nous donnaient la position à quelque mètres près. Ne le dites pas aux puristes de la voile…. Il faut dire que faire des relevés du soleil sur l’horizon avec des creux de plusieurs mètres n’est pas évident...

LES ILES DU CAP VERT

LES ILES CAPVERDIENNES

Les îles capverdiennes auront été une escale dont nous garderons le meilleur souvenir et nous regrettons encore de n’avoir pu y séjourner qu’une semaine et non quinze jours, ce que nous aurions fait si nous n’avions pas perdu du temps avec l’histoire du radar.
Nous n’avons de ce fait visité que trois des îles au vent : Sal, São Nicolau et São Vicente.
Des îles de même origine volcanique que les Canaries, aux trois-quarts désertiques à l’exception de quelques vallées bien orientées qui réussissent à recevoir quelques pluies et qui sont de véritables oasis, des paysages donc là aussi très contrastés et d’une grande beauté.













Un pays indépendant mais qui a toujours bien besoin de l’aide internationale pour s’en sortir ; une population extrêmement paisible, souriante et accueillante mais pauvre dans l’ensemble; beaucoup d’enfants qui jouent dans les rues avec des jouets que les nôtres auraient depuis longtemps jetés, certains qui au lieu d’être à l’école vont d’un bateau à l’autre en pagayant sur des radeaux de fortune avec des tongs pour rames demandant des stylos ou des cahiers pour cette même école. Des jeunes qui préfèrent servir de guide pour les touristes plutôt que de terminer leurs études ; beaucoup de chômage de toute évidence et peu de perspectives pour ces jeunes.













Bien sûr il y a ces zones, le plus souvent au sud de ces îles, où se précipitent les touristes à la recherche de chaleur et de soleil et où l’eau et l’argent coulent à flots. Mais, comme le dit Henny, un hollandais qui vit à São Nicolau depuis dix ans et qui fait de son mieux pour aider les gens, ce n’est pas le véritable Cap Vert, on pourrait se croire n’importe où dans le monde ; parfois ces immenses structures hôtelières enlaidissent le paysage et de plus ce ne sont pas les Cap-Verdiens qui profitent le plus de cette manne. Lui aimerait mieux voir se développer un autre type de tourisme, avec des visiteurs qui auraient envie découvrir les gens et les paysages, qui logeraient chez l’habitant ou dans de petites pensions, qui partiraient en randonnée et ne se feraient pas seulement bronzer… et Dieu sait si ces îles sont riches en possibilités de cet ordre.

A Sal nous avons passé beaucoup de temps à nous promener dans le tranquille village de Palmeira, à regarder l’activité de ce petit port de pêche.












Pour se déplacer dans ces îles le plus économique est l’« aluguer », un taxi collectif qui ne part que plein mais que vous pouvez aussi louer en privé moyennant un prix plus élevé mais encore très correct pour des européens. Le plus souvent il s’agit de la benne d’un pick-up équipée de bancs de bois, un peu inconfortable mais rigolo. En aluguer donc nous sommes allés voir la capitale, Espargos, ( prononcer Echpargoch comme en portugais, langue de l’ancien colonisateur ) où se trouve l’aéroport principal de ces îles , mais qui n’a rien de bien intéressant .Nous sommes aussi allés visiter les salines de Pedra Lume, aux belles couleurs moirées allant du vert d‘eau , au rose en passant par le mauve. Certains touristes s’y baignent, ou plutôt se laissent flotter dans leur eau très chargée en sel, comme dans la mer morte, et y prennent des bains de boue soufrée. Nous n’avons fait que les regarder !













São Nicolau est, des trois où nous avons fait escale, l’île qui nous a le plus charmés. C’est là que nous avons eu le plus de contacts avec la population ; c’est là que nous avons fait une randonnée mémorable conseillée par Henny : une balade de six heures, depuis un petit village en bord de mer au nord-ouest de l’île jusqu’au centre de l’île en passant pas le pied du Monte Gordo , le point culminant de São Nicolau, une randonnée superbe mais très raide les quatre cinquièmes du parcours. A notre retour Henny, qui nous avait quand même prévenus, nous a dit qu’il aurait mieux fait de nous recommander de la faire dans l’autre sens ! Nous avons traversé de nombreux hameaux complètement isolés dans la montagne, un peu comme à Mafate à la Réunion, des gens tout prêts à parler avec nous – au Cap Vert beaucoup de gens parlent un peu le français et puis avec le français, l’anglais, l’espagnol et les gestes on arrive toujours à communiquer.





















Notre dernière escale avant la traversée aura été São Vicente. Nous avons mouillé comme des dizaines d’autres bateaux en partance pour les Amériques dans la baie devant Mindelo, la capitale. Certains guides touristiques la comparent avec la baie d’Along : elle est certes belle, très vaste, avec une vue superbe sur Santo Antão, l’île la plus à l’ouest, mais elle est d’après nous loin de rivaliser avec la célèbre baie vietnamienne. Mindelo est une ville qui a un charme certain avec ses maisons coloniales aux façades bariolées, ses marchés colorés, ses rues animées, ses boutiques à l’ancienne dont certaines offrent aux regards un bric-à-brac incroyable, et toujours la même gentillesse de la population.

























Des guides nautiques nous avaient laissé entendre que nous trouverions dans les petits supermarchés de Mindelo tout ce dont nous aurions besoin pour avitailler le bateau en vue de la traversée ; ce n’est pas vraiment le cas et j’ai bien regretté de ne pas avoir acheté d’avantage de choses aux Canaries. Ici on ne trouve pas de charcuterie sous vide, peu de viande fraîche et de fromage, des yaourts maison peu attirants ou alors des yaourts longue conservation, pas un grand choix de fruits, quasiment pas de chocolat, pauvre de moi qui adore cela, peu de petites choses à grignoter avec un apéritif, toutes ces choses bien utiles pour une longue traversée ou qui font passer un moment agréable. En fait ce que l’on trouve correspond au niveau de vie des capverdiens qui est assez bas dans l’ensemble, un peu meilleur peut-être dans les plus grandes villes et avec l’exception bien sûr des zones touristiques. Et c’est d’ailleurs déjà bien cher.











Nous sommes restés une semaine à découvrir Mindelo et à faire notre avitaillement et ne sommes pas allés voir les autres plages, seul autre attrait de cette île. Notre principal regret est de ne pas être allés à Santo Antão qui, aux dires de tous, est une île magnifique, très montagneuse et aux nombreux versants verdoyants mais nous voulions absolument partir fin novembre ou tout début décembre pour avoir des chances d’arriver en Guadeloupe avant Noël et de jouir d’alizés encore cléments. Nous sommes donc partis, très émus, le 30 novembre à 15 heures TU ( Temps Universel).

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