mercredi 12 décembre 2018

CUBA - Troisième partie : CIENFUEGOS

Nous sommes arrivés à Cienfuegos le 8 avril 2018 après quelques jours de bonheur sur et entre les îles de Cayo Hijo de Los Ballenatos, Cayo Sol et Cayo Guana del Este.



On accède à la baie très fermée de Cienfuegos par un long goulet de 200 à 300m de large. A l’entrée un fort datant du XVIIIème siècle, le Castillo de Jagua, construit là pour repousser les attaques de pirates. Au bout de trois à quatre milles le goulet s'élargit sur une vaste baie et environ un mille plus loin on arrive à un mouillage devant la marina de Cienfuegos. 


Une partie du message s'est effondré!  












Toutes les places de la marina sont occupées par les bateaux de charter et le mouillage est donc la seule option pour les bateaux de passage. Un très bon mouillage par ailleurs. Nous n’avons pas osé le faire mais certains navigateurs sont partis plusieurs jours voire semaines en y laissant leur bateau à la surveillance des bateaux voisins, sans problème. Comme pour tous les arrêts que nous avons faits sur la côte il a fallu refaire les formalités de douane!  La paperasserie seulement, heureusement!

La marina de Cienfuegos, comme toutes les marinas de Cuba,  est totalement interdite aux personnes qui ne sont pas de la marina, des autorités ou des bateaux. Ainsi il vous est absolument interdit d'inviter un cubain sur votre bateau même en montrant patte blanche, en laissant un papier d'identité ou autre. Elle est d'ailleurs grillagée et il y a un garde à l'entrée. C'est une chose apparemment bien acceptée... ou les cubains s'y sont-ils résignés. En tout cas jamais nous n'avons eu de critique à ce sujet!


Les bureaux




Le premier matin nous avons la surprise de voir un grand nombre de jeunes s'entraîner à l'aviron ou à la pagaie. Leur club était à deux pas du mouillage. Tous les matins c'était la même chose : seuls ou à deux le plus souvent pour  les pagayeurs mais aussi parfois à quatre ou à huit, ils ramaient avec beaucoup d'ardeur et d'enthousiasme parfois sous les hurlements d'un entraîneur  sur le bateau pour les plus grands ou sur la rive.  Le week end il y avait de compétitions qui attiraient de très nombreux spectateurs et supporters. Ce qui nous a le plus étonné c'est la façon dont les pagayeurs se tenaient, un genou au fond du bateau, ce qui fait qu'ils ramaient tout tordus! Connaissez-vous le nom de cette discipline? 









Nous étions presqu’à l’extrémité de la Punta Gorda, quartier résidentiel où se dressent quelques superbes palais, en particulier les deux qui se trouvent juste au niveau de la marina et dont nous avions pu admirer les magnifiques coupoles en arrivant.
Cienfuegos n’est pas très ancienne : elle date du XIXème siècle et fut fondée par un bordelais, Jean Louis Laurent de Clouet de Piettre ( rien que cela!). Deux poles d’attraction : la partie maritime, vers la Punta Gorda où est le mouillage, et le centre historique qui en est assez éloigné, environ trois kilomètres.

Tout à la pointe du Punta Gorda on peut visiter le magnifique palais Valle construit par un homme d’affaires espagnol au tout début du XXème. S’y mêlent de façon très heureuse des styles tout à fait différents, gothique, roman, baroque, italien mais surtout oriental ( mudéjar). De nos jours un restaurant s’y est installé. De sa terrasse on a une très belle vue sur la baie. 













Les deux palais près de la marina ne se visitent pas officiellement mais on peut très bien y entrer pour boire un verre ou manger car eux aussi, de casinos sous l’époque de Battista, sont devenus des restaurants d’état (pour le Palazzo Azul ) ou privé (pour l’autre dont j’ai oublié le nom).





Si au début nous faisions les trois kilomètres aller (et les trois kilomètres retour !) pour aller dans le centre ville, rapidement nous avons eu recours aux bicitaxis,  d’autant plus que des connaissances de bateau nous avaient mis en contact avec l’un d’eux, Giovanni.






Pour y aller on suit le bord de mer par une grande avenue, le Paseo del Prado. 






Statue de Benny Moré, l'un de plus grands "soneros" ( chanteur improvisateur de musique latino)  de Cuba, natif de Cienfuegos 

El Prado est bordé de maisons individuelles assez récentes ou très récentes et modernes au niveau de Punta Gorda. Plus on approche du centre ville plus elles sont  imposantes et anciennes.  A partir du centre ville elles sont à l'abri derrière des arcades bienvenues dès que le soleil donne. Toutes ont des grilles en ferronnerie aux fenêtres, parfois très belles. les maisons sont souvent de couleur pastel.










Comme à La Havane Fidel et le Che sont très présents


A un moment du Paseo, peu après avoir passé la statue de Benny Moré d'ailleurs, on tourne dans la rue N°54, très commerçante et animée, plus connue sous le nom de El Bulevar.










On débouche sur la grande place de Cienfuegos ou Parque Jose Marti. Les beaux édifices qui entourent cette place datent de la fin du XIXème et du début du XXème et sont très bien préservés ce qui lui a valu d’être classée en 2005 au Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’Unesco : il y a là autour du monument à Jose Marti la Catedral de la Purisima Concepcion, le Colegio San Lorenzo ( que l’on ne visite pas), le Theatro Tomas Terry, le Palacio Ferrer, le parlement  et le musée provincial de la Ville… sans oublier El Palatino, le très agréable et sympathique bar restaurant où nous allions souvent nous restaurer le midi.











Le Théâtre, pour un prix très élevé (pas celui, raisonnable, annoncé par les guides-papier!), ouvre ses portes aux visiteurs mais sans offrir la moindre explication ou renseignement : nous avons eu l’impression désagréable d’une arnaque… d’autant plus qu’on ne nous a donné aucun billet! Néanmoins il faut reconnaître que c’est un beau théâtre bien typique de tous ceux de l’époque coloniale que nous avons vus ces dernières années en Amérique latine. En bon état il continue d' accueillir des spectacles de toutes sortes.






El Palatino...





C’est surtout le très raffiné Palais Ferrer qui nous a enthousiasmés, à l’extérieur comme à l’intérieur. On accède par un escalier en colimaçon à un belvédère d’où l’on a une vue superbe à 360° sur la place, les quartiers environnants et même le mouillage devant la marina.














Nous sommes allés au marché pour nous fournir en fruits et légumes frais. Bien sûr il nous fallait des pesos, la seule monnaie acceptée au marché. De nos jours il est très facile pour les étrangers d’avoir des pesos : les banques vous en changent contre des CUC! Et il est aussi possible aux cubains d’avoir des CUC dans la mesure où ils ont les moyens de s'acheter ce qui est en vente en CUC. Dans les vitrines on voit maintenant le prix des articles en pesos ET en CUC. C’était dans l’après-midi et il n’y avait plus grand chose sur les étals du marché mais bien suffisamment pour nous. 







Nous sommes aussi allés dans un petit supermarché pas loin de la place et nous avons trouvé du jus de fruit et du fromage… Je viens de relire l’article sur  Cuba du blog de nos amis Geneviève et François qui voyageaient sur ULTREÏA. Eux étaient à Cuba en 2009. A l’époque ils ne trouvaient quasiment rien dans les magasins. Les choses se sont quand même améliorées même si tout n’est pas facile! Nous-mêmes avons toujours trouvé à peu près de tout.  

Un jour nous sommes allés faire un tour au Cimenterio de la Reina voir les vieilles tombes aux étonnantes statues de marbre. Rien d’exceptionnel! Je regrette encore de n'avoir pu aller visiter celui de La Havane! 








Avant de quitter cette région nous sommes allés voir les chutes de El Nicho. Nous avions réservé des places sur un bus depuis Cienfuegos mais comme nous étions les seuls clients ce jour-là la compagnie nous a envoyé un taxi pour nous y conduire. Super, sauf qu’en fait ils nous avaient complètement oubliés et que nous avons dû les appeler pour leur rappeler notre existence! Ensuite ils se sont bien fait pardonner....

Ces chutes sont très belles et il faisait beau. En fait on remonte sur quelques kilomètres une rivière qui à de nombreux endroits forme des bassins plus ou moins profonds où l’on peut se baigner. De nombreuses et jolies cascades y tombent, certaines assez hautes. Le tout au milieu d’une végétation exubérante. L’eau était claire et très fraîche mais revigorante et j’ai adoré m’y baigner. François a préféré rester sur le bord et prendre des photos! Il y avait pas mal de monde, des touristes mais aussi des cubains, mais pas au point d’être désagréable. 


Les lieux sont très bien entretenus













Sur le chemin de retour beaux points de vue sur la région...







Au cours de la balade nous avons vu des Suzannes aux Yeux Noirs et des orchidées...





Nous avons déjeuné sur les conseils de notre chauffeur de taxi, non pas au restaurant à l’entrée du parc mais à un ou deux kilomètres avant dans un joli petit resto au bord de la route. Nous avons mangé le plat local, du porc fumé rôti, du riz au curcuma et du congri ( riz + haricots rouges) avec une assiette de crudités. Très bon! 




Le "congri" est un plat que l'on trouve dans de nombreux pays d'Amérique latine


Cette balade aux chutes de El Nicho : une sortie bien différente de ce que nous avions fait dernièrement et que nous recommandons sans hésitation. 

Avant de partir nous sommes allés dans les quartiers moins chic voire franchement pauvres du centre et du bord de mer, entre autres celui où vit la famille de Giovani que nous avons rencontrée. Là aussi toutes les ouvertures sont sécurisées par des grilles. 









La maison des parents de Giovani est toute petite et ne paie pas de mine mais l'intérieur est confortable et l'on s'y sent bien. 
Dans le séjour il y a une antique machine à laver du temps des soviétiques, nous ont-ils expliqué. Si nous avons bien compris, quand Fidel Castro a été au pouvoir l'état offrait à tout jeune couple qui se mariait un réfrigérateur, une machine à laver et une cocotte-minute. Cette machine à laver datait de cette époque et continuait à fonctionner! Incroyable!


Si Giovani s'en sort bien financièrement et peut aider sa famille c'est qu'il travaille beaucoup, au moins dix heures par jour à chercher le client et à pédaler, pédaler encore et toujours! Sa clientèle européenne, en grande partie les gens de bateau comme nous, lui rapporte beaucoup : il nous demandait 3 CUC pour faire le trajet marina-centre ville et en plein midi cela les valait largement! Il s'est installé un petit magnétophone sur lequel il a enregistré ses morceaux favoris et cela l'aide à passer le temps. Il nous a d'ailleurs copié tout son répertoire  cubain.

A Cienfuegos comme partout à Cuba François a été fasciné par les voitures, ici pas des américaines mais de vieilles voitures plus modestes du temps passé que leurs propriétaires essaient de maintenir en état de marche  et en état tout court  et selon leurs moyens.









Quelques jours après, le 16 avril, après une étape d'une semaine à Cienfuegos, nous reprenions la mer pour quelques heures afin de nous rendre à Trinidad un peu plus à l'est sur la côte.

Une navigation sous un ciel gris et même dans la brume. Trinidad sera le sujet de notre prochain article. Hasta luego!























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