dimanche 8 août 2010

les Tuamotu

L’archipel des Tuamotu situé au sud des Marquises comporte 76 îles ou plutôt « atolls », des sortes d’anneaux de corail à fleur d’eau, plantés de cocotiers et enserrant un lagon central. Ils sontdispersés sur 1500km du nord-ouest au sud-est et 500km d’est en ouest.





C'est ce que l'on voit quand on approche d'un atoll. Il faut avoir de bons yeux!

Sur ces atolls quelques villages, parfois un seul voire même juste une famille, donnent sur des eaux allant du bleu outremer le plus profond au turquoise le plus lumineux.


On accède à ces atolls et on en ressort par des passes plus ou moins profondes, plus ou moins larges, en tenant compte des heures de marée car on y trouve des courants importants et, dans certaines, des « mascarets ».


La passe de Kauehi. Regardez bien : on voit Sundance, le bateau de nos amis, au beau milieu de la passe



Nous avons consacré presqu’un mois à la découverte de cet archipel. Nous avions décidé de visiter peu d’atolls mais d’y rester à chaque fois plusieurs jours afin de bien les visiter, de découvrir leur faune, de rencontrer les habitants, de les voir vivre …



Les paysages des atolls sont très particuliers : des plages de sable corallien, plus ou moins fin selon les endroits, allant du blond au rose ; derrière elles, des cocoteraies bien entretenues ou laissées à l’abandon quand elles sont trop loin des habitations ou que ceux-ci en possèdent beaucoup, derrière encore des arbres autres que les cocotiers, de la mangrove puis on atteint l’extérieur de l’anneau et on découvre le platier de l’atoll sur lequel se fracassent les puissantes vagues de l’océan.




Nous avons ainsi « fait » quatre atolls de l’ouest : Kauehi, Kakarava, Toau et Apataki.


KAUEHI

Nous avions choisi d’atterrir à Kauehi car le guide nautique disait que la passe était facile d’accès pour une première arrivée sur les Tuamotu. En fait elle a été la passe la plus impressionnante , la plus mouvementée de toutes celles que nous avons empruntées : fort courant de face à l’entrée et grosses vagues et puissants remous à la sortie. Pourtant nous avions respecté les horaires de marée !



Il nous a fallu une heure et demie de navigation au moteur pour rejoindre le village de l’autre côté du lagon !
Nous avons trouvé devant le village un mouillage très calme.


En vue du village juste avant de mouiller


Un récif où nous avons passé des heures à admirer les poissons et coraux




Petite frayeur lors du premier bain : de petits requins tournaient autour des bateaux ! En fait il s’agissait de rémoras, poissons parasites de cinquante cm à un mètre qui se collent aux requins et autres gros poissons et se nourrissent des débris qu’ils laissent.


On voit très bien la ventouse qui leur permet de se fixer sur les autres poissons


Le village de Tearavero comporte 200 habitants. La plupart des maisons sont construites de part et d’autre d’une route bétonnée qui longe le lagon sur deux kilomètres environ. Il y a très peu de voitures. La plupart des gens se déplacent à pied, en vélo, quelques-uns en moto.


Devant l'école


L 'église de Kauehj est juste en face du débarcadère. Son intérieur est entièrement décoré avec des nacres et autres coquillages.



Autres lieux importants : la mairie et la poste.

l'intérieur de la mairie


La jolie poste

Notre premier contact a été avec le « mahu » local (un homme efféminé mais qui reste habillé en homme) qui nous a demandé de lui faire des photos d’identité pour son dossier de retraite : pas de problème depuis que nous avons une imprimante à bord.

Ensuite ce furent les enfants qui nous ont abordés : deux petits garçons d’abord et surtout deux petites filles délicieuses, deux amies, Te Vahine (11 ans, en CM2) et Kanihe (9ans, en CE2). Elles nous ont demandé si elles pouvaient visiter le bateau. Ce qui fut fait après que nous ayons demandé aux mamans la permission de les emmener.


J'ai oublié leurs noms. Dommage!


Agenouillée Te Vahine, debout Kahine à l'avant de Yovo



Une camarade de classe de TeVahine, bien jolie elle aussi.


Grâce à elles et à Isabelle, la tante de Te Vahine dont nous parlerons plus tard, nous avons été introduits dans une famille paumotu.

Ils nous ont invités d’abord à goûter au « pain de nono » fait avec le « nono », la partie de la noix de coco qui remplit la cavité de la noix dès qu’elle commence à germer, à laquelle ils ajoutent de la farine et du sucre, donnent une forme de boudin et qu’ils font cuire à la vapeur enveloppé dans des feuilles de palmier. Le lendemain dimanche ils nous ont invités à partager leur déjeuner : eau et chair de coco frais en apéritif , viande au barbecue, riz au maïs et gâteaux. Rien de particulièrement exotique mais nous avons appris beaucoup sur la vie aux Tuamotu.

Isabelle à gauche, Regine et Cook ,le frère d'Isabelle à droite.


La très jolie maison traditionnelle d'Andrea, la maman d'Isabelle et de Cook, absente le jour où nous avons été invités

Comme beaucoup d’enfants dans les îles de la Société Te Vahine n’est pas élevée par ses parents mais par un autre membre de sa famille, son oncle Cook dans son cas, à qui elle a été confiée, voire « donnée » quand elle était bébé. Cette pratique est très ancienne et est désormais interdite par la loi mais perdure par exemple quand la maman est trop jeune ou encore quand un couple pense qu’ils vont avoir des difficultés à élever l’enfant à venir.



Nous avons aussi rencontré Dany qui possède des cocotiers et que nous avons trouvé en train de préparer du coprah. Isabelle, la tante de Te Vahine, récupérait le « nono » après qu’il ait fendu les noix pour les faire sécher. C’est elle qui nous a parlé du nono, du pain de nono et nous a proposé de venir goûter le goûter chez sa mère.



Nous avons aussi fait la connaissance de Taverio, homme d’une bonne soixantaine d’années à la retraite et qui s’occupe et arrondit ses fins de mois en polissant et en sculptant des nacres. En fait presque tous les habitants de l'île fabriquent des bijoux ou des éléments de décoration en nacre et/ou en coquillage.


Nous sommes aussi allés rendre visite à une famille de pêcheurs, à l’origine pour leur acheter du poisson. Ils revenaient de la pêche au mérou dans la passe d’Arikitamiro (par où nous étions arrivés), avaient ramené 200 mérous et étaient en train de les apprêter pour les expédier sur Tahiti. Toute la famille était au travail : les uns levaient les filets, les autres les brossaient, un troisième les enveloppait par quatre dans du scelofrais en vue de les surgeler en attendant l’arrivée de la goélette qui les emmenerait à Tahiti. Le lendemain ils ont ramené 120 mérous. La pêche au mérou ne se pratique qu’un mois par an mais tous les jours et pendant la période de reproduction ! En quittant l’île nous avons vu sept bateaux en train de pêcher dans la passe. S’ils ramènent chacun autant de poissons cela fait une moyenne de mille mérous par jour pendant 30 jours : restent-il suffisamment de mérous pour perpétuer l’espèce ?!



Par Jocelyn qui est médecin nous avons également rencontré Rava, la très sympathique assistante médicale de l’île. Il n’y a pas de médecin sur Kauehi et elle assure à elle seule tout le service médical. Elle travaille aussi à la ferme perlière familiale et nous a montré comment ils greffent les nacres, expliqué comment ils les élèvent et présenté leur production de perles noires, gris nacré en fait avec des nuances de toutes les couleurs, du champagne, au vert en passant par le rose et le bleu. Un émerveillement ! Rava nous en a vendu à un prix vraiment très correct et nous a donné l’adresse de sa sœur jumelle Reva qui habite Tahiti et monte les perles chez elle le soir.

Les fermes perlières sont le plus souvent installées sur le lieu de travil dion dans le lagon sur pilotis



Reva nous montre la partie de la nacre où elle va prendre les greffons


Rava choisit la partie de la chair qui donnera la plus belle couleur à la perle


Un échantillonnage de perles dites de Tahiti alors que la plupart viennent des Tuamotu


les supports des naîssains nettoyés et mis à sécher


Tearavero possède deux épiceries dont la principale est tenue par le maire. Un matin comme il partait en tournée sur l’atoll il nous a proposé de nous emmener. En chemin il nous a parlé de ses réalisations en tant que maire, de ses projets personnels et du manque d’énergie et d’ambition des habitants de l’île et des Paumotu en général.

L'épouse du maire à la caisse de l'épicerie


Deux jours avant notre départ en nous baladant Anne (de Sundance) et moi sommes tombées sur un spectacle qui nous a ravies : une maman ( la belle-soeur de Rava en fait) était en train d’entraîner tout un groupe d’enfants et adolescents (2/3 de filles et 1/3 de garçons) à des danses traditionnelles en vue des fêtes du Heiva qui ont lieu tout le mois de juillet dans toute la Polynésie. J’en reparlerai plus précisément dans l’article sur Tahiti. Il fallait voir les filles , même les petites comme Kanihe, « rouler leur derrière », comme elles disaient ! Elles se débrouillaient vraiment déjà très bien !

Les grandes ...

... et les petites.


Enfin Kauehi nous a aussi beaucoup plu car nous y avons vu de très beaux coraux, certains que nous n'avions encore jamais vus comme celui-ci de forme tabulaire, ...

et des poissons de belle taille, en grand nombre et très variés...



... beaucoup de mérous en particulier, le plus souvent le "mérou camouflage"...

... et aussi d’innombrables bénitiers aux lèvres veloutées de toutes les couleurs, de bleu nuit ponctués de bleu turquoise, des vert clair striés de noir, des beige ourlés de plusieurs tons de brun, et pas une robe semblable à l’autre. Un ravissement !




De plus à chaque séance de snorkeling nous avons eu la visite de requins, des « pointes noires » ou des « pointes blanches » le plus souvent, des requins curieux mais inoffensifs. Il m’aura néanmoins fallu un peu de temps pour m’y habituer et finalement apprécier! C'était le première fois que nous faisions des photos sous-marines : les photos manquent de contraste et sont souvent surexposées mais nous promettons de faire mieux la prochaine fois!

Kauehi est certainement l’île des Tuamotu que nous avons préférée, peut-être parce que c’était la première mais surtout parce que c’est celle où nous avons eu le contact le plus long et le plus chaleureux avec la population. Mais toute bonne chose a une fin et au bout de huit jours nous avons continué sur Fakarava, à une trentaine de milles au sud ouest de Kauehi.

Fakarava, Toau et Apataki seront l'objet de notre prochain et dernier article sur les Tuamotu.










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