jeudi 24 mars 2011

L’ARCHIPEL DES TONGA

L'Archipel des Tonga
(du 25 octobre au 17 novembre 2010)

La traversée de l’île de Niue aux îles Tonga n’est pas très longue, environ 250 milles nautiques (460 km), mais elle a été une de nos traversées les plus éprouvantes.

250 milles se font en général en plus ou moins 48 heures. Il est important pour nous d’arriver sur une île que nous ne connaissons pas de jour. Nous avions donc calculé qu’en partant de Nuie vers midi, nous devrions être aux Tonga le surlendemain dans la matinée. Malheureusement, le vent a été assez fort pendant toute la traversée, avec mer agitée, et il nous est clairement apparu que nous allions arriver sur l’archipel trop tôt, en pleine nuit. Nous avons donc décidé de ralentir le bateau en réduisant la voilure : deux puis trois ris dans la grand voile, génois de plus en plus puis totalement enroulé, enfin grand voile affalée et nous voilà complètement à sec de toile... et continuant à avancer entre 5 et 6 nœuds, uniquement avec le fardage du bateau (= la prise au vent) et la capote de roof! Yovo marchait très bien ainsi, sous régulateur d’allure, mais à une vitesse trop basse pour nous assurer un certain confort à bord. Nous aurions sûrement eu de meilleures conditions en gardant notre vitesse initiale, quitte à attendre le jour en louvoyant sous le vent de l’île avant d'entrer dans les passes de l’archipel. Mais enfin, tout allait plutôt bien et nous avons parcouru les derniers 80 milles sans voile aucune!
L’arrivée aux Tonga s’est faite sous un ciel gris annonçant le début de la saison des pluies, avec quand même un beau lever de soleil.



Le royaume des Tonga comporte trois groupes d’îles s’étendant sur environ 180 milles : Va’vau au nord, Ha’apai au centre, Tongatapu au sud où se trouve la capitale. Chaque groupe comporte plusieurs dizaines d’îles et îlots, 170 au total, les plus « développés » étant Va’vau et Tongatapu. Les guillemets sont de rigueur car le royaume dispose de peu de ressources : un peu d’agriculture, aucune ressource minérale, peu de tourisme, et un territoire très morcelé avec des moyens rudimentaires de communication entre les îles. Seuls quelques petits cargos assurent les liaisons.


L'archipel a acquis son indépendance et est devenu membre du Commonwealth en 1970. Les pouvoirs de la monarchie ont ces dernières années été grandement restreints à l'initiative de celle-ci. Ainsi le roi actuel, Siaosi Tupou V, qui règne depuis août 2008, a annoncé qu'il renonçait à l'essentiel de son autorité et a assuré qu'il se conformerait désormais aux recommandations de son premier ministre. Des élections parlementaires avaient d'ailleurs lieu quelques jours après notre passage aux Tonga. Le roi reste très populaire et l'on voit son portrait dans de nombreux endroits, bâtiments publics mais aussi supermarchés par exemple.




Nous avons effectué les formalités d’entrée, assez longues, à Niefau, capitale du groupe nord Va'vau.

Tout d’abord la douane, puis le service sanitaire, ensuite l’immigration et enfin un passage à la capitainerie du port. Celui-ci est en fait un assez vaste mouillage avec de nombreux corps morts, presque tous occupés par des voilers attendant de traverser sur la Nouvelle Zélande.






Le village de Niefau est plaisant, avec un joli marché fort bien approvisionné en légumes – il y a donc une production locale – quelques restaurants et bars avec internet, deux banques avec billetteries.




























La station service de Niefau

Au marché, nous avons fait connaissance d’une petite vendeuse de légumes et de sa mère, toutes deux très sympas.
































Les tongiens sont très réputés pour leur objet en vannerie. Nous en aurions acheté si nous n'avions pas été persuadés qu'ils nous seraient confisqués à notre arrivée en Nouvelle Zélande, ce qui s'est finalement révélé faux! Très dommage!


Beaucoup de tongiens, hommes et femmes, portent un drôle de pagne en vannerie, plus ou moins important et ressemblant à une natte tressée et serrée autour de la taille, symbole, paraît-il, de leur loyauté à la monarchie régnante... Ce n'est pas très seyant et n'est sûrement pas confortable. S'ils ne portent pas ce "tapis" autour du corps les hommes, y compris les jeunes garçons, portent presque tous une sorte de jupe, le plus souvent de couleur noire, qui nous a fait penser aux tenues des’indonésiens.































Les jeunes se retrouvent l’après-midi, après l’école, au petit port où ils se livrent à d’enthousiastes séances de plongeon.



Cinq jours après notre arrivée nous sommes allés explorer d’autres très beaux mouillages au sud de Niefau : d'abord Mala...



... puis Port Maurelle où nous avons fait du snorkeling et avons découvert une faune encore inconnue








Les poissons-clowns sont très difficiles à prendre en photo sousmarine car ils n'arrêtent de nager en tous sens d'où des photos un peu floues!


Nous n'avons pas manqué d'aller visiter la belle grotte Swallow's Cave qui se trouve à proximité.























puis Lape et son magnifique jardin de corail.





Les coraux y étaient de véritables splendeurs que ne rendent pas vraiment nos photos!





Un jardin abandonné sur l’îlot de Vaka’eitu nous a permis de cueillir des fruits sur les arbres qui restent au milieu de la végétation envahissante.












Le temps restait hélas un peu maussade, avec de longs épisodes pluvieux.

Départ néanmoins avant le lever du jour pour le groupe Ha' apai à une soixantaine de milles au sud. Ultreïa a été désigné pour prendre la tête du convoi, suivi de Yovo et de Sundance, car ils disposent d’un système de navigation formidable avec radar et GPS interfacés sur la carte électronique qui leur permet de visualiser toute la zone où ils se trouvent avec une grande précision. En effet, si notre position GPS est très fiable, les cartes Maxsea sont quelquefois un peu décalées. Le radar d’Ultreïa corrige ce décalage. Il nous faudrait pouvoir interfacer notre radar sur Maxsea pour atteindre la même précision, ce qui est, paraît-il, impossible : y aurait-il un informaticien de génie parmi nos lecteurs ?


La soixantaine de milles qui sépare les deux groupes des Tonga s’est faite entièrement au moteur, sous un ciel gris et orageux. Bref, une navigation sans vent peu agréable comme on en fait rarement sous ces latitudes.

Nous sommes allés mouiller dans le lagon peu balisé de Foa.

Le lendemain, courte navigation jusqu’au village de Pangai, la « capitale » de Ha’apai où nous avons dû refaire les formalités d’entrée qui doivent être effectuées dans chacun des groupes des Tonga!













Accueil sympathique des autorités (ici Jocelyn avec le douanier),





puis visite au petit marché local fort peu fourni en fruits et légumes. Les ressources de Ha’apai sont en effet bien maigres : seuls deux petites supérettes tenues, bien entendu, par des chinois assurent l’approvisionnement en nourriture.



Le village est peu animé mais agréable...

























































































































François avec l'équipage suisse de "Sangoma" au bar du coin




Encore et toujours les mêmes ...devant une bière bien sûr


Le village de Pangai a un cimetière tout à fait étonnant : la tête des tombes est surmontée de grandes tentures souvent molletonnées et décorées de motifs bien connus de celles (ou ceux!) qui font du patchwork.


Il est clair que les habitants de ces îles disposent de peu de possibilités pour bien vivre - peu de tourisme, aucune industrie, une agriculture de subsistance – et sont assez pauvres et, s’ils sont accueillants, ils ne montrent pas la même gaieté, et pour cause, que leurs voisins de Polynésie française. Bref, nous les avons trouvés un peu tristounets. Il faut savoir que 40% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et que l'archipel ne survit que grâce à l'aide internationale et à l'argent envoyé par la diaspora tongienne ( dont le nombre équivaut à la population vivant dans les îles), bien que cette aide ait tendance à diminuer, la nouvelle génération se sentant de moins en moins liée au pays d'origine.


Le lendemain, nous sommes allés mouiller à quelques milles au sud, devant la très belle plage de Uoleva, toujours en compagnie de Sundance et de Ultreïa, mais aussi de Badinguet et du catamaran Téou (deux enfants) qui nous ont rejoints. Joline et famille (trois enfants) était déjà là





















Sur la plage il y a quelques « hôtels » sommaires, plutôt des campements, où le confort est minimum mais le dépaysement garanti.

















Vingt milles plus au sud se trouve l’île de Ha’afeva où nous sommes restés deux nuits. L’île et le petit village sont charmants...

























































































François, toujours à la recherche de chiens ou des chats à caresser, dans l'épicerie du village

Le gars qui s'est proposé pour nous servir de guide dans le village a absolument tenu à nous emmener chez lui. En plus de sa femme nous avons rencontré son fils, un enfant trisomique, et sa nièce, une jolie et très gracieuse petite fille d'une douzaine d'années. Il a beaucoup insisté pour que nous le prenions en photo dans sa barque...




































Dans ce village nous avons rencontré des femmes qui tressaient de grandes nattes ( environ 3m sur 4) en feuilles de pandanus (ou vacoa à la Réunion). Un travail de longue haleine et magnifiquement exécuté : ces nattes se vendent, paraît-il, fort cher en Amérique du nord. Il s'agissait d'ailleurs d'une commande.


Le village est entouré de jardins potagers bien tenus mais à l'africaine. On y trouvait absolument de tout et nous avons acheté entre autre un gros régime de bananes et des ananas.



Le 11 novembre, Sundance, Ultreïa et Yovo sont partis pour Nuku’alofa, la capitale du royaume et du troisième groupe d’îles des Tonga, Tongatapu. Nous avons eu une traversée de nuit très agréable avec une navigation au près par mer calme pour les 80 milles qui séparent le groupe de milieu, Ha’apai, de celui du sud. Mouillage avec un vent assez vif qui s’est levé à notre arrivée devant l’îlot de Pungaimotu. Là se trouve un hôtel avec un restaurant sympa : on y sert entre autres de délicieux « fish and chips » et nous nous y sommes souvent retrouvés pour dîner.



Nuku’alofa est une petite ville agréable mais pas très remarquable avec un beau front de mer, le palais royal, et un marché très animé et bien fourni. Comme il a plu presque tout le temps que nous y avons passé nous n'en avons que cette photo ( et de plus pas la nôtre)!


A Nuku’alofa, nous avons attendu cinq jours qu’une fenêtre météo favorable se présente pour nous lancer dans la traversée de mille milles, un peu redoutée, sur la Nouvelle Zélande.


Nous en avons profité pour mettre le bateau en état d'être accepté par les autorités néo-zélandaises : coque, matériel de snorkeling et de plongée et semelles de chaussures impeccablement propres, vannerie passée plusieurs fois à l'insecticide, par exemple. Nous y avons effectué les formalités de sortie du territoire tongien et avons pu envoyer par fax les fameux imprimés indispensables à toute arrivée en Nouvelle Zélande comportant toutes les caractéristiques du bateau et notre état civil complet, ainsi que notre date et heure d’arrivée prévues. Les autorités néo-zélandaises ne plaisantent pas sur la procédure, mais tout se passe très bien si on se conforme à leurs directives. Il faut aussi les avertir dès que on est en contact radio VHF, c’est-à-dire à une quinzaine de milles de la côte.


La traversée et la Nouvelle Zélande seront l’objet des prochains articles. Bye bye!


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