jeudi 3 avril 2008

LA DOMINIQUE

(Publié le 21 avril 2008)
La Dominique est une île d’environ 50 km de long et 20 km de large qui se trouve à une trentaine de milles au sud de la Guadeloupe. Comme elle est relativement haute elle arrête tous les nuages, reçoit énormément de pluie (nous en savons quelque chose !) et est de ce fait couverte d’un épais manteau vert profond.
C’est une ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1978 et membre du Commonwealth qui est aussi aidée dans ses projets par la communauté européenne.
La réputation d’insécurité de cette île faisait que beaucoup de plaisanciers préféraient ne pas y faire escale et aller directement à la Martinique située au sud. Les « boat-boys » avaient tendance à harceler les équipages et à voler ce qui se trouvait sur le pont des bateaux, aussi fallait-il faire garder son voilier en espérant que le gardien lui-même ne vous dépouille pas.
Heureusement, tout a changé en bien. Les Dominicais font en sorte que les visiteurs se sentent en toute sécurité dans leur île en organisant une surveillance diurne et nocturne des mouillages et le tourisme de plaisance reprend.
Certes, les « boat-boys » sont toujours là pour vous accueillir et vous proposer de vous amarrer sur un corps-mort payant, mais il n’y a aucune obligation et on peut en toute liberté mouiller sur ancre. Ils sont très amicaux et vous proposent leurs services : visite de la Rivière Indienne à Portsmouth, vente de fruits et légumes ; ils peuvent vous amener à terre si vous ne souhaitez pas utiliser votre annexe, le tout avec le sourire.
Notre première escale a été Portsmouth, au nord-est de la Dominique où nous sommes arrivés depuis Marie Galante et les Saintes, en compagnie de Jérémie et Fiona, un couple de sympathiques jeunes « bateau-stoppeurs » rencontrés à Saint François. Portsmouth est une petite ville calme avec une très belle et vaste plage de sable doré où s’est installé le sympathique bar- restaurant « Big Papa’s » qui propose aussi une connection internet.











Ici et là des carcasses de cargos jetés à la côte rappellent que dans cette zone les cyclones frappent fort. Certes, on ressent tout de suite une impression de pauvreté en voyant les maisons colorées mais souvent faites de bric et de broc le long de la rue principale, mais aussi beaucoup de chaleur humaine de la part des habitants qui vous saluent quand vous les croisez. Il y a aussi beaucoup de rastas à la Dominique, très « cools » comme on dit, très folkloriques et plus sympathiques les uns que les autres.











La langue officielle est l’anglais, mais nombreux sont ceux qui parlent français après avoir séjourné en Guadeloupe ou en Martinique ou simplement après avoir côtoyé les touristes français. Sans parler bien sûr du créole local qui prédomine.
Nous avons visité la Rivière Indienne avec « Dédé » de Seabird qui nous avait accueilli le premier lors de notre arrivée. On visite cette rivière tropicale à la rame car les moteurs y sont interdits. Nous avons vu peu d’oiseaux mais des rives magnifiques où les gommiers ( je crois) plongent dans la rivière leurs belles racines semblables à des draperies. Superbe!



































Nous avons aussi fait une randonnée dans la Rain Forest du Morne Diablotin tout proche et y avons admiré les multiples sortes de fougères, les plantes épiphytes et les immenses arbres aux noms créoles dérivés du français qui la composent.

















Puis nous avons visité le Fort Shirley qui domine la baie de Portsmouth, un de ces innombrables forts installés par les Anglais ou les Français sur la côte ouest de ces îles des Caraïbes, forts qu’ils passaient leur temps à essayer de se prendre les uns les autres.




Notre seconde étape fut Roseau, la capitale qui est très pittoresque mais forcément moins bon enfant que la petite ville de Porstmouth. Là encore, l’accueil des « boat-boys » est chaleureux et il faut prendre un corps-mort payant car il y a trop de fond pour mouiller l’ancre (encore 35m à une dizaine de mètres du bord !) . Pancho, qui gère ces corps-morts, est venu nous faire payer le vendredi soir (10€ la nuit), puis le samedi, mais il avait déjà, de toute évidence, commencé à bien célébrer le week-end au rhum et nous ne l’avons pas revu avant notre départ le mardi matin : le dimanche avait dû être particulièrement rude…
Roseau est une ville très animée, à la population jeune et gaie, aux maisons aux couleurs vives et aux balcons travaillés, avec un marché très vivant où l’on peut acheter de beaux fruits et légumes. On peut encore voir l’ancien marché aux esclaves dans le centre-ville derrière le musée national qui est essentiellement consacré à la culture et à l’histoire de indiens arawaks et caraïbes .
























Nous avons loué un petit 4X4 et avons visité le reste de l’île, surtout la côte ouest, le sud en faisant quelques incursions dans la partie centrale. Jérémie et Fiona qui s‘est foulé la cheville dès notre arrivée à Roseau nous ont accompagnés.
L’intérieur de la Dominique est très spectaculaire car c’est l’île la plus élevée des Caraïbes avec le Morne Diablotin qui culmine à 1450 mètres : de nombreuses rivières (il y en aurait 365 !…), des chutes d’eau spectaculaires, la forêt primaire, des paysages magnifiques et de multiples possibilités de randonnée.






















Comme c’est une île volcanique, il y a des sources chaudes et le fameux « boiling lake »( le deuxième plus grand « lac bouillonnant » du monde) que nous n’avons hélas pas vu car le temps a été couvert et pluvieux durant tout notre séjour et c’est une très longue randonnée. L’activité volcanique est très importante dans les Caraïbes et, d’après le Centre d’Etude des Sciences de la Terre de Saint Pierre en Martinique, toujours potentiellement dangereuse comme elle l’a été en détruisant totalement Saint Pierre en 1902 et Plymouth à Montserrat en 1997.
Mais le moment le plus mémorable de la balade dans l’île aura certainement été le service du dimanche matin dans une église pentecôtiste d’un petit village de la côte est : le pasteur, un homme d’une trentaine d’années, du gabarit de Pavarotti, débordant de conviction et d’énergie et doué d’une très belle voix extrêmement puissante, appuyé par un ensemble de musiciens de jazz et un chœur de femmes, nous a régalés de gospel pendant près d’une heure. Il fallait le voir se démener sur l’estrade en s’épongeant le front ! Il fallait aussi voir et entendre l’assistance ! Tout le monde, des enfants aux personnes agées, de la personne la plus simple à la dame la plus distinguée, tout le monde était debout et frappait dans les mains, la plupart des gens se balançaient, ceux qui étaient dans les allées dansaient franchement, certains étaient nettement en transe. Une dame « d’un âge » et très corpulente juste devant nous lançaient des « Alléluia ! Alléluia !Alléluia !… »ou des « Jésus ! Jésus ! Jésus !… » tonitruants et sur une mélodie différente de celle du chant du prêtre. Quelle ferveur et quelle gaieté il y avait dans cette église, pour un peu on serait devenus pentecôtistes ! Quelle belle recrue ce jeune pasteur dominicais serait pour l’Ensemble Vocal de Roanne (EVR) ! J’imaginais très bien Florence ( le chef de chœur de l’EVR ) à côté de lui sur la scène ! Car c’était un vrai spectacle !
A côté des dominicais d’origine africaine on trouve les derniers indiens Caraïbes qui ont pu échapper au massacre général grâce au relief souvent impénétrable de l’île. Ils se sont installés dans l’est du pays et vivent sensiblement de la même façon que les autres dominicais principalement de culture, d’élevage et d’artisanat où ils se montrent très habiles.
Au bout d’une petite semaine nos bateau-stoppeurs sont repartis sur la Guadeloupe par le ferry. Nous-mêmes sommes restés encore quelques jours à la Dominique à bien profiter de l’atmosphère détendue de Roseau puis nous avons continué sur Saint Pierre de la Martinique, gardant le meilleur souvenir de cette belle et chaleureuse escale à ne pas manquer pour les amateurs de contacts humains et de randonnées.

Prochain article : La Martinique






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