Les îles Marquises 1ère partie : les îles du Groupe Sud, Fatu Hiva, Hiva Oa et Tahuata

L’archipel des Marquises où nous avons atterri le vendredi 30 avril après une traversée de vingt jours depuis les Galapagos est l'un des cinq archipels de la Polynésie française. Les autres sont les Gambier, les Tuamotu, les Îles de la Société et les Îles Australes. L'affiche d'Air Tahiti ci-dessous montre bien leur étendue par rapport à celle de l'Europe. L'archipel des Marquises est l'archipel le plus au nord( sur la Suède!).

Les Marquises comportent six îles principales habitées : Hiva Oa, Tahuata et Fatu Iva pour le groupe sud et Nuku Hiva, Ua Huka et Ua Pou pour le groupe nord, auxquelles s’ajoutent quelques îlots déserts dont Eiao, tout au nord de l'archipel, où Georges de Causne a essayé se jouer les Robinson Crusoe en 1960.

Toutes les îles de Polynésie sont d'origine volcanique mais leur apparence est très diverse : les plus jeunes, les Marquises par exemple, offrent aux regards des montagnes aux reliefs hardis et leurs côtes sont le plus souvent accores, les coraux n'ayant pas encore eu le temps de se développer de façon sensible. Sur les moins jeunes, les Îles de la Société par exemple ( Tahiti...), les montagnes ont commencé à s'enfoncer et les coraux se sont bien développés, ont créé autour de ces îles de véritables barrières affleurant à peine mais enserrant des lagons, en général peu profonds. Pour les îles les plus anciennes, les Tuamotu par exemple, les montagnes se sont complètement effondrées, ont totalement disparu de la surface de la mer et le récif corallien s'est développé au point de créer autour de ces anciennes montagnes des anneaux de corail presque continus de deux ou trois mètres de hauteur au maximum avec une ou plusieurs passes permettant aux bateaux d'accéder au lagon. Fin de la leçon de géographie!

Voici le trajet que nous avons suivi pour les visiter ( sens est ouest) :

(Cette carte est un premier essai pour rendre notre périple plus clair. Il va nous falloir encore progresser!...)

ATTERRISSAGE A FATU IVA

L'île la plus au sud de tout l’archipel, Fatu Iva, est celle où nous avons atterri, ravis de pouvoir enfin reprendre contact avec la terre ferme, discuter avec d’autres navigateurs et découvrir la première de ces îles emblématiques.

Nous avons mouillé dans la Baie des Vierges au fond de laquelle se niche le village de Hanavave. Un site tout-à-fait spectaculaire ! Au fond et de part et d’autre de la baie d’immenses pitons de basalte aux formes phalliques lui donnent un aspect surnaturel. A l’origine les européens lui avaient donné le nom de baie des Verges » mais les missionnaires sont intervenus et ont insisté pour insérer un « i » rédempteur!

La baie des Vierges vue de la mer...

vue du mouillage...

et vue du haut des montagnes (photo prise par Paul, notre marathonien)

Dans cette baie connue de tous les tourdumondistes nous avons retrouvé Cathy et Michel d’Obione arrivés un quart d’heure avant nous de même que Geneviève et François d’Ultréïa et Soizick et Michel de Bepci qui nous avaient précédés de plusieurs jours. Ces derniers avaient organisé un repas de retrouvailles chez Marie-Iris qui nous a fait un repas marquisien typique, poisson à la tahitienne, poulet sauce coco, riz et "mei" ( ou "uru" en tahitien = fruit à pain cuit de deux façons différentes), pamplemousse local, beaucoup plus gros, plus doux et plus parfumé que le nôtre..

Les équipages de Bepci, Obione, Ultréïa et Yovo

Le lendemain après un nuit sans quart oh combien appréciée, découverte du village extrêmement propre et bien tenu, balade vers le fond très verdoyant de la vallée....

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François, Geneviève, Soizick et Christian

...rencontre avec nos premiers marquisiens à la disponibilité et à la gentillesse légendaires, troc d’une bouteille de vin rouge ( ils n’apprécient pas le blanc !) contre un beau thon (rouge lui aussi!) de quatre à cinq kilos. Nous avons appris que la petite épicerie du coin était tenue par un couple de catholiques très austères qui refusaient de vendre de l’alcool quel qu’il soit d’où la forte demande !

Etienne le pêcheur amateur de vin et son beau tatouage pectoral

Deux jours après notre arrivée, donc le dimanche matin, nous mettions le cap sur Hiva Oa, l’île principale du groupe sud, Christian devant y prendre son avion le mardi 4 mai au matin. Mais nous avions décidé que, si la météo le permettait, nous ferions tout pour revenir à Fatu Iva pour l’explorer plus à fond avec notre fils Paul et son amie Adeline qui n’allaient pas tarder à arriver, pour découvrir la cascade que nous avions cherchée en vain tout un après-midi et pour aller à Omoa, le deuxième village de la côte ouest dont on nous avait parlé avec chaleur.

HIVA OA

A Hiva Oa aprrès avoir mouillé dans la baie de Tahauku, dite aussi Baie de Traîtres

(des explorateurs français auraient été invités par un chef marquisien qui les auraient ensuite tués) nous sommes allés faire un tour à Atuona, le village principal de toutes les îles du groupe sud.

Le mouillage de Tahauku

Atuona est un joli village dont les maisons colorées parsèment le fond et les pentes de la baie qui jouxte celle de Tahauku. Pour s’y rendre, trois possibilités : à pied, en stop ou en taxi. 4 Kms à pied, TB à l’aller quand on n’est pas chargé de provisions ; en stop, cela marche assez bien mais pas toujours ; en taxi, prohibitif : Marie-Jo nous a demandé 1500 francs pacifiques (= 12.5 €) pour nous trois plus autant à des amis navigateurs qu’elle a pris en route dans la benne aménagée de banquettes de son pick-up, soit un total de 25€ ! Par la suite nous avons découvert Ida, quand même plus raisonnable : 300FP ( = 2.50€) par personne et par trajet. Nous allons vite découvrir que tout est très cher aux Marquises...

Des moins de 9000 habitants de l’archipel Atuona en compte 1300. C’est une bourgade coquette, propre et fleurie. Elle possède une gendarmerie où tout bateau en provenance des Galapagos doit faire les formalités d’entrée, une école primaire, un collège tenu par des religieuses, un petit hôpital, une pharmacie, une poste, une banque, une boulangerie, quatre ou cinq petits supermarchés (dont certains vendent aussi de l’électroménager, de la quincaillerie et des articles pour la pêche), un syndicat d’initiative, un restaurant et un snack-bar, de quoi permettre à la population de mener une petite vie tranquille et agréable.

Le monument aux morts et la gendarmerie

Le syndicat d'initiative à l'architecture traditionnelle

l'entrée des musées Gauguin et Brel

Le cimetière d’Atuona est célèbre : y reposent à quelques dizaines de mètres l’un de l’autre Paul GAUGUIN et Jacques BREL.

Deux musées leur sont consacrés. Celui de Gauguin retrace la vie du peintre et montre de décevantes copies et reproductions numériques de ses peintures ainsi qu’une reconstitution de sa « Maison du Jouir » où il peignait et vivait ( et se payait toutes les jolies petites jeunes filles du coin !).

Copies de deux autoportraits :

La Maison du Jouir

Soyez mystérieuses, ...

... soyez amoureuses et vous serez heureuses!

Mon tableau préféré"Le Cheval Blanc"

Le musée consacré à Jacques Brel organisé autour de son avion personnel Jojo, du nom de son grand ami décédé prématurément comme lui, évoque sa vie et son œuvre musicale et cinématographique par des panneaux explicatifs, des affiches, des photos et la diffusion en continu de ses chansons. Très bien et fort émouvant. Seul manque encore son ketch personnel Ackoy.

Personnage sulfureux, Paul Gauguin n’a pas été très apprécié de la population que pourtant il défendait par sa peinture et ses actes contre l’administration coloniale et la mission catholique qui se donnaient la main pour détruire la culture marquisienne. Il est arrivé à Atuona en 1901 et y est mort en 1903.

Jacques Brel au contraire a laissé un excellent souvenir dans l’île où il a vécu de 1975 à octobre 1978 et où il est décédé. Les Marquises jusqu’au début des années 1980 étaient notoirement sous-équipées, Hiva Oa entre autres, et Jacques Brel s’est beaucoup et rapidement impliqué dans la vie du village et des Marquises en général, assurant par exemple des évacuations sanitaires vers Papeete avec son avion personnel, organisant la venue régulière d'un dentiste sur l'île, formant un projectionniste et mettant sur pied des séances de cinéma en plein air, etc...

Paul et Adeline sont arrivés le 12 mai avec les candidats au marathon annuel qui devait avoir lieu sur l’île le vendredi suivant.

Leur premier jour sur Hiva Oa a été consacré à leur installation et à la découverte de Atuona. Le midi nous les avons emmenés au joli petit snack fleuri proche des musées où ils ont goûté au poisson à la tahitienne et aux crevettes au curry de la « mamie ».

Le snack

La mamie

Marie-Paule et Pierre de Confianza ( à gauche) avec leurs équipiers dans les arrières de la mamie

Le lendemain nous avions retenu une voiture de location pour avoir une idée de l’intérieur de l’île et voir des baies et villages de bord de mer difficiles d’accès en bateau. Aucune route ne fait le tour de l’île mais plusieurs routes mènent à différents endroits de l’île au sud-ouest, au nord et à l’est.

Hiva Oa comme les autres îles Marquises est une île montagneuse jeune, fertile, aux vallées cloisonnées par des reliefs escarpés et aux sommets très découpés.

Ces îles nous ont beaucoup fait penser à la Réunion avec en plus de nombreuses baies accueillantes. La végétation y est semblable (badamiers, banyans, cocotiers, vacoas, arbres à pain, fougères arborescentes, barbe de Saint Antoine, monstruosas, vanille…, mêmes fleurs dans les jardins très bien entretenus. La principale différence : ici les arbres, dont les cyclones ne viennent pas perturber la croissance, sont de dimension impressionnante ( 30-40m et plus). Quelques plantes endémiques aussi dont la fleur de "tiare" qui sert en parfumerie en particulier pour la confection du fameux "monoï" et le "noni", fruit blanc verdâtre aux vertus médicinales de plus en plus reconnues, particulièrement apprécié des Mormons qui achètent la plus grande partie de la production des îles. La culture du "noni" est une source de revenus importants aux Marquises où elle rivalise avec celle du coprah ( la pulpe de la noix de coco).

La fleur de Tiare est étonnante : elle a un nombre de pétales très variable, de 5 à 9 pétales, et sur un même arbuste!

Séchoir à coprah

Si on laisse un "noni" dans un plat il prend au bout de quelques jours une odeur épouvantable, celle d'un camembert très avancé!

Nous nous sommes d’abord rendu dans le sud-ouest de l’ île, à Taaoa. En chemin plusieurs points de vue nous ont permis d’ admirer la côte et l’îlôt d’Anakee au beau milieu de la baie d’Atuona.

Taaoa est un coquet petit village dans un secteur riche en sites archéologiques dont une petite partie seulement a été restaurée.

La jolie église de Taaoa ...

... dont les murs sont faits des pierres de délestage des navires venant s'approvisionner aux Marquises

Nous nous sommes promenés dans le« tohua » Upeke qui s’étend sur plusieurs niveaux au milieu de banyans. Un « tohua » est une grande esplanade rectangulaire flanquée de gradins faits de gros blocs de lave où se déroulaient diverses fêtes et cérémonies publiques dans les temps anciens. Nous y avons vu notre premier « tiki ». Les « tiki » sont des statues de basalte, de tuf volcanique ou de bois qui mesurent de quelques dizaines de cms jusqu’à 2m70 pour le plus grand. Ce sont les Marquises qui sont le mieux pourvues en sites archéologiques.

En allant vers le nord nous nous sommes arrêtés à l’aéroport et avons assisté à l’arrivée d’un deuxième groupe de marathoniens accueillis comme ceux qui voyageaient avec Paul et Adeline par des danseuses et des tambours bien couleur locale.

Puis direction Puamau et le site archéologique de Iipona, l’un des plus importants témoignages laissés par la civilisation marquisienne préeuropéenne. Il s’agit là d’un « meae », un sanctuaire religieux qui s’organise en deux grandes terrasses sur deux hectares ombragées par des banyans, arbres à pain, papayers, manguiers, cocotiers… Cinq tiki se dressent en son centre entre autres un tiki couché qui représenterait une femme en couche, le tiki Takaï ( 2m70!)du nom d’un chef guerrier réputé pour sa force ( le plus haut de Plynésie) et le tiki Fau Poe qui évoquerait le femme du précédent.

Au retour nous nous sommes arrêtés à divers endroits de la côte nord pour admirer le paysage et les baies de Hanapaaoa et de Hanaiapa. Nous avons particulièrement aimé cette dernière avec son îlot dit de « la tête de nègre » et le tranquille village au fond. Un très beau mouillage que nous n'avons pas fait . Il va nous falloir faireun deuxième tour du monde!

Voyez-vous la "tête de nègre" à l'horizon?

Chemin faisant nous avons suivi le parcours que les marathoniens allaient emprunter (Puamau-Atuona) et nous nous sommes rendu compte de sa difficulté et avons vu à divers endroits les habitants de l’île installer et décorer des stands de ravitaillement en bambou.

Le lendemain, jour du marathon, nous sommes allés voir les premiers coureurs arriver à Atuona. C’était la fête : beaucoup de femmes portaient des magnifiques couronnes de fleurs le plus souvent fraîches, parfois en feuilles séchées parfois mais rarement en tissu. Les stands de ravitaillement et l’arrivée étaient décorées de palmes et de fleurs et chaque coureur était accompagné sur les cinq cents derniers mètres par une cavalcade de quatre cavaliers à cru. Un ensemble de tambours saluait chaque arrivée. Un bel événement pour les participants mais aussi pour les habitants et les touristes… Cela s’est terminé par des barbecues pour les marathoniens et un concert pour tous.

Nous aurions beaucoup aimé plonger dans le coin où l’on a beaucoup de chance de voir des raies manta et des requins-marteaux mais le club de plongée avait été requisitionné par les marathoniens ! Faute de mieux, le samedi nous sommes allés faire du snorkeling sur l’îlot d’Anakee.Nous n'étions pas plus tôt dans l'eau que nous avons vu deux raies manta à quelques mètres de nous ! Quelques autre poissons aussi, particuliers à ces îles, comme une espèce, nouvelle pour nous, de poissons-anges, bleu violet avec des taches orangées. Superbe!

TAHUATA

L’après-midi nous avons dit adieu à Hiva Oa où François et moi étions finalement restés deux semaines et avons mis le cap au sud d’abord sur l’île de Tahuata, juste à quelques milles, pour atteindre la baie de Hanapoenoa, une baie idyllique, cocotiers, eau limpide turquoise et plage de sable corallien blanc - une exception ici. Belles baignades et snorkeling au programme ! L’île n’est pas habitée, quelques paillotes attestent cependant que des saisonniers viennent de temps en temps y faire le coprah.

Nous avons fait un deuxième mouillage au milieu de la côte ouest ( les côtes est sont inaccessibles) dans la baie deVaitahu qui est le village principal de l’île.

Le village était mort quand nous y sommes allés : c’était un dimanche et la seule activité que nous y avons décelée consistait en un groupe de femmes qui jouaient au loto assises à terre jambes tendues dans une sorte de salle des fêtes ouverte . Elles jouent pour de l’argent et peuvent gagner jusqu’à 7000 ou 8000 francs pacifiques soit 60-65 euros. C’est un jeu très prisé des femmes aux Marquises. Quelques enfants jouaient dans les parages mais c’est tout.

(photo à venir!)

Le lendemain nous avons levé l’ancre de très bonne heure pour être à la Baie des Vierges (Fatu Hiva) dans l’après-midi : huit heures de navigation au près un peu éprouvante pour Adeline pas encore bien amarinée !

DEUXIEME SEJOUR A FATU HIVA

Après nous être mieux renseignés que lors de notre première visite et avoir été néanmoins remis sur le bon chemin une fois ou deux nous avons fini par découvrir la fameuse cascade de Hanavave qui se niche tout au fond et en haut de la vallée, une cascade très haute mais avec un faible débit car la saison des pluies tardait à venir. Paul et Adeline s’y sont baignés… parmi les écrevisses et une anguille !

En route vers la cascade...

Nous avons retrouvé avec plaisir Marie-Iris et sa gentille fille de neuf ans Edwige. J’ai pu acheter deux pendentifs en os de porc finement travaillés par l’oncle de Marie-Iris. Elle nous a aussi procuré des citrons verts et des fruits à pain en uantité qu’elle n’a jamais voulu qu’ on lui paye.

(photos à venir!)

Le lendemain Paul a décidé de faire Hanavave – Omoa ( 17 kms) à la course et nous l’avons retrouvé à Omoa que nous avons rejoint par la mer en annexe. Nous avions emmené avec nous Nathalie et Dominique d’ Etoile de Lune qui avaient eux l’intention de faire le trajet inverse mais sans courir, une très belle balade. L’accostage en annexe n’est vraiment facile à Omoa en cas de houle : il y a bien un quai récemment construit derrière une jetée mais la houle entre néanmoins rendant parfois l’exercice acrobatique. C'est souvent le cas aux Marquises!

Après un panneau et des tikis modernes nous souhaitant la bienvenue nous avons longé l’esplanade, sorte de « tohua » moderne où comme à chaque escale les villageois accueillent les touristes de l’Aranui qui s’arrête dans la baie toutes les trois semaines, font des démonstrations de danses, leur proposent leur artisanat etc…

Nathalie et Dominique avaient déjà passé plusieurs jours à Omoa et y avaient des connaissances qu’ils nous ont fait rencontrer...

...d’abord l’un des épiciers et le boulanger du village qui a de superbes tatouages sur les bras et qui possède un gigantesque tambour, le plus grand des Marquises, construit par son père dans la partie inférieure d’un tronc d’arbre (avec les racines!) et finement sculpté par lui. Il y raconte sous forme de dessins l’histoire de sa famille en remontant plusieurs générations et les principales légendes des Marquises. Les enfants du boulanger, apprentis-boulangers eux-mêmes, ont gentiment joué sur les tambours pour nous, pas sur le grand malheureusement. Ce tambour allait sous peu partir pour les grandes fêtes de juillet à Papeete, le Heiva.

Il y a à l'arrière, fiché dans le fût du tambour, une petite marche sur laquelle se tenir pour en jouer.

Deux baleines de part et d'autre d'une croix marquisienne

Ensuite ils nous ont fait connaître Turiana, sa fille Juliana et son mari qui font partie des rares personnes à fabriquer encore des « tapas » à partir de l’écorce d’arbre. Actuellement, en Polynésie française, les tapas ne seraient plus fabriqués qu’à Fatu Iva et à Papeete. Selon l’essence de l’arbre la couleur du tapa change, par exemple écru avec l’écorce de mûrier, tabac avec celle du fruit à pain. Pour obtenir une feuille de tapa il faut frapper et étirer l’écorce avec une barre en bois de fer très lourde jusqu’à ce qu’elle devienne fine comme du papier à dessin. C’est très fatigant et le mari les aide souvent. Ensuite elles les décorent à l’encre noire en reproduisant des personnages mythiques (guerriers, vahinés…) ou des motifs très anciens, symboles que l’on retrouve d’ailleurs dans les tatouages. A l’origine ces tapas servaient à confectionner des paréos et des sortes de ponchos dont les Marquisiens s’enveloppaient. Ils étaient alors trempés dans un liquide qui leur donnaient une grande souplesse.

Turiana

Représentation d'un guerrier

Les dessins reproduisent des motifs très anciens

François s'essayant à l'art de la décoration des tapas

De nos jours, comme ils sont destinés à être mis sur des murs, l’écorce est comme amidonnée. Nous nous sommes laissé tenter et en avons acheté quelques-uns ainsi que du "monoï", huile de coco dans laquelle ils font macérer des fleurs, tiaré, ylang-ylang principalement, que l’on trouve dans tous les jardins et sur le bord des chemins.

Les fleurs de l'ylang-ylang

Nous avons passé un bon moment à discuter avec elles des tapas, de leur vie, de la vie en métropole et nous sommes repartis avec une couronne tressée en tapa, des bananes séchées et une bonne quinzaine de pamplemousses pays. Un nouvel exemple de la générosité marquisienne !

Adeline n'a pas particulièrement le type marquisien mais elle porte néanmoins très bien cette couronne en tapa

Avant de quitter Omoa nous sommes allés à la recherche de pétroglyphes sur des rochers à la périphérie d'Omoa. Quelques personnages, des motifs géométriques et surtout un grand poisson (ou un dauphin) très net.

Pétroglyphe découvert à proximité d'Omoa

Autre pétroglyphe découvert en allant à la cascade d'hanavave

Si, alors que nous étions plus nombreux l'aller s’était très facilement passé et nous avait permis d’admirer la côte, le retour en annexe a été moins facile : nous nous sommes fait copieusement tremper et cherchions plus à nous protéger qu’à regarder !

Fatu Iva est l’île la plus australe des Marquises. Nous allions maintenant voguer plein nord pour continuer notre découverte des îles. Nous avons décidé de nous arrêter en chemin, à nouveau à Tahuata, mais dans la baie d’Hapatoni cette fois dont on nous avait dit le plus grand bien, histoire de ne pas rester sur le souvenir décevant de Vaitahu. Encore un joli village qui possède, cas unique, une large Voie Royale construite sur une digue tout le long de la plage sur les ordres d’une reine du XIXème siècle et bordée de tamanu centenaires qui lui assurent une ombre bienvenue.

Donnant sur cette voie l’école primaire regroupe une quinzaine d’enfants de la maternelle au CE1. Il y régnait une grand effervescence, les enfants étant en train de terminer le cadeau de la fête des mères, leur photo collée sur du papier Canson décoré de dessins à base de sable de diverses couleurs. Nous avons pu discuter avec les enfants, l’aide maternelle et la maîtresse. Après le CE1 les enfants doivent aller en pensionnat à Hiva Oa pour continuer leur scolarité et ne rentrent que pour des vacances d’au moins une semaine, les transports étant trop onéreux pour les parents et la municipalité. C’est très dur pour les petits et les mamans.

Nos amis de Sundance qui sont aux Marquises depuis un an nous avait aussi conseillé d’aller voir Liliane, la présidente de la vallée . Dans les temps anciens elle aurait été la « cheffesse » ! Elle ne pouvait malheureusement pas nous consacrer beaucoup de temps car elle allait partir à l’autre bout de l’île pour la préparation d’une fête le mois suivant entre les populations des trois vallées. Elle nous a néanmoins parlé de cette fête qui réunit plusieurs centaines de personnes trois fois par an, de son organisation, de ses coûts etc… Liliane s’investit beaucoup dans la vie culturelle de l’île et en particulier dans la sauvegarde des traditions marquisiennes mises à mal dans les siècles passés par les colonisateurs et les missionnaires et de nos jours par les Tahitiens qui considèrent les Marquisiens comme des demeurés et leur imposent leurs façons de voir.

Avec Hiva Oa, Tahuata et Fatu Hiva nous avions vu les îles dites du groupe sud. Il nous fallait maintenant aller plus au nord pour visiter Ua Pou, Ua Huka et Nuku Hiva. Là encore nous sommes partis très tôt, trois heures du matin, pour être à Ua Pou dans l’après-midi.